Bonjour, Bonsoir
"Toute injustice commise ou même seulement pensée
se vengera un jour sur notre âme,
sans se préoccuper de savoir si nous avons ou non
des circonstances atténuantes."
C. G. Jung
"Peut-être
attacherons-nous alors enfin du prix à la seule chose qui soit
indestructible, et qui n'a pas d'autre nom que celui de Dieu, qui est
l'amour" poursuit Christian Bobin à la suite de la citation de Jung, dans son réjouissant bouquin
La lumière du monde que je relis en ce moment. Je vous le dis et
redis : tous les écrits de Bobin, je vous les conseille très très très
amicalement. Autre confidence : une grande partie de ma vie se trouve
encadrée par deux phrases d'André Dhôtel : "Il ne se sentait pas mûr pour cette solution désespérée qui consiste à adopter un mode de vie normal", et : "Quand
on découvre un être lumineux, sans que celà ait aucun rapport avec le
simple amour ou le rêve, on ne peut plus vivre comme à l'habitude". Plus de détails en tête à tête....
Comme pas mal d'entre nous, j'ai reçu une éducation catho. A 10 ans
j'étais un peu mystique. J'avais l'impression de vivre la foi comme un
magnifique esthétisme. Tout ce que j'aimais y était réuni : le silence,
l'odeur, l'élévation d'un lieu. J'étais émerveillé par la beauté. Je me
suis éloigné de la religion catho car il y avait des choses qui me
rebutaient... les histoires sur le péché, sur l'expiation. La vie est
suffisamment difficile pour ne pas avoir à se sentir coupable de quoi
que ce soit. Pourtant, je réalise de plus en plus que le discours sur la
culpabilité que j'ai retenu étant jeune n'est pas l'essentiel du
message de l'Eglise. J'y reviens. Mon passage par les spiritualités
orientales, par les philosophies bouddhistes, hindouistes, taoïstes me
donne envie de revenir à nos textes à nous, porteurs de choses
magnifiques. Parfois, il faut faire un grand détour pour revenir à ses
racines. Beaucoup de mystiques d'hier et d'aujourd'hui ont dépassé le
dogme. Et vous ?....
Entre
nous soit dit, la psychanalyse est de plus en plus intempestive au
temps des questions courtes et du bonheur en 20 leçons ! La ligne de
démarcation entre la psychanalyse et l'ensemble des psychothérapies
passe par la "négativité" que l'homme moderne ne veut guère entendre. "Avec
la psychanalyse, on est du côté de la violence de la chose psychique,
des conflits psychiques, de la folie privée. La psychanalyse dit :
angoisse, détresse, ambivalence des sentiments, blessure narcissique,
refoulement, clivage.... Le développement personnel dit : estime de soi,
force de caractère, comment s'aimer soi-même, réaliser ses aspirations,
devenir ce que l'on est, positiver et bien sûr méditer...." nous rappelle Jacques André.
N'oublions pas que chacun d'entre nous porte en lui une part importante
d'inconnaissable, qu'il n'est ni transparent, ni en accord avec
lui-même en permanence, que nous sommes incomplets, inconsistants,
impermanents, et bien trop souvent menés par nos peurs, notre angoisse
de finitude, nos petites névroses. Nous reconnaitre "normosé" est bon
pour notre humilité; ça nous allège, assouplit, détend,....
Notre cerveau nous pousse à détruire la planète ! Dans Le bug humain, le scientifique Sébastien Bohier
explique que notre cerveau veut toujours plus de nourriture, de sexe,
d'informations et de pouvoir, et ce à cause de la dopamine. Pas très
écolo ! Question du journaliste : "Peut-on faire quelque chose pour changer, et comment ?". Réponse de l'intéressé : "L'homme
a tenté de modérer ses désirs, de lutter contre la tentation par la
vertu. Mais ça ne marche pas. Mieux vaut trouver d'autres sources de
satisfaction. Comment ? En faisant intervenir la conscience, et en étant
plus présent à ce qu'on fait. Une autre voie : l'altruisme. Donner
déclenche une libération de dopamine. Comme obtenir de nouvelles
connaissances provoque du plaisir. Mais tout celà doit être valorisé
(par l'éducation, le système, la société,...)".
Une fois de plus, c'est ce que nous disent toutes les voies de sagesse
du monde entier, et ce depuis bien longtemps : nous décentrer de notre
petit moi-moi, vivre pleinement le présent comme un cadeau, et ouvrir
notre coeur, le fameux "aimons-nous les uns les autres". On peut
toujours espérer le changement de nos comportements humains au 21eme
siècle : l'espoir fait vivre n'est-ce pas ?!.... Perso, arrivé à 62 ans,
j'en doute. En tant qu'observateur du monde qui va, des comportements
humains depuis la nuit des temps, force m'est de constater que le mal
domine, et trop souvent même le mâle domine ! Bien sûr, c'est mieux
qu'au Moyen-Age, mais dans nos sociétés, dans nos relations humaines, le
mal se fait plus subtil, plus pervers, plus discret, plus sournois. Une
seule solution : la révolution... intérieure... individuelle...
commencée depuis les années 60, et qui se répand doucement doucement
doucement comme une tâche d'huile de massage bienfaisante....
"Nos actes d'amour ne sont rien d'autres que de actes de paix...
et la paix commence par un sourire."
Mère Theresa
A livre ouvert :
"Petite philosophie des oiseaux" Philippe J. Dubois / Elise Rousseau
"Un coeur sans rempart" Marie-Laure Choplin (l'expérience d'accompagnement de la fin de la vie vue par le coeur)
"Trois foulées plus bas" François-Xavier Maigre (que ceux qui ne lisent pas de poésie n'hésitent pas à se lancer...)
"La métamorphose de Raphaël" Patrice Lepage (roman initiatique cool à lire)
"Vivre et penser la liberté" Jacques Ellul ( un autre "grand" Jacques ! )
"Le salaire de la peine. Le business de la souffrance au travail" Sylvaine Perragin (un coup de gueule salutaire !)
Héroïques. Amazones, pécheresses, révolutionnaires" Inna Shevchenko (leader du mouvement international Femen depuis 2012, elle
obtient l’asile politique en France en 2013. Diplômée en journalisme
à l’université de Kiev et en droits de l’homme à Sciences Po Paris,
elle milite pour le droit des femmes lors d’happenings remarqués où
les corps des activistes se transforment en véritable instrument de
manifestation. En 2017, elle coécrit Anatomie de l’oppression (Seuil) avec son amie Pauline Hillier. La même année, elle reçoit le prix international de la laïcité)
Sites
www.ecolenoesis.org (à côté de Rennes)
www.loptimisme.com (doses de dynamisme constructif dans tout l'exagone)
www.philodefi.fr (démarche ludique via Poitiers couronnée de succès)
www.legrandsecretdulien.org (recréer le lien à la nature pour les jeunes, fondateur d'une véritable humanité)
www.terrevivante.org (connaissez-vous le petit bijou "les 4 saisons du jardinage" ?)
www.sans-transition-magazine.info (en Finistère et ailleurs)
Musiques
"Amadjar" Tinariwen (tous leurs albums nous transportent au coeur du Désert et c'est bon...)
"Joys and solitude" Yonathan Avishai (sublime)
"Stars are the light" Moon Duo (contemplation émerveillée de la danse cosmique...)
"Playing the room" Avishai Cohen / Yonathan Avishai (audace et malice, finesse et émotion : disque d'une beauté rare)
"UFOF" Big Thief (céleste, mystérieux, cosmique, éthéré, voix poignante de la chanteuse)
"Nous, Occidentaux, rêvons toujours d'aller plus loin, d'avoir plus de temps...
Nous devons nous réconcilier avec les limites et limitations de notre vie pour être heureux."
Michael Davide Semeraro, moine bénédictin italien-écrivain
A
bientôt 62 ans, il me reste à me libérer du regard des autres et du
qu'en-dira-t-on. J'essaye de vivre libre dans mes contradictions
permanentes. Et vous ?
Regardons danser les enfants.... Comme moi vous l'aurez remarqué : les
enfants ne marchent pas, ils dansent ! Un joli billet d'humeur avant de
nous quitter, du délicieux Alain Rémond, qui sévit chaque jour dans le quotidien La Croix.
"Les
enfants ne marchent pas : ils dansent. Sur les trottoirs, leurs parents
marchent posément, d'un pas régulier, comme tous les parents, comme
tous les adultes. Mais les enfants, derrière ou devant leurs parents,
sautillent, zigzaguent, font demi-tour, marchent à reculons, s'arrêtent
brusquement, repartent en courant, avancent soudain à cloche-pied,
imitent le galop du cheval, dessinent des arabesques, au gré de leur
fantaisie, de leur imagination. Ils dansent sans réfléchir, c'est comme
une impulsion du corps, une inspiration, une respiration, ils n'y
peuvent rien, leurs pieds dansent, leurs jambes dansent, leurs bras
suivent le mouvement.
Regarder danser les enfants est l'un des plus beaux cadeaux de la vie.
Il y a un tel bonheur, une telle liberté, leur danse obéit à une mélodie
silencieuse qu'ils sont les seuls à entendre, qui donne le rythme à
tout leur corps, qui leur donne envie de sauter, d'inventer,
d'improviser, d'habiter le monde comme de petits elfes tout droit sortis
des contes et des comptines.
Nous autres, les adultes, avons désappris cette danse, nous sommes
passés de l'autre côté, nous avons franchi la frontière, sans retour
possible, nous n'entendons plus la musique, nous n'habitons plus les
contes et les comptines.
Alors nous regardons danser les enfants. Et nous les supplions
secrètement de danser le plus longtemps possible, de continuer le plus
tard possible, pour enchanter nos rues, pour enchanter nos vies."
Durant mes vacances de Toussaint, je me suis rendu de nouveau dans l'ermitage taoïste libertaire de mes amis dans le Haut-Var, ainsi que dans le Centre international pour la Paix - Bonnevaux en construction dans le Poitou. J'ai pu lire S. Tesson, P. Djian et l'excellent livre issu d'un colloque "Le Dalaï-Lama parle de Jésus. Dialogue passionnant entre le christianisme et le bouddhisme" que je vous recommande fortement.
Très bel automne à chacun.e,
Jacques
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