mardi 3 juillet 2018

Lettre juillet - août - 81eme



Bonjour, Bonsoir


"L'humour, c'est avoir le courage de déplaire."
Pierre Desproges



   Petit clin d'oeil à notre association Ephata dans le dernier ouvrage de Jean-Yves Leloup "Les portes de la transfiguration"
   "... "Ephata, ouvre-toi", ne soit pas sourd à l'appel. "Ephata, ouvre-toi", ne sois pas aveugle mais voyant. "Ephata, ouvre-toi", laisse-toi toucher par la Vie et son corps innombrable. La Vie est à caresser. "Ephata, ouvre-toi", la Vie se donne à toi, à travers tant de saveurs, la Vie est à savourer. "Ephata, ouvre-toi", élargis l'espace de ton souffle, il vient de l'Infini, il retourne à l'Infini, respire le champ infini de ses parfums, la vie est à respirer. "Ephata, ouvre-toi", ouvre ton désir à l'amour, au désir de la Vie qui traverse tes désirs, tes plaisirs et tes jouissances pour que tu sois toujours comblé, jamais repu ou satisfait, la vie est à étreindre et à désirer. 

   "Ephata, ouvre-toi", détends-toi, nous sommes nés pour mourir, pour nous décomposer, la Vie continue avec ou sans cette matière qu'il nous faut lâcher, tu n'es pas seulement la vie que tu as et que bientôt tu n'auras plus, tu es la Vie que tu es et que tu seras toujours. Car la vie est éternelle ou elle n'est pas, elle est infinie ou elle n'est pas. "Ephata, ouvre-toi", ne t'arrête pas dans le connu, ne te satisfait pas de tes petits repères ou explications, laisse-toi porter par la question toujours plus loin, toujours plus proche de la Conscience qui anime ton cerveau et par qui toutes choses sont. "Ephata, ouvre-toi", ton coeur est limité, il est aussi capable de tout, capable de l'Un, capable d'être conscient de l'Un et de ne faire qu'un avec. Quand tu ne fais qu'Un avec tout, tu es l'Amour/Dieu, Agapé o Théos.

   "Ephata, ouvre-toi", va au-delà de toutes les images, de toutes les représentations connues, sans en mépriser aucune ni en idolâtrer aucune, qu'il s'agisse de Dieu, de l'Etre, de l'Infini, de l'Eternel. Le Réel est toujours plus que tout ce qu'on peut en sentir, en penser, ou en imaginer. Imagine l'inimaginable, l'irreprésentable, marche et respire en Sa présence."
   No comment ! 


    Le choix de pratiquer la méditation est très exigeant : faire taire le monde extérieur pour libérer l'attention à soi, pour habiter avec soi-même. Faire taire tout repli sur soi-même, tout endurcissement du coeur, toutes les formes d'idolâtrie plus ou moins conscientes. Faire taire toutes les questions superficielles qui encombrent le coeur et empêchent l'écoute vraie de notre Voie intérieure. Alors, alors seulement, on entre dans la beauté de notre paysage intérieur, dans la clarté du silence intérieur, interpellés, déconcertés comme on peut l'être devant une oeuvre de grande force....

   "Il médite, disait Ramana Maharshi d'un disciple, il pense qu'il médite, il est satisfait du fait qu'il médite : où celà le mène-t-il, sinon à l'épaississement de son ego !?...". C'est chaque instant de la vie, du quotidien, que la "méditation" doit embrasser, c'est chaque instant qui doit être une recherche consciente du véritable Soi de l'homme à travers tout ce qu'il fait, pense et dit. On essaie camarade, on essaie....

   Encore un de mes philosophes préférés qui vient de partir vers le Paradis Blanc. Clément Rosset n'aura cessé de défendre un réalisme sans concession, sans jargon. Décapant et mordant. Un réalisme traqueur des masques, illusions, doubles que l'homme s'invente pour ne pas avoir à regarder le réel en face. Parce que, sans double, le réel est toujours idiot, cruel : ce caractère tragique de l'existence. De l'inconvénient d'être né, Rosset en tirait une profonde joie. Enigmatique, euphorique et sans pourquoi.
   Citations : "... la finitude de la condition humaine, la perspective intolérable du vieillissement et du trépas explique l'obstination des hommes à se détourner de la réalité.", "... les gens frappés par le virus du bien sont les plus dangereux pour autrui. Un homme bienveillant qui veut améliorer le monde est foncièrement dangereux. La recherche du bon n'est pas ce qu'il y a de meilleur dans l'humanité.", "... la grande différence entre le dépressif et l'homme joyeux me semble d'ailleurs résider dans l'appétit de vivre, ce qui peut se résumer en un mot : le désir.", "... pour moi, la philosophie est une quête intérieure de compréhension et d'acquiescement à la réalité, un chemin par lequel on trouve une joie enivrante.", "... toute le force de l'être humain consiste en ceci : savoir que l'on va vieillir, souffrir et mourir, et être heureux en assumant pleinement cette pensée. Seul celui qui accepte l'idée de la mort, si bien qu'il n'y pense même plus, sera capable d'accéder à la plénitude de la vie. La capacité d'admettre la part tragique du réel est pour moi la pierre de touche de la santé morale et de l'allégresse.". Un vrai Yogi ce Clément ! Relisons-le....

Si tu diffères de moi, frère, loin de me léser, tu m’enrichis”.
​ ​

A
​.​
 de Saint-Exupéry



Des livres et vous :
"Novembre" Henri Daucé (petit recueil de poèmes touchants, plume sensible et délicate)
"Tout un monde fluide" Odile Caradec (recueil de poèmes d'une nonagénaire avec détachement et humour + monotypes de l'artiste Pierre de Chevilly)
"Vivant Jardin" suivi du "Poème perdu" Laurence Nobécourt
"Des jours d'une stupéfiante clarté" Aharon Appelfeld (l'immense Aharon pousse à leur paroxysme ses thèmes de toujours : l'échappée, la contemplation...)
"Âme sœur" David-Marc d’Hamonville
"Contre les racines" Maurizio Bettini (déconstruit une conception étroite de l’identité culturelle)
"Comment devenir écolo sans devenir chiant" Mathieu Duméry / Lénie Chérino
"Histoire de la sexualité 4" Michel Foucault (consacré aux Pères de l'Eglise, subtil et trépidant)
"Pourquoi je n’ai pas écrit de film sur Sitting Bull" Claire Barré (livre avec subtilité et humour le récit de sa découverte du chamanisme et de son propre cheminement spirituel) 
"Une certaine inquiétude" François Bégaudeau/Sean Rose (apprivoiser l'inquiétude existentielle)

Sites : 
www.lagedefaire-lejournal (EPHATA est abonnée depuis des années)
www.jefaismatransition.com (des clics pour le climat)
http://democratieinterieure.strikingly.com/
www.espritcabane.com (en Finistère sud)
www.jms2018.org (une réponse contemplative à la crise du changement)



Musiques pour l'âme :
"Songs of the Saxophones" The Saxophones (légèreté chargée d'une profondeur insoupçonnée)
"La Voie de L'Esprit" Logos - Eric Aron
"We slept at last" Marika Hackman (intense et hypnotique, comme dans un rêve éveillé)
"Songs from a world apart" Lévon Minassian/Armand Amar (son si particulier du doudouk de la mélancolie et de la profondeur de l'Arménie)
 - Pensée spéciale pour la voix d'or de Geoffrey Oryema, qui vient de s'éteindre -



"J'existe. C'est doux, si doux, si lent.
Et léger : on dirait que ça tient en l'air tout seul (...).
Si seulement je pouvais m'arrêter de penser,
ça irait déjà mieux."
Jean-Paul Sartre

   

   "Etre juste, c'est continuer à faire exister ce qui est immortel dans la nature et chez autrui, préserver la dignité en toute chose - même ce qui semble d'importance mineure, voire misérable -, sans chercher à l'écraser. Ce qui s'adapte en nous au système, c'est notre moi, c'est à dire la part de notre être qui comprend les codes et s'y conforme, suit les procédures, les rituels de communication, etc. Ne le dénigrons pas trop vite, d'ailleurs, car il y a de la grandeur à bien fonctionner dans la société. Mais l'erreur, tragique, est de réduire l'individu à ce seul moi. Et d'oublier le "soi".

   Nous n'aimons jamais une personne pour son "moi" adapté au système mais pour ses qualités propres, celles qui font précisément qu'elle est elle, et pas une autre. Ce que nous aimons, c'est ce qui compte pour elle, c'est à dire son "soi". Et chacun est libre de décider ce qui compte vraiment. Il me semble qu'on peut déceler quelques invariants constitutifs en chacun de nous : la "saveur d'exister", par exemple, c'est à dire le rapport sensuel que nous tissons avec le monde, cette sensualité qui passe dans notre rapport à la nature, à ce que nous aimons manger, écouter, voir.... Un autre marqueur est la recherche de stabilité et d'équilibre. 

   Autre marqueur : il me semble que la redécouverte de soi n'est jamais... une fin en soi : elle ouvre sur un désir de l'autre. Le soi est toujours relié à l'autre, et c'est quand il se mue en"hors de soi", dans l'amitié, ou l'amour, après avoir défini ce qui lui importe vraiment et dépend de lui, qu'il est le plus épanoui." Pascal Chabot, philosophe belge, fondant comme un bon chocolat !

   Mantras de l'été : "It's enough ! Assez !". "Les gens se lèvent. J'en ai marre du racisme, marre de la guerre, marre de la destruction de l'environnement, de nos leaders mondiaux malhonnêtes. Nous devons nous remettre sur les rails pour aller de l'avant" peste Lenny Kravitz dans son dernier album attendu pour le 07 septembre.
   Autres mantras possibles : "Ni dieu, ni maitre, ni bfmtv !" ou bien encore "L'inaction nourrit le populisme, pas les migrants" !
   A méditer....

   Je ne peux vous quitter pour deux mois sans remercier vivement toutes les personnes fidèles, motivées, persévérantes, chaleureuses, qui sont venues dans mes groupes de Yoga oriental, méditation chrétienne, parole laïque, cette année 2017-2018. L'aventure intérieure continue à la mi-septembre : plaisir de vous retrouver ici ou là....

A tout moment, laisser passer le temps
Pour écouter, humer et regarder.
En tout lieu, poser le corps et l'esprit
pour entndre, sentir et voir.
L'instant devient alors présent.
Le présent rejoint l'éternité.
L'âme se libère et quitte ses états.
Une plénitude profonde s'installe.
Pour combien de temps ?
Michel Moureaux


   Nos gourous médiatiques style Christophe André nous invitaient en juin à ralentir en tout, et partout. Alors, cet été, faisons la vaisselle au ralenti, mangeons lentement, faisons l'amour au ralenti, marchons lentement, ralentissons en voiture, parlons-nous doucement,..., le mental au ralenti c'est la porte ouverte à la contemplation, prémisse de l'éveil....
    Je vous souhaite un été "sea, sex and sun", détendu à souhait, les sens grands ouverts et le sourire mystique....
   Jacques



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