dimanche 2 avril 2023

 Newslaitue mars 2023 - 133eme -

Bonsoir, Bonjour


" Ecoute le vent, il chante.
Écoute le silence, il parle.
Ecoute ton coeur, il sait."
Proverbe amérindien


    Une émouvante question de grammaire. " Tu te plains souvent de n'être pas ou peu compris des autres, mais es-tu suffisamment toi-même ouvert à la compréhension d'autrui ? Ce n'est pas si simple. Nous avons toujours l'innocence d'imaginer que c'est à l'autre de faire l'effort de nous comprendre.
   Comment espérer être compris par autrui si tu ne fais l'effort de t'entendre ? Si nous voulons être compris, entendu, nous devons aussi nous laisser être compris. Une forme active d'abandon de soi, ou de don de soi, pour que la compréhension se fasse. Je me donne à toi pour que nous nous comprenions.
   Désirer être compris exprime toujours un autre désir : je ne me comprends pas moi-même si tu ne viens pas à mon secours. Et réciproquement, je ne te comprends pas si je ne fais pas l'effort d'être compris, et si nous n'assumons pas la dimension réciproque de notre désir singulier et réfléchi."
   Belle réflexion toute en douceur de Frédéric Boyer, écrivain.

   Un autre que j'apprécie bien. " Avec le Goncourt, je suis monté plus haut. Ça me donne l'occasion de gueuler plus fort. Je souffre beaucoup de voir que des convictions de gauche, il y a dix - quinze ans, sont qualifiées aujourd'hui d'extrême gauche. Ce glissement des plaques tectoniques de la politique me trouble beaucoup. Tout s'est déplacé vers la droite. Fondamentalement, le marqueur de la gauche pour moi, c'est la justice sociale. L'engagement premier, c'est le partage des richesses. C'est la clé de tout, le verrou à partir duquel tout est possible ou rien ne l'est. En-deçà, tout peut devenir nocif ; au-delà, tout peut commencer à devenir vertueux. L'écart abyssal actuel entre les plus riches et les plus pauvres est intenable. On danse sur un volcan." Signé Pierre Lemaitre, prix Goncourt.

   Une autre, toute aussi lucide : " Le nerf de la guerre, c'est le fric et le fric, j'en ai pas, j'en ai jamais eu. D'ailleurs je vous remercie tous car en ce qui me concerne, grâce à vous, à la solidarité, je suis au minimum vieillesse." lâche Annkrist lors de son concert à Douarnenez fin janvier dernier. 
   Comme dit la chanson : " Le fric, c'est chic ! "... mais soit-dit entre nous ça pue, ça tue les relations humaines, ça rend fous les humains avides de pouvoir. Perso, je n'en ai jamais eu. Aucune économie, aucun livret épargne, aucun parachute doré, aucune bouée, aucune assurance tous risques, aucun héritage familial, rien de rien ! Une allocation retraite minimum, pour un maximum de bonheur brut, immédiat, au jour le jour car TOUT est là, l'abondance sobre et heureuse, à notre portée. Suffit de sourire, de s'ouvrir, de dire merci. Moins on possède, plus on devient authentique. Ou comme dit Bobin : " Plus on s'approche de la lumière, plus on se connaît plein d'ombres." Om Shanti !

   Coup de gueule politique. L'évaluation au travail. Comme moi, vous avez constaté qu'une quantité d'organismes nous demandent d'évaluer leurs salariés, suite à un contact, un service rendu. Dieu que voilà une perversité déguisée qui sent le soufre ! Tout le monde évalue tout, tout le temps et quelle que soit sa position. On aboutit à des comportements déviants et contre-performants chez les salariés qui vont tricher pour rentrer dans la grille ou qui vont focaliser leur travail uniquement sur ce qui est évalué. 

   " L'individualisation de l'évaluation met les gens en compétition et finit par détruire toute notion de collectif au travail. Et pourtant cette dernière ne se développe pas sans notre complicité. Être évalué vient flatter notre narcissisme, nous pensons en avoir besoin pour être reconnus, voire pour nous poser en modèle par rapport à l'autre. Derrière, il y a la promesse de la reconnaissance. Mais la vérité, c'est que notre soif de reconnaissance n'est jamais apaisée avec l'évaluation qui nous fragilise sans cesse." nous avertit Bénédicte Vidaillet, psychanalyste.
   Ainsi... svp... cessons d'évaluer à partir d'aujourd'hui. Merci pour eux !

   " La foi est un enfant qui n'accorde aucun repos. (...) Elle est un enfant rebelle, vulnérable autant que téméraire, méditatif autant qu'aventurier. (...) Un enfant plus léger qu'un brin de paille - un rien suffit à la faire s'envoler, disparaître - et aussi lourd que le monde. Un enfant à porter à bout de bras, jour après jour, à bout de soi, jusqu'à son dernier souffle." Sylvie Germain
   Alors, si, comme moi, vous êtes cet enfant rebelle, vulnérable, téméraire, méditatif, aventurier et léger, bienvenue au club ! Je suis entré dans le monde dit adulte à 16 ans et demi, pour travailler. A 65 ans depuis quelques semaines, je peux dire que je ne suis jamais devenu un adulte tel que le définit notre société française. Je suis comme un poisson dans l'eau en compagnie des enfants. Dans l'univers adulte normalisé (même bio !), je m'ennuie, je m'assèche, je fuis ! Comprenne qui pourra....
   Je suis Verseau ascendant Verseau : " Je suis l'Eau de Vie destinée à ceux qui ont soif ".

« Voir un monde dans un grain de sable,

Un ciel dans une fleur sauvage,

Tenir l’infini dans la paume de la main

Et l’éternité dans une heure. »

William Blake


Enlivrez - vous
"Fragilité" Jean-Louis Chrétien (ainsi que La Joie spacieuse)
"De chair et de fer. Vivre et lutter dans une société validiste" Charlotte Puiseux (docteure en philosophie, spécialiste du mouvement Crip, elle travaille sur les questions de validisme, d'handiféminisme, d'handiparentalité. Une "belle" personne !)
"Le Procès de la chair" David Haziza (halte au puritanisme ! Invoque le retour du désir... de l'intelligence charnelle, de la sensualité qui nous rend plus "vivants". Une grande claque amoureuse !)
"Heureux les sobres" Loïc Laîné
"Les vies autonomes, une enquête poétique" Clara Breteau

Sites
www.ecouteetpartage.fr (super association hyper ouverte, bref on les adore !)
bonnevauxwccm.org (un lieu à découvrir en Poitou)
change-de-banque.org (les plus grandes banques françaises ont versé quelque "350 milliards de dollars en soutien au charbon, au pétrole et au gaz" depuis l'accord de Paris en 2015... changez de banque pour le Crédit Coopératif par exemple)

Musiques
"Ora Blues at the Chapel" Grant Haua (l'aura d'un grand du blues maori, une émotion qui hérisse...)
"Blossom" et "Journey home" Madeleine Besson (une voix et un swing super !)
"Unfolding" Pamina Beroff Quartet (chanteuse de jazz, autrice-compositrice française, une voix magnifique)
"This Is Real" Thomas Kahn (une voix de l'âme, de la soul d'une très grande classe, qui nous vient de Clermont-Ferrand)
"Ytilaer" Bill Callahan (plein d'humanité et de tendresse, se révèle un disque bouleversant, où il fait bon se réfugier)


" Pas trop de maîtrise de soi.
Il faut laisser à l'âme la grâce de ses mouvements.
Je préfère quelques légers défauts à l'orthopédie de la perfection.
Je le préfère pour le coeur et le style."
Marie-Noël, Notes intimes


   Comment surmonter la rivalité féminine ? Nourrie par une misogynie intériorisée, la rivalité féminine gangrène les relations du quotidien. A l'ère de la sororité, de plus en plus de voix s'élèvent pour briser le tabou. Dont celles d'Elisabeth Cadoche et Anne de Montarlot, journaliste et psychothérapeute, coautrices de En finir avec la rivalité féminine. Alors... Mesdames... faîtes l'amour pas la guerre, quoi !
   Comme nous y invite Christophe André : " La vie est faîte d'adversités et de belles choses. Il ne s'agit pas de nier l'adversité mais de l'affronter via les belles choses."

   Je réside depuis 35 ans dans une région top niveau culture tous azimuts, vie associative, échanges tous horizons, solidaire et fière, parfois libertaire, et toujours poétique et artistique. Et pourtant... la Bretagne est la région de France la plus touchée par le suicide. Celle-ci comptait 21,8 suicides pour 100 000 habitants et chez les plus de 10 ans. Avec deux décès et vingt tentatives par jour en moyenne (chiffres Santé publique France en 2017, non réactualisés)
   Gast ! Qu'est-ce qui se passe à l'Ouest ?...

   Le mois dernier, je vous ai parlé rapidement de ma nostalgie du Très-Haut, d'un "autre ciel". Comme beaucoup d'entre nous ici-bas, je me sens condamné à l'exil. Nous vivons sur une terre qui n'est pas la nôtre. Nous y sommes étrangers (on me l'a souvent fait sentir). Tel est le sens du mot pèlerin. Nous sommes des hommes voyageurs, des hommes en marche (sans allusion aucune à notre président !). Et nous marchons vers un paradis perdu, mais non pas oublié. Ce qui rend le départ nécessaire - pour un pèlerinage ou une rando longue par exemple - c'est cette nostalgie et cette insatisfaction qui nous habitent et qu'une faille creusée en nous révèle un jour. Il nous devient alors impossible de rester dans notre routine. " Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père. Puis va dans le pays que je te montrerai " (Genèse 12, 1).
 
   Comme Christophe André, je suis un anxieux à tendance dépressive, et comme lui, je me soigne depuis longtemps. Soyons bons et doux avec nous - mêmes.
   J'ai eu la chance d'écouter Paul Ricoeur en conférence à Quimper. Il nous enseignait que les réponses simplistes sont toujours fausses (ça c'est pour les complotistes !), que le réel doit sans cesse interroger les principes, que la remise en cause des idées est infinie. Cette incertitude permanente, ces questions toujours reposées me conviennent.

   Quand nous sommes touchés, parfois, par la grâce, est - ce cela que nous appelons les miracles ?
    Comment concilier la " fin du monde " et la " fin du mois " ?! Je vous le demande...
   La curiosité est la vertu la plus insolente. Alors, continuons à être curieux.
   Mieux vaut passer pour un original que pour une photocopie !
   
   L'amourwhat else ?
   Belle entrée dans le Printemps à chacun.e,
   Jacques

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