Lettre janvier 2020 - 97eme -
Bon jour ou bon soir,
"Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas.
Accusez-vous vous-même de n'être pas assez poète pour appeler à vous ses richesses."
Rainer Maria Rilke
Allez... je démarre à fond la nouvelle année ! Convoquons fissa le père Aristote himself : " La vraie sérénité, la paix intérieure s'acquièrent à la seule condition d'accepter le donné de la vie. Dire "OUI" à la vie consiste à dire oui à l'inéluctable, c'est à dire : ce sur quoi nous n'avons aucune prise. Or, le plus inéluctable, c'est la mort. Et quelque soit l'amour que nous portons à cette vie, nous savons avec certitude qu'un jour nous cesserons d'exister, au moins dans ce corps. Nous le savons intellectuellement, mais rares sont ceux qui parviennent à intégrer réellement cette idée. Comme le dit Freud, notre mort nous est à proprement parler " impensable ", et nous vivons comme si nous étions immortels."
C'est entre autre pour cette raison, chers amis, que je me prépare à remplir le document officiel appelé Directives anticipées, dont vous avez sans doute entendu parler. Document incontournable pour tout vrai Yogi, ou adulte conscient-debout-en marche, responsable quoi ! Histoire d'alléger le mental de nos proches le jour où.... Celà aussi ça s'appelle de la pleine conscience, camarades méditants !
A la question : "Etes - vous en paix avec le fait de vieillir ?", je fais mienne la réponse de Martin Scorcese : "Autant que l'on puisse être en paix avec le fait d'essayer de trouver une forme d'acceptation à sa propre mort et à celle de ses proches". Et vous, qu'en dîtes-vous ?....
Le fait de vous parler de notre finitude n'est en rien un sujet pathos. Loin de là. Je peux vous assurer que les personnes les plus "pleinement vivantes" que je croise depuis 40 ans sont celles qui sont en paix avec leur fin... terrestre. Plus nous sommes conscients de notre impermanence, plus nous goûtons pleinement la Vie ! Toutes les Traditions nous le confirment. Alors, en 2020, on règle nos comptes avec la "faucheuse" ?!....
Bon, à présent, un peu de légèreté propre à janvier. Une autre "vérité" à méditer. Propos tenus par Philippe Katherine, artiste intello et décalé mais super populaire. Concernant sa chanson La Clef, il répond au journaliste de Télérama : "... pour moi, la formule "Ouvre l'anus", répétée plusieurs fois, est directement empruntée aux stages de bien-être, de chant ou de yoga. Avant ma tournée, j'ai pris plusieurs cours de chant, où il était souvent question de colonne d'air, d'anus ouvert, sans qu'on ait envie de rigoler. La colonne d'air est quelque chose de fondamental pour tout chanteur et même pour tout être humain. Les gens respirent mal et ils ne le savent pas. Celà passe par l'appareil buccal, mais aussi par le colon, le périnée....
Question : "Vous aimez briser des tabous ?". Réponse de PK : "Dans la vie, je suis timide, pas spécialement hardi sur ces sujets. Comme chanteur, je me sens plus libre. Le sexe, c'est le nerf de la guerre. Je ne sais pas si celà a été fait, mais ce serait intéressant d'étudier de près le transit et la sexualité des dictateurs. Chez nous aussi, car nous sommes tous un petit peu dictateurs, il faut bien l'avouer. Le sexe et le transit définissent beaucoup les journées qu'on passe. On a des réactions de merde parfois parce qu'on a un transit de merde, ou parce qu'on a pas fait l'amour depuis six mois. Ou trop fait l'amour ! Ne négligeons jamais l'organique."
Avouez que ses propos vous en bouchent un coin ?! Et pourtant on est là en plein Yoga ! A méditer donc....
"Nous cheminons vers le sens dans la mesure
où nous vivons en poète sur la Terre."
Hölderlin
Enlivrez - vous !
"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux." Jules Renard
"Pris de court. Tentative de digestion du monde" Franck Escoubès (aphorismes sur notre monde en chantier permanent : un vrai bonheur de lecture !)
"Un coeur sans rempart" Marie-Laure Choplin (l'expérience de l'accompagnement de la fin de la vie)
"Contre la nuit" Stéphane Bataillon (l'idée d'un poème qui changerait l'abord du jour qui commence...)
"La civilisation du poisson rouge" Bruno Patino (les pieds dans le plat de nos existences connectées, sollicitations permanentes, par l'un des pionniers du numérique d'information. De quoi sortir de la servitude et retrouver les vertus du vagabondage...)
"Ame soeur. Fragments de vie intérieure." David-Marc d'Hamonville (court mais puissant, spéléologie intérieure...)
"I am, I am, I am" Maggie O'Farrel (raconte les 17 fois où elle a approché la mort)
"Mémorial de la terre océane" Kenneth White (atlas poétique d'une terre dans l'eau... par le créateur de l'Institut international de géopoétique, adepte du nomadisme intellectuel...)
Musiques pour l'âme :
"Immanent fire" Emily Jane White (remède à la solastalgie...)
"My name is Yakir" Yakir Arbib (génial pianiste de 30 ans, atteint de déficience visuelle et de synesthésie - il perçoit la musique en couleurs -, doté par ailleurs de l'oreille absolue. Pourrait bien être l'album de l'année)
"Blue World" John Coltrane (en majesté dans un monde bleu)
"Lieder" Renée Fleming (le chant de cette soprano nous donne un sentiment d'irréalité, enchantement émouvant, élève notre esprit, touche notre coeur = bonheur !)
"Ascendant Johnny Cash" Rod Barthet (des mots bleus sur un plateau d'argent, aérien quatuor à cordes, diablement beau et chaud)
"Le verbe aimer est le plus compliqué de la langue.
Son passé n'est jamais simple.
Son présent n'est qu'imparfait
et son futur est toujours conditionnel."
Jean Cocteau
En 2020 j'aurais 62 ans (le 29 janvier). Sonnera sans doute le temps de la retraite (minorée car si je la veux à taux plein il me faut travailler jusqu'à 67 ans !), et d'une fête magistrale ! Temps venu de mon retrait d'un certain monde, d'un rythme certain. Une nouvelle Vie va commencer, connectée à l'essentiel. Savourer chaque jour comme si c'était le premier, dégagé des "personnages" que le monde du travail suscite. Evoquer les bons souvenirs, qui sont comme une bonne bouteille : il ne faut pas la boire seul ! "Il y a une heure où, pour chacun.e d'entre nous, la connaissance inconsolable entre dans notre âme et la déchire. C'est dans la lumière de cette heure-là, qu'elle soit déjà venue ou non, que nous devrions tous nous parler, nous aimer et même le plus possible rire ensemble." nous invite Bobin. L'heure de la retraite est peut-être ce moment-là.... Il nous faut lentement devenir ce que l'on est, qui l'on est, intimement.
Dans ce "temps libre" qui va advenir, je caresse très peu de projets. Continuer le voyage intérieur, pèleriner à deux (avec toi qui me lis ?!) vers le Mont Athos quelques semaines. Vivre dans un ashram, un ermitage, un centre spirituel, en France (plus besoin d'aller en Inde, il y a en a partout de nos jours...). N'avoir que des bons moments, en compagnie de belles personnes (vous ?!), sans se prendre le chou ! Rester fidèle à mes amours de toujours : le yoga, la lecture, la musique, la Nature, vous qui me lisez et que je connais peu, mes quatre enfants, mon épouse avec qui, finalement, nous formons un bon couple depuis 33 ans. Le temps a fait quelques dégâts, la vie quotidienne a un peu usé des choses, les agacements mutuels ont grossi, on se déteste parfois, mais pas longtemps. On reste toujours complices. Entre nous, le courant passe. Elle est le pôle positif, je suis le pôle négatif. Celà fait de la lumière, et souvent des étincelles ! L'amour humain quoi.... L'intimité conduit-elle nécessairement à la connaissance de l'autre ? Montre-t-on jamais toutes ses facettes à l'être aimé ? A méditer....
Un super breton nous a quitté fin 2019. Révolté et attachant, il aura eu le destin d'un poète de la chanson française, entre bonheur et enfer. Comme moi, vous avez dû danser et flirter collé-serré sur son tube Ma vie, slow indispensable aux sensuels rapprochements des corps ! Adieu Alain Barrière.
En 2020, je vous souhaite la "sagesse" : le maximum de bonheur dans le maximum de lucidité (sacré boulot !). Et qui dit lucidité dit capacité à s'indigner, se révolter, dire non, dire oui. Je souhaite que votre esprit pétille, reste curieux, ouvert, disponible, à l'écoute. De rire, de pleurer, de vous émerveiller, d'être amoureux, un brin de folie douce, être vous-même tout simplement mais vraiment. De ralentir en tout et partout, laisser s'exprimer l'enfant qui est en nous. Et du soleil (surtout en 29 sud) !
"Meilleurs Voeux" pour vous, dans ce pays, la France, accablé de bonheur (et de râleurs).
Notre défi est celui de la clairvoyance. En 2020, laissons entrer la lumière....
Bises BZH,
Jacques
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