samedi 23 septembre 2017

Lettre septembre 2017

Bonjour, Bonsoir
"Ni la maladie ni les souffrances physiques n'ont de justification morale"
Ruwen Ogien, philosophe libertaire spécialiste d'éthique, vient de nous quitter trop jeune....

   C'est la rentrée pour l'enfant qui est en nous... on peut dire ça comme ça. Rien qu'à voir la tête de mes collègues, on sent franchement qu'ils n'ont pas vraiment le goût de reprendre le collier ! Y'a que les gamins dans les cours d'école qui sont heureux de se retrouver. Rappelez-moi qui est l'andouille qui à inventer le travail obligatoire, l'exploitation des uns par les autres ? La vie, la Grande Vie, vaut beaucoup mieux que ça quand même....

   Partager les émotions, questionnements, souvenirs, problèmes permet de renaître à une vie nouvelle. C'est ce que nous ferons lors de notre groupe de parole du 17 septembre, pour notre sixième saison : bienvenue !
   Le samedi 09, vous pouvez passer dire bonjour lors de la "porte ouverte" à Locronan, entre 10h et 13h : plaisir de nous revoir, boire un verre, déguster un gâteau breton, refaire le monde !
   Mes cours de yoga méditatif et musical reprendront les 18/19/20 là où vous savez. C'est reparti pour une année de joies, de peines, de hauts et de bas : la Vie quoi. A y réfléchir, il y a pas mal de points communs entre un bar et la méditation. Je dis ça parce qu'un Bar à méditation s'est ouvert dans le quartier de l'Opéra à Paris. L'association des deux mots a de quoi surprendre. Enquête faite, ce bar-là est un centre d'enseignement de la méditation, mais aussi entrer à toute heure et méditer un petit coup. On n'arrête pas le progrès....
   Le yoga justement, parlons-en. Plus de deux millions d'adeptes en France. Que faisons-nous du don de l'Inde ? Quid des Upanishads, de la Bhagavad Gîta, des Yoga-sûtra de Patanjali, tous textes fondateurs ? Le yoga ne cherche pas à réaliser une performance, il n'est pas un outil de remise en forme. Il s'inscrit donc à contre-courant du toujours plus - plus vite, plus fort, plus jeune. Ni dans le jugement, ni dans la performance, il nous fait vivre notre corps autrement, accéder parfois à une clarification du mental, véritable école de l'attention au geste, au souffle et à nos perceptions sensorielles au quotidien. Ses vertus sont immenses, mais le yoga n'est pas une thérapie, n'en déplaise à certains profs thérapeutes. Mais il peut avoir des effets thérapeutiques par une pratique régulière. Il nous permet d'être en meilleure santé, de mieux gérer nos émotions, d'apprivoiser la souffrance. Il nous rend plus heureux, plus libre : sa finalité est plus vaste qu'un projet thérapeutique. Le maître mot du yoga : ne pas nuire (sacré programme...). Et ralentir nos rythmes de vie. Pour mieux en jouir. Namasté !


"Je me réjouis de la vie, je ne suis pas compliqué, je me réjouis de tout.
L'amour, le courage, la beauté. Mais aussi le sang, la sueur et les larmes.
Garde les yeux ouverts."
Ed van der Elsken, artiste auteur d'une oeuvre vibrante (1925-1990)


Livres qui délivrent :
"La vie comme une caresse" Jean Lavoué (son chapître "Passionnés du Souffle" me décrit parfaitement, et le suivant "Amoureuses" est pour vous mesdames)
"Ressusciter" Christian Bobin (relu cet été : un trésor...)
"Les gens heureux lisent et boivent du café" Agnès Martin-Lugand
"Des femmes, de la nature et du réenchantement du monde" Pascale D' Erm (soeurs en écologie...)
"Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue" Bernard Stiegler
"Une insoutenable émotion" Marie-France de Monneron (le bouddhisme rend bienveillant et heureux)

Sites :
www.collegeautrement.fr (l'éducation autrement en Morbihan)


"L'âme est la basse continue qui résonne en chacun de nous"
Jacques de Bourbon-Musset


   Un étranger. Voilà comment je me considère depuis toujours. Suis-je français, allemand, breton ou d'un tout autre monde ? Etranger à une société au sein de laquelle je peine à me fondre. Etranger à certaines attitudes de mes contemporains, non attentifs aux autres, inélégants, pleins de faux-semblants, avec qui il m'est difficile de cohabiter. Alors que la question de l'appartenance me torture, l'écriture, la lecture et la musique me font tenir debout. Nous avons tous nos démons. Les miens sont de m'attacher à ces désagréments de la réalité, pris en pleine face, liés à une sensibilité sans doute trop à fleur de peau (l'eczéma de mon enfance...). Le laid s'impose à moi autant que le beau. C'est ce dernier qui me fait vivre. Le beau, au service du vrai, et, au même titre que la foi, ne requérant aucune preuve. Dans cette tension intérieure, éprouvée chaque jour, je vois que la Vie me prend comme je suis, sans se lasser. Qu'elle s'accommode de mes faiblesses m'étonne toujours. La foi m'ancre dans une présence aux autres, à moi, au monde. 
  
   Dans mon travail de travailleur social, je peux avoir le sentiment le matin d'être arraché aux sources créatrices qui me sont vitales, comme la musique, la lecture, la contemplation. Mais, par de petits événements, la Vie me montre que ma place est là aujourd'hui, bien que mon métier ne soit pas un absolu. Cet absolu, je le sens tout proche et la foi me permet d'y rester éveillé : le Vivant nous attend, magnifiquement inquiétant, dans la mesure où ce qui nous libère peut nous faire peur. Accepter mon humanité est un long et sinueux chemin que je tente jour après jour de gravir. Ma tendance à la digression me fait parfois passer par des détours. Certains événements, comme la paternité, le décès de ma soeur encore jeune ou la lente descente aux enfers de mon frère, ont été comme des tremplins, pour une plus grande maturité humaine et spirituelle. Je crois que la perfection de l'amour est d'accepter de recevoir. De se recevoir des mains de la Vie.

L'amoureuse
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
Paul Eluard

   La poésie c'est la vie et c'est pourquoi il est temps de faire retentir l'alerte rouge sur nos rêves....
   Je soigne mon âme à la littérature. Il y a longtemps que toutes mes angoisses, mes perplexités, mes interrogations sur le monde, mes désirs ont trouvé une résonance dans la littérature. C'est une compagne de route, une complice, une protectrice. C'est aussi une vigie qui nourrit mon intranquillité.
   Mantra du mois : "Il y a un temps pour être dans l'accélération, dans l'augmentation des connexions, des possibles, mais on peut décider d'arrêter la course. Il y a un temps pour se montrer et un temps pour se retirer. Un temps pour monter et un temps pour descendre. Un temps pour accélérer et un temps pour ralentir. Le risque de la course, c'est de rester bloqué sur une image de soi qui empêche d'autres potentialités de s'épanouir." nous dit l'un de mes philosophes préférés, Olivier Abel.

A chaque jour suffit sa joie.
Belle fin d'été à chacun-e,
Jacques