Bonsoir ou Bonjour,
"Il est tellement plus simple de vivre comme tout le monde
et de renoncer à soi pour ne pas déplaire aux autres."
Jacques Breton
Tout d'abord, merci merci merci pour vos courriels trop sympas, vous qui avez souhaité continuer à recevoir ma Lettre.
Vos mots hyper encourageants, qui nous font être sur la même longueur
d'onde bien souvent. Même gentillesse, sensibilité, ouverture,
curiosité, douce ironie spirituelle, poésie et sensualité, lucidité et
humour toujours.
Mon souhait : vous
croiser un jour, ici ou là, en BZH ou chez vous, lors d'un de mes
séjours-retraites ou randos. Je caresse quelques projets à partager,
dont je vous ferais part plus tard, en vue de ma retraite qui approche (2020).
Gardons le fil de la com' entre nous....
"La
vie spirituelle est affaire de marin ! Nous sommes tous appelés à
partir au large, à traverser calmes et tempêtes, à survivre à des
naufrages : non pas à nous fixer quelque part, mais à nous arrimer au
plus vivant. Autrefois on nommait les marins des "réguliers".
Aujourd'hui, nous sommes devenus des séculiers ! Nous ne connaissons
plus le sacré de la nuit et nous ne nous mesurons plus à la ronde des
étoiles. Perdus en mer, nous sommes les "irréguliers" de la vie", nous titille Charlotte Jousseaume, écrivaine délicieuse.
Dernier petit bijou, lu en une soirée, quelques extraits pour vous : "Ce
qu'il faut dire avec force dès le début de ce petit livre, c'est que
personne n'est sûr de rien. Il n'y a que deux choses de sûres parmi tant
de choses possibles et douteuses. La première : nous sommes nés. La
seconde : nous mourrons. Autant que toute mort, et peut-être plus
encore, toute naissance est une énigme. Notre vie ne nous appartient
pas. Nous ne l'avons ni voulue, ni choisie, ni même acceptée. Elle nous
est donnée - ou plutôt prêtée - de force. Elle nous est fourguée en
usufruit. Ou peut-être imposée. Nous sommes peut-être, en partie,
responsables de notre vie. Nous ne sommes jamais responsables de notre
naissance.
Vivre est une
occupation de tous les instants. Une expérience du plus vif intérêt. Une
aventure unique. Le plus réussi des romans.Souvent un emmerdement. Trop
souvent une souffrance. Parfois, pourquoi pas ? une chance et une
grâce. Toujours une surprise et un étonnement à qui il arrive de se
changer en stupeur. Nous sommes très loin d'être tout-puissants. Mais ce
qu'il y a d'excitant dans une vie, si brève, si terne soit-elle, c'est
que presque tout est permis aux vivants. Ce monde et cette vie sont un
rêve et un délice. Quelle qu'elle soit, la vie est belle, toujours trop
courte. Dans le bonheur, dans le plaisir, dans l'amour, la vie est une
bénédiction.
Il n'est pas impossible que, loin de présenter ce caractère de réalité
solide et durable que nous lui prêtons volontiers, le monde et la vie ne
soient qu'une illusion, un long songe collectif, continu et plus ou
moins cohérent. La vérité est que nous ne savons rien de notre destin
dans ce monde et dans cette vie qui, songe ou réalité, nous paraissent
l'évidence même. Il faut toujours se méfier de la trompeuse évidence. Il
faut attendre la vie pour qu'un semblant de sens s'introduise dans ce
semblant de présence. La vie, dès sa jeunesse, dès ses débuts, est faite
pour passer. Elle naît, elle meurt, elle renaît ailleurs.
Ce qui va marquer les hommes en train de se hisser au-dessus des
primates qui s'étaient hisser au-dessus de la matière, c'est l'orgueil.
Devenir un homme ou une femme quand vous êtes un primate est une tâche
longue et semée d'embûches. A la limite, ce sont les plus faibles, les
rêveurs, les demeurés, les poètes qui se sont mis à penser et qui l'ont
emporté sur les plus rapides et les plus forts. L'essentiel est encore
ailleurs. La pensée transforme l'univers. Elle le change en autre chose.
Elle ne cesse jamais de lui apporter du nouveau. Elle y introduit la
surprise et l'attente. Elle le colore. Elle l'anime. Elle en fait un
théatre où chacun joue son rôle, une oeuvre d'art, un trésor. Elle
suffit à l'enchanter. La pensée des hommes est l'enchantement du monde.
Nous ne sommes que des benêts frappés d'émerveillement.
La science elle-même ne peut pas péter plus haut que son cul. Très
capable d'apaiser notre curiosité, elle est incapable d'apaiser notre
angoisse. Le mot qui correspond et convient à tout ce qui échappe à la
science et qui est peut-être l'essentiel, c'est le mot croire. Croire est plus faible que savoir.
Croire prend sa revanche dans l'ordre des espérances, des aspirations
et des convictions. La foi est une croyance. Elle peut accompagner toute
une vie. Elle peut aussi surgir soudain et bouleverser votre existence.
La foi est mêlée d'ignorance. Croire est une grande chance. La
foi est un bonheur. Plus puissante encore que la pensée, elle soulève
des montagnes. Elle éclaire le monde d'une lumière venue d'ailleurs.
Avec elle et par elle, l'histoire est justifiée. Merci pour les roses et
merci pour les épines.
La foi est si précieuse, elle est si ambiguë, elle nous dépasse de si
loin que nous l'appelons la grâce. D'inspiration céleste, la grâce a
aussi une jolie carrière laïque. Plus belle que la beauté,
enchanteresse. J'ai remplacé la foi par l'espérance. Ce que ce monde,
dans l'espérance, peut faire de mieux, c'est de nous servir de passage.
Nous n'avons plus pour ressources que la naïveté et la gaieté. Dieu pose
autant de problèmes que le hasard. Il est une invention des hommes.
L'idée que les hommes se font de Dieu est plus humaine que divine. Dieu
est un mystère. Dieu n'a pas d'autre existence que celle que nous nous
efforçons de lui prêter. Personne ne l'a jamais vu. Chacun peut s'en
passer. Dieu est assez peu probable. Dieu a toutes les apparences d'une
illusion consolatrice. Dieu est invraisemblable. Je prétends qu'il peut
exister. Je prétend que rien ne s'oppose à son existence. Je prétends
qu'il a le droit d'exister. C'est comme un coin de ciel bleu au terme
d'une journée plutôt sombre."
Tiré du livre-testament de l'un de mes maîtres à penser : Jean d'Ormesson himself.
"La vie est un pont : traversez-là mais n'y faîtes pas votre demeure."
Sainte Catherine de Sienne
Livres et vous
"Le livre des Anges" Lydie Dattas
"Libre de soi, libre de tout" Shunryu Suzuki (un grand maître zen)
"J'ai décidé de vivre" David Milliat (présentateur
télé lumineux qui a perdu ses deux parents quand il avait 6 ans. Une
blessure inguérissable dont il témoigne avec profondeur...)
"Délabyrinthez vos sentiments." Edmond Rostand
"La mécanique du ciel" CharlElie Couture
"La démocratie des émotions" Loïc Blondiaux/Christophe Traïni (édifiant, formateur, stimulant)
"La vraie vie" Adeline Dieudonné (roman fou d'une jeune Belge pétrie de pop culture)
"Un hosannah sans fin" Jean d'Ormesson ("Nous ne sommes que des benêts frappés d'émerveillement")
Sites
Musiques pour l'âme (et l'esprit)
"Songs of the degrees" Yaron Herman (l'occasion d'être saisie par l'indéfini mouvant des sentiments, le mystère de la suggestion et le frisson de l'étonnement...)
"Titanic rising" Weyes Blood (l'une des plus belles voix actuelles, compositions renversantes)
"Fauré, piano music" Nicolas Stavy (délicatesse, mélodie gracile, transparence, raffinement)
"Designer" Aldous Harding (voix multiforme, vibrante intensité folk)
"Après
tout, la spiritualité n'est-elle pas l'absence de toute convention
et le désir de rechercher le vrai où qu'il se trouve,
même à travers nos
boucliers modernes ?"
Christian Bobin |
Les
hommes des sociétés prospères sont d'éternels frustrés, et ils le
manifestent sans pudeur alors que des millions d'habitants de la planète
souffrent de faim ou meurent sous les balles. Le nez dans l'assiette du
voisin, l'individu moderne ne s'autorise pas à être heureux de ce que
la société redistribue en sa faveur. Il est vrai qu'il est difficile de
ne pas succomber aux délices de la consommation. Faut-il souhaiter une
catastrophe écologique, financière ou politique pour sortir de nos
névroses ? Certes, non.
L'individu moderne est introuvable. Ses réflexes politiques sont
souvent surannés, et son maigre destin se résume à la perspective de
fêtes entre copains le samedi et aux prochaines vacances. Au-delà des
apparences, il baigne souvent dans une tristesse qui alimente sa haine
des élites. On ne peut que lui souhaiter de sortir de ses obsessions, de
voyager hors des sentiers battus, de penser le monde comme une chance
incroyable. L'individu sortant de sa coquille est dans la jeunesse
d'aujourd'hui.
Je nous souhaite de sortir de notre "zone de confort", si nous ne voulons pas devenir vieux avant l'heure.
Et je salue quelques jeunes vieux débordant de spiritualité qui nous quittent trop tôt vers le Paradis Blanc : Jean Vanier, Anémone, JP Marielle, Pierre C-B, Philippe Mac Leod, Yan-Fanch Kéméner, Françoise,....
Bises fleuries, colorées, enamourées, sucrées-salées, et davantage si affinités....
Jacques
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