vendredi 14 mai 2021

 Lettre mai 2021 - 111eme -

Bonsoir, bonjour


"L'homme est né spirituel. 
Et ce que l'on appelle la vie spirituelle est un chemin 
de maturation au cours duquel cet homme spirituel 
est invité à devenir un être humain."
Willigis JÄGER, moine bénédictin allemand


   Rire en temps de crise. Un peu d'humour glané dans les médias : "Pour sortir faire les courses, on m'avait dit qu'un masque et des gants suffisent. Mensonge ! Les autres étaient habillés !", " Un mec qui bouffe un pangolin à Wuhan peut provoquer une pénurie de pâtes et de PQ au supermarché de Melun.", "Le succès du déconfinement dépend de notre intelligence collective. Qu'est-ce qu'il dit ? Il dit qu'on va tous mourir.", "En un an, j'ai absorbé plus d'alcool par les mains que par la bouche.", "Vous avez prévu quoi le 16 mars pour fêter l'anniversaire du confinement ?". Rire en temps de crise, puissant moteur pour avancer quand ça va mal = carburant essentiel, nom d'un pangolin !

   Et si on se transformait en terreau après notre mort ? C'est le souhait des partisans de l'humusation (et le mien). Un rite funéraire qui se veut plus écolo que l'inhumation et la crémation. Tôt ou tard, brutalement ou pas, la petite lumière (notre âme) qui brille au fond de nos yeux s'éteindra. D'où l'idée (fumeuse !) de Sandra Rolland, une Costarmoricaine, qui souhaite créer son entreprise de pompes funèbres et proposer l'humusation à sa clientèle. Il faut compter une année maximum pour une humusation complète du corps, permettant l'obtention finale de trois mètres cubes d'une terre "riche en matières organiques et en phosphate, l'équivalent d'un super terreau" annonce Antoine Bigand, interne en médecine légale au CHU de Rennes et militant de la cause. "Humus, tu redeviendras humus". Vous êtes prêts ?.... Perso, durant plusieurs années, par intérim, j'ai occupé la fonction d'assistant funéraire. Pas triste du tout !

   A l'heure d'aujourd'hui, il nous est possible de voir ce qui fait une "bonne" méditation et ce qui en fait une mauvaise. "...Toutes les méthodes de méditation qui ne sont pratiquement que des procédés pour apaiser et adoucir l'expérience du vide et de la crainte sont en définitive des évasions qui ne peuvent en rien nous aider. Bien plus, elles peuvent nous confirmer dans nos illusions trompeuses et nous durcir contre une prise de conscience fondamentale de notre situation réelle. Illusions qui peuvent nous enfermer dans notre arrogance, fermés que nous sommes envers tous ceux qui ne partagent pas nos illusions. En pareil cas, la méditation ne sert plus qu'à fabriquer des alibis. Il nous faudra désapprendre ce type de méditation routinière, sorte de vie intérieure de l'individualiste égocentré. L'un des aspects de cette maladie spirituelle si commode est la grande importance qu'elle donne à un idéal et à des intentions en complet divorce avec la réalité, l'action et tout engagement d'ordre social." nous rappelle Thomas Merton

   Moralité : si notre pratique méditative ne nous conduit pas vers l'action, alors c'est du pipeau ! Du nombrilisme, du baume, de l'entourloupe, du pipi de chat ! "...Nous pouvons maintenant comprendre que l'on ne peut pas parvenir à la pleine maturité spirituelle sans passer d'abord par la crainte, l'angoisse, l'affliction et la peur qui accompagnent nécessairement la crise intérieure de la "mort spirituelle", au coeur de laquelle nous abandonnons définitivement notre attachement à notre moi extérieur et nous nous livrons complètement à Dieu (qui est l'au-delà au fond de nous-mêmes,ndlr). Un don total de nous-même. Amour, confiance, espérance." continue TM.

   Vous êtes prêts pour le voyage décapant de l'intériorité ? C'est ce à quoi conduit notre pratique du Yoga. Qui n'est pas qu'une gymnastique orientale pour petits blancs stressés. Depuis 22 ans que je donne des cours, force m'est de constater que très peu d'apprenants font le chemin jusqu'au bout... de leur libération. La peur, toujours la peur, rien que la peur... de l'inconnu. Quel dommage, quelle perte de temps, notre vie passe tellement vite ! Le chemin qui fait passer par la crainte ne mène pas au désespoir mais à la joie parfaite, non pas à l'enfer (l'enfermement en soi) mais au ciel (l'ouverture à l'autre). Alors, en 2021, tu fais le grand saut camarade ?.... Om Nama Shivaya !

   "L'autre jour, j'ai croisé dans la rue un quidam portant un sweat-shirt blanc sur lequel étaient écrits ces mots : "Je suis Jésus". Encore un illuminé, me suis-je dit, on vit vraiment une époque formidable. J'ai eu presque envie de lui demander de faire un miracle, là, tout de suite. Puis, me retournant, j'ai vu qu'il portait à l'arrière de son sweat-shirt cette autre inscription : "Et toi, qui suis-tu ?" Ah ! Ah ! Joli jeu de mots. Je suis Jésus, et toi qui suis-tu ? Du coup, je me suis demandé : qui suis-je ? Comment ça, qui suis-je ? Ce que je veux savoir, ce n'est pas qui je suis, mais bel et bien qui je suis. Tu me suis ?...." Extrait de l'un des délicieux billets d'humeur du super journaliste Alain Rémond, que je savoure chaque jour, dans le quotidien La Croix.

   A quoi reconnaît-on un être éveillé, un guide spirituel, un instructeur spirituel, un accompagnateur ? Quelques signes : constance d'être, douceur presque féminine, présence déterminée, sans ostentation ni séduction, accueil chaleureux, sourire bienveillant, joie vivante, pureté subtile baignée d'un influx spirituel. Ni intrusif, ni démonstratif, vit pleinement l'abandon à la volonté divine, offrande absolue de lui-même, sans ostentatoire ni discours volubile. Disponibilité à l'écoute des disciples. Juste mesure : absence de prosélytisme et de prétention spirituelle - épines du chemin spirituel si répandues aujourd'hui ! Inspiration, humilité profonde, silence rayonnant : "Je me tais, car c'est Toi qui es à l'œuvre."  Si vous en connaissez, vous me faites signe ! Om Shanti....

   Pour Simone Weil (et votre serviteur), le développement du capitalisme et la société moderne conduisent l'homme à vivre hors-sol, le déracine. En remède, elle plaide pour "l'enracinement""peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine". Elle précise qu'on ne doit pas "confiner" les racines : "...famille, village, quartier, nation, travail, cultures, spiritualités.... Jamais au contraire l'aération n'a été plus indispensable. L'enracinement et la multiplication des contacts sont complémentaires". L'enracinement passe par la reconnaissance des "besoins de l'âme". Aussi vitaux que les "besoins physiques", mais "beaucoup plus difficiles à reconnaître et à énumérer que les besoins du corps". 
   "Contre le déracinement, elle propose aussi que chacun retrouve la maîtrise de ce qu'il fait et du temps qu'il y consacre, autant dire le refus du travail à la chaîne au sens large, des délocalisations auxquelles on assiste aujourd'hui. La contemplation de la nature est, à ses yeux, un moyen de retrouver l'échelle humaine et l'essence de la beauté. Elle amène chacun à renouer, pour son propre compte, le pacte originel que Dieu (qui est l'au-delà au fond de nous-mêmes) a conclu pour l'homme avec l'univers", complète Christiane Rancé, auteure de Simone Weil, le courage de l'impossible (Seuil).

   Sa réflexion sur l'enracinement résonne indéniablement avec les préoccupations actuelles de l'écologie politique. "Le courant idolâtrique du totalitarisme ne peut trouver d'obstacle que dans une vie spirituelle authentique", écrit-elle dans L'Enracinement. Chez elle, la spiritualité est complètement étrangère à toute idée d'un ordre religieux. Ce qui est vital, c'est que l'homme ne soit pas séparé du souffle de la transcendance, au quotidien ! "L'intelligence doit s'exercer avec une liberté totale, ou se taire", déclare la croyante qui demeure une philosophe. Elle refuse l'idée que les dogmes puissent s'imposer à l'intelligence. A côté des textes grecs, elle s'intéresse au taoïsme, au bouddhisme, aux dieux égyptiens, aux textes cathares, à la Bhagavad-Gita, aux folklores traditionnels et aux contes. Elle compare les différentes religions aux pièces d'une maison qui serait baignée par la lumière divine.
   Vous l'aurez compris, pour moi, Simone Weil est une super nana !

   "J'ai passé cinquante ans à tenter d'expliquer aux dirigeants d'une cinquantaine de pays les enjeux des Limites à la croissance. Il est trop tard. Cognez-vous la tête contre un mur de pierre, ça fait mal au crâne mais ça n'a aucun effet sur le mur. Donc j'arrête. Et je me replie sur l'action locale, en utilisant la dynamique des systèmes sur les ressources naturelles, et en m'intéressant aux problèmes d'urbanisme de ma ville; J'ai très peu de regrets. Si vous faites dépendre votre bonheur de votre capacité à changer le monde, vous ne serez jamais heureux, car vous avez trop peu de chances de gagner. Quand des jeunes gens s'adressent à moi aujourd'hui, je leur dis les choses suivantes : "Apprenez la résilience, car les décennies qui viennent vont être semées de crises sévères ; apprenez des choses pratiques comme le jardinage ou la plomberie, car elles vous seront très utiles ; et lisez de l'histoire longue, celle des Phéniciens, des Romains, ou de la dynastie Qing." Ces civilisations ont grandi, elles ont décliné, elles ont disparu. Imaginer que la nôtre pourrait suivre un autre destin me paraît un doux fantasme. Mais j'ajoute toujours ceci : " N'oubliez jamais qu'il existe deux façons de toucher au bonheur. La première est d'obtenir plus - c'est celle après laquelle notre civilisation a couru à perdre haleine -, et la seconde, de vouloir moins." Philosophiquement, et de manière très pragmatique, je privilégierais le deuxième chemin." Dennis Meadows in Les Limites à la croissance (dans un monde fini) avec Donella Meadows et Jorgen Randers, traduit de l'anglais par Agnès El KaïmJe vous laisse méditer....

   Quelques médecins dissidents dénoncent la remise en cause de la liberté de circuler. Et c'est tant mieux ! "Les médecins réclament un renforcement des mesures, entend-on régulièrement dans les médias. Non pas tous ! Nombreux sont les dissidents. Mais ils se contentent de chuchoter car, en ces temps de chasse aux sorcières, il est risqué de faire entendre une voix discordante de celle du Conseil scientifique sans se faire traiter d'hérétique.
   Il ne s'agit pas pourtant de remettre en cause le port du masque, la distanciation ou la fermeture des lieux propices aux réunions. Il s'agit simplement de dénoncer la suppression d'une de nos plus fondamentales libertés. Celle d'aller et venir, celle de sortir de chez soi. Un chez soi qui pour beaucoup, notamment pour les jeunes, se réduit à quelques mètres carrés (...)
   Se conformer aux seuls diktats de "la sainte inquisition" n'augure pas d'un avenir réjouissant. Quelles mesures prendrait-elle en cas d'épidémie à forte mortalité dans un pays où nos "Torquemada" (inquisiteurs) cherchent à imposer toujours plus de lois d'exception ? Plutôt que le tir à vue sur tout contrevenant, est-il irresponsable d'envisager un arsenal moins répressif ?
   Mars 2020 - mars 2021 : une année jalonnée de décisions micro-concertées aussi liberticides que précipitées sans la moindre mesure de moyen terme. Aucun matériel, aucun personnel à l'horizon !...." Dr François Leblais (44) Ouest-France 06/04/21


"Le sexe, c'est le plus vieil anxiolytique du monde !
Et ça dure toute la vie..."
Véronique Lefebvre des Noëttes, psychiatre



Livres et vous
"Le Visible et l'Invisible" Merleau-Ponty
"Petit éloge de la vie de tous les jours" Franz Bartelt
"Promenade sous la lune" Maxime Cohen (délicieux !)
"La Grâce et le Progrès" Elisabeth de Fontenay (interroge le principe d'universalité, par la philosophe qui parle aux chiens, aux vaches et aux chevaux, ainsi qu'à tous les êtres fragiles, humains ou non-humains.)
"Il a neigé tant de silence" Gilles Baudry (offrez-vous tous les recueils de ce moine-poète de Landévennec-Finistère : un pur bonheur)

Sites
campus-transition.org (créé par Cécile Renouard, un lieu qui réinvente les règles du jeu économique et social)
www.kerwatt.bzh (devenir coproducteur d'énergie renouvelable en 29)
www.utopia56.com (ils ont besoin de nous...)

Musiques
"Collapsed in Sunbeams" Arlo Parks (20 ans, voix caressante, âme sensible, pop soul aux bonnes vibrations, poétesse et auteure de ses chansons)
"The Angels" Les Métaboles / Léo Warynski (allie sensualité et spiritualité, tutoie les anges...)
"Trouble" Révérend John Wilkins (bon vieux blues et gospel chaleureux)
"Autoportrait" Yann Honoré (à déguster au calme, pour rêver d'ici et d'ailleurs : marie Irlande, Afrique et Orient)
"El camino de los vientos" Matthieu Saglio (un pur bijou méditatif, irrigué de collaborations majestueuses : à écouter en boucle)


"J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ;
des guirlandes de fenêtre à fenêtre ;
des chaines d'étoile à étoile,
et je danse."
Arthur Rimbaud
   

   "Le poème n'a pas la réponse à nos questions mais il ne nous laisse pas tomber seul dans nos questions. Un roman se lit de gauche à droite, un poème se lit de haut en bas. Le poème augmente le monde. Il console. Il fait attention à ce qu'il dit. Être poète, c'est cultiver des fleurs dans la tempête." nous rappelle Yvon Le Men, délicieux poète breton. 
   Le poète libère notre imagination en nous faisant voir ou entrevoir l'invisible, il nous ouvre des portes et s'adresse tout autant à notre esprit qu'à notre âme. La poésie aiguise nos sensations, nos sentiments. Pour espérer une éclaircie dans la pesanteur du réel. Elle ouvre le champ de la compréhension et de l'émotion. Les mots n'ont-ils pas leur propre musique ? "Les poètes ne font que semblant de mourir. Ils viennent d'après ou d'avant." Jean Cocteau. La poésie, c'est bon pour notre santé essentielle ! Tchin.... Pensée spéciale pour Philippe Jacottet, qui nous quitte à un âge raisonnable. Mais je reste ému par la mort de Cédric Demangeot, poète de grande tenue, âgé de 46 ans, qui continuait l'héritage d'Antonin Artaud. Pourquoi les doux meurent jeunes ?
   "Il faut aimer les poètes, il faut aimer les créateurs; ils sont les lanternes de notre siècle, ils éclairent le chemin d'une juste pensée, d'une pensée qui nous abreuve en notre intimité la plus profonde." Guillaume de Fonclare

"Le printemps est si beau !
Sa chaleur embaumée
Descend au fond des coeurs réveillés et surpris :
Une voix qui dormait,
une ombre accoutumée
Redemande l'amour à nos sens attendris."
Marceline Desbordes- Valmore

   En cette période d'épidémie, le discours des scientifiques est prédominant. Il n'est pas du tout transcendant. Il nous enterre. Donnons la parole aux philosophes, aux artistes. Elle nous aidera à vivre. Un monde sans culture n'est que ruine de l'âme. Je vous en conjure, n'écoutez plus le discours officiel qui nous plombe, ni les infos officielles qui nous rendent paranos, ni les costards-cravates pâles comme des cadavres, ni ceux qui savent ou croient savoir.... En ce printemps, cultivons notre liberté, notre sensualité : depuis un an j'embrasse et prend dans mes bras qui le souhaite, recouvert que je suis de la tête aux pieds de film alimentaire !
   La bamboche must go on ! La fête a deux fonctions : sociale et émotionnelle. La société a besoin de ces moments de lâcher-prise. Notre droit à la fête : une question politique. La fête rapproche les gens, libère les esprits et les corps. Le temps d'une danse, tu appartiens à un groupe. Faire la fête permet de te sentir en vie. Ce besoin de s'amuser concerne tous les âges. La fête permet de se laisser emporter dans une forme d'inattendu. Fêtons le printemps, nom d'un pangolin !

   Pour l'OMS, la santé est un "état de complet bien-être physique, mental, social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité." C'est pourquoi il importe de remettre au cœur de la stratégie de gestion de la pandémie l'approche holistique de la santé : corps-âme-esprit. Les lobbys pharmaceutiques, les labos, les médecins généralistes, les pharmaciens, le corps médical dans son ensemble, globalement, sont des individus qui n'ont pas été formés à l'approche holistique de notre santé corps-âme-esprit. Ils sont, pour leur grande majorité, à côté de la plaque, et depuis une année ils nous mènent par le bout du nez en utilisant l'arme de la peur. Vous avez vu dans quel état est notre pays et ses habitants ? Vous allez vous en rendre compte dès que nous serons déconfinés.

   "La seule certitude est que rien n'est certain. Hormis notre dernier soupir. L'épanouissement de l'être humain ne se réalise pas au moyen des choses que nous disons, mais de celles que nous faisons et apprenons, et de ce que nous devenons par nos actes. Le contemplatif devrait faire preuve d'une courtoisie plus christique, en allant à la rencontre de l'autre différent de soi. La méditation est un acte de foi, en détachant l'attention de soi-même, en arrêtant de penser à soi-même. La foi a un effet sur le désir par l'expérience du temps. Elle implique le choix, elle est un chemin. Elle amène à approfondir nos relations avec les autres. Bede Griffiths disait que la foi est notre capacité à la transcendance, notre aptitude à dépasser notre ego. 
   Elle est plus que la croyance : c'est le choix d'être et de rester libre. Elle nous pousse à porter des fruits : dialogue, curiosité, respect, révérence pour les croyances des autres. Toutes les théologies mystiques distinguent trois étapes dans ce processus de la foi : purification, illumination, union. Trois phases du développement spirituel. Nous devons faire face à nos vieux "moi", nos attachements en sommeil, nos peurs et culpabilités refoulées, et surtout aux pertes dont nous avons souffert. Pour être vivant et jouir de sa liberté, il faut arrêter de vivre dans le passé et se mettre à jour. Rompre avec les habitudes qui nous maintiennent sous la domination de notre histoire personnelle ou de notre conditionnement culturel. Un remodelage de nous-même...."Ne vous conformez pas à l'air du temps. Laissez-vous transformer par l'intelligence nouvelle" (Rm 12,2). Nous devons enlever nos chaussures quand nous entrons sur la terre sacrée du moment présent !" Laurence Freeman, La voie de la contemplation.

   Le complotisme se nourrit du ressentiment. Il est vieux comme l'histoire du monde. Le complotisme  moderne a quelque chose de particulier : il essaye d'être rationnel. Il se déguise en raisonnement scientifique. Il essaye de donner des explications du monde. "Je suis de ceux qui pensent que nous assistons au retour du refoulé. Le complotiste se place dans la peau du nouveau prophète. L'image qu'il va renvoyer est celle de l'éveillé. Ce que nous révèle cette pandémie, c'est qu'après le ressentiment, il y a l'indifférence. Gravissime au plan psychologique car cela donne des gens anesthésiés, qui n'éprouvent rien, qui n'ont pas d'émotions. Puisque plus rien n'a de sens, il n'y a plus de monde commun. Alors, pourquoi pas faire une petite communauté, dans une bulle, derrière un écran, avec des gens qui construisent un récit fantastique dans lequel la frontière entre la fiction et la réalité est complètement brouillée. Cela aide à vivre en attendant de mourir puisque "de toute manière, il n'y a plus rien à faire" Et on se met au balcon de la vie !

   Cela explique le côté invraisemblable de certaines théories du complot. Des trucs complètement délirants où, en trois arguments scientifiques, on vient vous apporter la preuve que ce n'est pas possible. Un plaisir mortifère parce que, de facto, c'est un monde de zombies, des gens anesthésiés. Aujourd'hui, toutes les informations sont mises au même niveau. Elles circulent librement, ne font l'objet d'aucun appareil critique. La confusion au sein même de la démocratie, entre la notion de vérité et celle de transparence qui est un critère essentiel pour la démocratie. Il n'y a plus de frontière étanche, la tentation conspirationniste s'étend comme une traînée de poudre. Même chez les rationalistes. Une ambiance de fin du monde, apocalyptique, collapsologique. D'où l'intérêt pour les figures prophétiques car les gens ont besoin de personnes dont ils ont l'impression qu'elles ont une clairvoyance que tout le monde n'a pas. Mais on a les prophètes que l'on mérite : nos sociétés sont passées, en trente ans, de Mandela à Trump !
   Prenons le temps de faire les bons diagnostics. On pourrait imaginer une jolie révolution, intellectuelle, culturelle et politique, pourquoi pas ? De se réemparer de ces grandes fonctions - celles qui aident à vivre ensemble - du récit, qui donnent envie de créer ensemble, de consentir à la lucidité tout en se donnant les moyens de ne pas trop en souffrir, de produire des choses de qualité plutôt que de produire des histoires un peu tristes et sales, chacun derrière son écran." Emmanuelle Danblon, enseignante-chercheuse en rhétorique à l'Université libre de Bruxelles.

   Question pour un champion : d'où sort le mal et sa puissance ? Mais tout autant : d'où sort le mâle et sa puissance ? Parce que l'un va rarement sans l'autre. En même temps, les petits bons hommes sont quasiment élevés, éduqués que par la gent féminine de leur naissance jusqu'au collège, voire plus. Cherchez l'erreur.... Donc, svp, d'où vient le fait que c'est trop souvent le mal, le négatif, qui dominent les relations humaines, le monde ? Je me pose la question depuis que je suis ado clairvoyant. Et je vous la pose....

   Sommes-nous devenus indifférents aux morts du Covid ? Ces décès ne nous surprennent plus. Pire, on s'y attend. La litanie des chiffres, incessante depuis un an, semble nous tenir éloignés de toute émotion. On ne s'habitue jamais aux vrais morts, autres que des chiffres. Il y a bien dans ces morts, une injustice à réparer, à commémorer. Ma pensée va vers les personnes âgées ou vulnérables. Parce qu'un jour nous serons tous âgés et sans doute vulnérables. Alors nous comprendrons....

L'ennui, source de vie....
Restons disponibles et éveillés : la Vie est belle ! (l'être humain c'est une autre histoire...).
En mai, qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'il a dit le Pape en mars aux 4 activistes français qu'il a reçus ? Relisez ma lettre d'avril.
Jacques