Lettre juillet 2024 - 149eme -
Bonjour, Bonsoir
" Les choses ne sont pas telles que nous les voyons,
mais telles que nous sommes."
Anaïs Nin
Ce qui manque à l'amour. Entre l'amitié et l'amour, il n'y a qu'un pas... mais il faut parfois des années pour le franchir. Frontière ténue, audace de la vérité, pouvoir de l'incertitude. Introspection contemporaine bouleversante. Il est si facile de passer à côté de la vie... car bien souvent, nous préférons nos fantasmes aux êtres de chair qui nous entourent. A méditer.
Faut-il pleurer pour comprendre la vie ? Je n'en suis pas sûr. Comprendre quoi d'ailleurs ? La seule chose claire, c'est l'importance de vivre ses émotions, belles ou moins belles, de rencontrer des gens, de voir le monde, pour comprendre, sinon la vie, du moins la façon dont chacun de nous y est attaché. La conscience habite tout le spectre du vivant. Elle habite chacune de notre million de milliards de cellules. Quand quelqu'un dit Je t'aime, ou croit en Dieu, ces émotions et pensées sont elles-mêmes issues d'un dialogue cellulaire... qui va finalement déboucher sur ce qu'il est convenu d'appeler conscience.
Accepter que tout disparaîtra, c'est devenir sage ! A nous de jouer...
Ou autrement dit : " Il faut supporter la solitude, surmonter sa propre froideur. Il faut creuser profondément pour parvenir à savourer, au fin fond de la solitude, le goût suave de la vie qui suinte. " nous éclaire le moine poète mendiant japonais Santoka dans Paysages d'herbes folles.
Brûle
Brûle et n'aie pas peur de brûler
La vie est longue
Courte aussi
Et les feux sont des alliés sur la route
Contemple les hauteurs nouvelles
Écoute les sons inconnus et les lumières fantomatiques
Brûle la terre et le ciel et la nuit et le jour aussi
Pour découvrir ce qui se cache sous les choses
Brûle, aime, et sois patiente mon ange
J'ai cousu des armes au revers de ta chemise
Des armes muettes qui agissent comme des capteurs de feu
L'amour au creux de ta paume
Déposé un jour de tempête
De grands trésors sont à même la tristesse
pour qui sait chercher
Embrasse la nuit et tu verras naître l'aube entre tes bras
L'azur
Et les premiers cris des oiseaux
Clara Ysé, Vivante
Un peu d'humour post élections, glané dans mon quotidien :
" L'heure est grave, il serait peut-être temps de jeter les ambitions personnelles dans le tout-à-l'ego. " ;
" On n'aura jamais assez de pop-corn pour suivre toute cette campagne." ;
" Y'a quand même des renaissances qui ressemblent à des reliques, des reconquêtes qui ressemblent à des croisades et des rassemblements qui divisent." ;
" Les précédentes élections l'ont prouvé : il y a un monde bien plus vaste en dehors de Twitter. C'est celui-là qu'il faut convaincre."
Comment réagir face aux séries noires de la vie ? Les résultats des élections Européennes et du premier tour des Législatives en sont des exemples ! Contrôler l'inattendu n'est pas possible, lui donner du sens, si. La façon dont on raconte ce qu'on vit nous conditionne. Le malchanceux est celui qui ne sait pas quoi faire de ce qui lui arrive. Les chanceux, au contraire, décident, quoi qu'il arrive, d'en faire quelque chose. Ils vivent aussi des choses difficiles, mais ils choisissent de créer à partir de ça. Que peut-on "faire" de nos galères ? Qu'est-ce qu'elles me disent, m'apprennent, me rappellent ? Quelles émotions accompagnent cette épreuve (politique...) ? Doit-on tenter de contrôler l'imprévisible ? C'est impossible !
La réalité est toujours surprenante et constituée d'aléas. Apprendre à s'accommoder de l'inattendu est une intelligence sociale. Ça commence par accepter que le réel est surprenant. Dédramatiser à l'aide de l'humour et l'autodérision aide. Puis, on cherche comment tirer le meilleur parti des circonstances. On ne lutte pas contre le réel, on l'optimise. Malgré le résultat des élections !
Pourquoi tant de haine ? Poutine en Russie, Xi en Chine, Khamenei en Iran, Erdogan en Turquie, Modi en Inde ne sont pas seulement de terribles tyrans : ils sont les instigateurs du réarmement de cinq grands empires qui naguère voulaient copier l'Occident, et aujourd'hui veulent le détruire. Le religieux est l'inconscient du politique. La foudre gouvernerait-elle le monde ?... Un monde s'effondre, la panique saisit les rats du navire qui coule ! La démocratie est un projet de société qui existe parce que les individus y croient, ensemble. Lorsqu'ils cessent d'y croire, elle disparaît. A méditer camarades....
" Ne pas se moquer, ne pas se lamenter,
ne pas détester mais comprendre. "
Spinoza
Des livres et vous
"Blanche est la Terre" Xavier Ricard Lanata (ethnologue et philosophe sur les questions environnementales, trop tôt dcd - 1973/2021)
"La Fin des nuages" Mathieu Simonet (roman autobiographique passionnant et bouleversant, d'une infinie poésie et sensibilité, à l'image de l'auteur, à l'origine de la Journée internationale des nuages, chaque 29 mars)
"Archives de la joie" et "Le vent léger" Jean-François Beauchemin (le Québécois nous enchante avec ses livres... il en a écrit 25 ! On respire à chaque page...)
"Hors-sol" Pierre Alféri (fils de Jacques Derrida. Abandonne la philosophie pour se consacrer à la poésie. Homme avenant au visage doux, il a le sourire espiègle et la politesse du désespoir. Dans ce livre, il croque avec gravité, humour et poésie, une humanité expulsée de la planète qu'elle a elle-même détruite)
"Depuis toujours nous aimons les dimanches" Lydie Salvayre (épaulée par Virgile, Verlaine ou saint Matthieu, l'autrice part à l'assaut des tenants du travail à tout prix dans un éloge rebelle et sensuel de la paresse)
Musiques
"Alone in the Light" Yom (un jazz à fendre l'âme, un bonheur en larmes, une fraternité)
"A,sk" Altin Gün (une envie d'évasion, de soleil et de couleurs près de chez vous ? A,sk (amour en français) est une invitation à prolonger l'été !)
"No Dahïss" Julien Stella/Bastien Weeger (soyez prêts à embarquer pour un voyage lointain et mystérieux)
"Des oiseaux la nuit" No Mad (intemporel et acoustique, harmonies vocales, polyphonies d'instruments voyageurs = proximité voyageuse)
"Back and Forth" Nneka (blues spirituel sur arrangements divins)
" Nous naissons tous originaux,
mais la plupart des gens meurent duplicata."
Swâmi d'origine suisse, 80 ans, Dehradun (Himalaya)
Humour encore :
" On se plaint des anglicismes mais : Je vis dans un van : moderne, consensuel, instagrammable. Je vis dans un fourgon : flippant, Fourniret, j'appelle la DGSI." ;
" Ca peut être de couleur grise une aurole boréale ? C'est bien ce que je pensais alors, il fait juste un temps dégueulasse." ;
" Les cinq premiers jours après le week-end sont toujours les plus difficiles." ;
" Quand on me demande de recopier un code sur Internet pour vérifier si je suis un humain, je fais toujours exprès de me tromper. Pas envie que cela se sache."
La paresse est une sagesse, le saviez-vous ? Contre les apologistes de la valeur travail, défendre joyeusement l'art de paresser ! Votre travail a-t-il un sens, vous rend-il heureux ?... Comment dire que le travail est émancipateur quand vous avez quatre chambres à nettoyer par heure dans les hôtels ? Relisons La Rochefoucauld, celui qui a le mieux dit les vertus de la paresse : la paresse de se battre vous rend pacifique, la paresse d'intriguer vous rend honnête, etc.
Le paresseux a très peu d'efforts à faire pour être bon et moral. La paresse rend la pensée possible. Tout le monde en a fait l'expérience. Les pensées arrivent dans nos déambulations paresseuses ! Il ne faut pas poursuivre l'obsession de produire, laissons notre pensée vagabonder.
Relisons Montaigne. La paresse ne consiste pas à ne rien faire, loin de là. C'est faire des activités qui n'obéissent pas au rendement, au profit ni à la surproduction. C'est lire, méditer, jardiner, faire du bien aux autres, pétrir,.... Le drame est que nous avons tous intériorisé le fait que le travail était une valeur. Quid des chômeurs, des retraités ? La paresse, ça s'apprend !
En regardant les choses avec lucidité. On peut peut-être simplement faire en sorte que le travail soit humain, qu'il ne nous bouffe pas tout crus et ne nous use pas prématurément. Pas compliqué ça ! On ne cesse de produire pour pousser à la consommation : tous ces boulots inutiles qui servent juste à faire tourner la machine à fric ! Les jeunes ne veulent plus perdre leur vie à la gagner. Quelque chose bouge dans les jeunes générations. Et des entreprises innovent. Alors... on fait le chat ?!
" Qu'est-ce que je cherche ? /
Je vais /
Dans le vent. "
Santoka (1882-1940)
C’est la maladie d’amour qui nous apprend à ne jurer de rien.
C'est important de retrouver le rire, de l'entendre. Il est le bruit de la vie qui frémit.
Bises estivales,
Jacques
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