Newslaitue juin - 160eme -
Bonsoir, Bonjour
" Pendant longtemps, j'étais trop inquiet, trop occupé
à essayer de "tenir" dans l'existence ;
et cette urgence de tenir
ne m'autorisait pas l'état contemplatif. "
Tanguy Viel
Nuit à Crozon (29), face à l'océan majestueux, au soir de sa vie. François Cheng nous livre son dernier petit livre puissant et touchant, écrit au cap de la Chèvre, au bout du monde, chez moi. " La mort d'un être est-elle un plongeon instantané dans le néant ? " questionne-t-il. " La Mort est un Ouvert " lui répond le poète Rilke. " Je crois entendre la lointaine prédiction du Tao : Celui qui cède à l'amour en se donnant au monde, à lui sera confié le monde. " écrit-il." Il remonte le fil de ses rencontres : " Un grand nombre d'être m'habitent à présent, les hommes à l''esprit droit dont j'ai partagé passion et quête, les femmes à l'âme élevée qui sont pour moi des envoyées du Divin. " Il demande pardon à ceux et celles qu'il a pu blesser " par inconscience ou par erreur ". En 74 pages, il nous conduit comme dans un rêve de l'immensité du cosmos à l'unicité de l'être, entre " Puissance-créatrice " de l'ouest et " Souffle-vital " de l'est.
" Cheng nous confie son héritage fait de sagesse sans prix, d'amour et de bonté inestimables. " (Jean-Marc Pinson, Ouest-France).
Un autre qui me fait "kiffer grave", c'est notre moine-poète breton Gilles Baudry, lui aussi résidant au bout du monde. " Il fait pousser les mots dans des ouvrages en fleurs, en toute saison " nous dit de lui J-M Pinson. " J'ai toujours été sensible à la musicalité d'un texte, donc à la chanson. Les folk-songs. Le premier poème, c'est comme le premier coup d'archet sur un violon. " Prière et poésie sont de la même famille, se nourrissent l'une de l'autre, " se pollinisent. Les grands mystiques se sont exprimés en poètes parce qu'ils balbutient. La vie fourmille de nuances. "
Toute chose a une âme pour le frère Gilles. Il évoque " le mille-pattes de la pluie ".... Celui qui a 77 ans nous confie : " Il faut accepter son âge sinon on ne s'accepte pas. Par contre, si l'on peut garder une enfance intérieure... Le temps est une ombre. Tout passe. Nous passons aussi, comme des fleurs des champs, mais en Celui qui ne passe pas. C'est comme la sève, elle est invisible mais tout le temps présente. Elle suit son cours."
A méditer mes amis !
je refuse d'avoir chaud sans toi
je veux brûler accrochée à toi
je veux crépiter comme le p'tit bois
enflammera
je veux que nos particules mélangées
forment de la fumée
qu'on s'étouffe de notre combustion
que nos cendres mêlées tapissent
le sol d'un nouveau monde
Stéphanie Garzanti, Poèmes karaoké
Anar, bourlingueur spirituel, penseur autodidacte, j'ai la marge fertile ! Très tôt déscolarisé et livré à moi-même, j'ai accumulé les expériences, plutôt positives et créatives. J'ai exercé plusieurs métiers, et toujours les mêmes travers humains : le pouvoir, la jalousie, l'envie, la connerie ! Je suis un franc-tireur, un électron libre, une force qui va. Aujourd'hui passablement apaisé, je suis l'un de ces êtres intenses qu'" il ne faut pas secouer car ils sont pleins de larmes ", comme le disait Henri Calet. J'ai eu une existence peu commune - mais partagée par beaucoup - marquée par l'absence de père, la maladie, une mère courageuse qui a fait ce qu'elle a pu avec ses névroses pour élever seule trois enfants dont deux malades (ma soeur est dcd à 46 ans, mon frère est un mort-vivant depuis pas mal d'années).
J'ai vécu ma seconde naissance, celle à moi-même, a 21 ans, au sein d'un village communautaire, en Provence. Période bénie. Les lectures, la musique, et surtout la rencontre avec des " êtres remarquables" m'ont sauvé la vie. N'auraient-ils pas comme un air de famille avec moi ? La mélancolie en partage, l'inaptitude à exercer le dur " métier de vivre " (selon l'expression de Pavese), quelques obsessions, des excès, un brin de folie ? Je ne suis pas à un paradoxe près.
Butineur, je picore, prélève et fait mon choix. Autodidacte, instinctif dont l'appétit de connaissances (verseau ascendant verseau !) ne s'embarasse pas des canons et des œillères universitaires. Plaisir de la langue, du style, je mêle mon expérience, mon ressenti, mes intuitions pour opérer des rapprochements. Et puis il y a mon lien avec ma vie intérieure, le Silencieux, l'âme, la bienheureuse solitude, dame Nature, la méditation en marche. Et l'écriture, expression de l'extrême conscience.
En fait, j'ai des points communs avec plein de gens. Le dernier en date : Frédéric Pajak, in L'Immense Solitude.
" Vis, rêve, aime, crois.Et ne désespère jamais.(...) Ne cède jamais à la nuit."Jorge Bergoglio
Enlivrez-vous
"L'Opportunité de vivre. Ultimes études" André Comte-Sponville (parce que la vie est précieuse, chacun doit disposer du choix de mourir. Le philosophe apporte un éclairage remarquable sur ce thème complexe.)
"Schizoquelquechose" Jérémie Balavoine (le fils de son père, 41 ans, sort de l'anonymat : une belle lucidité poétique le bougre !....)
"Écritures carnassières" Ervé ("écrivain en marge" que je viens de lire en Pocket pour 7,70€ : soutenez-le, il vit dans la rue, il est super attachant-lucide-beau et papa !)
"C'est toi qui mènes la danse" Lucie Grall (elle y parle de l'absence dévorante : son fils est décédé à 25 ans. Il adorait la danse, les fêtes...)
"La confiance du matin" Chantal Joly (pour ouvrir nos matinées à l'a-venir... des pages de vie pour accompagner le train des heures...)
Musiques émois
"Phenomenal Women" Macha Gharibian (en communion avec son équipe, improvise avec tendresse et talent sur le puissant féminin...)
"Essence and Elements" Awa Ly (voix prodigieuse, ambiance mystique et terrienne... cinq ans après son superbe Safe and Sound)
"Human Universe" Hayato Sumino (une musique des sphères...)
"Hallucinating Love" Maribou State (réconfortant et apaisant : soul rêveuse, voix féminines top, textures subtiles. C'est classe, doux, et on a tout de même envie de danser...)
"Sinister Grift" Panda Bear (multi-instrumentiste, signe un album radieux aux multiples influences. Épuré et enchanteur. Un pur ravissement.)
" Ces histoires de racines, ce n'est rien d'autre
qu'une manière de te clouer au sol, alors peu importe
le passé, la maison, les objets, les souvenirs.
Allume un grand incendie et emporte le feu. "
Leïla Slimani
Soyons plus que fiers, mes amis, d'être " woke " (éveillés), soyons fiers de dénoncer les injustices et de combattre les discriminations. Dans une période très trouble, où ceux qui sont au pouvoir n'ont que la stratégie du chaos en tête, ne lâchons surtout pas !
En France, on parle beaucoup, et même parfois très fort pour couvrir la voix de l'autre, mais se parle-t-on vraiment ? Le bruit continu des débats sur les chaînes d'information et la violence des réseaux sociaux attestent plutôt du contraire. A méditer....
Deux oiseaux, une hirondelle et un rouge-gorge, devisent ensemble
et l'une dit à l'autre :
" J'aimerais vraiment savoir /
Pourquoi ces êtres humains si angoissés /
Courent partout /
Et s'inquiètent tant ? "
Rudyard Kipling
Une métaphore de notre temps, ce poème...
Attention !... Avis de " changement insensible du paysage poétique " à venir....
Je dis à tous ceux qui se sentent hors norme : continuez d'être vrais ! Faîtes-vous le chantre d'une "attention émerveillée" envers l'élan du vivant !
Pourquoi confronter nos désaccords nous fait du bien ?...
Quand j'écoute "Celebration" de Kool & The Gang, j'ai immédiatement envie de faire des tas de choses. Et vous ?!...
Où donc est Dieu ?...
Bises et/ou Hugs d'été,
Jacques