jeudi 2 mars 2023

 Newslaitue février - 132eme -

Bonsoir, Bonjour

" Les mots sont des accumulateurs d'énergie."
Alain Rey

   Quelques points de vue 2023 du lucide et gai centenaire Edgar Morin, inspirés de son livre "Attends-toi à l'inattendu" : " Les hommes vivent avec trop d'incompréhensions et de malveillances. Il est très difficile d'apprendre à vivre. Je me sens surtout seul dans la multitude. J'ai découvert bien tard que j'ai suivi ma voie toute ma vie. Pourquoi le monde, la vie, l'humanité, moi ? Pourquoi, pourquoi ? Soyez bienveillants et compréhensifs. A force d'oublier l'essentiel pour l'urgence, on oublie l'urgence de l'essentiel. "
Votre ennemi préféré ? Moi - même. 
Un malentendu fondateur ? Celui avec ma famille. 
Un hasard heureux ? Les périodes de bonheur. 
Une phrase qui vous a marqué ? " La vraie vie est absente ". 
Ce qu'on vous reproche ? D'être qui je suis. 
Un pur moment de bonheur ? Ils arrivent à l'improviste."

   Plusieurs d'entre vous me suggèrent régulièrement d'écrire un livre : Quand est-ce que tu écris un livre? Pas le xieme livre de développement personnel, mais le livre de Jacques : sympa, rigolo, vivant, enthousiaste, spirituel, qui fait réfléchir, un livre tout comme toi." Merci, c'est sympa de penser à moi. Mais pour écrire quoi... de nouveau ? Tout, absolument tout a déjà été dit et écrit depuis des siècles et des siècles. Nous avons ce tout à notre portée. Suffit de quitter les écrans et d'ouvrir un livre. Depuis 132 lettres que je vous écris, j'ai cité quantité d'auteurs tous plus réjouissants les uns que les autres. Y'a qu'à se servir ! Tout est là, disponible. Suffit de nous arrêter, nous asseoir, ouvrir les pages. Nous laisser saisir par les mots. Et nous réjouir. La seule réponse que je peux vous offrir, est de vous transmettre mes 132 lettres précédentes, qui sont "au chaud" dans mon ordi. A elles seules, elles disent tout de moi, de mon être, de mon parcours de vie, de ma singularité, unicité, universalité. Alléluia !

   Petite philosophie taoïste. Le sage Tao est clair : " Qui possède la voie ne s'y risque point." L'Evangile nous dit : " Qui veut gagner sa vie la perd." Le Sage Tao ne cherche pas à monter un coup fumant, il n'a pas d'oreille pour le fameux " gagner sa vie en la perdant ". Le sage Tao n'a pas d'attirance pour la perte, le poker mystique. Il n'a pas d'attirance non plus pour l'esprit de conquête. Le triomphe, quelle illusion ! L'humble ne cherchera donc pas à faire son intéressant tant il est vrai que l'"école du dao" se montre redoutable à la mise en boîte du petit prétentieux, comme sont ces Européens si exaspérants. 

   Tâchons plutôt de prendre de la graine tao au lieu de jouer au monsieur qui sait mieux que tout le monde, sous la conduite d'un mode de pensée rodé par des millénaires de pensée calme et concentrée. C'est l'expérience rigoureuse de l'imprenable. Comment entrer dans un monde qui n'est pas un monde ? Comment habiter un lieu qui n'en a pas ? Et n'allez pas croire que cette espèce de vide n'est pas capable de se remplir. Le dao désigne le centre pur - s'il était une métaphore, il serait une fleur sublimement discrète (ça nous rappelle Bobin !). 

   Une constante : le dépit, la déconvenue. Le tao cherche à décevoir, car la déception prépare le ravissement. Pas d'effusion narcissique, trop lourdingue. Mieux vaut la déprise de soi. L'ego européen est encombré de lui-même. Un abîme sépare le Narcisse européen du point de vue taoïste pour qui le narcissisme est un non-sens. Aux yeux taoïstes, rien de ce qui concerne le sort de la personne n'a la moindre consistance ! (Michel Crépu, Télérama du 07/12/2022)
   Et paf pour notre moi-je qui se prend pour "quelqu'un" à longueur de journée....

   De l'ami Souchon" On nous fait croire... que le bonheur c'est d'avoir... d'avoir plein nos armoires...". L'essentiel serait dans le dépouillement, le minimum vital, la qualité pas la quantité. Alors, cet hiver, vidons nos armoires, greniers, placards, dressings, bibliothèques,... pour ne garder que l'essentiel. Small is beautiful ! Comme nous dit la sagesse bouddhiste : " Les objets vous appartiennent jusqu'à ce qu'ils vous possèdent." A méditer.
   Un autre cœur fragile de 76 ans : " La chance, ça n'existe pas. Ce sont des mots que l'on invente pour rouler les gens dans la farine. Le cancer du monde c'est l'argent. Trop en ont trop et d'autres pas. Je m'entends très bien avec le bon Dieu, mais seulement avec lui, pas avec les curés. La vie est révoltante, mais on ne joue pas avec le malheur. C'est ce que fait Marine Le Pen : jouer avec le malheur des pauvres gens. Je suis né libre, autonome et suspect." nous confesse l'auteur de Capri c'est finiHervé Vilard.
   " Pour mes concerts, je ne me déplace plus qu'en bus, fini l'avion." Neil Young n'a rien perdu de sa flamme qu'il met au service du climat dans son quotidien. Et nous, peut-on en dire autant ?

   Vivre, c'est renoncer. " Tout au long de notre vie nous quittons, nous sommes quittés et nous renonçons à une grande part de ce que nous aimons. La perte est le prix de la vie. C'est aussi la source de presque tous nos progrès et nos gains." nous confie Judith Viorst dans Les Renoncements nécessaires. Qu'en pensez-vous, vous ?
   "Je vous le dis, il faut porter en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis, vous portez en vous le chaos. Là où le goût te pousse, la vie sera. Ce qui doit tomber, il ne faut pas le retenir. Il faut encore le pousser. La croissance et le chaos ont quelque chose à voir. La Terre a une peau et cette peau, des maladies ; une de ces maladies s'appelle l'homme. Veux - tu avoir la vie facile ? Reste toujours près du troupeau, et oublie - toi en lui. Tu dois devenir l'homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi - -même. Ce n'est pas le doute mais la certitude qui rend fou." 
   Ainsi parlait Nietzsche. Om Shanti !

Un frisson d'hiver
À tâtons dans la brume
Laissez - moi danser
Anne - Laure


Mahmoud Darwich



Des livres et moi :
"Histoire du repos" Alain Corbin (par l'historien du sensible... "C'est dans les moments de repos que l'on sait à quoi on pense." Alain)
"Une légère oscillation" Clément Baudouin (la révolution épatante d'un apprenti yogi)
"Et le ciel m'est rendu" René Guy Cadou (l'un des plus grands auteurs lyriques du 20eme siècle, mort à 31 ans. Un charme irrésistible...)
"Qu'est-ce qu'une vie accomplie ?" François Galichet
"Toucher le vertige" Arthur Lochmannphilosophe et charpentier

Sites
www.ecomail.fr (lettres vertes et vertueuses...)
https://leroycathy.blogspot.com (en Finistère sud)
jeparticipeaubigbanque.fr (pour une banque éthique)
derniers-secours.fr (super formation pour affronter notre finitude)
grainmagazine.fr (en Finistère sud)

Musiques
"Letter" Sofiane Pamart (dingue le don de ce gars-là !)
"In Cinerama" April March (disque solaire, tapis de cordes, chœurs euphoriques = un continent à visiter...)
"Touch the lock" UTO (pop céleste, un penchant pour les voyages intérieurs. On embarque ?...)
"When the lights go" Teed (ce n'est pas tous les jours qu'on entend une telle voix, mélancolique et délicate, nous touchant si facilement, sans artifices)
"World Spiritualy" Alhaji Waziri Oshomah (le vivre-ensemble africain)


" Je veux faire comprendre que personne n'est ce qu'il est sans l'autre.
Sans possibilité de donner et de recevoir, personne n'existe.
C'est la clé fondamentale pour l'humanité. "
Axel Kahn

   Une bonne nouvelle, car il y en a. D'ici à deux ans, une start-up française estime pouvoir proposer aux villes de s'éclairer grâce à la luminescence végétale, la lumière des plantes. Elle est pas belle la vie ?!

   De notre "voix intérieure". "... C'est la fameuse "petite voix", si intime, et qui semble se démultiplier jusqu'à l'impression d'écouter quelqu'un d'autre parler dans notre tête ou notre cœur. C'est aussi la voix qui résonne parfois dans notre intimité quand nous cherchons une réponse introuvable ou informulable à quelque difficulté de l'existence, à des questions si profondes, aux limites de la honte, de la culpabilité, et qui touchent à notre propre stabilité ou gravité sur terre, parmi les autres. 
   Notre voix intérieure ne parle pas. Elle bruisse dans un profond silence. Elle nous fait entendre l'impossible voix de notre humanité, celle qui résiste en deçà des mots et des raisons, qui nous rappelle humblement à notre devoir de nous interroger, de nous émouvoir, de nous remettre en cause. Pour rester vivant parmi les vivants.
   Tant que nous entendrons cette voix-là, discrète et profonde, nous demeurerons à la tâche : celle d'exister les uns parmi les autres. C'est une voix en-deçà de la morale ou des convictions..." Frédéric Boyer, écrivain.
   Vous l'écoutez, vous, parfois, votre "petite voix intérieure", comme l'appelle Eileen Caddy, la fondatrice de la communauté de Findhorn ?

   " La femme est l'avenir de l'homme " chantait le poète Jean Ferrat. Vrai ou faux ? Je vous laisse méditer la chose. Perso je préfère " Le féminin est l'avenir de l'homme ". A méditer aussi.
   D'après un certain nombre d'enseignants, lfruit de la méditation est celui de l’Esprit selon Paul dans la lettre aux Galates : « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi » (Ga 5.22). Nos proches s’en apercevront sans doute avant nous ! D’autres bénéfices collatéraux sont possibles : aide à la concentration, bénéfices physiques, etc. Mais ils ne sont pas le but recherché.
   Perso - entre nous - j'en suis loin encore de l'amour inconditionnel, de la joie permanente, de la patience à toute épreuve, de la bienveillance en toutes situations, de la bonté même avec les cons, la fidélité ça c'est ok pour moi, la douceur aussi j'ai fais des progrès, quant à la maîtrise de soi on repassera ! Bref, vous l'aurez compris, je me soigne....

   " Je n'ai pas d'enfants, je ne regarde pas la télévision et je ne crois pas en Dieu, toutes sentes que foulent les hommes pour que la vie leur soit plus facile. Les enfants aident à différer la douloureuse tâche de se faire face à soi-même et les petits - enfants y pourvoient ensuite. La télévision divertit de la harassante nécessité de bâtir des projets à partir du rien de nos existences frivoles ; en circonvenant les yeux, elle décharge l'esprit de la grande œuvre du sens. Dieu, enfin, apaise nos craintes de mammifères et l'insupportable perspective que nos plaisirs prennent fin un jour.
   Si dans notre univers, il existe la possibilité de devenir ce qu'on est pas encore... est - ce que je saurai la saisir et faire de ma vie un autre jardin que celui de mes pères ? Ce qui est beau, c'est ce qu'on saisit alors que ça passe. C'est la configuration éphémère des choses au moment où on en voit en même temps la beauté et la mort.
   Est-ce que c'est comme ça qu'il faut mener sa vie ? Toujours en équilibre entre la beauté et la mort, le mouvement et sa disparition ? C'est peut-être ça être vivant : traquer des instants qui meurent. " 
   Muriel Barbery dans " L'élégance du Hérisson "... Pures lucidités ces paroles, n'est-ce pas ?

   Deleuze disait : " Les pouvoirs ont moins besoin de nous réprimer que de nous angoisser, ou, comme dit Virilio, d'administrer et d'organiser nos petites terreurs intimes." Comme moi, vous devez constater un virage sécuritaire de nos sociétés dites libérales. On manage les Français comme un patron manage des salariés. On fait de l'injonction morale, de la culpabilisation.En temps de crise, les impératifs de rentabilité, d'efficacité, nous font basculer dans l'autoritarisme. La peur est un facteur qui paralyse l'esprit critique. René Girard décrit l'inconscient persécuteur dans les populations qui se réveille à chaque crise : on a besoin d'un bouc émissaire ou d'une sorte de victime sacrificielle, lesquels sont souvent des innocents (étrangers, migrants, minorités, marginaux, anrs, etc)
   Où sont les libertaires, nom d'un pangolin ?

   Le sucre, c'est comme la liberté, une fois qu'on y a goûté, on en veut toujours plus !
   Quand on les pousse avec son cœur, les portes s'ouvrent...  
   Gardons notre regard d'enfant, sans cesse émerveillé, éternellement révolté. 
   La croyance est un renversement poétique de l'ordre des choses : " La vraie partie se joue ailleurs". 
   Je viens d'avoir 65 ans et je me languis de retrouver " notre père qui est aux cieux "... 
   La vie est un conte de fous...
   Bises d'hiver, et encore " Meilleurs Voeux 2023 " !
   Jacques

NB : Création d'un "groupe de parole" autour des écrits de Christian BOBIN
        Inscriptions en cours
        Démarrage en mars, à Quimper.

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