lundi 5 mai 2025

 Newslaitue mai - 159eme -

Bonsoir, Bonjour

" Il y a quelque chose de merveilleusement audacieux et libérateur

 à dire oui à toute notre vie imparfaite et désordonnée.” 

Tara Brach


   On n'a jamais autant communiqué, et jamais aussi peu parlé ensemble ! Chacun peut en faire l'expérience : s'extraire du spectacle quotidien et observer, ici ou là, une assemblée de corps et de visages penchés sur leur téléphone portable. Puis retrouver son chemin, et constater que le ballet de silhouettes affairées et courbées sur l'écran de leur smartphone s'y déploie à plein régime, à tel point qu'un passant perdu demandant son chemin, comme s'il débarquait d'un autre monde dépourvu de GPS (comme moi !), apparaît désormais comme une pure incongruité, voire une source de nuisance, celui-ci ayant stoppé la trajectoire d'un de ses congénères pressés et osé... lui adresser la parole !

   Il est bon, voire salutaire parfois, de tenter de sortir la tête du bocal dans lequel nous vivons au jour le jour. Serions-nous devenus des "exilés de l'intérieur" (David Le Breton in La fin de la conversation ? La parole dans une société spectrale), sujets au burn-out et à l'isolement ? Ces dangereux fantômes et fétiches qui font disparaître le lien social. Nous sommes de moins en moins ensemble, mais de plus en plus côte à côte, les yeux rivés sur notre écran, sans plus nous regarder. Cool ! 
   En permanence prosternés sur notre portable dans une sorte d'hypnose sans fin. Certains parlent seuls dans la rue (ou dans les bois !), au café, au resto, sans crainte de déranger. Le portable comme un cinquième membre. A quand la greffe à la main ou à l'oreille ?! Relisons Seuls ensemble de Sherry Turkle, psy américaine; ou Byung-Chul Han, philosophe sud-coréen, Infocratie. Numérique et crise de la démocratie.

Le miel est l'espoir de la ruche
Le vin est celui de la vigne
Et la miche celui du blé
Pour nous, quelle saveur à notre espoir ?
La proie est l'espoir du rapace
Le venin, celui du serpent
Le butin, celui du pirate
Pour nous, quel destin à notre espoir ?
Espérer n'est pas nécessaire pour entreprendre le futur.
Réussir n'est pas nécessaire pour persévérer le présent.
Jacques Lacarrière

   " Les plus grands dangers de la vie spirituelle sont l'orgueil et la rupture avec le réel, la perte de la mesure (humaine) et de l'équilibre. Les combats du quotidien parfois dérisoires, rabotent le sentiment d'être quelqu'un, d'avoir une importance. Notre "petit moi" n'a que très peu d'importance. La vraie vie spirituelle est une petite vie cachée, sans ambition, dégagée de tous les paraîtres, de tous les rôles, postures et autres masques. Une vie libérée de l'obligation d'efficacité, de productivité, de compétence, de justifier notre existence. La pure gratuité... dans la paix ! " nous invite Soeur Catherine, ermite qui a tout compris.

   Perso, à 67 ans, j'en suis encore loin. Même si parfois j'y ai goûté ces dernières années, en m'offrant des temps loin de tout, de tous. Je ne suis pas encore guéri, mes amis ! " La vraie croissance passe par l'intériorité. Nous avons à conquérir notre propre nature et nous approprier tout événement, même le plus déchirant, pour aller de la jouissance jamais assouvie du paraître à la plénitude joyeuse d'être. " écrit Olivier Rabut.

   « Avec le temps, j'ai compris que je n'étais pas né pour tout porter, que l'ego isole et que corriger les autres ne m'apaise pas. J'ai appris à valoriser les petites choses, à sourire, à ne pas discuter pour avoir raison. La vraie liberté s'obtient quand on cesse d'impressionner et qu'on commence à vivre pour soi, et non pour les autres. La vie, c'est maintenant, et tout ce qu'on emporte avec soi, c'est l'amour qu'on a donné. Vivre simplement, abandonner ce qui n'a pas d'importance et honorer chaque instant est le plus grand acte de sagesse. » Morgan Freeman

" Imaginer un monde meilleur, c'est affirmer que rien n'est plus important
que de manifester sa considération pour l'autre. "
Axel Kahn (1944-2021), généticien


Des livres et vous :
"Ecrire sa vie" et "Où donc est le bonheur" Marianne Chaillan (essai revigorant, un anti-guide de développement personnel !)
"Uniques au monde. De l'invention de soi à la disparition de l'autre" Vincent Cocquebert (examine les dégâts de "l'egocène"...)
"Là où je n'écris pas" Christine Veschambre (cofondatrice des revues de poésie Land et Petite, autrice d'une quinzaine de recueils)
"Bien-être" Nathan Hill (un grand talent pour aborder les infimes caricatures de notre société contemporaine, ses contradictions et ses absurdités, mais avec un regard tendre...Très bien vu, très inventif)
"Le Petit Livre de la sagesse éternelle" Henri Suso, mystique dominicain (1295-1366)

Musique émoi :
"Kama Kuntu" Christine Zayed (spécialiste du qanûn, plus luth târ, viole de gambe, flûte bansurî, improvisations modales, poésie chantée, voix d'une profonde douceur avec Piers Faccini. Tous les poèmes sont traduits dans le livret)
"Lotus Flowers" Bruno Angelini Trio (épatant ! Ces fleurs audacieuses ont le parfum du printemps. Sensuelles en diable !)
"Bach.The Complete Toccatas" Christophe Rousset (amoureux de la vie, doté d'une énergie considérable, le Cantor de Leipzig est ici traduit dans toute sa bonne humeur, sa joie. Un disque de salubrité publique !)
"Promesse" Minuit Soleil (ritournelles contemporaines bercées de confiance aussi dansantes que sophistiquées =magnifique travail voix-musique)
"L'âge d'or" Karen Lano (sensation d'être projeté dans un ailleurs...du côté des descendantes des troubadours = une révélation !)

" Il faut toujours espérer,
même quand on est lucide. "
Emmanuel Levinas


   J'ai en moi une énorme colère heureuse ! Contre les destructeurs.trices du monde, leur cupidité, leur cynisme, leur vulgarité, leur égoïsme. Dans mon viseur, entre autres, le "capitalisme extractiviste", porté par des industriels aux méthodes de criminels, avec la complicité de politiques corrompus ! Suivez mon regard.... " Ce n'est pas moi qui suis radicale, estime Claire Nouvian, fondatrice de Bloom. Ce qui est radical, c'est la ruine de notre avenir commun pour les intérêts de quelques-uns." Suivez encore mon regard.... J'ai choisi d'utiliser ma colère pour l'action collective. Je me réclame du "catastrophisme éclairé", cher à Jean-Pierre Dupuy : " La fatalité est la somme de nos démissions." Ne pas baisser les bras. Ne pas sombrer dans le "no futur" ! 

   Transformons notre colère en énergie bouillonnante qui nous pousse à agir, nom d'un pangolin ! Comment pourrait-on ne pas agir ? J'oscille entre le pessimisme le plus noir et les espoirs ténus. L'humain a besoin de dominer, de briller... alors qu'en forêt, tout est dans l'humilité et la patience. Je crois beaucoup dans le pouvoir de l'expérimentation et des marges pour faire bouger les lignes. La conscience que nous sommes sur une trajectoire d'extinction oblige à cultiver la joie. C'est la suite de petits bonheurs qui font le bonheur : rire, danser, se balader, faire la fête....

   Humeurs en liberté, lues dans mon quotidien :
" J'entraîne des pigeons voyageurs pour être prêt le jour où tous les réseaux sociaux seront rachetés par des milliardaires. " ;
" Par mesure d'économie la lueur d'espoir sera désormais éteinte. " ;
" Si chaque jour est un cadeau, ce jeudi est un collier de nouilles. " ;
Mort de rire dans la farce de l'âge sera mon épitaphe. "
. " La crise de la cinquantaine c'est comme celle de la quarantaine, mais au lieu de passer la nuit à courir après sa jeunesse, on la passe à se lever pour aller aux toilettes. C'est un brin moins festif. "

   Si, comme moi, vous vous sentez, vous vous ressentez, vous êtes bipolaire, voici trois podcasts pour nous éclairer : Je suis un malade mental sur France Inter, Sur le fil sur Arte Radio, Révolutions médicales sur France Culture. Carpe diem !
   J'avoue que je me protège d'une actualité anxiogène en limitant ma consommation d'informations, sauf sur le site Le Média Positif. A vot' bon coeur ! Et je me tiens à distance des réseaux sociaux qui nourrissent notre paresse. Je préfère miser sur la richesse des engagements collectifs pour percevoir pleinement tout ce qui fait une vie humaine. Méfions-nous des pièges de l'émotion, dans la période actuelle. De l'émotion en politique particulièrement. Dérives du langage. Démocratie minée. S'indigner, certes, mais garder raison surtout, et sur tout ! Un éclairage actuel : " Coulée brune. Comment le fascisme inonde notre langue " d'Olivier Mannoni.

Je connais le lieu du poème, ma gorge.
Je ne connais qu'elle. Un fanal précieux la soutient.
Pierre poreuse, pierre ponce, tessons...
Je suis le nu du commencement. Sous l'arche des vents
Se déploie le soleil, empire du souverain calme.
Alors une fêlure se fait jour, l'absolu. Il règne.
Le soleil est beau, qui ne se couchera jamais plus.
NimrodEn saison

   Mon intérêt pour tout ce qui est artistique me sauve, me désangoisse, me sort de ma mélancolie, en me donnant de l'enthousiasme, du mouvement. Faire face à l'immensité de son ignorance est stimulant !
    Au théâtre, quelle est la couleur des émotions ?
   Remplacer la tristesse par la joie, est-ce le début d'un programme politique ?
   Pensées douces, printanières,
   Jacques

lundi 21 avril 2025

 Newslaitue avril - 158eme -

Bonjour, Bonsoir

" On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime
qu'on les aime..."
Louis Chedid

   Pourquoi une sensibilité XXL est une vraie force ? Véritables éponges émotionnelles - comme bibi - les ultra-sensibles que nous sommes peinent à faire valoir les atouts de cette inclination à être très réceptif à ce qui nous entoure. Pourtant, cette hypersensibilité peut nous propulser plus que nous peser. " La définition fondamentale de la sensibilité, elle est belle et simple. C'est le fait d'être vivant, de percevoir l'existence à travers tous ses sens. La sensibilité, dite haute ou ultra, concerne 30% de la population. Les personnes vont apporter de l'importance et consacrer du temps à toutes les informations reçues sur le plan sensoriel." nous dit Saverio Tomasella, psychanalyste. Les ultra-sensibles que nous sommes se considèrent souvent "sans filtre". Tout résonne et est capté de manière puissante : c'est notre côté " éponge émotionnelle ". Loin d'être une maladie ou un handicap, cette forte connexion aux êtres et aux choses reste, un immense atout et trésor au quotidien. 

   Elle offre une propension à mieux profiter et savourer nos amours, nos amitiés, nos relations familiales, nos réussites, nos plaisirs, nos détentes... Grâce à notre haute sensibilité, tout cela prend plus de place dans nos vies. Le grand sensible se montre créatif, curieux, empathique, spontané, enthousiaste... Et, surtout, il sait s'éprendre de beauté ! Les ultrasensibles sont capables d'être ravis par des petites choses du quotidien à partir du moment où c'est bon et beau. Soyons fiers de notre sensibilité ! En prendre soin, la développer ne pourra que faire grandir notre humanité. A méditer camarades "pleine conscience" !

   Le numérique devient un acteur géopolitique. Les utilisateurs se tournent ainsi davantage vers des réseaux sociaux européens, plus éthiques que ceux de leurs concurrents américains ou chinois. Cinq alternatives européennes : Mastodon, Yubo, BeReal, Whaller, ID by Amo. A vous de jouer !
   En annonçant la fin des partenariats avec des médias de fact-checking aux Etats-Unis, le patron de Meta (Facebook, Instagram...) Mark Zuckerberg porte un coup sévère aux journalistes et ouvre davantage la porte à la désinformation sur les réseaux sociaux. En France, des outils gratuits et fiables sont à disposition du grand public pour vérifier rapidement si des informations sont vraies ou "fake". Par exemple AFP Factuel, Vrai ou Faux, De Facto. Ne nous en privons pas !

   Un peu d'humour, glané dans mon quotidien, dans ce monde de oufs :
" J'ai la désagréable impression d'une accélération de la raréfaction des bonnes nouvelles " ;
" Qui cherche le bonheur n'a qu'à fermer les yeux et imaginer tout ce qui lui ferait plaisir. L'imagination, le meilleur outil pour s'évader du quotidien. Et en plus, c'est gratuit ! Là par exemple, je viens d'imaginer que tout allait bien dans le monde. C'est tellement reposant. " ;
" Je ne range jamais chez moi, je laisse tout en bordel. Comme ça si des voleurs viennent, ils penseront que je viens déjà d'être cambriolé." ;
" Ça marche super bien la loi anti démarchage téléphonique : je n'ai eu que 27 appels aujourd'hui au lieu des 12 habituellement."

   En se libérant de l'inquiétude constante du regard des autres, on cesse de voir le monde comme un endroit dangereux, rempli d'ennemis. Ou comment oser ne pas être aimé pour s'épanouir. La peur de ne pas être aimé nous mène vers des impasses. Affronter cette peur est libérateur : briser le sentiment de solitude, se servir de son sentiment d'infériorité, en finir avec la compétition.
   Plus notre vision du monde, des gens et de nous-même est large, plus nous sommes en mesure d'inviter toutes sortes d'émotions, d'opinions, de sentiments... et de débattre sans se haïr. A méditer camarades politiques et autres dirigeants associatifs, d'entreprises, etc. Keep cool men and women ! Faîtes l'amour pas la guerre, nom d'un pangolin !

" Comment veux-tu le soleil sur la peau/
Sans les paroles et sans les mots/
Comment veux-tu les caresses dans la nuit/
Dans le silence des non-dits... "
Christophe Mali, dans Redis-le moi, album Humain


" L'humour est un merveilleux dérivatif au sentiment tragique
que nous inspirent notre solitude et notre finitude ontologiques. "
Michel Cool


Enlivrez-vous
"Le ciel ouvert" Nicolas Mathieu (Goncourt 2018, ardent défenseur de la liberté de création. Intime et poétique ouvrage lumineux...)
"Hollywood et la difficulté d'aimer" Laurent Jullier (beau livre qui même comme rarement le cinéma et une profonde réflexion sur l'amour.)
"Matrice. Aux origines de la domination masculine" Claire Alet (surprend, bouscule, dérange le lecteur dans ses certitudes, mais son analyse évite largement les écueils de la polémique...)
"Être quelqu'un de bien. Philosophie du bien et du mal" Laurence Devillairs
"Le Péril Bolloré" Marie Bénilde (la journaliste dissèque l'empire Bolloré et son projet politique ultraconservateur. Saisissant camarades "pleine conscience" !)

Musiques
"In a Landscape" Max Richter (piano, cordes, boucles musicales répétitives = musique enveloppante, du contemporain contemplatif)
"De Paris à Prague" Lilian Lefebvre Vincent Martinet (clarinette-piano, plaisir de sens, singularité, un carnet de voyage épatant = enregistrement fraternel)
"Prèchof" Noé Preszow (aujourd'hui l'une des plus belles perles de la chanson francophone...)
"3" Abdullah Ibrahim (deux heures intenses, entre introspection et élévation)
"Venice" Anastasia Kobekina (violoncelliste aux compositions inspirées par l'onirisme enchanteur de la cité des Doges : cool...)


" Au milieu de l'hiver,
j'ai découvert en moi un invincible été."
Albert Camus


   Les mots nous racontent. Un jour, un poème. Une invitation à vivre différemment le présent. Rien de plus audacieux aujourd'hui que de se laisser imprégner par la poésie. " C'est une invitation à se laisser aller là où il n'y a plus pied, comment apprendre sinon ? La poésie lave les yeux, les pensées, les idées noires. " nous prévient Arthur Teboul, le chanteur de Feu! Chatterton. Remède intime. La poésie est ouverte. Joie et instinct ! On est invité à  y mettre notre sens intime. Les mots nous racontent, saisissent une émotion extrêmement subtile et complexe de nos existences. C'est ce qui me bouleverse en tant que lecteur, cette forme de tension entre le fond et la forme. Christian Bobin, Paul Eluard, Apollinaire, René Char.... 

   Aujourd'hui, on est en permanence face à un miroir avec les réseaux sociaux, où on ne nous envoie que des choses qu'on aime déjà, que des gens qui pensent comme nous. La poésie, elle, est une autre manière d'observer le monde. Ce qui n'est pas de tout repos ! Mais si on n'est pas prêt à prendre le risque, on est déjà mort. La poésie célèbre souvent l'instant présent. Une qualité de présence à soi, à l'autre, à l'ici et maintenant. C'est une lutte au quotidien ! Elle vous attrape en quelques mots, crée un petit électrochoc, une brèche pour s'échapper, et un autre espace-temps. On va à son rythme. Ce que j'adore avec la poésie, c'est qu'elle est toujours une invitation, une porte ouverte (ephata!), une main tendue. Carpe diem ! 

   J'ai eu 67 ans en janvier dernier, et je ne sais toujours pas bien ce qui s'agite au creux de ma pensée, de quoi est faîte au juste ma personnalité, de quel bois se chauffe ma nature profonde. Il me semble certains jours n'être spirituellement pas très différent d'un sac de betteraves ! 
   Rions bien haut, mes amis, d'un rire qui s'élève bien haut, infime processus de vieillissement, une espèce de mûrissement.
   A quoi sert l'âme si elle reste impuissante à guérir notre peine ?...
   Le temps venu, j'aimerais que l'on grave sur ma tombe ses mots : " C'était un brave homme. Mais il n'y était pour rien. "
   Avril... le temps de se découvrir... "Hug" pour tous !
   Jacques

lundi 17 mars 2025

 Newslaitue mars - 157eme -

Bonjour, Bonsoir


" Chacun qui venait à moi et qui n'était pas moi-même
m'amenait une part de moi-même 
que je ne connaissais pas moi-même. "
Renan

   Le pouvoir de la joie : quand on expose nos singularités, on crée de l'unité. Si on entend tout le temps ceux qui divisent, critiquent, sont dans la haine, on a la sensation qu'ils sont majoritaires. Sauf qu'ils ne le sont pas ! " Organisons le fait qu'on a envie d'être ensemble, organisons la tolérance, l'accueil, l'acceptation, la générosité, organisons tout ça. Et puis, exprimons-le. C'est une mission politique et médiatique, mais aussi une mission de chacun." nous invite Thomas Jolly, le chef d'orchestre des Jeux Olympiques derniers. La joie, comme une sensation. Cette expérience toute privée donne raison à Arne Naess, le théoricien spinoziste de "l'écologie profonde", qui associait l'écologie aux passions joyeuses et considérait qu'un ou une écolo triste était une contradiction dans les termes (avis à certains militants !). Quelle joie ? " D'abord, celle du silence cérébral. C'est l'un des rares endroits où le monologue intime cesse, la mer prend sa place. Ainsi, la joie, c'est ceci : être semblable à elle, gagner son affection, y arriver. C'est un grand muscle du vide intérieur !" nous dit Kamel Daoud, écrivain. 

   Nous sommes en un temps où nos joies ne peuvent venir que de notre vie privée et de nos relations affectueuses. Chercher nous met en joie.... De toutes petites histoires très locales, qui racontent ce que les gens font de formidable, me mettent en joie. Et vous ?... Le bonheur : ce qui ne s'achète pas ! Idem pour la joie ? " La bonne société est celle qui réduira le travail social à un minimum afin que puissent s'épanouir, durant le temps libéré, les facultés créatrices et ludiques des individus. " nous avertissait déjà André Gorz, journaliste et penseur de l'écologie, en septembre 1978.

   " J'aime les gens. J'aime le monde. J'aime veiller trop tard et me lever trop tôt. J'aime me saoûler et j'aime rester sobre. J'aime voyager. J'aime rentrer à la maison. J'aime faire l'amour et j'aime le fait de vouloir faire l'amour. J'aime les personnes qui se sourient dans la rue. J'aime ne pas m'inquiéter trop de la mort. J'aime écouter les histoires des autres. J'aime les actes de gentillesse impromptus. J'aime le son de l'eau. J'aime prendre un poème à l'heure du dîner. J'aime tout en fait, ou presque tout, de toute façon. La tendresse, le désordre, les complications, les beautés minuscules. Voilà ma joie, je suppose. C'est la joie que la joie existe. " sourit Colum McCann, écrivain.

   Dix principes d'autodéfense contre la pensée dominante : 
   . N'hésitez jamais à remettre en cause la parole d'un expert,
   . Ne vous laissez pas imposer les limites du possible,
   . Un individu n'est jamais seul responsable de sa réussite ou de ses échecs,
   . La flexibilité n'est pas un remède au chômage,
   . Avant de dire qu'il faut baisser la dépense publique, essayez de comprendre ce qu'elle recouvre,
   . La finance n'est l'amie de personne... sauf des financiers,
   . N'ayez pas peur de la dette publique,
   . Cessez d'écouter les beaux discours sur l'environnement, vérifiez les actes,
   . Si vous aimez l'Europe, critiquez la commission européenne,
   . Ne croyez pas que le libre-échange profite à tous.
   Extrait de l'excellente BD L'économie pour les 99%, de Thomas Porche / Ludivine Stock / Raphaël Ruffier-Fossoul.

   Humeurs en liberté, glanées dans mon quotidien :
   . " Tout bien réfléchi, je pense vraiment qu'on s'aimerait plus si le slow revenait à la mode. " ;
   . " En plein repas, mon oncle alcoolique a déclaré : Je suis Chablis " ;
   . " L'embêtant quand tu vis seul, c'est d'essayer de se surprendre. Là, j'me suis ramené le café au lit, mais honnêtement j'm'y attendais." ;
   . " Point raclette et tartiflette : vous en êtes à combien de kilos en plus depuis l'ouverture de la saison ? " ;
   . " Qui cherche le bonheur n'a qu'à fermer les yeux et imaginer tout ce qui lui ferait plaisir. L'imagination, le meilleur outil pour s'évader du quotidien. Et en plus, c'est gratuit ! Là par exemple, je viens d'imaginer que tout allait bien dans le monde. C'est tellement reposant."   

" Rien ne libère autant que la joie.
Elle affranchit l'esprit et l'emplit de calme."
Nahman de Bratslav

Des livres et moi
"Manuel de chasse et de pêche à l'usage des filles" Mélissa Bank (nouvelles à la fois drôles et intelligentes sur les différents âges de la vie...)
"Résister à la culpabilisation. Sur quelques empêchements d'exister" Mona Chollet (sans commentaire...)
"Nous avons besoin d'un ailleurs qui n'existe pas. Réenchanter le voyage" Lucie Azema (un voyage enchanteur, de Bénarès à Istanbul...)
"Eloge des oiseaux de passage, journal d'un ornithologue un peu perché" Jean-Noël Riffel ("un oiseau qui disparaît, c'est de la beauté qui s'éteint et un silence qui s'étend" !)
"Madelaine avant l'aube" Sandrine Collette (roman qui touche aux droits des femmes, au changement climatique, à la condition animale, à l'égalité, aux rapports de force, autour de l'instinct de révolte, prix Goncourt des lycéens !)

Musiques
"Rêveur, rêveur" Louis Chedid (chante surtout l'amour, la beauté et le bonheur. Avec délectation...)
"Sonate en si mineur, de Liszt" Tanguy de Williencourt (mélange vertigineux de profondeur et d'éclat)
"Le Concile des Oiseaux" Hadouk (une symphonie du vivant portée par une pluie d'instruments atypiques. Aussi entêtant qu'onirique...)
"Small Changes" Michael Kiwanuka (majestueux, sensible, son luxueux entre folk et soul, voix ample qui rassure et émeut et excellent guitariste = j'adore !)
"Dance of love" Tucker Zimmerman

" Qu'est-ce qu'une vocation ? 
C'est un miracle à faire avec soi-même."
Jouvet

   La poésie est le nectar de la littérature. Elle raconte le passage du temps, la passion amoureuse dont l'intensité nous est presque intolérable.... Peut-être la façon la plus juste de dire comment la vie nous bouscule, combien elle nous affecte. Ne comptez pas sur moi pour prendre la défense des réseaux sociaux. Je pense que c'est un cloaque où règnent notre narcissisme, nos besoins égotiques et nos paresses. On y trompe sa solitude. La poésie est-elle un horizon ? Ou un corps traversé par des courants... quelqu'un qui éprouve... et qui trouve les mots pour le dire. Adolescent déjà trop sensible, j'en ai gardé une hyperémotivité aux choses. Tout continue à m'affecter d'une manière parfois insupportable. Toujours, je refuserai le monde tel qu'il est. J'essaie de ne pas être un offusqué systématique. 

   Je suis ici mais pas d'ici. Le monde est toujours au-dessus de nos forces. J'arrête le combat. J'arrive à la porte du ciel. Sourire. " Toute vie est un long processus de décomposition. " écrivait Scott Fitzgerald dans La Fêlure. Quoi de plus vrai ? L'art n'est pas là pour nous conforter. Le pessimisme neutralise l'action. J'essaie de voir les choses comme elles sont. Je sais qu'on est fini dans le temps et j'essaie de faire avec. J'espère malgré tout. Je suis un mélancolique. Cette idée que tout est fugitif, impermanent, ne gâche pas le temps présent, au contraire. Elle lui donne son vrai poids. Carpe diem !

" Mais ce qui compte à la fin,
c'est ta main,
comme lorsqu'on nous étions petits,
qui trouve la mienne dans le noir d'une cave,
dans un couloir que la minuterie ne nous a pas permis de traverser jusqu'au bout,
c'est ta peau qui dit tout simplement :
Je suis là. "
Nicolas Mathieu, Ciel ouvert

   Le fait de penser que ceux qui nous désapprouvent sont mauvais est la forme de base du conflit humain. L'être humain est bizarre quand même.... Il faut aimer les hommes tels qu'ils sont et non tels que je voudrais qu'ils soient ! Facile à dire...
   " Rester rebelle, c'est la seule chose qui te maintient en vie. " dixit Marianne Faithfull. A méditer... camarades méditants "vivants" !
   Belle entrée dans le printemps, en dansant, en chantant, en riant comme des enfants....
   Jacques