samedi 20 juin 2020

Lettre juin - 102eme -

Bonsoir, Bonjour

"L'esprit humain est comme un parapluie,
il marche mieux lorsqu'il est ouvert."
Darry Cowlhumoriste français


   Il y a, depuis quelques années, un virus aussi grave que certains, qui envahit nos vies, notre quotidien, nos amis, nos familles, nos cercles relationnels, et qui commence à me taper sur les nerfs, car se cache derrière lui une morbidité qui ne dit pas son nom, une culpabilité mortifère, des relations humaines conflictuelles, du mal-être à gogo. C'est celui du "sans". Sans gluten, sans lactose, sans viande, sans alcool, sans sucre, sans gêne, sans sel, sans amour, sans produit laitier, sans culotte, sans papier, sans étiquette, sans gras, sans rire, sans masque, sans étiquette, sans excès, sans préservatif, sans façon, sans vaccin, sans plaisir, "sans chemise sans pantalon !". J'en passe et des meilleures. 
   A force de vivre "sans" (exceptée raison médicale of course), vous l'aurez remarqué comme moi, ces personnes deviennent tristes à en mourir. Vivre "sans" ne les rend point agréables, joviales, détendues, cools, communiquantes. De loin je me sens mieux avec les flexitariens, chez qui tout est possible, "sans" se prendre la tête. La vie est trop courte pour vivre "sans" se faire plaisir, tous sens confondus. La stratégie du "oui" est plus riche que celle du "non".

   "Heureux veut dire que je ne sais rien. Je ne sais ps ce que le mot heureux veut dire, je ne sais rien de la vie. Du savoir, je n'en veux rien. Le mot heureux m'oblige à chercher plus de vie dans les pierres, l'air et les plantes qui m'entourent. Je sais que l'on dit de moi que je suis un arriéré, parce que j'ai refusé une certaine forme de progrès, notamment les engrais et les pesticides. Parce que je ne veux pas tuer ma terre, celle que l'on m'a confiée, pour mon temps de vie. Car tuer la terre, c'est selon moi tuer l'humain. La destruction du sol va avec la destruction des humains. Je n'écris pas ma vie, car je crois que c'est la vie qui nous écrit. Je suis resté non pas maître du temps, mais de mon temps. Je ne vois pas bien ce qu'on peu soigner à l'université, à part de soigner des cerveaux qui pensent déjà trop. Ecrire, ça à voir avec la liberté, c'est gratuit. Ecrire, c'est du silence qui te parle. Je n'ai pas la vérité, mais j'ai et j'ai eu la liberté. 

   J'ai toujours su qu'en vieillissant, je me contenterais de peu. Pour le reste, je me laisse porter par mon destin. Nous sommes nombreux à vivre sur terre tendrement avec elle. C'est important la fraternité. Ce qui est important, c'est que je me suis bien entendu avec moi-même. Il n'y a pas pire tristesse que de rencontrer des gens qui ont exercé un métier sans obtenir de lui un peu de joie; ça vaut le coup d'aller au bout de soi. Le bonheur c'est la vie de la terre, après moi. Mourir vois-tu, ce n'est rien, mais vivre conformément à ce qui est bon pour toi, c'est bien autre chose. Un monde qui ne reconnaît pas son voisin, qui ne reconnaît pas son chemin, que deviendra-t-il ? Ce qui est moche ici-bas, c'est que l'homme veut dominer la nature, peine perdue, il n'y arrivera pas. Je suis juste un serviteur. Je suis vivant par ce que je sème. Je veux rester parmi les brins d'herbe ! Je ne veux rien sauver de moi-même, je ne suis rien, qu'un brin d'herbe parmi d'autres. Aujourd'hui, d'avoir pris soin de la terre, je suis guéri de la vie." Paul Bedel, paysan-écrivain, 90 ans, dans "Nos vaches sont jolies parce qu'elles mangent des fleurs". Un vrai bonheur cet homme-là....

   "Dans beaucoup de nos relations humaines, je crois qu'une question nous occupe beaucoup : "Qui va commander ?" ou "Qui va avoir le dessus ?". Nous avons pour réponse une quantité infinie de stratégies allant de hausser la voix, discuter un peu, se moquer, jusqu'à la violence sous formes diverses et variées. Nous avons aussi le pouvoir du silence et celui de la victimisation et celui encore de culpabiliser l'autre. Le registre est infini afin de tenter de guérir une blessure de reconnaissance plus ou moins conscientisée. Notre angoisse fondamentale reste la crainte de ne pas exister. Tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime (dans notre corps, notre âme, notre esprit). Nous avons bien du mal avec nous-même !". Petit clin d'oeil amical de Christine Hainaut (psy à Redon) dans son autobiographie Les Yeux du Coeur, qu'elle nous a gentiment offert.


"Le vrai problème n'est pas de savoir si nous serons vivants après la mort,
mais si nous serons vivants avant la mort."
Maurice Zundel



Livres, lit...thé...rature... :
"Je suis né un jour bleu", "L'Eternité dans une heure", Mishenka", "Chaque mot est un oiseau à qui l'on apprend à chanter", "Fragments de paradis" Daniel Tammet, autiste et synesthète, être humain adorable....
"Eloge du baiser" Céline Hess Halpern (embrassons-nous les uns les autres ! C'est bon pour notre santé...)
"Carnet de Bergères" Violaine Steinmann/Marion Poinssot (une autre façon d'habiter le monde, l'immensité et le temps retrouvé. Berger, mon 1er métier à 20 ans = la plus belle période de ma vie... payée 500 francs par mois, logé, 50 heures par semaine !)
"Oeuvres complètes 1" Roberto Bolano ("L'amour n'apporte jamais rien de bon. L'amour apporte toujours quelque chose de meilleur.")
"Voir la lumière" T.C. Boyle (ressuscite l'utopiste Timothy Leary, "pape du LSD" et héraut de l'Amérique contestataire des années 60. L'un de mes "gourous"...)


Musiques
"Here be dragons" Oded Tzur (empreint de sérénité, qui transporte...)
"Piano sonatas 894 & 958" Adam Laloum (Schubert avec subtilité, tendresse, euphorie, entre ombres et lumières)
"Nightsongs" Yael Naim (répertoire "atmosphérique" pour installer une ambiance enveloppante)
"Aporia" Sufjan Stevens (idéal pour accompagner yoga et méditation)


Sites
www.e-ker.org (en 29 sud, à soutenir activement !)
vivretoutsimplement.com (à Pont-l'Abbé Finistère, à soutenir)



"En partageant la joie, vous la multipliez.
Et écrire, c'est partager pour multiplier."
Christian BOBIN
   
   Qui devra payer pour redresser l'économie, suite au corona ? Grosses fortunes, banques, assureurs, entreprises épargnées par la crise, très hauts salaires, actionnaires, gros bailleurs de locaux d'activité, de bureaux et de logements,.... L'argent ne manque pas en France. La crise liée au Covid se chiffre à plus de 100 milliards d'euros, et ce n'est pas fini. Fin 2018, le patrimoine cumulé des ménages était de 11 735 milliards d'euros (source Insee)10% des ménages en détenaient près de la moitié, soit près de 6 000 milliards d'euros.
   A l'heure où tout le monde devra faire des efforts après la crise, serait-il indécent de demander à ces grosses fortunes de participer à l'effort collectif sans que celui-ci ne nuise à leur niveau de vie ? L'Insee a dévoilé, fin mai, une analyse sur les personnes à très haut revenu en Bretagne administrative. Notre région compterait 17 100 personnes à très haut revenu, répartis en 7 400 ménages. Fraternité ? Egalité ? Solidarité ? On peut rêver....

   Question pour un champion : suite à notre "enfermement" vécu, suite au déconfinement, à présent, qu'est-ce qui compte vraiment pour toi mon ami ? La résignation et le cynisme sont des fléaux. Prenons le risque de l'empathie et de l'introspection. Même si le sort de l'humanité est désespérant face aux chantiers à mener pour retarder les catastrophes du réchauffement climatique, notre devoir d'humain sain est de combattre la passivité et la peur. 
   Ok man ?! Cette crise sanitaire terrible, liée à la dévastation de la nature sauvage, sera un bien pour l'humanité si on parvient à repenser notre monde. Cette planète ne supportera plus la présence de l'être humain encore très longtemps. A moins qu'on ne retrouve la joie et la frugalité franciscaine.... A méditer sérieux !

   Les bons sentiments peuvent-ils tuer l'humour ? Ou lui offrir une santé, une longévité et des projets. Les bons sentiments nous amènent du sang neuf !  J'ai vécu ce confinement comme une parenthèse enchantée. Il nous faut réapprendre à apprivoiser et même aimer l'incertitude. Celà fait 20 ans que mes cours de Yoga vous parlent de l'incertitude, à travers sa philosophie que je vous distille, ou dans les photocopies que je vous donne. Au boulot camarades !!

   La peur incite à la réflexion et à un recours au divin. Cette période de stress et de crainte permet aussi une réflexion sur la spiritualité, la manière de voir notre monde, de repenser l'humanité. Il serait bien que nous nous engagions, d'une manière ou une autre, pour faire advenir "le monde d'après"....
   Trop et mal s'informer rend-il malade ? Chacun a sa part de responsabilité : on pense ce qu'on lit, écoute et regarde !  A bon entendeur, salut !

   Nous avons repris mi-mai notre groupe méditation John Main, notre groupe parole le 07 juin, nos cours de yoga doux musical. Nous fêterons fin juin, comme il se doit, avec chaque groupe, la fin de notre année, par un temps d'amitié vraie, autour d'un repas flexitarien !
   Bises bretonnes... déconfinées... "tout au beurre" !
   Jacques