mardi 23 novembre 2021

Lettre novembre - 117eme -

Bonjour, Bonsoir

                                                "Si tu veux être libre, tiens-toi à l'écart du fric, des honneurs, des vanités, 

absente-toi du bruit du monde et du goût du jour, ne t'endors pas dans une vie de mollesse,

 et puisque la liberté est intérieure, tourne-toi vers le dedans."

Charles Wright

    Le mois dernier, je vous ai cité Charles Pépin qui nous parle de "rencontres". Aujourd'hui, le point de vue de Philippe Djian sur une autre question. Question du journaliste : "Dans votre dernier roman, vous comparez la vie de couple à une prise de catch, le "double Nelson". Vous voyez la relation amoureuse comme un rapport de force, de soumission et de domination ? Réponse de l'intéressé : "Je crois qu'à la base, c'est cela, même si, en agissant avec intelligence, on peut faire des compromis. Qui, dans un couple, peut prétendre qu'il ne cherche pas à prendre le pouvoir, même si c'est avec la manière douce, même si c'est avec beaucoup de bons sentiments derrière ? Chacun essaye d'imposer sa vision à l'autre. La relation amoureuse, c'est comme un match de catch, on cherche à soumettre l'adversaire pour l'obliger à abandonner. Le double Nelson, c'est ça." . Et vous, vous en pensez quoi ?

    "C'est un film sur les trois "A", l'Amour, l'Amitié et l'Argent. Ce sont les trois grandes obsessions de l'humanité et, selon l'ordre dans lequel vous les mettez, votre vie ne sera pas la même... Il y a ceux qui mettent l'argent en numéro un, ce sont des cons. Pour d'autres, c'est l'amour, et ils ont bien raison. Bien souvent dans la vie, tout se mélange car l'argent vient brouiller les cartes. On peut acheter tout... même de l'amour. C'est l'un des thèmes du film.

   Vous savez, dans la vie, on est tous le Dieu ou le diable de quelqu'un. Celui qui vous dit oui est un Dieu pour vous, celui qui vous dit non est un diable. Mon film se veut positif. On vit dans une société qui accorde trop de place au négatif, on se régale des mauvaises nouvelles. Ce sont elles qui ont du succès. Les gens se rassurent en regardant les emmerdes des autres. Alors qu'on est au paradis et on ne le sait pas !

    C'est nous, avec notre ego surdimensionné qui transformons le paradis en enfer. Je suis convaincu que l'amour c'est mieux que la vie, parce que d'un seul coup on aime quelqu'un d'autre plus que soi-même. C'est magique. Je sais aussi que la vie ne se déroule jamais comme on l'avait prévu... Toutes les catastrophes de l'humanité, si terribles soient-elles, ont toujours fini par nous faire progresser. Au fond, le mal est l'inventeur du bien.

   Le problème du grand jeu de la vie, ce sont les tricheurs. Toutes nos emmerdes viennent d'eux, en amour comme en affaires. Même quand on ne croît plus en rien, on peut toujours s'émerveiller. L'amour est toujours là pour nous surprendre. A tout âge !" 

   C'est Claude Lelouch, 83 ans, qui nous le dit. Il signe un film très personnel débordant d'humanité, L'amour c'est mieux que la vie, œuvre testamentaire, qui sort le 19 janvier 2022. On en reparle.

    Il y a des rencontres qui marquent dans une vie. Le 11 décembre, cela fera 40 ans que Xavier Grall, poète et écrivain qui a marqué des générations, disparaissait. Aujourd'hui, son œuvre n'a pas pris une ride. Relisons La Sône des pluies et des tombes, le magnifique L'inconnu me dévore, un livre de feu. Il prônait un christianisme de plein air qui doit transpirer la beauté ; il soulignait l'importance de la spiritualité, de la transcendance contre le dogme. Amoureux d'une Bretagne rêvée, attachement à l'émerveillement de la vie au quotidien, "croyant mais pas béat, tirant sur la laine des mots pour tricoter des textes qui vous prennent par les sentiments. Ou aux tripes" (Jean-Marc Pinson). Un grand monsieur... merci à sa Françoise.

    Les échecs sont finalement ce qu'il y a de plus intéressant et fécond dans nos vies. Aujourd'hui, cette idée n'est pas à la mode. Le monde actuel plébiscite la performance. Il faut tout réussir, sa carrière, sa famille, son couple. Avec l'inflation des discours sur la résilience, cette injonction touche même nos souffrances et nos deuils qu'il faut surmonter afin de pouvoir dire comment l'épreuve nous a rendu plus fort ! Charles de Foucauld est un puissant antidote contre cette idéologie. Voilà un homme qui a tout raté : pas de disciples, pas de fondations spectaculaires, pas une seule conversion de Touaregs en vingt ans ! Personnellement, je trouve ces déconvenues réjouissantes.

   Lu dans L'Imitation : "Tâche de supporter patiemment les défauts d'autrui, quels qu'ils soient, parce que toi aussi, tu as beaucoup d'imperfections que les autres doivent supporter."

    Petite théorie sur le lien entre la vie intérieure et la vie intestinale. Savez-vous que c'est aux toilettes que Martin Luther, ce moine crispé sur ses ascèses et ses études, a connu l'expérience de la grâce ? Au fond, ce jour-là, cet homme tendu, obsédé par la maîtrise, a compris que tout passait et se décomposait, et qu'il n'y avait rien à retenir !

   Le terme sacrum qui désigne ces régions obscures aurait dû nous mettre sur la voie : il se joue des choses sacrées dans nos épaisseurs les plus triviales... Le pot comme un haut lieu de révélation, de théophanie ! Merde alors !!

    Vivre l'instant présent nous enseigne à ne plus faire de plans sur la comète, et à considérer chaque journée comme si elle devait être la dernière ! C'est en étant branché sur l'heure présente qu'il faut tenter de vivre, sinon nos plaisirs sont inquiets : combien de temps cela va-t-il durer ?

   "Le matin, pense que tu pourrais ne pas atteindre le soir, la nuit venue, ne sois pas assuré de voir le matin", écrit l'auteur de L'Imitation. Il a raison : il faut se préparer, la vie passe comme une ombre...

   Qu'est-ce que la liberté ? Se faire dorer la peau au soleil, marcher sans un sou en poche, fraterniser avec des semblables, semer des prières, saluer les oiseaux, se saouler de lumière, jouir de tout ce qui est donné, sans mesure, à profusion, sans jamais rien s'approprier... C'est ce à quoi nous invite le dernier dossier de la revue Kaizen, que je vous recommande.

   Renouons avec la sagesse des Indiens, des sages et des ermites : ne pas peser, s'effacer, poser le pied le plus légèrement possible sur la terre. Et puis savoir se retirer...

    Sécurité vous dîtes ? Société sécuritaire vous aspirez ? Elle est déjà là. En trois semaines d'octobre, j'ai sillonné la France, en train, de l'ouest vers le nord, et du nord vers le sud-est. Je peux vous confirmer que j'ai vu les flics, l'armée, la douane, partout. Dans les gares, dans les trains, dans les villes. On est surveillé de partout. Le "clou" fût dans un TER où nous étions 3 pelés et 1 tondu, lorsqu'un message vocal à chaque redémarrage annonçait qu'une surveillance vidéo avait lieu dans ce train. Je rêve ou quoi ?! Et je ne vous parle pas de l'Etat qui utilise l'intelligence artificielle, les algorithmes, ces mouchards, pour nous pister, contrôler (lisez le dernier ouvrage de Vincent Dubois). Big Brother...

    A ceux et celles qui se (nous) prennent encore la tête avec le Covid, les vaccins ou le passe, méditez sérieusement cette réplique de Sénèque : "La dispute alimente la dispute et engloutit ceux qui s'y plongent." Foutons-nous la paix les uns les autres, nom d'un pangolin !


                                                                                                                           "L'enfance est du bonheur 

ou du malheur stocké pour toujours."

Jean Sulivan

 

Livres et vous

"Un itinéraire indien" Moïz Rasiwala. Entretien avec Jean-Claude Escaffit (itinéraire imprévisible à partager...)

"Comment la personne est devenue sacrée" Hans Joas , mais aussi "Les Pouvoirs du sacré. Une alternative au récit du désenchantement"

"Une femme en crue" Caroline Boidé (passion et volupté, Caroline Boidé renouvelle la poésie érotique en un souffle homérique...)

"Le mal à l'âme. L'acédie, de la mélancolie à la joie" Alexandra Puppinck Bortoli (livre incontournable sur un sujet que tout chercheur spirituel traverse un jour...)

"Cerveau, sexe et pouvoir" Catherine Vidal (neurobiologiste, directrice de recherche honoraire à l'Institut Pasteur)

 Sites

fr.lita.co (plateforme d'investissement projets sociaux-environnementaux)

www.laforgeduvallon.fr (oasis bilingue)

lavieestbelt.fr

www.happyhand-association.com

verfeil-eco.over-blog.org (éco-hameau)

 Musiques

"Other you" Steve Gunn (ses contemplations sont de toute beauté)

"Tancade" Gaspar Claus (à écouter quand tout le monde dort ou pour faire une pause)

"Mozart & Contemporaries" Vikingur Olafsson (nouvelle superstar du piano classique, Glenn Gould islandais...)

 

"N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi."

Cioran

    Je plaide pour notre intelligence collective. L'avenir est prometteur si nous ne détruisons pas tout sur notre passage. Il va falloir apprendre à utiliser notre intelligence collective au lieu de croire en des génies providentiels. En fait, chacun de nous est un génie quand nous sommes "alignés" sur notre axe de vie. A méditer ?

   "L'homme est fait pour l'infinité. L'homme passe infiniment l'homme." Pascal

    A la liste des droits de l'homme, Baudelaire suggérait qu'on ajoutât "le droit de se contredire et le droit de s'en aller". L'aventurière Isabelle Eberhardt revendiquait, elle, le "droit à l'errance et au vagabondage". Dans Heures de Tunis, elle écrit : " Pour qui connaît la valeur et aussi la délectable saveur de la solaire liberté, l'acte de s'en aller est le plus courageux et le plus beau." Je me suis toujours senti de mèche avec les gens qui enferment leurs vies dans une valise et qui s'en vont. L'accommodement n'a jamais été mon fort. Quand une situation ne me convient plus, je résiste ou je m'en vais. Et vous ?

    Depuis que je bouquine ceux qui se lancent dans l'aventure de la vie - voire l'aventure spirituelle - je me plais à relever les similarités biographiques ou les concordances de tempérament qui existent entre certains auteurs et votre serviteur : une adolescence agitée, une conversion tardive, une inaptitude à entrer dans le rang, des tiraillements incessants entre des aspirations contradictoires, le désir permanent d'un ailleurs plus comblant, l'amour de la solitude, le goût de la liberté, l'appel de l'inconnu, le désir d'inventer sa vie et de rester coûte que coûte fidèle aux exigences de sa voix intérieure. Je suis ici sans être d'ici.... En fait, je viens d'ailleurs (verseau ascendant verseau !).

    N'avez-vous pas besoin, dans le brouhaha actuel, de vous laver les oreilles dans le silence ?.... Les chartreux appellent "virginité spirituelle" l'attitude de l'âme qui aspire au dégagement de l'éphémère. Un Père de l'Eglise d'Orient a écrit que la vocation de l'homme est de "puiser inépuisablement à l'Inépuisable" ! La nature est un médicament, le meilleur antidote contre la déprime. Les arbres apaisent les turbulences de notre esprit, nous donnent l'énergie de vivre. "La forêt décrispe les mâchoires, défroisse les visages et redresse les silhouettes." écrit Henry-David Thoreau. On ne peut plus vivre affalé quand on fréquente des forêts. La présence des bois appelle au rehaussement de soi. Dans son Journal, Thoreau se demande : "Comment rendre notre gagne-pain poétique ?"

   Je vous le demande !

    Quand vous randonnez en montagne, la royauté de l'ego en prend un coup. Insignifiants paraissent nos états d'âme, dérisoires les gesticulations avec lesquelles nous quémandons un peu de reconnaissance ! La montagne est une école de réalisme, à son contact, on retrouve une vérité du monde. François Mauriac a écrit "qu'au-delà d'une certaine altitude, il n'y a plus de mauvaises pensées". A méditer camarades...

    Un moine a développé dans ses livres une théorie intéressante sur le déguisement des désirs : "...nos soifs de posséder, de jouir, de pouvoir, écrit-il, ne sont rien d'autre que des travestissements de notre soif véritable : être accueilli dans l'amour inconditionnel." Qu'en pensez-vous ?

   Ne laissez jamais aucun pouvoir empiéter sur le sanctuaire de votre conscience, nom de Zeus !

    C'est curieux : parfois les gens me disent "vous avez la foi" comme si la foi était une assurance tous risques ! Faux, la mienne est soumise à des éclipses. Elle ne me laisse pas tranquille. Elle ne s'exprime pas en termes de possession. C'est plutôt une inquiétude, une brûlure. La foi est là pour nous fouetter le sang, nous empêcher de dormir, nous tenir éveillés. Tout le contraire d'une vie comme un long fleuve tranquille... 

   Ma foi m'aide à supporter l'insupportable : ma soeur décédée à 44 ans, ma mère qui sombre mentalement à 94 ans dans un EHPAD, mon frère qui depuis plus de dix ans est dans un état lamentable et qui vient de faire une tentative de suicide. Et à supporter le plus difficile : les cons et les petits chefs, ceux qui détiennent LA vérité, les militants emmerdants, et les moi-moi-moi.

 Lors de mon pèlerinage de 3 semaines en octobre, un livre m'a nourri intensément. Je vous le recommande : "Récits d'une ermite de montagne" Soeur Catherine.

Que l'automne vous soit doux partout.

Offrons-nous nos sourires à n'en plus finir.

Il pleut des baisers au-dessus de ton lit...

Je t'embrasse comme je t'aime,

Jacques

Lettre octobre - 116eme -

Bonjour, bonsoir

 

"L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient." 

Charles Baudelaire

  

   "La mélancolie ? J'ai l'impression qu'elle est assise sur mes genoux. Elle est embarrassante, elle m'emmerde, (...) et en même temps elle me fait beaucoup de bien", constate François Simon, journaliste et critique gastronomique, l'autre jour sur France-Inter.

 " (...) Sentir toujours son lent soulèvement/Toujours en éveil dans un trouble doux/Encore son souffle entendre, tendrement repris/Et vivre ainsi toujours - ou défaillir dans la mort." Jane Campion donne envie de relire Keats éternellement, suite au film Bright Star, en août, à la télé.

    Unis par un ange. Le tableau Angelus Novus du peintre Paul Klee a ébloui le philosophe Walter Benjamin"Il représente un ange qui semble sur le point de s'éloigner de quelque chose qu'il fixe du regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. C'est à cela que doit ressembler l'Ange de l'Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Une tempête le pousse irrésistiblement vers l'avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s'élève jusqu'au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès." . Méditons sérieusement cette dernière phrase...

    Quand le soleil a rendez-vous avec la lune. Comment naît la rencontre ? Qu'elle soit toxique ou bénéfique, elle nous transforme. Pour le philosophe Charles Pépin (rappelez-vous sa conférence à Quimper), c'est dans l'altérité que nous forgeons notre identité. "La rencontre est le cœur de l'existence humaine. Deux forces contraires existent en nous : l'une nous pousse à rester en terrain connu, dans nos habitudes et nos repères ; l'autre nous stimule face à l'inconnu. Deux excès à éviter : s'en remettre totalement au hasard car alors nous sommes fatalistes, et nous ne mobilisons pas les actions ou les attitudes qui pourraient s'avérer fructueuses. Ou vouloir abolir le hasard, en ne se fiant qu'aux applications ou aux sites de rencontres. Il faut se tenir au milieu (la voie du milieu, ça vous dit quelque chose ?!...), et faire du hasard son allié. En se mettant en action. Commencer par sortir de chez soi... pour mieux sortir de soi, et de ses rails identitaires (l'entre-soi bien franchouillard...)

    La rencontre suppose de se rendre disponible à ce qu'on ne cherchait pas. La vraie rencontre implique le trouble ; elle peut donc faire peur. Elle suppose l'acceptation de nos complexités et de notre vulnérabilité. L'altérité, c'est dérangeant. L'essentiel s'applique à tout le monde : pour devenir soi-même, il faut sortir de là où l'on est (de là où l'on naît aussi !?...). Les rencontres nous révèlent à nous-mêmes. Et elles ne sont pas seulement humaines : films, artistes, pays, idées, livres... Si on veut tout prévoir, on ne rencontrera personne !" Extraits de son livre La Rencontre, une philosophie.

    Que serait l'être humain sans les autres ? Rien, affirment les neurologues. Nous faisons partie des rares animaux capables, au sein de leur espèce, de se regarder les yeux dans les yeux (je t'aime... moi non plus !).

    De l'humilité. D'abord, cultiver un infini respect pour le mystère de l'autre. Puis un regard réaliste et plein d'humour sur soi, sur ses limites; un humble amour de soi qui mène à la connaissance de soi. Le chemin de l'humilité est l'unique véritable porte pour la connaissance de soi. " Je suis monté à la partie supérieure de moi-même, et plus haut encore règne le Verbe. Explorateur curieux, je suis descendu au fond de moi-même, et je l'ai trouvé plus bas encore; j'ai regardé au dehors, et je l'ai aperçu par-delà tout; j'ai regardé au dedans, il m'est bien plus intime que moi-même" (Sermon sur le Cantique 73,5). Ainsi la connaissance de soi ouvre en fait à la connaissance de Celui qui demeure en nous.

    "Celui qui s'élève sera abaissé." Nous voilà donc pris en flagrant délit d'élévation ! Nos grands désirs : ils doivent se vider de tout ce qu'ils avaient de recherche complaisante de soi-même, de vanité, de prétention. Purification.... Alors, désirons les hauteurs, mais en passant par les profondeurs !

    L'humilité, condition de la vraie méditation. Une des raisons pour lesquelles nous ne parvenons pas à descendre jusqu'aux couches les plus profondes et les plus silencieuses de notre être, c'est l'orgueil (et le mien est ENORME). Incapables d'accueillir les événements et les contradictions pour ce qu'ils sont, de simples rides à la surface de l'eau, nous nous cramponnons à nos idées, à notre volonté propre, emportés par le tourbillon de nos passions. Seul, celui ou celle qui a une véritable appréciation de soi peut descendre au cœur de son propre cœur, nous disent toutes les voies. Notre orgueil, ou la vanité, nous en empêchent. Amen !

    Lu dans mon quotidien, début septembre : "Un Français sur cinq vit dans la pauvreté". Toujours dans le même journal : "Avec la pandémie, les Français ont épargné 157 milliards de plus. Depuis le premier trimestre 2020, les ménages ont ainsi mis de côté environ 267 milliards d'euros, à comparer aux 111 milliards attendus hors pandémie." selon la Banque de France. C'est un rêve éveillé ou quoi ? Vous avez bien lu qu'un Français sur cinq vit dans la pauvreté. Ubuesque, affligeant, révoltant !

    Une vie, votre vie, est inépuisable. C'est un secret dont on n'a jamais fini de faire le tour. Je me méfie depuis toujours des discours totalisants qui réduisent les personnes à n'être que la somme de leurs déterminations, des acteurs prisonniers de leur inconscient, des exécutants machinaux de leur déterminisme social. Un homme n'est pas seulement le produit de son histoire familiale ou autre. On ne peut jamais le saisir complètement, l'expliquer une fois pour toutes. En lui demeure une part de mystère qui est celle de sa liberté.

   

"La liberté, c'est le droit de se discipliner soi-même 

pour ne pas être discipliné par les autres." 

Clémenceau

 

Enlivrez - vous :

"Désir. Quelques mots d'un moine sur un sujet sensible" David-Marc d'Hamonville (un moine nous parle du sexe et du désir, sans morale ou conseils...)

"La Grâce" Thibault de Montaigu ("... la grâce est d'abord une conversion du regard...")

"L'éloge du baiser. Parce que c'est si bon d'embrasser" Céline Hess Halpern

"La Possibilité de l'âme" Catherine Ternynck, psychologue-psychanalyste

"Le Pansement Schubert" Claire Oppert (violoncelliste, art-thérapeute. Livre plein de poésie qui raconte son quotidien de musico-thérapeute auprès des personnes autistes, en fin de vie, en ehpad,... Bouleversant)

"101 façons de se reconnecter à la nature. Ce que nous apprennent les peuples racines et que nous confirme la science" Frederika Van Ingen (à lire d'urgence face à la souffrance psychique actuelle...)

 Sites :

www.respire-asso.org

plantezcheznous.com (jardins et lien social)

www.lesengraineuses.fr (quand l'écoféminisme essaime...)

www.maison-ephata.com

www.gangofwitches.com (parler plantes c'est aussi politique)

 Musiques 

"Courage, mon amour !" Troy Von Balthazar (voix délicate folk, un bijou tout doux, de bout en bout)

"Fever Dreams" Villagers (ambiances hypnotiques et oniriques, regorge de beaux rêves)

"Full solo" Paul Lay (accorde son blues lyrique au romantisme de Beethoven : passionnant)

  

"Saisir le bon moment, 

c'est toujours savoir attendre." 

Hélène L'Heuillet

   

   Mais pourquoi, si souvent, notre mine s'allonge-t-elle vers le bas ? Qu'est-ce qui nous rend tellement sérieux, si grave ? Seraient-ce les soucis, la crainte de rater un projet stratégique, déterminant pour la suite ? En tout cas, le rire a du mal à se frayer un chemin au milieu des obligations de bien faire et de réussir, des impératifs d'être vigilants, rigoureux, de compter, vérifier, peser, décider, corriger, reprendre, ajuster, intervenir au bon moment, refaire les calculs, rectifier le tir, faire passer l'info, mettre les choses au point, garder en vue les objectifs, penser au financement... Dans tout ça, il ne s'agit pas de rigoler ! Rire, une force de résurrection ? Le rire et la grâce....

    "Il n'y a pas de vie spirituelle. C'est toute la vie qui est esprit, ou bien elle n'est qu'une affaire digestive ou culturelle. L'esprit est un travail de soi sur soi. Même en dormant, il se poursuit. Le travail spirituel est le travail de vivre, tout simplement. Fou est celui pour qui rien n'arrive que du passé. Saint est celui pour qui tout est éternellement neuf." Signé le délicieux Christian Bobin.

    "O nuit, viens apporter à la terre le calme enchantement de ton mystère". Qui se souvient de L'hymne à la nuit de Jean-Philippe Rameau ? Dans notre société du trop-plein de lumière, en dehors dans la nature, mais aussi au-dedans, dans nos habitations, on finit par oublier que le vivant  a besoin d'obscurité pour des raisons physiologiques et anthropologiques. La nuit tient un rôle essentiel dans l'équilibre du monde animal et humain. Comment sauver la nuit ? La prise de conscience est en cours " pour que la nuit vienne allumer ses feux intimes et tremblants, et dépose sans bruit ses barques de pêcheurs, ses lanternes de bord que le ciel a bercées, ses filets étoilés dans nos âmes élargies." Jules Supervielle

    Il me semble vous avoir déjà confié que le Maître de sagesse qui accompagne ma vie depuis toujours se nomme JC (rien à voir avec Jean Castex ou Jacques Chirac ni même Jeanne Cherhal, que j'adore). Une espèce de hippie qui est venu dénoncer, secouer, déranger, guérir. Qui est venu jeter une torche dans nos abîmes et tendre une main ferme et amicale au cœur de nos impuissances. Il nous a laissé non pas une morale ou une idéologie, mais une voie de transformation de l'être, une doctrine de l'éveil, un chemin de liberté. Il n'a pas fait long feu : zigouillé à 33 ans. Comme d'autres.

    Rien à voir non plus avec tous les pseudo-gourous-thérapeutes-guérisseurs allumés que l'on trouve à tous les coins de rue, auto-proclamés bien souvent, sans supervision, et même sans vision aucune. Justes utiles pour les naïfs que nous sommes, et notre porte-monnaie. Ils semblent oublier que "nous ne possédons qu'une parcelle de lumière" dixit l'auteur de L'Imitation.

   Je vous le demande : si JC revenait aujourd'hui dans notre monde, que dirait-il, que ferait-il ?

   Je suis plein d'enchantement inquiet face à l'éphémère beauté de la condition humaine.

   Mais pourquoi aimons-nous tant nous déchirer ? Apprenons à lutter contre notre dragon intérieur.

   Ne jamais oublier que dans classe moyenne, il y a classe ! C'est Bénabar qui le dit. Son dernier album, Indocile heureux, redonne goût à la vie = la balade des z'anges heureux !

   La vie, une histoire d'amour et de désir : tu es entrée dans la pièce et, brusquement, l'air autour de mon corps a été plénitude...

    Je suis, au moment où vous lisez cette lettre, dans un "pèlerinage" de 3 semaines, aux sources qui ont façonné mon être quand j'avais 20 ans. Un jour ou l'autre, n'hésitez pas à séjourner en ces lieux : www.eourres.fr ; www.lesdamias.com

   Je ne peux clore cette Lettre sans vous inviter à lire une pépite qui m'a comblé ce mois-ci : Le chemin des estives de Charles Wright. Une ode à la désertion, à la liberté, à l'aventure spirituelle, qui décoiffe, dérange, nourrit, comble, plein d'humour et de profondeur.

    Bienvenue dans notre groupe de parole du 07 novembre, notre rando silencieuse du 11, notre atelier écriture du 20.

   Belle entrée dans l'automne pour toi qui me lis,

   Jacques