jeudi 13 juin 2024

Lettre juin - 148eme -

Bonsoir, Bonjour


" La vie n'est qu'ouverture, expansion, éclosion, 
condamnée à s'éployer sans fin sous peine de s'immobiliser
et de s'effondrer sur elle-même."
Philippe Mac Leod

   " Toujours ramener la vie à sa base, à ses nécessités premières : la faim, la soif, la poésie, l'attention au monde et aux gens. Il est possible que le monde moderne soit une sorte d'entreprise anonyme de destruction de nos forces vitales sous le prétexte de les exalter. Il détruit notre capacité à être attentif, rêveur, lent, amoureux, notre capacité à faire des gestes gratuits, des gestes que nous ne comprenons pas. Il est possible que ce monde moderne, que nous avons fait surgir et qui nous échappe de plus en plus, soit une sorte de machine de guerre impavide. Les livres, la poésie, certaines musiques peuvent nous ramener à nous-mêmes, nous redonner des forces pour lutter contre cette forme d'éparpillement. La méditation, la simplicité, la vie ordinaire : voilà qui donne des forces pour résister. Le grand mot est celui-là : résister. " Christian BOBIN
   Cet écrivain n'en finit pas de me nourrir. Êtes-vous, vous aussi, un.e résistant.e ? Comme mon ami Bernard : https://www.irnc.org/IRNC/Diaporamas/3079

Pater noster qui es in coelis
Au milieu des lys et des myosotis
Sanctificetur nomen tuum
Par les sacripants et par les braves-hommes
(...)
Nous n'avons pas quitté les rives de l'enfance
Oh ! pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont enfoncé
Dans la poitrine ce goût de vivre comme un clou rouillé
René Guy Cadou
 poème "Après Dieu le déluge" dans Hélène ou le Règne végétal


   « Grâce à Dieu, je vais mourir. Comme tout le monde. Comme vous. Avant vous sans doute : ma vie est déjà longue, j’approche du bout du chemin. Mais rien de plus capricieux que cette mort si certaine. L’histoire est imprévisible. Ce qu’il faut dire avec force dès le début de ce petit livre, c’est que personne n’est sûr de rien. Ainsi s’ouvre Un hosanna sans fin.
   Disons les choses avec simplicité, avec une espèce de naïveté : il me semble impossible que l’ordre de l’univers plongé dans le temps, avec ses lois et sa rigueur, soit le fruit du hasard. Du coup, le mal et la souffrance prennent un sens – inconnu de nous, bien sûr, mais, malgré tout, un sens. Du coup, je m’en remets à quelque chose d’énigmatique qui est très haut au-dessus de moi et dont je suis la créature et le jouet. Je ne suis pas loin de penser qu’il n’y a que l’insensé pour dire : « Il n’y a pas de Dieu. » Je crois en Dieu parce que le jour se lève tous les matins, parce qu’il y a une histoire et parce que je me fais une idée de Dieu dont je me demande d’où elle pourrait bien venir s’il n’y avait pas de Dieu. »
 Jean d’Ormesson 
(1925-2017)
   Lui aussi, il me nourrit, par son regard malicieux, tendre et tellement bleu !

   Je n'ai jamais entrepris de faire une liste des choses à faire avant de mourir. Pour moi, l'extraordinaire tient davantage aux relations qu'aux projets. De plus en plus je dis "oui" à ce qui vient. Cette densité de vie tient au fait que je ne fais pas de projet sur le long terme. Je suis concentré sur ce qu'il y a à vivre là, tout de suite, dans le présent. Une intensité de l'instant qui vous place dans l'immédiat de la rencontre. Et qui éveille, réveille notre réceptivité, sensibilité, créativité, spontanéité. Du bonheur à l'état pur. Pour lequel les trois quart des gens vous prennent pour un doux rêveur, voire un illuminé ! Mais, à 66 ans, le regard de l'autre, le "qu'en dira-t'on", on s'en fout !...

" Je ne sens plus que les vagues /
Qui guettent la grève de mes pensées /
Dans les chapelles au-dessus du monde je chante /
Et la mer resplendit. "
Clara Ysé, chanteuse

   Bercé par la poésie, le titre du premier album de Clara Ysé, Oceano Nox, sorti en 2023, renvoyait à l'Enéide de Virgile et à Victor Hugo. Son premier recueil de poèmes, Vivante, a quelque chose de cette nuit qui s'élance de l'océan. Fille de la philosophe Anne Dufourmantelle, décédée en 2017 en essayant de sauver un enfant pris par la mer, elle dit dans ces poèmes tout ce que charrie le reflux de l'absence. Dans ces poèmes limpides et puissants, où les souvenirs heureux et les mains amies aident à sécher les larmes, Clara Ysé recueille les quelques mots possibles, les réchauffe, et nous les offre en partage. Un cadeau inestimable, raison d'être du poème, qui permet de " devenir tristesse et sortir vivante de la tristesse (...) Devenir héroïque c'est-à-dire devenir douce avec l'impardonnable. " La naissance d'une grande voix poétique !


" Rien de plus simple que de vieillir jeune. 
Il suffit de travailler dans la joie 
tout en donnant le plus possible de son cœur. "
Henry Bordeaux 


Livres
"Souviens-toi de l'envol. Voix féminines de la poésie persanophone" Franck Merger / Niloufar Sadighi
"Les brumes de Sapa" Lolita Séchan (tendre autobiographie qui touche à l'universel)
"Les Pistes invisibles" Xavier Mussat (ce livre parle du livre suivant...)
"Le Dernier Ermite" de Michael Finkeltraduit par Johan-Frédérik Hel-Guedj (ce livre parle du livre précédent... Version Into the Wild...)
"Nous ne savons plus croire" Camille Riquier (l'homme moderne a beau être incroyant, rien ne peut plus l'empêcher de croire n'importe quoi !)

Musiques
"Cheminement" Raphaëlle Lannadère (folk électrique et notes planantes, voix enivrante, aventureuse et pleine d'émotion...)
"Nicholas Angelich. Hommage" (il n'avait que 51 ans quand il est dcd. Nous reste son immense talent, profond et sobre, l'ampleur de son phrasé et sa transcendance modeste qui nous immergent dans un univers de beauté et de spiritualité)
"Call on the Old Wise" Nitai Hershkovits (envoûtant, rafraîchissant et enivrant, cet "appel au vieux sage" ! Jeu soyeux de ce prodige de 35 ans. Un pur ravissement)
"Bird Machine" Sparklehorse (d'une beauté renversante, quelques rayons de lumière vespérale à cet émouvant testament musical : Mark est dcd à 47 ans)
"Nothing Lasts Forever" Teenage Fanclub (mélodies aériennes et mélancoliques, choeurs envoûtants = grâce intemporelle)

" Dans nos mémoires sensitives comme dans nos relations, 
la vie est faite de petites choses apparemment négligeables. 
Notre raison les méprise, c'est pourtant par elles 
que se transmet le plus important.
 Soyez attentifs aux frôlements de la vie. " 
Henri Gougaud


   "  Alertez les bébés ! " chantait Jacques Higelin. Mantra valable aujourd'hui politiquement en France. Pays qui part en vrille depuis dimanche 09 juin. Tentons quelques raisons à cela. Selon une étude menée par Viavoice et BlommTime (institut-viavoice.com), 46% des Français se sentent seuls ! Quid de l'amitié, de l'amour, de la famille, du lien, du liant ? Les choses qui nous rendent le plus durablement heureux ne dépendent pas de l'argent. Elles relèvent du désir - cette sorte de moment suspendu, d'attente, de grâce, de fulgurance. Le désir, qui n'est pas l'envie, ne s'achète pas. Et pour moi, désirer c'est rester vivant. " Etre heureux est une pensée. Laisse-là voler en toi " dit Jocelyne dans La liste 2 de mes envies (hymne à la vie et au désir de rester vivant. Absolument.). En célébrant la beauté de la vie, du rire, de la générosité, de l'émotion vraie, de tous les liens, non pas virtuels, mais bien tangibles qui nous unissent. Et pour cela, il ne faut pas chercher systématiquement à comprendre. Il faut laisser parfois le ventre et le cœur décider pour accueillir ces instants de grâce. Parce que la vie vaut le coup. Même avec les coups qu'elle donne !

   Seconde raison : j'ai du mal à entendre les journaux télévisés, toutes chaînes confondues. Ce qu'il en ressort, c'est que la France c'est l'horreur ! Pourquoi décrire à longueur de journaux télévisés tout ce qui ne fonctionne pas ? Pourquoi ce pessimisme sur toutes les chaînes d'info ? Que souhaitent-elles ? Faire le buzz négatif ? Donner l'idée aux Français et aux autres pays que la France va mal, est à la peine ? Les journaux télévisés entretiennent un climat délétère. Ainsi ils font la négation de tout ce qui est positif en France ! Et Dieu sait s'il y a des choses chaque jour magnifiques qui s'y déroulent. Le négatif prime. Ne serait-ce pas de la manipulation médiatique ? J'ai ma 'libre pensée", je reçois l'information à travers ma réflexion. Vigilance, discernement, objectivité,....
   Les réseaux sociaux... où l'admiration n'est que la face cachée de la jalousie. Complexité des liens humains à l'ère de l'influence, des médias "sociaux" et de notre obsession perverse pour l'image. A méditer....

   Chères lectrices, chers lecteurs férus de la "pleine conscience" (parfois, concernant ceux qui se revendiquent de la pleine conscience, j'ai des doutes quand même au regard de certains comportements anti-tout...), pour les votes des 30 juin et 07 juillet, ne faîtes pas les cons ! Un seul mantra politique : " Respectons-nous les uns les autres ", programme commun possible, sans être bisounours non plus ! Votons pour le vivre-ensemble, la démocratie, le reste viendra de surcroît. Carpe diem...   

   Sans moi, l'avenir se débrouillera très bien...
   L'enfance est faite de promesses qu'on passe une vie à trahir...
   Je suis pour une " hausse du goût de la vie " ! Chaque jour... suffit sa joie.
   Pour une épopée politique et poétique vers une écologie jouissive : www.revolutionbleue.fr
   Jacques



Lettre mai - 147eme -

Bonjour, Bonsoir

" Le silence, c'est la parole des anges.
Chaque battement de leurs cils est une partition."
Claude Nougaro


    Aimer les êtres qui nous aiment... vaste programme.
   Comme vous sans doute, je ne crois pas aux réponses simples qui viendraient résoudre toutes les questions compliquées. C'est dommage, remarquez. Un manuel des 100 clés qui fonctionnent à tous les coups pour instaurer la paix dans le monde et la félicité dans nos foyers nous faciliterait grandement la vie. Mais la rendrait aussi sans doute bien plus ennuyeuse ! En revanche, je crois au travail de discernement, à l'expérience partagée, à l'esprit de sagesse et d'intelligence. Voilà pourquoi il nous faut espérer avec Bernanos, vivre mieux avec Paul Ricoeur, penser Dieu avec Blaise Pascal, ou nous nourrir de la philosophie d'Emmanuel Kant pour tenter de devenir plus humain. Kant est né il y a trois cents ans, mais les grandes questions autour desquelles s'articulent sa réflexion sont encore les nôtres : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? Une démarche cristallisée dans la célèbre formule : " Agis de telle sorte de toujours traiter l'autre et toi-même comme une fin et jamais comme un moyen ? ". A méditer...

" je te garde / 
en moi comme un morceau de ciel tombé dans mes mains / 
l'infini invisible au creux de mes paumes /
que je rapproche /
jusqu'à les joindre pour caresser ton ombre "
Marie Joqueviel

   L'évangile selon saint Vincent Bolloré, vous connaissez ?... Diffusion de messes, culte des saints, invités et journalistes réacs... CNews et C8, chaînes du milliardaire breton, déroulent le tapis rouge aux idées catholiques les plus conservatrices. On vit une époque formidable !...
   A l'opposé de cet individu, j'apprends en rédigeant cette lettre le décès de notre ami poète breton Jean Lavoue, à 69 ans. Éloge de nos rencontres trimestrielles de groupe autour de la Bible et de la Poésie. L'un n'allant pas sans l'autre. Bouleversement émotionnel. Tu vas nous manquer l'artiste !
   Sur son site : l'enfance des arbres  le 22 Janvier 2024 : http://www.enfancedesarbres.com/2024/01/poeme-des-heures-vulnerables-qui-chaque.html?m=1
Poème des heures vulnérables
Qui chaque année prend une nouvelle intensité 
Dans l’abandon des sécurités
La grâce du silence 
La confiance légère de l’oiseau 
La joie féconde des amis 
L’acceptation de la blessure
Le rappel du sablier inexorable 
Et la persistance du chant 
Jean Lavoue 
   Les éclats de voix, les discours déraisonnables et remplis de passion, ou alors le mutisme buté, sont d'abord un signe de fragilité. Ils montrent l'insécurité profonde qui règne dans le coeur d'un homme, son incapacité à assumer son être profond. Car l'humilité, c'est d'abord cette faculté de vivre dans la vérité qui suppose la capacité de prendre du recul vis-à-vis de soi, par rapport à ce qui se vit, ce qu'on ressent. Nous sommes tous victimes de nos peurs, de nos angoisses, de nos doutes. Le problème est de savoir si nous allons nous laisser mener par eux, tout au long de notre vie, ou si nous allons chercher à nous en libérer pour devenir qui nous sommes réellement. Le chemin que propose tous les instructeurs spirituels dignes de ce nom consiste à bâtir sur le roc de la foi, sur le roc de notre être véritable, et non sur le sable mouvant de nos psychismes plus ou moins solides sinon, à terme, nous risquerions de voir s'écrouler tout ce que nous pensions avoir construit. A méditer, gast !

   " Peut-être la souffrance entière vient - elle du besoin de comparer, de déterminer quel est le sang le plus rouge. Peut - être le mal réside - t - il dans la comparaison elle-même. Peut - être l'enjeu véritable consiste - il à cesser de comparer une fois pour toutes (...). Là où les critères de sélection divisent, la morale disparaît. En traçant la ligne qui "nous" sépare d'"eux", nous effaçons la ligne qui sépare le bien du mal. " écrit Zygmunt Bauman dans son autobiographie intime remarquable d'un grand penseur " Ma vie en fragments ". Sa réflexion éconduit radicalement les appartenances exclusives, bornées, totalitaires !
   A méditer également en ces temps incertains. Gast encore !


" Ce qui empêche l'étincelle de jaillir, c'est l'encombrement de l'esprit
par toutes sortes de désirs et de conceptions."
Henri Le Saux


Livres
"Célébration du cogito" Denis Moreau (pousse à la connaissance de soi par le doute de soi...)
"Astronomie ordinaire" Frédéric Boyer (évoque avec pudeur le deuil et le silence définitif qui font éclater nos repères... moment d'une grande émotion.)
"Hors-sol" Pierre Alféri (fils de Jacques Derrida, il s'est éteint à 60 ans. Homme avenant, visage doux, sourire espiègle, il croque avec gravité, humour et poésie une humanité expulsée de la planète qu'elle a elle-même détruite.)
"Vivons heureux avant la fin du monde" Delphine Saltel (podcast du même nom sur les questions intimes de notre époque, avec un humour féroce = excellent !)
"Histoire de la solitude. De l'ermite à la célibattante" Sabine Melchior-Bonnet

Musiques
"Entropy" Atoem (paysages sonores étrangement émouvants, mais ne dédaignent pas d'inviter à la danse en apesanteur)
"Le temps virtuose" Sophie Alour (la grâce du son sans fioritures, qui va au coeur)
"Simplement Sheller" hommage collectif pour tout amoureux de la chanson française via William Sheller. Simplement magnifique...
"Ravel. L'œuvre pour piano" Philippe Bianconi (miracle d'équilibre, de subtilité, de force. On en ressort irradié de lumière...)
"Volcano" Jungle (besoin d'un remède pour affronter l'hiver et nous rappeler la chaleur de l'été ? A écouter sans modération...)


" La voie consiste en ceci : 
cesser de chérir des opinions."
Formule Zen


   " Dieu ne s’impose pas. Sans doute cette caractéristique est-elle un attribut de sa sagesse. Dans la lignée biblique, la tradition monastique, et pas seulement monastique, a coutume de penser que l’on reconnaît le sage à sa capacité de garder le silence plus qu’à ses aptitudes à parler. Comment n’en serait-il pas de même du Sage par excellence ? Dieu ne fait pas de bruit. Dieu ne s’agite pas. La vérité n’as pas besoin d’être criée pour éclater au grand jour. La bonté n’a pas besoin de s’afficher pour produire son œuvre. Dieu est discret. Il se livre à qui est enclin à l’accueillir. C’est aussi la logique de l’amour. Dieu s’offre à notre amour. Or nul ne peut forcer l’autre à aimer, à recevoir, à se donner en retour. Dieu a parlé en premier. Puis, dans son apparent silence, il rencontre le cœur qui désire l’entendre, qui est vraiment disposé à l’écouter. Il regagne le silence pour laisser agir sa Parole. C’est comme s’il se reculait en son intériorité au fur et à mesure que l’on s’avance en lui. Il attend que l’on ait fini de parler et que l’on s’ouvre de nouveau. Ainsi, il éduque à aller plus loin. Plus on le cherche, plus il se laisse un peu trouver, mais plus il se retire, aussi, pour susciter de nouveau désir. Dynamique de l’amour qui n’est pas possession, mais élan perpétuellement nouveau. Le silence est une arme secrète du désir, un test de l’amour. Il augmente le désir en le purifiant. Et le désir purifié ouvre à la liberté de l’amour. Les vrais amoureux le savent. " 
   Confession d’un jeune moine de Frère Oliveto Gérardin
page 344, éditions Bayard. Il est moine bénédictin olivétain à Maylis (Landes).

Que ton attente de l'être aimé soit dénuée d'impatience ;
Tout le trajet de sa venue fera partie de ta joie.
Ce trajet, de fait, abolit le temps ; l'être aimé n'est-il
De toute éternité en route vers toi, toujours déjà là ?
François Cheng

   Nous sommes tous des réfugiés poétiques !
   Avez-vous déjà éprouver la " joie de râter quelque chose " ?
   Aimons, dansons, chantons sans cesse... avant de mourir.
   Pensées de Mai fleuri pour chacun.e d'entre vous, et n'oubliez pas de voter le 09 juin en "pleine conscience" !
   Jacques


 Lettre avril - 146eme -

Bonjour Bonsoir


" La bravoure est encore la plus sûre des attitudes. 

Les choses perdent de leur épouvante à être regardées en face. " 

Alexandra David-Neel


   Par rapport à ce que l'on entend ici et là, je ne pense pas que les gens étaient meilleurs autrefois. Objectivement, l'humanité s'est améliorée en cent ans. Les personnes mal intentionnées ont toujours existé, mais dans l'ensemble l'éducation, l'information, la connexion entre les humains  a progressé. Quand quelqu'un se comporte mal, au moins on le sait, on l'apprend vite. Bien sûr, je me méfie des réseaux sociaux, avec tous ces donneurs de leçons et cet activisme passif, caché, qu'ils ont généré. Mais il y a aussi de plus en plus de personnes qui agissent vraiment pour le bien d'autrui, par des assos, en éduquant ceux qui en ont besoin. 
   Alors que tout a l'air d'aller mal, peut-être que la vraie radicalité est de choisir d'être le plus heureux possible !

   Olivier de Kersauson, vous connaissez ? Son nouveau livre " Veritas tantam " est top.  " Ce n'est pas le monde qui vacille. C'est celui que moi j'ai appréhendé toute ma vie. Je ne suis pas du tout inquiet pour nos enfants parce qu'ils sont beaucoup plus aptes à gérer le monde qui arrive que nous. C'est notre logiciel qui est usé et qui n'est pas adapté. Je n'ai pas du tout un jugement de valeur. Je ne revendique rien, je n'ai pas de nostalgie. Et je ne pense pas que leur monde soit à jeter aux orties. Les adolescents se déchirent à l'idée de ne pas être compris. Mais le monde n'est pas là pour nous comprendre. C'est aberrant de vouloir être aimé. C'est une ambition de politique, d'acteur.
   On ne peut pas laisser ces gens se noyer comme ça. C'est nous qui devrions organiser leur traversée, on toucherait 1000 dollars par migrant et ça permettrait de s'en occuper vraiment plutôt que de laisser les trafiquants s'enrichir. C'est horrible ces noyades de personnes prêtes à tout braver pour un monde meilleur. On ne voit jamais de cadavres de riches, ils sont récupérés par leur milieu très vite. Quand tu vois un corps qui flotte, c'est un misérable, c'est l'un d'entre nous qui n'a pas eu de chance. C'est terrible. La vraie misère. Notre société doit réinventer quelque chose pour que ces tragédies n'existent plus.

   Tu prends le plus savant d'entre nous et le plus demeuré, leurs ignorances sont telles qu'ils restent égaux. Pourquoi on est là, pourquoi on disparaît, qui on est, est-ce qu'il y a quelque chose après, on n'en sait rien. On erre à travers les siècles, sans savoir. Elle est assez touchante, notre histoire, ces milliers d'années, de gens, ces errances dans la lumière des beaux jours d'été, les joies de l'amour, les chagrins de la mort. Et ça dure, et ça dure. C'est notre histoire commune. J'ai l'impression que nous dérivons dans l'infini des temps. On ne va nulle part.
   Ce qui nous fait pleurer, ce qui nous fait aimer, ce qui nous rend triste, ce qui nous rend heureux, ce n'est pas cartésien. Les femmes qu'on aime, les enfants qu'on a, leur caractère ! Ce n'est pas cartésien. Tout ça, c'est délicieusement foutraque, ça nous échappe. C'est quand même terrible : tout ce qui est important nous échappe et tout ce qu'on domine n'est pas très intéressant. Le paradoxe donnerait -il son prix à l'existence ? Sans doute. Le pire n'est jamais sûr ! J'adore cette formule. En face du désespoir, il faut penser au homard qui était dans l'aquarium du "Titanic". C'est le seul qui s'en soit tiré. Magnifique, non ?

   Les gens font ce qu'ils peuvent. Mais nous avons des capacités limitées. Pour changer le monde, il faudrait changer la nature humaine et c'est impossible. On ne choisit presque rien. Charles de Gaulle disait que la vieillesse est un naufrage. C'est peut-être la naissance qui est un naufrage ! Tu arrives dans la vie, tu n'as aucune donnée, il faut que tu apprennes tout ! Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de ce qui t'entoure, tu le subis. Tu subis ton âge, tu subis ton sexe, tu subis ton âme, tes tendances, tes goûts, tu ne décides pas d'aimer la musique ou de ne pas l'aimer. On naît naufragé. C'est peut-être pour ça que j'ai voulu être marin.
   Je ne me déteste pas au point de détester les autres. Ce n'est pas parce que tu vis dans un relatif éloignement des choses et des gens que tu n'es pas solidaire de leurs chagrins, de leurs efforts ou de leurs joies. Faut traverser l'existence sur la pointe des pieds. Pas faire de bruit. Et en même temps être content ! Être content malgré tout, malgré la Faucheuse, la maladie. D'où l'exigence de passer de belles journées. Parfois il ne se passe rien. Mais le meilleur du jour, c'est d'être content ! Je ne pense pas que Dieu aura du temps pour parler avec un mec comme moi. Je n'en demande pas tant. Je ne demande rien. Je suis très content de ce que j'ai reçu. Je n'ai pas de besoin. Le vrai luxe, c'est la liberté, c'est être sur ce bateau, ici, bouffer des pâtes à l'ail, dormir dans nos bannettes sous les étoiles et faire ce que l'on veut demain. Quand tu comprends qu'il n'y a rien à attendre du monde, alors tu peux commencer à vivre une vie délicieuse. "   

   L'Allemagne vient de légaliser le cannabis récréatif. Et en France ? Pays qui compte le plus grand nombre de consommateurs en Europe : plus de 6 millions, dont un tiers ont moins de 25 ans. Et c'est en France que la loi est la plus répressive ! L'alcool, lui, est en vente libre ; la drogue allopathique médicale circule partout. Le cadre est posé... Vive la France !

Écris au dos de la page...
Écris au dos de la page laissée en jachère
sur le miroir fêlé qui te décloisonne
t'inonde d'un plaisir fugace comme l'éclair

écris le bruit de l'averse sur tes carreaux
la chute de la bougie pliée par la flemme
la voix du premier homme dans la première caverne
puis pleure pour ne pas t'attrister

écris comme si tu étais un arbre érudit
adosse-toi à cet arbre
et tu deviendras un arbre qui lit
Vénus Khoury - Ghata


" Quel est ton but en philosophie ?
Montrer à la mouche comment sortir du piège à mouches !"
Ludwig Wittgenstein


Enlivrez - vous (lectures actuelles brèves opportunes et réconfortantes)
"La convivialité" et "Energie et équité" Ivan Illich (visionnaire, figure majeure de la critique de la société industrielle, penseur de l'écologie politique, précurseur de la décroissance.)
"Lire pour relier" Régine Detambel (lire c'est vivre. Prendre un livre, l'ouvrir, le lire... soigne, guérit...)
"Il n'est pas trop tard pour naître" Harry Roselmack (oscille entre astrophysique, philosophie et croyances.)
"A chacun ses besoins. Petit traité d'économie divine" Rémi Brague
"La dictature des ressentis. Sauver la liberté de penser" Eugénie Bastié

Sites
"PharoahPharoah Sanders (pour lui, la divinité était harmonie et la musique une louange à Dieu. Jazz sensuel, que du bonheur...)
"Sunset Blue" Kid Francescoli (ensoleillé, danse et douceur...)
"La Valse Bleue" Gilbert Lafaille (fondé sur la tendresse...)
"ID:entity" Arthur Possing (tout jeune pianiste, middle jazz)
"Rückblick" Michele Campanella (Brahms pour demain...)


" Personne ne vit dans le monde,
chacun vit dans son monde."
Swami Prajnânpad


   " Où se trouve la beauté ? Dans les grandes choses qui, comme les autres, sont condamnées à mourir, ou bien dans les petites qui, sans prétendre à rien, savent incruster dans l'instant une gemme d'infini ? Que faire de notre soif de domination qui nous agite tous ? Qu'est-ce qu'éduquer ? C'est proposer inlassablement des camélias sur mousse comme dérivatifs à la pulsion de l'espèce, parce qu'elle ne cesse jamais et menace continuellement le fragile équilibre de la survie. La faculté que nous avons de nous manipuler nous-mêmes pour que ne vacille point le socle de nos croyances est un phénomène fascinant. Pourquoi faut-il toujours que la comédie humaine se mue en tragédie ? Nous avons tous l'élégance du hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes. 
   
   La nocivité, c'est souvent un capital familial ! Je ne vois que la psychanalyse pour concurrencer le christianisme dans l'amour de souffrances qui durent. Je n'ai pas d'enfants, je ne regarde pas la télévision et je ne crois pas en Dieu, toutes sentes que foulent les hommes pour que la vie leur soit plus facile. Mais si, dans notre univers, il existe la possibilité de devenir ce qu'on n'est pas encore... est-ce que je saurai la saisir et faire de ma vie un autre jardin que celui de mes pères ? Cette arrogance des hommes à penser qu'ils peuvent forcer la nature, échapper à leur destin de petites choses biologiques... et cet aveuglement qu'ils ont à l'égard de la cruauté ou de la violence de leurs propres manières de vivre, d'aimer, de se reproduire et de faire la guerre à leurs semblables... La liberté, la décision, la volonté, tout ça : ce sont des chimères. Nous croyons que nous pouvons faire du miel sans partager le detn des abeilles ; mais nous aussi, nous ne sommes que de pauvres abeilles vouées à accomplir leur tâche puis à mourir.

   Parce que ce qui est beau, c'est ce qu'on saisit alors que ça passe. C'est la configuration éphémère des choses au moment où on en voit en même temps la beauté et la mort. Est-ce que ça veut dire que c'est comme ça qu'il faut mener sa vie ? Toujours en équilibre entre la beauté et la mort, le mouvement et sa disparition ? C'est peut-être ça être vivant : traquer des instants qui meurent. "
   Y'a pas à dire, elle nous décoiffe Muriel Barbery dans L'élégance du hérisson !

   Il m'arrive de repenser aux moments où je n'ai pas été un type bien. Et vous ?
   Mantra : remettre à chaque projet les compteurs à zéro.
   Il y a zéro intérêt au bonheur, à l'équilibre : l'art commence là où il y a un problème. A méditer...
   Autre mantra : la vie est trop courte pour aller vite !
   Etes-vous militant ou "militendre" ? 
   Bises printanières,
   Jacques

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