Lettre novembre - 129eme -
Bonsoir, Bonjour
"L'arbre du silence porte les fruits de la paix."
Proverbe arabe
Bon ! Mon témoignage "bouddhisme et perversité" a secoué pas mal d'entre vous. C'était son but. Merci pour vos nombreux retours, vos propres vécus positifs et négatifs. "Bouddha de lune, Bouddha de soleil", ainsi résumait l'enseignement du Bouddha un maître zen dont je ne me souviens plus le nom. J'ai la pêche, tout va bien : Bouddha de soleil. Je fais la gueule, c'est la cata : Bouddha de lune !
J'étudie le Yoga depuis 44 ans. Je l' ai enseigné 22 ans. Alors, une fois de plus je le répète : le but du Yoga (du Zen ou de n'importe quelle autre religion bien comprise) n'est pas de nous donner un corps sain, de nous permettre d'engranger des circonstances dîtes heureuses, de nous apporter richesse, gloire ou santé. Ca, c'est du capitalisme déguisé (donnant-donnant). Le but du Yoga, c'est de nous permettre de faire l'expérience directe que la maladie, la pauvreté et les accidents de toutes sortes ne sont pas des "occultations" du divin, des épreuves à traverser pour aller vers le "mieux" et pour grandir. "Le vrai but du Yoga, c'est d'expérimenter que ces choses dites "négatives" sont déjà, tout de suite, sans transformation aucune, la face cachée d'une dimension d'amour intelligent, entier et inaltérable. La pure conscience lumineuse est toujours là. L'intelligence aimante capable de créer de nouvelles situations et de nouveaux êtres à chaque seconde est toujours là. En moi. En vous. Et tout autour et à travers." nous dit Ariane Buisset.
Les différents chemins de yoga sont difficiles et demandent des efforts et des renoncements héroïques que seule une minorité d'êtres se sent prête à entreprendre. Le yogi n'est définitivement pas un homme, une femme, ordinaire. Il/elle est définitivement "branché.e" ailleurs. Il/elle est "branchée" au-dessus et au-dedans, et non en dessous et en surface. Le yogi n'est-il pas "celui qui grimpe", "celui qui laboure son propre champ" ? "Plus on avance, plus on doit devenir vigilant" nous rappelle Mère. Et la qualité la plus nécessaire c'est la persévérance, l'endurance et une sorte de bonne humeur intérieure qui fait que l'on ne se décourage pas, que l'on ne s'attriste pas et que l'on fait face en souriant à toutes les difficultés. Facile à dire, facile à écrire !
L'homme est un être de transition : il n'est pas fini, il n'est pas vraiment l'Homme. Il est quelque part entre l'animal et... ce qu'il n'est pas encore. Il est perpétuellement mécontent justement parce qu'il n'est pas terminé, pas parfait. Le yoga va du temps à l'éternité. En calmant notre conscience, il parvient à ralentir le temps et parfois même à l'arrêter. Le Yoga propose un système de valeurs fondé sur l'homme et non sur l'argent. Tout est là. Pourtant il a existé une occidentalisation du Yoga. Pour le rendre plus proche de nous, on a tenté de le simplifier et de le changer. Simple technique anti- stress ?... La dimension spirituelle est favorisée par la pratique régulière du yoga, mais elle met du temps à devenir consciente. On s'occupe d'abord des urgences vitales et parfois il faut traverser une crise d'émergence spirituelle ou une période de dépression avant de ressentir notre besoin d'infini. Le yoga nous apprend le partage et la non-avidité. Et tant d'autres choses. Pratiquons !
De nouveau une brillante enquête qui tente de cerner les fondements du courant de la psychologie positive, sans jamais prendre parti : " Le Business du bonheur " sur Arte replay.
Comment vaincre le mal... en nous - même ? Ce combat spirituel ne se joue pas à l'extérieur, mais bien au plus intime de nous - même. Une lutte que chacun mène contre ses mauvais penchants. Nous en avons tous, toutes. Moi le premier ! Trop souvent nous nous dispensons de voir en quoi la question nous concerne. Se cacher à soi-même ses fautes et se focaliser sur celles des autres est une tendance naturelle. Il s'agit de gagner en vérité sur soi-même en quittant la posture de la bonne conscience qui n'a rien à se reprocher. Nécessaire lucidité. Sommes-nous vraiment "impeccables" ?... Or, le mal, je ne le subis pas seulement, il m'arrive aussi de le commettre, même sans le vouloir vraiment. Ne faisons-nous pas tous l'expérience de cet abîme entre ce que nous sommes et ce que nous voudrions être ?
Le mal ne nous est pas qu'extérieur. Il s'étend jusqu'à l'intime de notre être. Nous le portons tous en nous. Plutôt que de nier cette réalité, regardons-la en face. Dans le champ de notre cœur, il y a du bon, mais aussi de l'ivraie. Il nous faut donc travailler les trois plans : psychologique, éthique et spirituel. Guérir de nos blessures, nous éduquer aux vertus qui nous transforment et nous rendent meilleurs, et enfin nous "convertir" à plus grand que notre "petit-moi". Ainsi nous gagnerons en liberté. A l'égard de nos pensées, sensations, émotions, ruminations, souvenirs,.... C'est le labeur de toute une vie ! Un combat... spirituel. Un chemin de conversion vers la lumière sur nos ténèbres, la vie sur la mort, le bien sur le mal. La guerre ne tonne pas que sur les champs de bataille. Ses lignes s'étendent en nous et entre nous, dans nos familles, nos lieux de travail, nos associations.... Construire la paix au quotidien : comment ? En choisissant la paix, en faisant notre part, en étant en paix avec soi - même. Bon courage !
" Il est difficile de dire la vérité, car il n'y en a qu'une,
mais elle est vivante, et a par conséquent un visage changeant."
Franz Kafka
Enlivrez - vous :
"Et le bien dans tout ça ?" Axel Kahn (quel plaisir de l'avoir accueilli à Quimper... "Pour moi, l'esprit est immanent. L'incroyable capacité des esprits humains, leur communion, la capacité à embrasser la beauté du monde... cela me fait frémir et pleurer." nous dit-il)
"Ce qu'il faut de nuit" Laurent Petitmangin (Un roman fort, qui résonne et donne å penser.)
"Et recoudre le soleil" Gaëlle Josse (de courts textes qui dansent sur la page. Des moments de vie qui vous attrapent l'âme.)
"Qui sauver ? L'homme ou le chien ?" Jacques Ricot (sur notre rapport animal / humain)
"Dictionnaire de l'impossible" Didier Van Cauwelaert
Sites
www.philia-asso.fr (à Quimper et ailleurs...)
https://kaz.bzh/ ( une alternative aux Gafam)
jardin-sec.com (font pousser des plantes sans eau)
www.lustrac-en-transition.coop (initiative à soutenir, merci)
"Fragments" Grazzia Giu (voix à fleur de peau, compositions qui vont droit à l'essentiel = superbe)
"Les micro-siestes acoustiques" Bastien Lallemant (étonnant sentiment de plénitude...)
"Entre eux deux" Melody Gardot & Philippe Powell (comme un rendez-vous auquel on se rend, le coeur au printemps, avec des envies de légèreté et de séduction. J'adore tout chez Melody Gardot...)
"Ma délire" Myriam Gendron (folkeuse canadienne, cet album est une perle rare, indestructible)
"Gabriel Fauré - Complete songs" Cyrille Dubois / Tristan Raës (transmet toutes sortes d'émotions, piano osmotique, grâce et éloquence, comme le chant du ténor CD. Duo en osmose)
"C'est la profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique.
Celui qui ne sait rien croit enseigner aux autres
ce qu'il vient d'apprendre lui-même.
Celui qui sait beaucoup pense à peine que ce qu'il dit puisse être ignoré,
et parle plus indifféremment."
Jean de La Bruyère
Dans notre pays, dans notre société, dans notre monde, que voulons-nous sauver ? Une abondance de biens et de services ou une vie bonne ? Un monde vivable pour tous ou la liberté pour certains de circuler en jet privé ? Je vous le demande... L'humain vire - trop souvent - au loup à la seconde où il accède au pouvoir. Gast ! Extinction ? Rebellion !... Comme le dit Jacques Vigne : « Quand on connaît ses limites, on devient sans limites ! » Alléluia !
L'humanité et la grâce. Saint Thomas d'Aquin conseille cinq remèdes bien humains contre la tristesse, qui parfois nous envahit : accomplir quelque chose qui nous fait plaisir, pleurer à chaudes larmes, partager sa peine avec un ami, contempler la vérité ou encore... prendre un bain et dormir ! Notre besoin de consolation est universel.
Dès notre naissance, nous avons dû conjuguer le verbe perdre. Perdre nos moyens, perdre notre innocence, notre emploi, notre virginité, nos amis, un enfant. Perdre nos illusions, aux jeux, perdre notre latin, notre pantalon, nos cheveux. Perdre la vie, son temps, son argent, la foi. Perdre la tête, ses dents, un être cher, etc. En fait, à chaque fois que nous perdons, nous gagnons. Suivez mon regard...
Régulièrement quand je tape sur mon clavier Bonjour apparaît Bonjouir ! Acte manqué ? Ou réalité vraie ? Je sais : jouir est un gros mot au regard de notre éducation catho, ou autre religion bien pensante. Mais il n'empêche que jouir est de notre devoir d'être humain. Nous sommes ici-bas pour jouir... de la vie pleine, bonne, offerte, ouverte. Par nos cinq sens, nom d'un pangolin ! Le paradis se trouverait là : au cœur de nos cinq sens. Jouir par la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher. Il est vrai que quand nos sens sont mobilisés, le commun des mortels dit qu'il jouit ! D'une musique, d'un met, d'une caresse, d'une vision, d'une odeur. Regardons, touchons, humons, écoutons et savourons la profondeur de la vie. C'est, entre autres, ce que nous a rappelé le pianiste-conférencier atypique et attachant Marc Vella, le mois dernier, lors d'une soirée réjouissante en Finistère sud. Que nous étions créés, ici-bas, pour jouir, et nous réjouir. Alors... jouissons... nom de Dieu ! (hou la la, je vais pas me faire que des amis !)
D'où vient cette énergie quand je danse, seul ou en groupe, chez moi ou lors d'un concert, d'une soirée ? Peut-être avant tout de mon corps.Grâce à la mélodie qui éveille mon âme, me donne des émotions, réveille cette énergie de vie en moi. Énergie qui vient aussi des autres, quand ils me touchent, sourient. C'est la joie d'être ensemble. Danser, c'est aussi s'oublier, renoncer à son petit ego, s'abandonner, se laisser traverser par une énergie autre. Dans toutes les cultures, musique et danse sont associées au sacré ! La musique nous transporte... ailleurs... puissamment. Vous manquez d'énergie ? Alors, dansez ! N'oublions pas que dans notre vie intra-utérine, notre monde, alors, n'était que rythmes et sons...
" Comment élargir la rationalité pour qu'elle devienne généreuse, poétique, excitante, contagieuse ? Afin de ne pas ouvrir des boulevards au populisme scientifique..." nous demandait Etienne Klein lors de sa conférence à Quimper l'hiver dernier. Nous vivons tous dans un océan de préjugés. A méditer...
Avez - vous essayé la marche méditative pour redécouvrir la ville et... soi - même ?
Un grand pèlerin intérieur écolo vient de nous quitter. Re-lisons Bruno Latour, théoricien majeur de la crise écologique, qui portait il y a peu une parole prophétique face à un changement devenu inéluctable : " Ça ne va pas "passer". Il va falloir s'y faire. C'est définitif." Ses derniers ouvrages : "Face à Gaïa", "Où atterrir ?", "Mémo sur la nouvelle classe écologique".
Depuis 129 mois que je vous écris, mon but reste le même : nous inviter à penser, à douter, à chercher.
Bises bretonnes,
Jacques
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