jeudi 5 septembre 2024

 Lettre septembre - 151eme -

Bonsoir, Bonjour


" L'intelligence n’est pas affaire de diplômes.
L'intelligence est la force, solitaire, d'extraire du chaos de sa propre vie
la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin que soi. "
Christian Bobin


   Tant que la pratique de la "plénitude" n'est pas inscrite dans la réalité, nous sommes sur une voie erronée. Il nous faut chercher à apprendre des humbles qui sont cachés.... Pourquoi donc a-t-on tant besoin de posséder la beauté ? Et si on la laissait vivre en paix dans l'espoir de la recroiser un jour ? L'ombre jamais n'éteindra la lumière. Il n'y a d'engagement politique véritable qu'à défendre la beauté : celle qui rend la vie plus large et plus profonde. Pour aller jusqu'à la liberté. Oui, la beauté, la poésie, l'amour, l'éros, la joie, la subversion, l'autonomie, l'indépendance sont des valeurs contemporaines qu'il reste à défendre. Oui, le but de l'homme est l'amour, toujours plus d'amour. Oui, n'en déplaise aux marchands, aux esthètes, aux cyniques, aux épargnants, aux religieux et aux athées, la vie se conjugue dans la dépense, le don, l'ouverture, l'acceptation, la perte. Oui, la conscience est notre bien le plus précieux, et l'énergie notre source vitale. 
   Où sont les Hildegarde du 21eme siècle ?!...

   Le signe par excellence de l'aventure spirituelle, c'est la joie. Une "douloureuse joie", comme disaient les Pères de l'Eglise, parce que le spirituel est bien plus conscient que la moyenne d'entre nous des tragédies de ce monde. Le spirituel diffuse la joie. Les vrais croyants sont des voyants. L'horreur qui est dans le monde les agresse. L'initié véritable est aussi dans l'action : aller intègre au milieu des loups.... Non pas seulement une âme intrépide d'aller au ciel mais de ramener le ciel sur la terre... Écrire délivre. Écrire perce, assainit, nettoie, fore, met à jour, écrase la peur, transporte hors de soi. Et guérit. Ce n'est pas une vocation, c'est un destin. Insoumission à la loi des hommes pour mieux se soumettre au Ciel qui est en nous....

   La vie est désir, allégresse. Le Vivant (Dieu ?) ne se plaît que dans la simplicité des rires et de la joie. Telle est la prière de vivre. La vie est l'éros même qu'aucun ascétisme ne saurait loyalement servir. De la mesure en tout, de la mesure excepté... dans la foi. Plaisir animal de sentir le soleil battre du tambour contre la peau. Désir fou de courir sur le ventre des prés. Soif de vin de Moselle et de corps à caresser. Je me sens d'un seul coup comme ces grands convalescents que l'on promène dans des jardins. Sans envie de m'user le cœur sur le tranchant des pourquoi. Le mystère du monde n'est plus douloureux. En tout, et pour tout, c'est toujours comme ça : on trouve quand on arrête de chercher.... Idem pour le bonheur, l'amour, la santé, Dieu, etc. 
   " Je n'ai aucune nostalgie, puisque je suis chez moi." Pour moi, cette phrase fût une révélation. On est chez soi. Partout où s'étend le ciel on est chez soi. En tout lieu de cette terre on est chez soi... lorsque l'on porte tout en soi.

   Derrière la façade sociale, l'échafaudage affectif est terriblement fragile. Chaque être humain doit trouver en son for intérieur les moyens de sortir du puits. Les vrais amis sont nés pour ces occasions : témoigner de la merveilleuse nécessité de vivre. Les jours dédiés à l'amitié sont toujours beaux car ils possèdent le don de nous rendre meilleurs. Alors arrêtons de lever les yeux et de chercher ailleurs les merveilles de ce monde. Cette fraternité sera l'unique trésor que j'emporterai de cette terre. Nous portons en nous l'univers... et nous ne le savons pas ! Cessons la guerre en nous. Cessons la censure qui condamne. Cessons l'activité du mental qui s'oppose à tout ce qu'il n'aime pas. Il s'agit seulement de cultiver la région en nous où le cœur écoute.

   " Je reste une incorrigible espérante. Cette vie ne peut pas être qu'un pain de ténèbres? La certitude, quelque part, d'une fontaine. D'un rosier. D'un Amour. L'intuition d'un portillon bleu dans les ténèbres. La terre d'avril ressemble à une jeune mariée, et c'est comme si toute la nature me parlait brusquement du paradis perdu." nous invite Chantal Joly

Au soir
la marche studieuse
a retrouvé son espace
le passage des oiseaux
on gagnerait les confidences de l'air
jusqu'à la venue de la nuit
on entrerait dans les chambres des feuillages
et une allée vers la mer
servirait l'appétit de vie
creuserait les nuances de l'obscurité.
Henri Bihan

" Un loup qui ne rejoint pas la forêt renie sa nature de loup.
Un homme qui ne rejoint pas le bouleversant poème
qui couve sous ses paupières renie sa nature d'homme."
Stephen Jourdain

Lectures
"Les gens ordinaires ne portent pas de mitraillettes" Artem Chapeye (écrivain ukrainien... sans commentaire)
"La Douceur des hommes" Simonetta Greggio (cherche à s'approcher au plus près des aspirations et des désillusions des individus...)
"La fin de la conversation ? La parole dans une société spectrale" David Le Breton (essai lumineux qui nous appelle à renouer avec le dialogue véritable face à nos smartphones omniprésents qui nous isolent !)
"Philosophie et poésie" Maria Zambrano (où l'on croise Baudelaire, Kierkegaard, Heidegger pour retrouver la chair du sensible...)
"Les Incandescentes. Cristina Campo, Simone Weil, Maria Zambrano" Elisabeth Bart (lumineux essai... lumineuses femmes)

Musiques
"Origines" Les Itinérantes (trio vocal classique, mélodie populaire et hymne religieuse = sublimes voix)
"Ljus" Marine Chagnon / Joséphine Ambroselli ("lumière" en suédois... la note juste... piano et voix)
"Scarlatti : 12 Sonatas" Matteo Mela / Lorenzo Micheli (Scarlatti en Andalousie : à la guitare... parfum entêtant de jasmin andalou...)
"Initiation" Sophye Soliveau (cordes délicates, envolées vertigineuses... chanteuse et harpiste : l'étoffe d'une diva... premier album : densité rare !)
"Peacemaker" Vera Sola (un lyrisme orageux, entre "l'enfant perdue de Léonard Cohen et de Nancy Sinatra"...)

" Tout homme s'éveillant à l'existence, par le souffle secret qui l'anime,
par l'être qui brûle en lui et l'illumine,
par la vie jaillissante qui s'élève du creux de sa chair
- est une présence de Dieu. "
Philippe Mac Leod

   Marche arrière toute pour garder la forme ! Comme dans la danse contemporaine par exemple. Marcher à reculons favorise le contrôle du mouvement, de l'équilibre et l'endurance, tout en ménageant les articulations du genou et du pied. Vous avez déjà essayé ?... Certains marchent parfois sur la tête, marcher à reculons est quand même plus cool !

   On le sait, en France, râler est un sport national. Et dans les mois précédant ces jeux Olympiques de Paris 2024, on ne s'en était pas vraiment privé, de râler ! Garderons-nous la flamme... malgré les plus de 23 millions de téléspectateurs présents devant la cérémonie d'ouverture ?...

   Tout feu tout femme. Une grande dame vient de nous quitter. Une brune sublime, habit noir, écharpe rouge sang, surnommée la "pasionara rouge", chante d'une voix puissante Tous les droits sont dans la nature. Elle vit et vibre, incandescente, à chaque concert avec son groupe Alpes. Elle chante l'éveil. Chaque fois qu'elle monte sur scène, elle semble jouer sa vie. Tempérament de feu, hors showbiz. Elle impressionne l'ado révolté que je suis alors. Catherine Ribeiro est décédée le 23 août, à 82 ans. Paix !

   Une autre femme éblouissante. Elle a écrit des textes sacrés et profanes, aimé une femme, fondé deux monastères, composé de la musique, des poèmes, soigné, exorcisé, percé le secret des plantes, tenu tête aux puissants. Elle a été au plus profond d'elle-même. Une aventure sacrée. Elle est entrée dans la connaissance et l'amour sans se couper de la tendresse. Couronnée par le Pape en 2012 : quatrième femme docteure de l'Eglise ! Trait de caractère le plus important de cette Sainte qui était d'abord une femme : l'insoumission. Insoumission à la loi des hommes pour mieux se soumettre au Ciel qui est en nous.
   Vous avez trouvé ?... Hildegarde de Bingen " Ceux qui désirent accomplir les œuvres divines doivent toujours penser qu'ils sont des vases fragiles puisqu'ils sont des êtres humains." A méditer camarades !

    N'est-ce pas stériliser nos vies que d'éviter le risque à tout prix ?
   Dis-moi qui tu hais, je te dirai qui tu es...
   Je vois, j'entends, je sens, je savoure, je ressens : bref, je suis vivant !
   Quel arbre êtes-vous ?
   Nous sommes tous des espérés !
   Belle fin d'été,
   Jacques

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