samedi 19 août 2023

 Newlaitue août - 138eme -

Bonjour, Bonsoir

" Savez-vous qu'il y a énormément de gens qui sont malades de leur santé,  c'est-à-dire de leur certitude démesurée d'être des gens normaux ? "
Dostoïevski


   A la fin de chacun de ses concerts, elle remerciait avec sa gentillesse légendaire tous les musiciens, techniciens et petites mains. Et, fait rare, elle remerciait également son Ange ! Car, disait-elle, nous en avons tous un. D'où sa belle âme.... Adieu Jane B.. Tu es venue nous dire que tu t'en vas.... Je t'aime, moi non plus !

   On ne va pas se disputer, si ? On a beau s'aimer, on se déchire... Pourquoi ? Et comment en sortir ? La dispute, révélatrice de nos vulnérabilités ? Comment vous faîtes, vous ?...

   La vieillesse est redoutable, elle vient souvent éroder nos enthousiasmes, gripper nos capacités à l'espoir, enrayer notre optimisme et notre aptitude à nous projeter dans l'avenir. Il nous faudrait pourtant nous efforcer de " ne pas rétrécir au lavage de la vie " estime l'écrivain Jean-Pierre Guéno. Certains restent doux et désespérés. D'autres deviennent agressifs (comme ma mère, 96 ans !). Plus envie de se battre. Et pour qui, pour quoi ? " Il nous faut arriver à grandir jusqu'au bout. A ne pas nous rapetisser, à ne pas nous voûter. Ne jamais perdre notre capacité d'émerveillement. Il faut croire en la promesse de l'aube et, quelle que soit la pesanteur des jours et de l'adversité, elle est toujours tempérée, relativisée par le regard silencieux des étoiles." Sans commentaire.

   Ne pas s'inquiéter... ne pas s'irriter... ne pas se plaindre... ne pas se presser. On peut les reprendre tous les matins, avant le petit-déjeuner. Ça limite les aigreurs de début de journée, quand on aperçoit son emploi du temps et qu'on enrage de le voir confisqué d'avance par tant de tâches imbéciles !
   " Celui qui marche sans savoir où il va, c'est celui-là qui est dans la vérité - joli thème. Et de louer cette belle liberté, mystique, érotique ou autre, joyeusement débarrassée des contraintes disciplinaires et des prétentions doctrinaires, des rigidités de la morale ou de ces exercices spirituels cadrés comme des logiciels ! " Maurice Bellet

   Un autre qui décoiffe. " Aucun être humain ne peut vivre sans joie. Elle naît spontanément d'une croissance de la vie. Partout où il y a joie, il y a création. L'homme est un être de désir, assoiffé de vie et de bonheur, de beauté et d'amour. Il veut vivre et connaître la joie de vivre. " Le désir est le fond du cœur " (Augustin). Être de désir, il vise la plénitude de  la vie. L'homme est ce mouvement. Ce tourment et ce torrent. L'homme est comparable à un fleuve... face à l'immensité de l'océan. Il devient l'océan. Alors, soulevé par les hautes vagues, il danse avec le soleil. L'homme est fait pour la joie divine d'exister."  Eloi Leclerc in Le Maître du désir
    Dans l'idéal, tout à fait d'accord avec lui. Mais avouez quand même qu'il y a ici-bas peu d'êtres humains qui incarnent chaque jour cette beauté, ce bonheur, cet amour, ce désir, cette croissance de la vie, cette joie de vivre, cette plénitude, ce mouvement, cette danse. Moi le premier !

   " Notre monde a plus que jamais besoin de personnes pacifiées et pacifiantes. Nous avons à combattre quatre maladies spirituelles contemporaines : le narcissisme, l'hédonisme, le consumérisme et l'acédie, cette perte de saveur spirituelle qui menace tout être humain. Comment y parvenir ? En prenant des moments d'intériorité, dans le silence, afin de se rendre présent à Celui (Celle !) qui est Présence. Et aussi en redécouvrant notre âme, lien qui donne unité à notre vie." Jean-Guilhem Xerri
   Et vous, comment nourrissez-vous votre âme ?...

   Le double vitrage, comme Internet, doit atteindre toutes les chaumières. Isolation et connexion arrivent de pair. " Isolez-vous, braves gens ! " vantent les propagandes. Plus l'homme se connecte et plus il s'isole. Plus nous avons chaud, plus nous sommes seuls.
   Ce que pensait Bernanos de l'optimisme ?... " une fausse espérance pour les lâches et les imbéciles." L'optimisme serait un suppositoire de paillettes administré aux constipés du bien-être. Dès que tu n'es pas tout feu tout flamme, t'as toujours un docteur du bonheur ou un ami pour t'offrir un petit suppo de pensée positive.
   " Bienveillance et résilience pour ne pas finir tout rance ! ". Avec ça, tu as obligation pour ne pas déprimer ton entourage, de parler comme un smiley et de péter des étoiles filantes. Quand t'es au fond du trou, ton étoile, tu ne la vois pas, t'essaies juste déjà de te souvenir qu'elle existe. Le monde présent est un chien qui ronge l'homme jusqu'à sa moelle. A tant adorer ce qui est mais ne compte pas, on finit par ne plus rien savoir de ce qui compte mais ne se voit pas. Mais comment retrouver le goût des choses invisibles ? Est-ce cela l'enfer des hommes : voir l'amour sans pouvoir y communier ? On se réfugie toujours dans les bras de ceux que l'on chérit. " Edouard Cortès

   Parmi les écrivains-conférenciers que notre association EPHATA a accueilli, nous n'avons pas oublié la simplicité et la chaleur d'André Comte-Sponville. Certains le disent pessimiste. Non, heureux car désillusionné. Marqué par plusieurs deuils, il pratique une philosophie à l'ancienne, attentive aux maux et aux mots. Musicale et accessible à tous. Extraits d'un entretien du 07 juin dernier : 
   " ... La philosophie, c'est de penser sa vie et de vivre sa pensée. En ce sens, elle est une école de sagesse. Elle sert à vivre mieux, c'est à dire plus librement, plus lucidement, plus heureusement. Pascal fût mon grand maître d'incroyance. Il ne croît en rien... sauf en Dieu : une fois supprimé Dieu, reste l'incroyance à l'état pur. Il est lucide et décapant, vous désillusionne en tout, vous aidant à vous déprendre de toutes vos croyances. L'erreur de Pascal est d'avoir associé le désespoir avec le malheur. J'y vois au contraire la source possible du bonheur, de ce que j'ai nommé le " gai désespoir " ou le " bonheur désespérément "... 
   ... Je suis tombé sur une phrase du Sâmakhya-Sutra citant le Mahâbhârata, livre immémorial de la sagesse hindoue : " Seul le désespéré est heureux, car l'espoir est la plus grande souffrance et le désespoir, la plus grande béatitude." Cela m'a réjoui. Ce n'est pas parce que l'on ne croît plus en rien que la vie n'a pas d'intérêt, au contraire. Alain le notait déjà. Etre heureux nécessite d'avoir abandonné tout espoir, c'est-à-dire d'être lucide sur la mort et notre propre finitude. L'idée que la vie, toujours décevante, n'est jamais ce que l'on aurait voulu qu'elle soit...

   ... Le tragique, c'est donc la vie telle qu'elle est, sans justification, sans consolation, la vie à prendre ou à laisser. C'est le goût même du réel, qui ne nous obéit jamais. Le tragique, ainsi, c'est tout ce qui résiste à la réconciliation, aux bons sentiments, à l'optimisme béat. Mais je me refuse à attiser le rejet, le ressentiment, la haine. Il nous faut apporter de la nuance, de la modération. C'est Montaigne qui m'a aidé à devenir ce que je suis : un modéré, de gauche. L'écriture reste le grand plaisir de ma vie. Je préfère la rigueur de la pensée, portée par la musicalité d'une écriture." (Télérama 07/06/2023)

   On fête cette année les 400 ans d'un "effrayant génie" - selon le célèbre mot de Chateaubriand. Car s'approcher de Blaise Pascal, c'est se confronter à un double vertige. Celui du prodige, d'abord, d'un esprit qui a révolutionné les mathématiques et la physique, bouleversé la philosophie et la théologie, et légué à la langue française l'une de ses plus grandes œuvres - les Pensées. Celui du mystère, ensuite. Comment expliquer qu'une telle fécondité ait pu venir d'un être ayant vécu seulement trente-neuf ans, dans un corps d'une faiblesse extrême, qui lui a valu des maux continus, aux origines jamais vraiment élucidées ? 
   Un esprit extraordinaire... comme le sont souvent les personnes qui vivent peu de temps ici-bas. Elles vont à l'essentiel. Tel est leur karma. Leur charisme. Leur mission. Leur destin. Court, rapide, unique, direct, sans fioritures. Et l'on parle d'elles encore 400 ans plus tard. D'autres, plus rares, font encore parler d'eux 2000 ans après leur naissance. Comme mon gourou préféré, un hippy nommé JC. Le genre de mec qui nous a dit "Aimez-vous les uns les autres". Vachement utile depuis la pandémie, où la majorité de nos concitoyens sont devenus "à cran" à la moindre contrariété. Agressifs à la moindre bricole. Réactifs négatifs au quart de tour. Suivez mon regard...


" Nous sommes plongés dans un monde merveilleux
où les miracles sont permanents, mais nous les ignorons.
Une fleur, un fruit, un enfant devrait nous plonger dans le ravissement."
Norbert Sillamy


Enlivrez - vous
"Notes intimes" Marie Noël (quand poésie et mystique se rencontrent)
"Un temps pour changer" François (le Pape ! Immense profondeur, grande hauteur de vue sur les évènements actuels...)
"L'océan est mon frère" "Mexico City Blues" "Poèmes dispersés" Jack Kerouac (sans oublier le mythique Sur la route !)
"Faire l'amour de manière divine" Barry Long (tout est dans le titre et... le livre !)
"Par-delà nature et culture" Philippe Descola (incarne une rupture dans la pensée occidentale, centrée sur l'idée que l'homme serait distinct du reste du vivant. Une révolution pour les sciences...)

Sites
https://www.youtube.com/watch?v=B_kJ7D-rNoo&authuser=0 (les vertus de la méditation, sur Arte)
www.semaines-musicales.com (à Quimper en Août)
levillagedefrancois.com (vivre-ensemble et écologie intégrale : 10 villages dans 10 ans en France)

Musiques
"All of this is chance" Lisa O'Neill (authentique et habitée, l'Irlandaise ensorcelle avec ses chansons grandioses)
"Le cri du Caire" Abdullah Miniawy, Peter Corser, Karsten Hochapfel, Erik Truffaz (font résonner l'espoir d'un monde meilleur)
"Bach" Thibault Cauvin (magnifique récital baroque teinté d'intimité et de sérénité)
"I Can Only Be Me" Eva Cassidy (foudroyée à 33 ans en 1996, à nouveau, l'oiseau de nuit prend son envol... Écouter aussi Songbird et Nightbird)
"The Vivian Line" Ron Sexsmith (mélodiste hors pair, sophistication limpide, vitalité contagieuse = du grand art !)


" Va prendre tes leçons dans la nature,
c'est là qu'est notre futur."
Léonard de Vinci


   " Le Yoga a-t-il perdu la tête ? 
   Esprit du Yoga es-tu toujours là ? 
   Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme ? "
   Voilà les titres d'un dossier d'un hebdomadaire fin juillet concernant le business lucratif développé par le Yoga ces dernières années. Le nombre de pratiquants est passé de trois millions en 2010 à 10,7 millions en 2020. Quel marché mes amis ! " En vingt ans, le Yoga s'est imposé comme l'une des poules aux œufs d'or du capitalisme ", affirme Camille Teste, ex-journaliste devenue prof de yoga, dans Politiser le bien-être. Le Yoga ne sait plus quoi inventer pour attirer le chaland. 
   " Il faut se différencier pour promouvoir sa méthode ", confirme Zineb Fahsi, autrice du Yoga, nouvel esprit du capitalisme. Et ça mes amis ça génère du stress, et pas que positif ! Internet n'y est pas pour rien dans cette inflation de l'ego. Des promesses instagrammables sont désormais portées par des gourous 2.0 qui promeuvent leur art de vivre sur les réseaux sociaux. Le meilleur côtoie donc le pire. On vend du rêve aux adeptes en jouant sur un sentiment de culpabilité, typique du développement personnel. Face aux injonctions qui empoisonnent la discipline, d'aucuns cherchent l'antidote. Comme l'association Gras Politique, à destination des personnes rondes. 

   Certains professionnels recommandent d'être vigilant sur la formation des enseignants, aujourd'hui mal encadrée. Ainsi, après 3 ou 6 mois de "formation", certains s'intitulent prof de yoga direct ! Je rigole jaune.... L'Ecole française de yoga propose huit cent heures sur quatre ans. Là, je respire mieux ! Dans le Yoga, c'est comme dans la boulangerie : il y a de l'industriel et du pain bio !  On ne peut que constater le grand écart qui sépare les versions contemporaines des principes fondateurs, comme les valeurs de coopération, de bienveillance. " Quand on se penche sur les textes anciens, on voit bien que le yoga n'est pas une voie d'optimisation de soi, même pas d'introspection. Il vise plutôt à se libérer de l'existence, à transcender son petit moi pour se relier à une forme d'absolu.", insiste Zineb Fahsi
   Et vous, vous en dîtes quoi ? Perso, j'ai donné des cours durant 22 ans. Je me suis formé 10 ans avant de transmettre. A bon entendeur...

   " Apprendre à méditer, c'est apprendre à désapprendre. La méditation est le chemin pour redécouvrir le sens inné du merveilleux qu'a l'enfant. Quand nous méditons, nous allons au-delà du désir, au-delà de nos possessions, au-delà de notre propre importance, au-delà de toutes les sources de culpabilité et de complexité. Il nous suffit d'écouter le message avec la simplicité d'un enfant. Ce dont l'humanité a besoin, ce n'est pas de posséder, mais de remercier ; ce n'est pas de désirer, mais d'apprécier ; ce n'est pas sa propre importance, mais l'amour.

   Pour atteindre cette sagesse, nous avons besoin d'apprendre à être silencieux, humbles, et la façon de l'apprendre, c'est d'être attentifs à la présence dans nos cœurs. Apprendre est une discipline et nous devons être généreux de notre temps, de notre énergie, de notre attention. Il ne suffit pas de parler ou de lire à propos de la spiritualité. Il ne suffit pas d'étudier ou d'avoir un directeur spirituel. Nous devons entrer personnellement dans l'expérience, avec une simplicité d'enfant. L'essence de la méditation, c'est de cesser de nous regarder et de regarder en avant, au-delà de nous, à l'intérieur du mystère, pour entrer dans son amour, dans l'union avec Lui. " John Main (a quitté son corps à 53 ans en 1982) dans Le chant du silence, l'art de méditer.

   Je suis un douteur confiant... Il faut croire en la promesse de l'aube....
   C'est sympa, être amoureux !
   Beau mois d'août à chacune, chacun... ( même si vous avez une météo irlandaise, comme nous en Bretagne depuis 1 mois. La pluie est une bénédiction. La Bretagne est une terre bénie ! ).
  Jacques

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