dimanche 27 décembre 2020

 Lettre décembre 2020 - 107eme -

Bonsoir, Bonjour



"La vraie promenade réunit en elle la paix de l'esprit
et la spontanéité de la vie."
L. Van der Kerken



   Obligés de porter notre "masque de zorro" presque toute la journée, il y a d'autres moyens d'entrer en communication avec l'autre. Nous pouvons revaloriser la force de la communication, ou celle du regard.... Je ne crois pas en une rupture, comme annoncée par certains pessimistes désenchantés, mais en un enrichissement, comme annoncé par certains optimistes réalistes. On ne peut pas s'en tenir à la peur. Perdre notre capacité à la joie, c'est perdre notre capacité à bien vivre ensemble. Le rire peut alléger les inquiétudes. Nous avons besoin les uns des autres. En tissant des liens les uns avec les autres, humains et non-humains. En développant des rituels collectifs. L'individualisme borné n'est plus possible (sinon on va tous crever !).

   "Qu'est ce que c'est, aimer ? Ce n'est pas s'enfermer dans la même maison, s'étouffer dans la même parole, s'assombrir dans la même histoire. Ce n'est pas remplir un vide, effacer une distance. Aimer c'est prendre soin de la solitude de l'autre, sans jamais prétendre la combler ni même la connaître." Christian BOBIN

   Touchons-nous les uns les autres, vous ai-je déjà dit de nombreuses fois. En ces temps d'épidémie, un toucher de qualité permet de renforcer... le système immunitaire ! "Ses effets sont d'ordre à la fois physiologique, bioélectrique et biochimique. Le contact physique, dans les câlins ou massages, stimule des récepteurs de pression situés sous la peau, et reliés au nerf vague - le plus gros nerf crânien qui a de nombreuses ramifications dans le corps. Or une activité vagale accrue calme le système nerveux, ralentit la fréquence cardiaque, conduit à des schémas de l'électroencéphalogramme propres à la relaxation. Elle réduit aussi le cortisol (l'hormone de stress négatif), préservant des cellules amies, dites tueuses naturelles, qui détruisent des cellules ennemies, virales, bactériennes et cancéreuses. Sans parler d'autres réactions chimiques, comme la libération d'ocytocine, l'hormone de l'amour, et de sérotonine, le neurotransmetteur qui réduit la douleur et la dépression ."  Merci Tiffany Field, fondatrice du Touch Research Instituteprof de pédiatrie, psychologie et psychiatrie à l'université de médecine de Miami.
   Alors, vous doutez encore après ça ?!

   Paroles pour le temps présent, puisque nous sommes en "guerre". "Je ne vois pas d’autre issue : que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu’il ne l’est déjà. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous même et pas ailleurs." Etty Hillesum
   Que nous dit cette jeune femme ? Que nous avons tous une part d'ombre, et c'est ce qui fait de nous des êtres équilibrés. "Etes-vous prêt à voir en vous le meilleur du meilleur et le pire du pire ?" nous invite Swâmi Prajnânpad.

   Le confinement change notre rapport au temps ; dans ce "temps long" chacun a plus facilement la disposition d'esprit et la concentration nécessaires pour revenir aux fondamentaux. Le couple travail-divertissement est alors remplacé par un besoin de profondeur, d'essentiel, d'initiation aux beautés et aux mystères du monde. Pour vous aussi ?....
   Paul Virilio, décédé en 2018, formulait dans un article écrit en 2006, des mots qui résonnent étrangement avec l'époque actuelle : "Les pouvoirs publics cherchent désormais à enfermer les gens chez eux." Du Covid, il aurait dit que c'est "un accident global qui favorise l'administration de la peur et la montée du désir de sécurité".
   A méditer... forcément... urgemment.

   D'ailleurs, j'en appelle urgemment au re-confinement rapide. Urgence absolue ! Et pourquoi donc me direz-vous ? Hé bien, dans le département où je réside, durant les deux périodes de confinement, nous avons eu une météo délicieuse, rare, bénie des dieux celtes. Du soleil, de la douceur, du bleu quasi tous les jours. Même le mois de novembre ! Et depuis début décembre où nous sommes "libérés" nous avons une météo de m.... ! Gris, pluie, vent ; gris, pluie, vent. Confinés, c'est le bon temps !


"Quelle est la richesse du moment présent ?
La richesse du moment présent est celle que je lui donne."
Jacques Castermane


Délivrez-vous ou enlivrez-vous :
"Précieuse solitude" Monique Castelain-Foret (seuls mais libres, créatifs et solidaires)
"Penser comme un arbre" Jacques Tassin, chercheur en écologie (on est là proches des livres de Peter Wohlleben)
"L'abondance frugale comme art de vivre. Bonheur, gastronomie et décroissance" Serge Latouche, économiste-philosophe
"Le bien-être sous l'eau" Arthur Guérin-Boëri (regroupe yoga, méditation et natation en une seule activité : l'apnée dynamique)
"Le Dieu pervers" Maurice Bellet (à relire de toute urgence : entre nostalgie de la perfection et culpabilisation de la sexualité)
"Poétique de la marche" Jean-Luc Le Cleac'h (un p'tit gars du Finistère !)

Sites
editionsletempsquipasse.wordpresse.com (auto-éditeur à soutenir = Pascal Rougé)
www.chilowe.com (jouer les microaventuriers)
lesagronhommes.com ( soutenir les "agronhommes")


"Méditer, c'est jouer le corps contre l'égo,
la respiration contre le mental,
l'immobilité contre l'agitation,
l'attention contre l'emportement."
André Comte-Sponville


   Étymologie du mot "spirituel" : souffle, souffle vital ! Je respire, donc je suis. Je suis, donc je respire. La pleine attention au simple va-et-vient du souffle peut être une expérience spirituelle. Pourquoi vouloir tout interpréter, analyser, décortiquer, mentaliser, alors qu'il suffit de sentir, de goûter ?.... L'expérience mystique est accessible à tout homme pour la seule raison qu'il est un être humain. L'expérience mystique devient alors "naturelle". C'est l'expérience d'une qualité. La qualité du numineux, chère à C.G. Jung. Un sentiment océanique, cette sensation de l'infini, hors de toute croyance religieuse structurée. D.T. Suzuki parle de l'expérience "édénique".
 
   En fait, c'est l'éveil à notre vraie nature : expérience d'une plénitude, d'un calme inconditionnel, d'un silence intérieur. L'expérience d'une confiance sans condition extérieure. Grand calme... impression d'être au centre de tout et détaché de tout. Donc... joie d'être dont je vous ai parlé dans ma Lettre de novembre. La boucle est bouclée !

Le seul danger serait en effet de se réveiller un jour
Avec une âme qui n'aurait jamais servi,
Une âme ensevelie de précautions,
Soigneusement amidonnée,
Repassée en quatre,
Mais qui tombe en poussière faute d'usage.
Car ce qu'il y a de pire,
C'est d'avoir une âme habituée,
Une âme tellement encroutée,
Tellement imperméabilisée,
Que la grâce roule sur elle sans rien mouiller,
Comme des gouttes d'eau sur la toile cirée.
Paul BAUDIQUEY

Je nous souhaite une respiration calée sur l'Invisible....
Nous sentir en ordre intérieurement... tout simplement en ordre (au moins de temps en temps).
"C'est extraordinaire de n'être plus au centre de sa vie" (Chantal Creusot) : mantra pour décembre.
Tout est humide comme la "tendresse divine" (en BZH, il y a beaucoup de tendresse divine !).
Souriez... vous êtes filmés !
Belles (tranquilles) fêtes de fin d'année sous le "couvre-vieux" national !
Jacques

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire