vendredi 8 octobre 2021

 Lettre septembre 2021 - 115eme -

Bonjour, bonsoir


"Le malheur est grand, mais l'homme
est plus grand que le malheur."
Rabindranath Tagore


   L'esprit de notre exploratrice tibétaine Alexandra David-Néel : "a toujours préféré les arbres non taillés et libres, la jungle à l'ordre établi, le mouvement parfois désordonné aux images attendues et sages, le labyrinthe aux chemins trop bien tracés, la liberté à toute autre chose." Ces paroles symbolisent à merveille les principes de vie de l'écrivaine : l'autonomie, l'économie, la liberté de pensée.
   Elle vous fait penser à quelqu'un ?...

   "L'influence de l'homme sur le climat peut aussi être positive", nous dit Aurore Mathieu, responsable des politiques internationales pour l'association Réseau Action Climat. Pour avoir un impact direct, il faudrait aussi mettre fin aux véhicules diesel et essence et cesser l'élevage industriel, car ce sont les secteurs les plus émetteurs aujourd'hui. En plus d'arrêter d'exploiter et d'extraire les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), secteur qui émet le plus de CO2 ! Y'a du boulot les amis... de la Terre. La transition est là, souvent portée par nos jeunes qui créent déjà le monde d'après.

   Le risque d'occulter nos responsabilités. Ne sommes-nous pas, habitants des pays riches, des Jeff Bezos quand nous survolons les pays pauvres ? Ne montrons-nous pas alors la même indifférence qu'un Jeff Bezos au sort de beaucoup de nos semblables ? Conscience ? Pleine conscience vous avez dit ? Jeff Bezos n'est que le symbole de notre propre inconscience. Gardons-nous donc de désigner trop vite un coupable idéal.... (réflexion valable et transférable pour le covid et ses anti...).

   La loi est-elle en train d'être bafouée ? Comment accepter de vivre contrôlés ? De la difficulté de l'expression. Le piège de l'outrance. Toujours ce sous-entendu de la grippette. Vaccination et fraternité. Un espoir pour des demains amoureux, plus souriants. Pour faire société, admettons la contradiction. Anti-vax : victimes ou collabos du virus ? Du bon usage du mot liberté. La liberté sans la fraternité est un leurre. Si l'obligation vaccinale égale une perte de liberté, alors il faut manifester contre le permis de conduire ! (et le permis de construire, et l'obligation scolaire, et contre toutes les cartes que l'on doit présenter ici et là,...).
   Autrefois, résister c'était mettre sa propre vie en danger pour la liberté des autres, aujourd'hui la résistance, c'est mettre en danger la vie des autres pour sa propre liberté. Cherchez l'erreur.... L'urbaniste et philosophe Paul Virilio, disparu en 2018, prédisait : "Les pouvoirs publics cherchent désormais à enfermer les gens chez eux."
   L'Etat français, c'est-à-dire nos impôts, a distribué 80 milliards d'aides aux entreprises depuis mars 2020 pour gérer la crise pandémique. Qu'est-ce qu'on dit ? Bercy !

   Le virus est une superbe opportunité de mettre la santé de la démocratie en péril. Le voulons-nous ? Nous sommes liés les uns aux autres. "Nous n'avons pas l'appétit de la dictature, mais la gratitude de notre démocratie. Je ne vis pas seule sur cette Terre. Vous y êtes aussi et je ne vous oublie pas. Vous faites partie de mon quotidien, je vous veux en vie comme moi puisque je ne peux être sans vous à mes côtés. Je deviens responsable de vous, comme vous de moi. Nous respirons le même air, nous foulons le même sol, j'imagine qu'alors nous n'avons pas le choix d'un avenir à partager. Ma liberté se construit sans renoncer aux liens qui l'unissent à votre liberté. Se moquer du devenir de l'autre, c'est cesser de marcher vers son propre destin et se rapprocher d'une infinie solitude où se perdre équivaut à mourir à petits pas." Mots sincères et profonds de Marie-Paule Barbaza Rousseau, dans le courrier des lecteurs de mon quotidien.

   Je suis jardinier, 500 mètres carrés de potager et fleurs. Merci de rappeler que nous ne sommes pas à l'abri d'une pandémie végétale. Le mildiou de la pomme de terre a fait des millions de morts en Irlande au milieu du XIXème siècle. Les désordres climatiques peuvent le favoriser. Une alliance au niveau mondial, la vigilance des chercheurs, et la mise au second plan de la recherche du profit sont indispensables. On peut rêver, non ?...
   Pollution de l'air en France = 40 000 décès par an selon une estimation de Santé Publique France. Le chauffage et les véhicules représentent les principales sources de particules fines en France. Les incendies également. Fin juillet, l'humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la planète est capable de lui offrir en un an. Est-ce ainsi que nous voulons encore vivre ?
   Le changement climatique va faire flamber le coût des assurances. A méditer....

   Faut-il rappeler que 100 entreprises dans le monde émettent 71% des émissions de gaz à effet de serre mondiales ? Faut-il rappeler que les 1% les plus riches émettent cinq à dix fois plus de carbone que les 10% les plus pauvres tout en payant quatre fois moins de taxes carbone (en % de leurs revenus) ? Dès lors, comme l'écrit le député François Ruffin dans son ouvrage Il est où le bonheur ? : "De quelle écologie parlons-nous ? De quelle écologie voulons-nous ? Une écologie de consensus, qui signerait la fin des conflits, zéro idéologie, ni de droite ni de gauche ?" Le capitalisme ne répond pas à des besoins, il crée nos besoins !
   Perso, suite à la fin de vie de l'une de nos voitures, nous avons décidé de n'en garder qu'une + un vélo électrique + les transports en commun. Notre part de colibri !


"Le vieux monde se meurt et le nouveau tarde à apparaître.
Et dans ce clair-obscur surgissent les monstres."
Antonio Gramsci


Des livres et vous :
"Le courage de la nuance" Jean Birnbaum (manuel de survie par temps de brutalisation idéologique. Pour des débats apaisés...)
"Tu n'es pas belle, tu es pire ! Les plus belles lettres d'amour d'enfants" Morgane Pellennec (joliment illustré, moments touchants)
"Vivre autrement" Claire Marin, philosophe de l'intime (ou le temps des ruptures. Un petit livre - 88 pages - qui permet de prendre du recul sur une période - la nôtre - qui n'en offre guère...)
"Réinventer les aurores" Haïm Korsia (plaidoyer extraordinaire pour le vivre-ensemble)
"Ce monde est tellement beau" Sébastien Lapaque

Sites :
lagraineindocile.fr (faire soi-même)
nvc-europe.org (communication non violente)
reclaifinance.org (ONG prix Goldman pour l'environnement)

Musiques :
"La Traversée" Bertrand Betsch (une traversée existentielle, sensibilité rare, douze albums : celui-ci est son chef-d'oeuvre.)
"Well dressed exile, Secund humming" Mô'ti Tëi (voyages intérieurs folk du Rennais qui sort son 1er album folk-rock entêtant, riche de guitares et percussions atypiques.)
"White Chalk" et "White Chalk - Demos" PJ Harvey (un joyau de mélancolie, album mythique, étrange, hanté et magistral ! Voix nue et intense de PJ Harvey...)
"Machines of loving grace" Para One (voyage gai et spirituel, à l'inspiration cosmopolite; électro dense et profonde...)


"Être vieux, c'est être jeune depuis plus longtemps que les autres." 
Philippe Geluck (dit Le Chat !)


   Au regard de la galère pour se rendre et cheminer sur le Mont-Athos (l'un de mes projets à venir) par les temps qui courent, je caresse l'idée de partager à deux une randonnée bretonne, sur le GR34, en 2022. Ou sur tout autre chemin à votre goût.... Marcher avec toi qui me lit ? Welcome....
   Histoire de nous déculpabiliser d'une enfance catho, sachez que le mot "péché", en Hébreu, veut dire "manquer sa cible". Quelle cible ?... Le bonheur !
   Un gastronome qui n'est pas écologiste est un imbécile, mais un écologiste qui n'est pas gastronome est un triste sire ! Comment appréciez-vous la vie ? Le plaisir des sens ?
   Avec le covid, beaucoup de gens sont saisis par la peur. Le contexte est anxiogène. Il faut être prudent, c'est évident, mais il faut aussi oser se risquer et marcher sur la peur. Je pense que beaucoup de maîtres spirituels nous apprennent à marcher sur l'eau... c'est-à-dire à saisir la vie autrement !
   Je vous souhaite une "HQE" : une haute qualité d'existence !

   "Tout laisser tomber et se cacher en soi-même pour Le trouver dans le silence où Il est caché avec vous. Tenir un journal m'a enseigné qu'il n'y a pas tant de neuf dans la vie intérieure. Maintenant, voici toute ma vie : me garder désencombrer. Bien que je sois en ruine, je suis bien mieux que je n'ai été dans ma vie. Etre en ruine, c'est ma chance. La contemplation ne suffit pas. Le don total de moi-même - transformation -, simplicité totale et pauvreté, c'est ce dont j'ai besoin. Ecrire, c'est penser, vivre et même, dans une certaine mesure, prier, méditer." 
   Constats lucides du grand Thomas Merton, dont sa vie a été accidentellement interrompue à 53 ans. Reste ses écrits, comme Méditation avec les lucioles. Journal (1939-1968).

A vos côtés
je me tiens en retrait
je vis de fraternelle solitude

absent
je puis vous joindre
et résumer toute distance

porter ensemble mêmes questions
sur l'avenir
sur nos jours difficiles

et si le ciel s'arrête à mi-hauteur
le sang poursuit son cours
le coeur sa pente naturelle vers l'amour
Gilles Baudry, moine-poète-écrivain

   C'est peut-être cela, le rôle de la poésie : utiliser le noir de nos vies, nos angoisses collectives pour les transformer, d'un mot, en teinte vive, en espérance chaleureuse.

   De l'amour du silence. La parole, née du silence, donne vie. "La première langue de Dieu, c'est le silence", disait Thomas Keating. Et comme toute autre langue, il nous faut en apprendre la grammaire et le vocabulaire ; cela n'est pas facile ! Nous avons en effet tous l'expérience de cet immense brouhaha qui se lève dans nos têtes quand nous essayons de demeurer en silence. Le silence évite la parole blessante, il est écoute. La parole née du silence, née dans le silence, peut donner la vie. C'est pourquoi la parole née du trop-plein de notre exaspération, de notre rancœur, de nos pulsions doit être retenue (à méditer par certains manifestants...)
   "En effet, la parole née du trop-plein de soi est souvent une parole de mort, une parole qui blesse et détruit, parce qu'elle procède du débordement des passions qui secouent notre vie intérieure. Notre grand problème, c'est d'apprendre à écouter. Écouter le silence et les autres, bien sûr, mais aussi écouter notre être profond, écouter notre maître intérieur. Nous sommes si souvent sourds à nous-mêmes et aux autres !
   Pourtant, il existe un silence par-delà le silence des mots, par-delà l'agitation de nos pensées et la rumeur de nos émotions. Mais pour y descendre, il faut accepter de traverser toutes les strates de sédiments laissés par notre histoire de vie, ce que nous avons vu et entendu. Alors nous retrouverons des forces neuves et nous serons plus libres, plus disponibles, plus fraternels, parce que nous aurons retrouvé notre source profonde, intarissable." nous invite Dom Guillaume Jedrzejczak.

   C'est pourquoi en cette nouvelle rentrée, je vous propose un grand nombre d'espaces (en pj) pour faire silence. Ras la casquette du bla-bla mental qui a trop souvent cours dans nos relations humaines. Stop au délire de nos pensées ! Expériences silencieuses simples mes amis. Suffit de s'y mettre....
   En cette rentrée monde d'après, en pièce jointe, vous avez mes propositions à déguster "à la maison" ou dans le bois d'à-côté. Certaines dates ont été modifiées par rapport à mon envoi de juillet. Groupes parole, écriture, oraison, marche silencieuse, yoga dans les bois,.... Welcome !

   Immense pensée bleue pour la divine peintre du bleu et de la lumière, Geneviève Asse, qui nous quitte à 98 ans. L'excentrique, mystique et génial producteur jamaïcain Lee Scratch Perry passe lui aussi de l'autre côté du rideau à 85 ans : dansons le reggae !
   L'Amour, what else ?
   Bises d'été... car c'est encore l'été !
   Jacques