mercredi 24 août 2022

 Lettre août - 126eme -

Bonsoir, Bonjour


" Il y a deux sortes de souffrance : 
la souffrance qui conduit à encore plus de souffrance 
et la souffrance qui conduit à la fin de la souffrance."
Ajahn Chah


   "Quand un enfant fait un cauchemar, il est souvent réparateur de le reprendre avec lui et d'imaginer que la vilaine sorcière lui présente des excuses, par exemple. Enfant ou adulte, on peut tous s'entraîner à donner une autre fin (positive cette fois) ou une autre interprétation à nos souvenirs négatifs. En effet, notre cerveau fait peu de différences entre un événement réellement vécu et un événement imaginé. Autrement dit, imaginer une action a presque la même valeur cérébrale que la vivre. Cela donne une force considérable à la façon dont nous choisissons de nous souvenir de nos expériences." nous dit Fanny Nusbaum, docteure en psychologie, chercheuse associée en psychologie et neurosciences. 
   Moralité : soyons positif quant à notre passé ! C'est ce que je répète depuis 1992 aux individus qui viennent dans mes cours de sophrologie-yoga-méditation. 
   Alors, qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?...

   Croyants ou non, nous sommes tous à côté de la plaque ! Nous avons tous besoin de marcher et d'avancer et de ne jamais cesser de chercher pour nous découvrir en profondeur et ainsi devenir nous-mêmes. Notre liberté vraie et notre bonheur sont à ce prix. Les catholiques sont trop souvent bourrés de retenue... ("institution nécrosante" dominée par des "croisés intolérants" comme le souligne mon ami Xavier Puren dans son autobiographie). Nous avons tellement peur de ne pas être acceptés ou compris que nous n'osons pas nous affirmer.
   Voilà le genre de phrases que j'entend souvent dans la bouche des jeunes. Ils disent "vrai" quant à leur regard sur nous, les (soi-disant) adultes. Mais je leur dis aussi que j'ai constaté les mêmes retenues chez nos amis bouddhistes, yogis, chamans, indiens, soufis, musulmans, laïcs, etc. On ne se libère pas d'une éducation reçue en un tour de main. La marche en avant est longue. L'Être se dévoile petit à petit. Ce chemin de libération n'est pas solitaire, mais solidaire ! Personnellement, en quête depuis l'âge de 16 ans, je peux dire que j'ai commencé à me "libérer" vers la cinquantaine. Y'a pas le feu (sacré), camarades ! Il suffit de rester "ouvert" (ephata).

   "Quand je parle de Dieu, je ne parle que de moi… De mon désir que j'appelle « ma foi », de mon attente que j'appelle « espérance », de ma présence inventive dans le devenir de l'humanité que j'appelle « l'amour ». Il n'y a pas de théologie qui puisse échapper au champ clos de notre connaissance humaine. On peut même traduire cette expérience fondatrice en quelques mots décisifs : il ne s'agit pas de « Dieu » quand je prononce le nom de dieu, mais de mon humanité traversée par le désir de l'infini insaisissable." Bernard Feillet

   Nous nous donnons toujours de fausses raisons pour ne pas oser nous engager. Il faut l'audace d'entendre l'appel de notre propre profondeur. Ensuite, jusqu'où irons-nous dans cette vie ? Cela ne nous appartient pas. Mais qu'importe... l'essentiel est d'avoir une vie orientée - dans le sens d'un Orient -, de suivre l'étoile qu'on s'est fixée.
   " La thérapie ne consiste pas à tout tenter dans le but de guérir "LE" moi qui souffre. L'action thérapeutique est celle de guérir "DU" moi qui est la cause de la souffrance." nous rappelle Jacques Castermane
   Voulons-nous vraiment être libres ? Ne chérissons-nous pas d'une façon plus ou moins morbide nos propres chaînes ? A méditer...

   Essayons de cultiver le goût des autres, les "vrais" autres, ceux que la vie réelle nous fait rencontrer, des autres pas toujours à notre image, pas toujours de notre avis. Pas les autres que nous sélectionnons sur les réseaux sociaux parce qu'ils pensent comme nous ! La sagesse naît du lien social, des frictions ou des affections et, bien souvent, le bonheur aussi.
   En ce sens, les communautarismes qui étaient à l'œuvre avant la crise, mais que cette dernière a fait flamber - le repli identitaire est classique dans les périodes troublées -, sont de grandes menaces pour l'avenir des sociétés humaines. Alors, faisons attention où nous mettons les pieds, camarades "pleine conscience".
Extrait de la lettre encyclique Fratelli Tutti du Pape François :

"Certes, une tragédie mondiale comme la pandémie de Covid-19 a réveillé un moment la conscience que nous constituons une communauté mondiale qui navigue dans le même bateau, où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde. Nous nous sommes rappelés que personne ne se sauve tout seul, qu’il n’est possible de se sauver qu’ensemble. C’est pourquoi j’ai affirmé que «la tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. [...] À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage
des stéréotypes avec lequel nous cachions nos ego toujours préoccupés de leur image ; et reste manifeste, encore une fois, cette [heureuse] appartenance commune [...], à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères".

   Nous n'avons qu'une seule planète et nous serons bientôt neuf milliards. Quels sacrifices sommes-nous prêts à faire pour que la paix et la justice, demain, soient mieux organisées ? S'il fallait plagier Karl Marx : " Le populisme est l'opium du peuple. " Le populisme est souvent associé à la désinformation. C'est lui qui a permis l'arrivée du nazisme en Allemagne en 1933. C'est lui qui permet à Poutine son invasion de l'Ukraine. C'est aussi lui qui a favorisé le Brexit. C'est toujours lui qui soutient le lobby des armes au Etats-Unis. C'est encore lui qui justifie l'attitude scandaleuse de l'Eglise orthodoxe russe... Quand une solution simple prétend régler un ensemble de problèmes complexes, alors... méfiance, amis de la "pleine conscience" !

   Le niveau d'incertitude actuel est colossal. La confiance dans les institutions fond. On aimerait ne pas en rester à ce triste constat. Peut-être avons-nous à retrouver une certaine humilité comme ambition commune. Se méfier de ses propres biais de confirmation ; ne pas se sentir obligé de répondre, de commenter un avis, de transférer un courriel, de s'engouffrer dans la première polémique venue. Accepter de ne pas savoir, accueillir de ne pas comprendre. Croire moins vite, douter moins vite aussi. " En l'état actuel de nos connaissances ", le pire n'est toujours pas certain. Il est temps de retrouver la raison et, qui sait, la foi.

   Pour enfoncer le clou d'un monde qui s'écroule, d'un autre à venir, lisez le dernier ouvrage de Fred Vargas "Quelle chaleur allons-nous connaître ? Quelles solutions pour nous nourrir ?". Vous serez alors en pleine lucidité quant à ce qui nous attend pour... après-demain !
   Comme le souligne François Cassingena-Trévedy : "Notre suffisance nous rend ingrats : notre toute première source vive, c’est notre désir, au plus intime et au plus vrai de nous-même. Notre ouverture fondamentale à la Transcendance-Immanence est notre premier puits domestique. Et la gestion de l’Eau vive qui sourd, gratuite, au plus profond de nous-même, appelle notre responsabilité personnelle et collective. Car nul n’est si bien désaltéré que celui qui donne à boire à autrui."


"Je crois beaucoup au rôle des larmes dans la dynamique du changement.
Quand l'Esprit est présent, il peut produire un baptême de larmes."
Paolo, moine - Mar Moussa


Des livres et vous
"La Joie spacieuse" Jean-Louis Chrétien
"Le Courage de vieillir" Albert Donval (un plus être intérieur dans un moins faire extérieur !...)
"Ruptures. Comment les ruptures nous transforment" Claire Marin (accepter l'inconstance du moi...)
"Droit de cité - De la "ville-monde à la "ville du quart d'heure"" Carlos Moreno (avec la crise, la proximité prend toute sa dimension)
"Résurrections.Traverser les nuits de nos vies" Denis Moreau, prof de philo à Nantes

Sites
www.golias-editions.fr (les empêcheurs de croire en rond...)

Musiques
"Poetry of storms" Sylvain Cathala Quintet (un voyage en fraternité, un disque plein de lumière...)
"Les graines de cailloux" Laurence Saltiel (la bonne humeur des mélodies, la profondeur du chant...)
"This is a Photograph" Kevin Morby (entre folk intimiste, rock régressif et envolées orchestrales = superbe point de vue)
"When it comes" Dana Gavanski (voix frémissante, intense et fragile, mélodies délicates, la fleur de peau à chaque mesure... Son 1er album Yesterday is gone avait été un énorme coup de cœur 2020 et un remède au confinement)
"Survival of the Unfittest" Queen of the Meadow (touché par la grâce, le 3eme album du duo bordelais est un écrin envoûtant et introspectif... contre la brutalité du monde)


Mieux vaut prendre le changement par la main, 
avant qu'il ne nous prenne par la gorge."
 W. Churchill


    Extrait de l'excellent ouvrage Amour, sexe et spiritualité, de feu Robert Linssen (conférences et séminaires mémorables qu'il a donné à Quimper il y a 30 ans !), grand instructeur spirituel devant l'éternité, page 120 :
   "Le secret de l'amour, c'est la joie du don de soi.
   Le secret de la joie, c'est le don de soi. Si une partie de vous est sans joie, cela veut dire qu'elle ne s'est pas donnée et veut se garder pour elle-même.
   L'amour divin possède un élément de détachement que l'amour humain n'a pas ; pourtant l'amour divin peut être aussi passionné que l'amour humain - en vérité l'amour divin a une intensité que l'amour humain ne peut atteindre.
   C'est l'élément de détachement qui intensifie l'Amour, parce que c'est lui qui purifie l'Amour.
   Détachement veut dire libération de l'attachement au corps et à ses désirs, plus que cela, libération de l'attachement à son propre soi.
   L'amour ainsi détaché et libre ne réclame rien, car il n'a pas de désir. Il est, il existe, et pour cela il possède la plénitude de délices ; il ne peut que se donner lui-même et ne rien demander."
   Nolini Kanta GuptaVers la Lumière
   Moralité : y'a du boulot, mes amis, pour être et devenir ainsi... c'est-à-dire en paix face à nos turbulences passionnelles, à nos désirs contradictoires, pulsionnels. 
   Encore l'ego... allo maman bobo !

   Je vous ai déjà confié que je faisais partie de ceux que l'on nomme aujourd'hui hypersensibles, hyper-émotifs, ou "zèbres". Individus "hautement réactifs", vivant un sentiment de décalage, assoiffés de justice, vulnérables aux changements et ruptures, pas toujours compris ni acceptés par l'entourage. La sensibilité - telle une force, une richesse qu'il nous faut apprendre à canaliser - fait partie de nos talents reçus. Créativité, empathie, coopération, intuition sont autant de dimensions positives en nous, détaillées par les psy, les ouvrages qui se penchent sur nos problématiques.
   Altruistes souvent engagés dans le milieu associatif, nous faisons partie d'une minorité qui pourrait bien aussi transformer la société - " le monde d'après " - : parentalité, pédagogie, management ; écoute, travail en équipe, rapports de parité dénués de liens hiérarchiques, etc. Une vie sensible est plus heureuse, plus subtile, plus... vivante. Généralement, nous sommes peu attachés à l'argent et au pouvoir, l'hypersensible aspirant à l'harmonie. Il n'y renoncera jamais. A bon entendeur, salut !

   " Le vrai regard s'émerveille et se contente aussi bien de la suie que de la neige : il exhume, pour le célébrer, le naturel des choses." nous confie le délicieux moine-poète François Cassingena-Trévedy. La lecture de ses ouvrages me remet en selle, apaisé, rassuré, heureux comme celui qui trouve à chaque pas une pépite.

   Qui a raison, qui a tort ? Et, finalement, est-ce si important ? Qu'en dit notre coeur ? Sommes-nous prêts à risquer l'essentiel pour protéger un détail ? Ou acceptons-nous de chérir cet essentiel : l'amour ? Dîtes-moi, merci.
   Comment faire quand il n'y a plus rien à faire ?... Ne compter que sur soi ? Non ! L'autre est un bon miroir. Maîtriser ? Non ! Consentir à mon impuissance, oui ! Chercher Dieu ? Non ! C'est Lui qui nous trouve.... Prier ? Non ! Se taire, oui ! " Change Your Heart ", disait Joan Baez...

   Choisir, ce n'est pas renoncer. Choisir, c'est être libre. Y compris de ne pas être celui que les autres veulent que vous soyez. Y compris de gâcher le talent avec lequel on est né. Y compris de laisser filer les amours que la vie agite sous notre nez. Les enfants doivent vivre leur vie. Et faire leurs choix... C'est si difficile de choisir ? Disons qu'il ne faut pas trop traîner. Il faut le faire avant d'être complètement adulte, je crois. Avant qu'il y ait trop peu de chemins possibles, trop de bagages à porter. Avant que choisir ne soit plus qu'être libre de se perdre dans une forêt de regrets. Choisir plutôt que mourir.

   Vous le savez comme moi : le moindre chagrin d'amour fait plus souffrir que le pire des cataclysmes. Que le monde peut bien s'arrêter de tourner, la Troisième Guerre mondiale éclater, la terre se réchauffer de dix degrés, rien ne compte d'autre que la vitesse à laquelle bat notre cœur. Et l'heure où il s'arrête, parce qu'une femme, une seule, un homme, un seul, décide de nous quitter. J'ai dû rêver trop fort...

   Une petite confidence, entre nous, comme je vous en ai confié lors de mes 125 lettres précédentes : mon temps sur ce paradis terrestre se rétrécit... j'ai hâte de retrouver " notre Père qui est aux cieux "...
   Et puis, en tant que jardinier, je vous autorise à appeler ma Lettre mensuelle une "Newslaitue" !

   L'animal à notre image. L'animal est là pour apporter le bien-être et l'être humain est là pour être méchant... je le constate tous les jours. Pas vous ? Plus je connais les humains, plus j'aime les animaux. C'est quand même dingue, ça ! Dieu merci, mon épouse - ma muse - m'a toujours protégé de la cupidité. La gestion de "l'avoir" est tellement perverse et dangereuse....

   Vous êtes les bienvenus pour notre session - retraite atypique, fin septembre, en pièce jointe, dans la Drôme sud. Le premier éco-village de France dans lequel j'ai vécu quatre années inoubliables.
   Le mois dernier je vous ai proposé de "marcher ensemble" quelques jours, quelques semaines, en France, en 2023. Idée de pèlerinages : lecheminsauvage.com
   Bel été encore et encore à chacun.e, à l'ombre et à la fraîcheur !
   Jacques