dimanche 3 mars 2024

 Newslaitue mars - 145eme -

Bonjour, Bonsoir


Et ne laisse pas la prudence
du monde murmurer
de trop près à tes oreilles,
car c'est l'heure de l'inattendu... 
Sri Aurobindo


   La paix en soi. Vous connaissez, bien sûr, les mécanismes qui peuvent nuire à nos relations et nous empêcher de vivre en paix avec nous-mêmes. J'ai nommé la culpabilité, l'agressivité, la projection, le complexe d'infériorité, la difficulté d'instaurer des limites et l'offense à autrui. Où en suis-je là-dedans ? Comme vous sans doute : sur le chemin.... Heureux les " assez bien " face à la performance, à la compétition, au besoin de reconnaissance. Vantons les vertus minuscules, discrètes et cachées des gens ordinaires - tolérance, écoute, tempérance... - qui changent le monde. Troquons l'idéal contre le réel !

   Pour ceux ou celles qui pensent qu'ils/elles ont inventé le fil à couper quoi que ce soit, Alfred de Musset répondait : " Il faut être ignorant comme un maître d'école pour se flatter de dire une seule parole que personne ici-bas n'ait pu dire avant vous ". A méditer... Ou dit plus poétiquement par Baudelaire : " La mer est ton miroir, tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lame ". Avouez que tout de suite, ça calme l'ego !

   Savez-vous la différence qu'il y a entre un nationaliste, un souverainiste, un identitaire et un populiste ? Aucune, ils sont tous cousins à vrai dire ! Je simplifie un peu, mais si on creuse bien la question, on trouve d'extraordinaires liens de parenté entre eux. C'était ma courte rubrique "politique" !
   Et si vous en voulez davantage, écoutez donc les chroniques de Pablo Mira, " anthropologue de la connerie ".

   Mars, mois de la Poésie. Un peu de douceur dans ce monde de oufs. Habiter poétiquement le monde (Hölderlin), vaste programme commun ! Habiter poétiquement le monde, c'est d'abord en finir avec un regard dominateur, avec la trilogie avoir, pouvoir, paraître. Ce n'est plus répondre à notre appétit insatiable et prédateur. C'est au contraire se couler dans le monde, vivre en harmonie et en empathie avec les autres, avec les animaux et les plantes. Ce qui détermine toute une façon de se comporter. Habiter poétiquement le monde n'est pas l'apanage des poètes. Mais par leurs manières personnelles de vivre, et bien sûr par leurs poèmes, ils peuvent ouvrir la voie. C'est consentir à des épousailles avec le réel, dans l'attention, la gratitude, la frugalité... avec un peu plus de lenteur et d'émerveillement. Cela n'a rien à voir avec la mièvrerie, ni l'utopie, ni la désertion. Habiter poétiquement le monde concerne tout le monde. En toile de fond, il y a cette idée de " réenchanter le monde ".

   Nous sommes invités à " divaguer hors de notre monde cloisonné. Nous sommes invités à laisser nos esprits respirer, rêver, penser, en recueillant des signes qui viennent du monde entier, d'un monde ouvert. " (Gilles Plazy)
   " Le paradis est dispersé sur toute la terre et nous ne le reconnaissons pas. Il faut en réunir les traits épars." (Novalis)
   " La poésie m'a toujours semblé être une quête de signes au cœur d'un monde qui ne demande qu'à répondre, interrogé il est vrai selon une certaine intonation de voix." (Gustave Roud)
   " Cette beauté est à portée de l'humain (...) elle comporte la prise en charge de la douleur du monde, l'extrême exigence de dignité, de compassion et de sens de la justice, ainsi que la totale ouverture à la résonance universelle." (François Cheng)
" Habiter poétiquement le monde ou habiter humainement le monde, au fond, c'est la même chose. Ce qui s'enfuit du monde, c'est la poésie. La poésie n'est pas un genre littéraire, elle est l'expérience spirituelle de la vie, la plus haute densité de précision, l'intuition aveuglante que la vie la plus frêle est une vie sans fin." (Christian Bobin)  
   
   Sobre ivresse
Tant de beauté
Comment s'y habituer
En faire un ordinaire ?

Ce que je croyais avoir vu
Me donne raison de rêver
À haute voix

Je vais
Titubant dans les mots
Comme l'abeille va aux fleurs
Gilles Baudry

   L'état poétique menant à la douceur, à la tendresse, voici trois podcasts... sur les câlins : 
   "Grand bien vous fasse" sur France Inter, thème "Ces petits gestes tendres qui nous font du bien - 54mn" ; 
   "La force de la caresse" sur RFI, par Véronique Lefebvre des Noëttes - 48mn ; 
   "Le câlin à durée indéterminée" sur Droledemamam.com, avec Valérie Roumanoff, hypnothérapeute : " Le CDI calme, rassure et protège."
   " Plus de trente ans d'expérience professionnelle m'ont montré à quel point la tendresse était l'impératrice de nos vies. " Jeanne Siaud-Facchin, psychothérapeute. La douceur d'une caresse vaudrait tout le réconfort des mots. La caresse peau à peau : essentielle ! 
   OUI aux câlins à durée indéterminée, nom d'un pangolin !

" Tout ce qui est affronté ne peut être changé, 
mais rien ne peut être changé tant qu'on ne l'a pas affronté. "
 James Baldwin


Livres et vous
" Lire, c'est accepter d'être déplacé et dérangé dans nos représentations et nos affirmations. Sinon, comment accueillir "ce qui vient" ? " Frédéric Boyer
"50 ans de zététique. Entretien" Richard Monvoisin (comment la raison permet de déconstruire nos croyances. A recommander aux bonimenteurs, complotistes et pseudoscientifiques.)
"Sois jeune et tais-toi" Salomé Saqué (réponse à ceux qui critiquent la jeunesse...)
"Musique du silence. Recherche scientifique et méditation" William Johnston
"Et vous passerez comme des vents fous" Clara Arnaud (une écrivaine du dehors, dépaysement et poésie garantis. Un lyrisme gionesque.)
"Le temps est une mère" Océan Vuong (s'est fait largement connaître par Un bref instant de splendeur, traduit dans trente-sept langues.)

Sites
"Sea Songs" Cavalier Montanari (nous fait sentir les embruns et entendre la marée. Comme un murmure dans la nuit, venant toucher le cœur avec une grâce infinie)
"Everything is Alive" Slowdive (titres enveloppants et hypnotiques, véritables bombes à retardement d'émotions. Il faut prendre le temps de se laisser bercer par Slowdive mais, ensuite, le rêve ne finit jamais !) 
"Vespro Della Beata Vergine - Monteverdi" Ensemble Pygmalion (sommet de la musique sacrée, splendeur baroque, où tout n'est que beauté et lumière)
"Frescobaldi and the south" Francesco Corti (interprétation d'une sensuelle éloquence, donne accès à tout un monde de couleurs)
"Evolution" Tomorrow Comes the Harvest (musique chaleureuse et spirituelle, intense et vaporeuse, ne ressemble à aucune autre...)

" Il y aura toujours assez sur terre pour les besoins des hommes,
mais jamais assez pour leurs désirs."
Mahâtmâ Gandhi

    Notre faim est celle des ogres. Pourquoi nous ne savons pas nous satisfaire de peu ?... Nos désirs semblent toujours à la mesure d'une démesure, excessifs, immodérés, extravagants. Notre faim est celle des ogres de fable, jamais inassouvie. Plus, toujours plus. Mieux vaut s'arrêter en chemin et prendre une pause salutaire. La course du temps... n'importe quoi ! Inévitable fuite en avant vers une destruction annoncée. Il serait dommage de clore ainsi la vie. " On naît toujours à mi-chemin du commencement et de la fin du monde " a écrit René Char. A méditer ?

   Je me définissais hier comme un optimiste clairvoyant. Je pense devenir aujourd'hui un pessimiste à contre-coeur. Nous sommes une espèce animale très particulière, qui extermine les autres espèces et elle-même. Comme s'il s'agissait du revers de la médaille de notre intelligence....
   Ce qui arrive est plus important que ce qui est prévu !
   Ce que nous disent les jeunes d'aujourd'hui, c'est qu'il faut "sortir de nos silos" et penser ensemble transition écologique, justice sociale, féminisme, démocratie. Imaginer ou espérer, ce n'est plus suffisant....

Fondée au coeur de la nuit,

Pétrie dans l'invisible

 

Tu es le fruit d'un rêve

Une pépite d'amour brut

 

Devenue lueur

Porteuse de ta lumière unique

 

Le monde attend ton chant

Ton éclat, ton rayonnement

 

Prends ton temps

Belle princesse

Pour éclore

Et devenir Reine, souveraine en ton royaume.

 

La vie et tout notre amour sont là,

Comme une terre fertile

Pour y plonger tes racines,

Pour que tu puisses faire de toi, ton Oeuvre. 

 Charlotte Schwartz 


   Expérience singulière s'il en faut. Fin janvier, lors de mes 66 ans, j'ai vécu deux décès successifs. Ma mère, 96 ans, le 05 février. Mon "père" spirituel, 85 ans, le 01 février. L'une chrétienne, l'autre taoïste. Deux belles personnes, deux beaux parcours de vie. Tous deux, à leur manière, ont traversé les hauts et les bas de l'incarnation humaine. Respect ! Non, il n'est pas besoin de croire aux fantômes ni de faire appel à eux pour s'entretenir encore avec ceux que nous aimions et qui ont disparu. Leur présence est en nous. Il suffit d'y prêter attention. Quelque chose de leur apparition vivante est empreint en nous. Longtemps après leur fin sur cette terre, parmi nous.

A la joie
Ô joie, souffle enthousiaste,
Quand tu jaillis des coeurs gros de chagrins,
De détresse et de souffrance,
Doux et fécond est ton torrent de volupté !

Sur tes visages, tel un baiser de lumière,
Tantôt tu répands une ineffable rêverie,
Tantôt tu allumes de multiples appels lancinants
Dans les yeux, comme un inextinguible feu.
Tu es semblable à ces sources limpides
Venues du plus profond des montagnes...
Et qui comme les abondants ruisseaux printaniers
Donnent la vie à tous dans leur course.

Fertilisée par les ardeurs de l'hiver,
Aimée par le baiser ivre du soleil,
Tu es parfois une oasis née du sable,
Où d'innombrables lassitudes viennent te bénir.
Ô joie, lumière débordante,
Toi, fontaine enchantée, feu sacré,
Telle la clarté vivifiante du soleil,
Sois inépuisable pour les cœurs obscurs !...
Missak Manouchian

   Incroyable mais vrai : en étant plus vulnérable, on devient plus gentil ! Pas toujours vrai...
   " Simul et Singulis " : être ensemble et rester soi-même, vaste programme commun !
   Beau printemps des Poètes à chacun.e,
   Jacques

NB : poésie à l'état pur : https://youtu.be/i_vXjPxKBms

lundi 5 février 2024

 Newslaitue février 2024 - 144eme -

Bonjour, Bonsoir

" La vie vaut la peine qu'on y entre 
sérieusement, mais gaiement."
Sarah Bernhardt

   Je cherche à comprendre le mal. D'où vient-il ? Comment est-il possible ? Un moine bouddhiste n'est pas censé être génocidaire. Et pourtant...
   A 66 ans, je n'ai plus peur d'habiter ma faiblesse. Il en a fallu du temps ! Et pour vous ?
   Je me sers des livres pour me mettre à l'abri de la vie, quand elle est trop dure. Bouillottes de mon hiver !
   « Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. Chaque jour, je veux me renouveler. Chaque heure de ma vie, je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. », écrivait Antonio Gramsci.

   2024, un rendez-vous historique avec l'espérance. Que peut-on souhaiter à l'aube de cette année nouvelle ? La paix ! A l'extérieur et à l'intérieur de nous. Il nous revient de faire mentir à la fois les cyniques et les fatalistes. Il y a toujours une part de courage dans l'espérance. Et une grande part de liberté aussi. C'est beaucoup plus ardu, car nous sommes alors entièrement responsables du futur. 

   " L'espoir est une discipline de l'action, pas un art de la fuite. Les philosophies que l'on a qualifiées de pessimistes voire de désespérées m'ont toujours semblé les plus justes (Pascal, Pessoa,...). Ces philosophies ne laissent rien passer et sont souvent à contre-courant. Le pessimisme, c'est ce qui conduit à se poser la seule question qui importe : que dois-je faire ? Le pessimisme attaché à cette extrême lucidité s'accompagne d'un optimisme de l'action. S'inquiéter n'est pas désespérer, c'est chercher des raisons d'avancer. J'aimerais que cette année 2024 soit celle du silence. J'aimerais qu'on retrouve le goût du silence. Le silence, c'est la matière même du temps, de nos vies, et nous le gâchons par du bruit incessant, tout le temps. Nous sommes envahis de parasites acoustiques. Or on ne pense bien et on ne vit pleinement que dans le silence.

   Comprendre mais aussi aimer demande du temps. Agir demande du temps. Respecter demande du temps. Et tout cela a besoin du silence pour s'accomplir. On va trop vite en tout parce qu'on est trop dans le bruit. Respecter la beauté du monde se fait dans le silence. Et dans le silence il y a aussi l'écoute. C'est sans doute la chose la plus exigeante mais aussi la plus difficile qu'on doive aux autres : les écouter. Cela demande du temps, du silence, et du respect. La philosophie ne cesse de me procurer de la joie. Penser par moi-même, ne pas me contenter de solutions faciles, ne pas répéter ce que j'entends, faire attention à mes propres tentations, cela me procure une immense satisfaction.

   Et quand on lit Hannah Arendt défendre l'idée que la chose la plus merveilleuse, la plus miraculeuse même, que l'Homme soit capable de faire, c'est de commencer, d'inaugurer du nouveau, c'est d'une grande consolation, non ? Là où tout semble empêché, figé, impossible même, il reste malgré tout cette possibilité, cette liberté de commencer quelque chose. C'est une manière de refuser tous les " c'est comme ça, on n'y changera rien " tellement tristes, et faciles aussi." nous rappelle la normalienne agrégée de philosophie et essayiste Laurence Devillairs (Philosophie de Pascal, le principe de l'inquiétude ; Être quelqu'un de bien, philosophie du bien et du mal ; Petite philosophie de la mer, son dernier ouvrage).

   Fin du monde : tout n'est pas perdu ! Notre système alimentaire est la principale cause de destruction de la planète. " Au Royaume-Uni, les humains occupent 7% des terres,les animaux d'élevage 51% ! ". Autre angle mort, la vulnérabilité d'un système alimentaire devenu ultra dépendant du secteur financier : " Quatre groupes contrôlent 90% du commerce des céréales, quatre autres ont la main sur 99% de l'élevage de poulets." Des solutions existent : pionnières et pionniers de l'écologie des sols et de l'agroécologie à haut rendement, scientifiques qui inventent de " nouvelles agricultures, riches, productives, accessibles à tous, souvent biologiques, et mettant fin à l'élevage." Le détail est dans l'excellent livre Nourrir le monde... sans dévorer la planète de George Monbiot.
   Vous avez dit "pragmatique" ? L'urgence du dérèglement climatique ne nous oblige-t-elle pas à reconnaître la faillibilité d'une vision du transport polluante et énergivore ?

   C'est la pratique et non pas les théories qui sauvent. On peut donner des tas de conférences sur la théologie salvatrice, mais la question demeure toujours intacte : comment passer de la pratique au geste ? Il est fondamental de ne pas nous tromper dans notre attente. Qu'est-ce que nous attendons et de qui ? En ce sens, c'est la réalité qui nous aide à être plus humains, plus forts et plus solidaires. Être libéré, c'est être sauvé de la violence qui tue, être épargné, mais aussi être libéré de la peur, qui paralyse et peut endommager la vie humaine. Le complotisme est une réaction à un sentiment d'impuissance (écouter le pertinent podcast Complorama sur France Info bimensuel). Cela va à l'encontre de l'espérance. L'avenir n'est jamais écrit. A nous de reprendre l'initiative. Décroissance ou technologie, d'où viendra le salut ?... Laissons filer l'ancien pour accueillir le neuf. C'est d'un élargissement intérieur, et non des circonstances extérieures, que dépend notre joie profonde. En regardant sans peur la mélancolie qui nous traverse parfois devant la fuite des jours. Inch'Allah !

   ….« Voilà pourquoi en 2002, lorsque je me suis engagé dans la campagne présidentielle, j’ai lancé cet appel à l’insurrection des consciences. Moi, par exemple, je me sens plus saharien que maghrébin, mais au fond qu’est ce qui nous rassemble vraiment ? Nos âmes bien sûr, pas notre condition sociale. Le temps, aujourd’hui, doit être à la transcendance de nos appartenances historiques, raciales, religieuses, idéologiques, pour aller vers cette convergence...

... Au milieu du grand marasme planétaire que nous connaissons émergent heureusement des consciences reliées entre elles, comme une famille universelle animée par les  mêmes aspirations, les mêmes valeurs. Peut-être assisterons-nous à la constitution d’une nouvelle sphère de conscience, un halo intelligent susceptible d’éviter la déflagration générale. L’avenir sera à la convivialité universelle ou ne sera pas.” Pierre Rabhi

in  Pierre Rabhi, semeur d’espoirs”


   Aujourd'hui, nos générations ont devant elles un énorme défi commun : la protection de notre planète, notre maison commune. C'est aussi une immense opportunité. Celle de nous réinterroger sur la façon dont on se soigne, on se nourrit, on se protège et on protège la communauté, on aime, on coopère, on se loge, on apprend, on se cultive, on se déplace, on produit, on consomme, on joue, on travaille, on vote, on s'organise, on accompagne les plus fragiles, on transmet, bref on vit ! Vous en connaissez, vous, une transcendance plus grande ?... Pour aller plus loin : Faut-il une dictature verte ? La démocratie au secours de la planète d' Antoine Buéno.
   C'est politique de poser un regard humaniste sur le quotidien et sur les gens.

   C'est dans la contemplation que peut démarrer une vraie conversion écologique. Nous pouvons à coup sûr lever les yeux, remarquer la couleur du ciel, la forme des nuages, le vent dans les arbres et porter un regard émerveillé sur ce qui nous entoure. C'est en reconnaissant le monde comme don gratuit, création belle et fragile, que montent en nous la gratitude et le désir de " cultiver et garder la Terre ", en prenant soin d'elle et de tous ses habitants. Alors, spontanément, nous saurons mettre en place de petits ou de grands gestes contribuant à bâtir un monde plus juste, plus humain, plus aimant.

" On s'éveille quand on cesse de se résigner."
Jacques Vigne

Enlivrez - vous !
" Lire, c'est accepter d'être déplacé et dérangé dans nos représentations et nos affirmations. Sinon, comment accueillir "ce qui vient" ? " Frédéric Boyer
"Les Merveilleux Nuages. Que faire du nucléaire ?" Harry Bernas (Physicien érudit, une énergie selon lui anachronique, qu'il est urgent d'abandonner pour imaginer d'autres futurs)
"Éloge des vertus minuscules" Marina Van Zuylen / Clotilde Meyer
"La Vie simple" Carlo Ossola / Lucien d'Azay / Olivier Chiquet
"La vie funambule" Marion Muller-Colard (au coeur de l'épreuve, une leçon de vie : magnifique)
"Tout le bleu du ciel" Mélissa Da Costa (écriture très douce, émerveillement face à la nature, bonheurs simples)

Sites

coalitions.fr

voisin-malin.fr

https://beguinage-solidaire.fr/

phileod.fr (le 16 mars en BZH...)

https://www.youtube.com/watch?v=x5-W2ALUDEE

Musiques

"Eternal Lover" Silly Boy Bluë (Nantaise, nominée aux Victoires de la musique ; séduisant, hypnotique, chant pur aérien, groove qui enveloppe et emporte...)

"Dream Box" Pat Metheny (l'homme aux 20 Grammy Awards dans 12 catégories différentes, fort de 50 enregistrements ! Album solo inhabituel à l'exquise douceur, le son des guitares emporte ces mystérieuses mélodies vers des horizons radieux)
"Suites pour violoncelle, de Bach" (comptent parmi les plus beaux morceaux du monde, pour retrouver le calme et la connexion entre le corps et l'esprit)
"Careful of your Keepers" Kate Stables (de la folk à l'ancienne, apaisante et joyeuse, pour rêver d'horizons ouverts)
"Trop tard pour le moment" Bleu Lune (mélodies à couper le souffle, voix profonde, contre-chants du violon d'une grâce exquise : une révélation)


" Le monde est fait à 75% de "JE" et à 25% de "suis"."
Chögyam Trungpa

   Pouvons-nous positiver ? Tant que le remède, qu'il soit humain ou divin, ne sera pas trouvé pour soigner la bêtise ou la folie humaine, nous pouvons avoir des doutes pour vivre des jours meilleurs. Faut-il toujours voir le verre à moitié vide alors qu'il est à moitié plein ! Trop souvent nous avons tendance à ne voir que le côté négatif  de tout ce qui nous arrive. En cherchant un peu, ne pourrions-nous pas trouver des raisons pour croire que le pire n'est pas là ! C'est vrai que "la vie moderne" n'incite pas à positiver, mais l'humain que nous sommes vous et moi ne doit-il pas réfléchir avant d'agir puisqu'apparement le divin serait une source conflictuelle !

   Alors regardons autour de nous et reconnaissons qu'il y a pire. Il est nécessaire de regarder au-dessus de nous pour avancer mais il ne faut surtout pas oublier de regarder aussi au-dessous. Nous voyons parfois des personnes qui réussissent en partant de très bas et d'autres qui finissent bien bas en partant de très haut. Alors ne croyons pas (plus) que tout est tracé d'avance, vaste illusion. Il faut travailler, persévérer, écouter, et croire en soi pour améliorer le quotidien. La tolérance et le dialogue ne sont-ils pas déjà un début pour le meilleur ?

   Comme vous peut-être, j'ai une fascination pour le couple. Je rejoins l'idée que c'est une folie (douce) à deux, une fiction partagée qu'on décide d'inventer ensemble et dans laquelle on se jette en essayant d'y croire. Ensuite, tout est donc question de foi ! On y croit plus ou moins longtemps, jusqu'à ce que l'un des deux trouve cette fiction ennuyeuse, se réveille ou s'en aille... C'est d'autant plus sidérant qu'au moment où le pacte se conclut, on ne sait pas grand-chose de l'autre. On se "reconnaît" inconsciemment, mutuellement, dès la première rencontre. 
   Chacun pressent que l'autre à quelque chose à cacher, une blessure, un secret. On va s'aimer d'une manière atypique, que l'on invente au fur et à mesure. Le couple peut être cela aussi, un espace de liberté, hors de la société, hors des normes. Où la confiance acquise autorise à être soi-même, et permet aussi d'être multiple et d'accueillir la multiplicité de l'autre. Derrière la façade du contrat marital et du devoir conjugal, un couple peut exister fortement sans affinité sociale ni complicité sexuelle. La connivence peut se jouer ailleurs, autrement. Et pour vous, c'est comment ?...

   Pourquoi ne peut-on pas s'empêcher de parler des autres dans leur dos ? Parce que la médisance sert à se rassurer ! Lorsqu'on critique les autres, ce sont nos propres manques qu'on projette sur eux. Quand on émet des énergies négatives, elles ont de fortes chances de nous revenir en boomerang. Par ailleurs, si les ragots visent à rassurer notre ego, ils ouvrent aussi le chemin au rejet. Si je peux considérer que le différend a autant de valeur que moi, si j'accepte l'idée que plusieurs vérités peuvent coexister, alors je n'ai plus besoin de critiquer d'autres façons de faire, de juger celles et ceux qui n'agissent pas comme moi. J'ouvre ainsi la voie à la paix ! A méditer fissa camarades de la " pleine conscience "...

   " Seul l'humour, trouvaille splendide des êtres entravés dans leur destination de grandeur, des presque - tragiques, des malheureux trop bien doués, seul l'humour (création la plus singulière et peut-être la plus géniale de l'humanité) réalise cette chose impossible, juxtapose et unit toutes les sphères humaines sous les radiations de ses prismes. Vivre au monde comme si ce n'était pas le monde, estimer la loi et rester pourtant au-dessus d'elle, posséder " comme si l'on ne possédait pas ", renoncer comme si on ne renonçait pas, toutes ces exigences courantes et si souvent formulées de la science de vivre, seul l'humour est en état de les réaliser." nous rappelle Hermann Hesse dans Le loup des steppes.
   " Même les saintes, surtout elles, quand on entend ce qu'elles disent, et elles le disent clairement, même les saintes se jugent, et à juste titre, les dernières des dernières, et cela en raison d'une loi spirituelle élémentaire : plus on s'approche de la lumière, plus on se connaît plein d'ombres." dixit Christian Bobin.

   Je viens de fêter mes 66 ans. Cela fait 65 ans que je me vis comme " étranger " sur cette terre. Je pense avoir fait le tour de la " question humaine ". Depuis que je suis en retraite, je me languis de retrouver " notre Père qui est aux cieux ". Maranatha !
   A quoi avez-vous le plus pensé aujourd'hui ?
    Mantra 2024 : réapprenons à parler l'humain !
   En février, c'est la fête des amoureux, et nous sommes toutes, tous, amoureux !
   Alors, pensées amoureuses à chacun.e,
   Jacques


mercredi 17 janvier 2024

 Newslaitue janvier 2024 - 143eme -

Bonjour, ou Bonsoir

" A chaque fois qu'il y a des crises,
il y a des réflexes pour expliquer par le surnaturel ce qui nous arrive. "
Tanguy Chatel

   Je suis, comme beaucoup d'entre vous j'imagine, un peu perdu dans le monde actuel, sa violence, ses métamorphoses à la fois techniques et éthiques, sa situation de crise face aux dérèglements écologiques qui affectent notre condition humaine. Crise du vivant, qui appelle de pouvoir reconsidérer de fond en comble notre relation à la Création. Notre puissance ne doit plus se penser en termes de conquête et de pouvoir sur les corps et les âmes, mais comme présence de chacun à tous et de tous à chacun. Être dans la " pleine conscience " ce n'est pas être procureur mais témoin de notre infinie responsabilité face au désastre. Qui nous aidera à " gagner les hauteurs " ? Réaffirmer notre humanité ?  Ne soyons pas paresseux intellectuellement, émotionnellement. Ne voyons pas seulement une partie de la réalité. Essayons d'apprécier la complexité de la situation et réfléchissons de manière constructive à la façon dont nous pourrons, un jour, vivre en paix. 

   " Si nous pouvions créer une civilisation humaine de huit milliards de personnes vivant dans un équilibre durable avec la biosphère, ne serait-ce pas un aboutissement extraordinaire ? " nous demande Kim Stanley Robinson, 71 ans, l'un des plus grands auteurs américain de science-fiction contemporains, dans son ouvrage Le Ministère du futur, qui déroule un scénario réaliste de la façon dont l'humanité peut, au cours des trente prochaines années, surmonter la crise climatique. Méditer et militer, dès janvier ?!...

   Il y a d'autres manières de réussir sa vie que d'amasser de l'argent. " Mon porte-monnaie est vide, mais ma vie est riche et réussie " nous disait l'Abbé Pierre. Je pense aussi aux réseaux sociaux, que je refuse de fréquenter car je préfère la rencontre avec l'autre, celle où l'on s'expose. Les réseaux sociaux ont ouvert les portes de la haine et de la délation. C'est un déversoir où l'on peut vomir plutôt que construire. A méditer !  " Être un type bien dans la vie, cela demande des efforts, c'est une démarche. " nous dit Olivier Gorce, coscénariste du film L'Abbé Pierre, une vie de combats. Dans la vraie vie comme sur les réseaux sociaux. Gagnons en hauteur !
   C'est dans cette décennie qu'il faut agir. Inventer et mettre en œuvre un nouveau modèle prendrait trop de temps. L'utopie est l'espoir de notre temps ! Extinction ou construction ? Il est deux sortes de gens selon Robert Scholtus " les doctrinaires et les poètes "" les propagandistes du système " et " les êtres du désir "
   Vous vous situez où, vous ?...

   L'humoriste Sophia Aram, dans son nouveau spectacle Le Monde d'après s'empare de l'actualité. Drôle et engagée, elle cible les populistes, complotistes et autres "timbrés", tout en faisant l'éloge du dialogue et de la nuance. " Je parle des antivax, des admirateurs de Poutine, plus généralement de tous les timbrés qui nous fatiguent et qui occupent pas mal d'espace. Espace médiatique, mais aussi espace dans nos cerveaux. Nos têtes deviennent des poubelles dans lesquelles s'insèrent pas mal de trucs dégueulasses. Nos esprits sont encombrés et parasités en permanence. On a l'impression que ce n'est plus possible de dire ce que l'on pense. Il y a des sujets non négociables : la laïcité et l'universalisme. C'est mon socle. Je me bats contre ceux qui font du misérabilisme et de la victimisation un programme (suivez mon regard... !)L'extrême droite n'est pas fréquentable. Point !  

   Même cachée derrière des petits chatons. On ne résout rien en agitant les peurs, en attisant les braises ou en promettant le grand soir. Quand quelqu'un fait l'éloge de la nuance, c'est moins sexy que quelqu'un qui propose le feu, les larmes, le sang, mais c'est comme ça que nous avancerons. Évidemment il y a des timbrés, évidemment il y a des cons. Ils seront là. Ils seront toujours là. Je pense que la majorité silencieuse et raisonnable existe. La pondération est de plus en plus reconnue comme une valeur et pas comme un signe de faiblesse. C'est plutôt rassurant. Il y a des gens nuancés, de tous bords, avec qui on peut discuter, débattre, se retrouver sur un socle essentiel : la République. Je suis convaincue que nous sommes nombreux, y compris dans la jeunesse, à ne pas rêver de révolution permanente ! C'est ce que je ressens. Les gens ont envie de nuances. Ils veulent des débats sereins. On a envie d'un tout petit peu de hauteur, sans démagogie. C'est plus compliqué d'être nuancé que d'être démagogue, mais il ne faut surtout pas laisser le champ à ceux qui gueulent le plus fort. " Voilà, c'est dit !

   29% des Français ne perçoivent ni le sens ni l'utilité de leur emploi, selon une étude menée par Projet Sens en juillet dernier. Comme dit la chanson " c'est pas la joie " au boulot pour un tiers des travailleurs ! Ce qui nous demande ici de redéfinir un peu ce qu'est la Joie. Première caractéristique : elle est gratuite. Elle existe en soi, sans autre raison qu'elle-même. André Gide disait : " On appelle joie cet état de l'être qui n'a besoin de rien pour se sentir heureux. " La vraie joie est pure joie de vivre, joie d'être. Elle peut se signaler par un rire, un sourire ou être intériorisée et prendre les couleurs de la sérénité ou de l'émerveillement, se manifestant par la brillance du regard. Le feu de la joie se situe à l'intérieur de nous. Il implique corps, âme, esprit. C'est se sentir participer au vivant. C'est là que nous retrouvons les 29% qui sans doute ne se sentent pas participer au "vivant" dans leur boulot.... A méditer fissa camarades !

   Le pessimisme n'invite pas à l'inaction. 
   Il faut toujours se battre pour améliorer et transformer le monde. 
   Le pessimisme n'est pas le défaitisme. 
   Je suis un pessimiste qui espère !

«Soyez comme l'oiseau posé pour un instant sur des rameaux trop frêles,
qui sent plier la branche

et qui chante pourtant,
sachant qu'il a des ailes.»
Victor Hugo


" Si l'on nettoyait les portes de la perception,
toutes les choses apparaîtraient telles qu'elles sont,
c'est-à-dire infinies. "
William Blake

Des livres et vous
" Lire, c'est accepter d'être déplacé et dérangé dans nos représentations et nos affirmations. Sinon, comment accueillir "ce qui vient" ? " Frédéric Boyer
"Sagesse du politique : le devenir des démocraties" Perrine Simon-Nahum, historienne et philosophe
"Seuls les enfants changent le monde " Jean Birnbaum (faire rimer enfance et espérance à l'heure du non-désir d'enfant...)
"Les Ingénieurs du chaos" Giuliano da Empoli (pour comprendre l'articulation du national populisme et des réseaux sociaux : urgence de lucidité, camarades !)
"La Conversation des sexes. Philosophie du consentement" Manon Garcia, philosophe
"Réinventer l'amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles" Mona Chollet, essayiste

Sites
"Healing Rituals" Naïssam Jalal (répertoire méditatif pour soigner les âmes et soulager les corps)
"Whisper Me a Tree" Olivia Gay (a le goût d'accorder son violoncelle au chant des oiseaux...)
"A Time to Remember" Elina Duni (plane au-dessus des frontières et ouvre l'horizon)
"I inside the old tear dying" PJ Harvey (empreint de sérénité, mélodies iridescentes, textes intemporels, elle étonne et passionne plus que jamais)
"Mémoire de forme" Pierre Rousseau (avec le sens de la micro-mélodie addictive. Un délice !)


" Mettre de l'ordre dans le quotidien, c'est cela le changement,
et pas quelque chose d'extraordinaire en dehors du monde."
Krishnamurti

   La mort est moins visible qu'avant, moins familière, mais frappe toujours autant : selon les dernières estimations, 100% des humains seraient concernés ! Parler de la mort ne fait pas mourir.... Peut-on se préparer à mourir ? C'est la direction vers laquelle nous allons tous... en prenant souvent bien soin de regarder ailleurs ! Derrière cette question, ce qui palpite c'est la vie. Pour mourir, c'est comme pour vivre, il faut lâcher prise. De toute façon, il y aura des larmes... celles qui arrivent avant aident à construire l'après. On pense que ce sont les vivants qui ferment les yeux des morts,mais ce sont les morts qui ouvrent les yeux des vivants. C'est souvent lorsqu'on perd un proche qu'on est amené à se demander ce qu'on souhaite pour soi. La maladie amène à se poser les bonnes questions. C'est dommage de l'attendre pour prendre soin de soi. Les chanceux qui se portent bien devraient-ils avoir leur fin de vie en ligne de mire ? Pas tout le temps, mais un peu, pour mieux la savourer. On pourrait préparer sa mort comme tout grand moment de la vie. On en est loin ! S'en préoccuper, c'est un acte généreux. " Parler de la mort ne fait pas mourir ! " résume Claire Fourcade, médecin.

   Perso, j'ai failli mourir plusieurs fois étant enfant à cause de l'asthme. C'est sans doute ce qui a déclenché ma quête spirituelle à l'adolescence. Quête vers l'Orient d'abord, puis l'Occident ensuite. Face à la mort, ouvrir les mains.... Philosopher, c'est apprendre à mourir. " Refuser de mourir, c'est ne pas avoir accepté de vivre. Nous avons reçu la vie à charge de mourir. " nous dit Sénèque.  " Quittons la vie de bonne humeur, comme tombe une olive mûre, qui bénit la terre qui l'a nourrie et rend grâce à l'arbre qui l'a fait pousser. " signe Marc Aurèle" Ne sais-tu pas que maladie et mort doivent nous saisir au milieu de quelque occupation ? Elles saisissent le laboureur dans son labour, le matelot dans sa navigation. Et toi, dans quelle occupation veux-tu être saisi ?" nous demande Epictète.
   Prononcés sur le lit de mort ou gravés sur une pierre tombale, les mots de la fin font forte impression. 
   Sur le lit : 
. " C'est bien. " Emmanuel Kant
" Ne pleurez pas pour moi : je vais là où la musique est née." Jean-Sébastien Bach
" Buvez à ma santé ! " Pablo Picasso
   Sur la tombe : 
. " J'aurai l'air d'être mort, et ce ne sera pas vrai.",
. " Je t'ai adorée tu me l'as rendu au centuple, merci la vie. ",
. " Je pars les mains vides, et le coeur rempli d'attentes. " 
   Et après tout, serait-ce une vie de réfléchir sans cesse à sa fin ? Ou est-ce, au contraire, la vivre vraiment que de la savoir fugace ? Les enfants grandissent. Les pourquoi aussi. Vivre la vie comme elle est, imprévisible, précieuse et fragile. Vivre maintenant, pleinement. À méditer mes amis... mortels !

   Nous fêtons ce mois-ci les 17 années d'existence de notre association EPHATA. Nous gardons un réel bonheur d'avoir accueilli toutes ces riches personnes : Jacques Musset, Dr Yves Prigent, Pierre Milcent, Georges Romey, Jean-Albert Guénégan, Bernard Feillet, Catherine Preljocaj, Dr Frédéric Rosenfeld, Robert Scholtus, Alina Reyes, André Comte-Sponville, Thomas d'Ansembourg, Fabrice Midal, Xavier Péron, Bertrand Vergely, Alain Aubry-Mouvement Colibris, Dennis Gira, Jean-Baptiste de Foucauld, Pierre Rabhi, Guy Corneau, Philippe Mac Leod, Michel Cazenave, Marie Milis, Dr Jacques Vigne, Pierre Chamard-Bois, Mohammed Taleb, Josef Schovanec, Jean-Pierre Le Danff, Axel Kahn, Eric Clotuche, Yves Dutriez, Jacques de Foïard - Brown.
   Que gardez-vous aujourd'hui de leurs passages ? En quoi vivent-elles encore en vous ? Continuent-elles à inspirer votre quotidien ? 
   Certaines ne sont plus de ce monde, mais leur présence se fait toujours palpable, ne serait-ce qu'à travers les écrits, les vidéos, qu'elles nous ont laissé : Yves Prigent, Georges Romey, Guy Corneau, Michel Cazenave, Axel Kahn, Pierre Chamard-Bois, Pierre Milcent, Pierre Rabhi, Philippe Mac Leod, Bernard Feillet. Et puis il y en a un que l'on a invité à plusieurs reprises. Il a toujours gentiment décliné par quelques mots bleus sur une carte postale. Le délicieux Christian Bobin. Lui, nous ne sommes pas prêts de l'oublier.

   Notre association a rarement fricoté avec le bien-être. Elle se situe plutôt vers le plus-être. Autrement difficile à atteindre. Le bien-être est un univers qui, dans son ensemble, constitue un gigantesque marché, générateur d'un chiffre d'affaires annuel de 4 400 milliards de dollars à l'échelle mondiale (rapports du Global Wellness Institute réalisés entre 2019 et 2022) et qui, en vingt ans, s'est imposé comme l'une des poules aux oeufs d'or du capitalisme. Je crois que les espaces de bien-être font partie des lieux où les idéologies dominantes se diffusent le plus efficacement. Plusieurs livres, médias et œuvres de fiction se sont emparés du sujet pour en dénoncer la dimension individualiste, superficielle, autocentrée, voire hygiéniste. Rien à voir avec " le monde d'après " ! L'avènement du bien-être a offert un nouveau terrain de jeu à des idéologies complotistes, réactionnaires, voire fascisantes. Alors que les pratiques de bien-être devraient contribuer à l'émancipation des individus, faciliter les luttes, "rendre la révolution irrésistible" (Toni Cade Bambara, activiste autrice afro-américaine)

   Incarner une promesse de douceur, de sensualité et de plaisir, pour un horizon plutôt désirable. Comment ? En créant des espaces d'où sont exempts les injonctions normatives, les discriminations, les oppressions et les rapports de pouvoir. On peut rêver ! Ces possibles ne sont pas des inévitables (voir le collectif Gras politique qui a élaboré des cours de yogras pour des personnes grosses). Faire germer une culture où s'adapter les uns aux autres est devenu normal ne peut qu'améliorer la vie collective. Cette culture de l'adaptation est une richesse. Nous aurions tout intérêt à opter pour des pratiques qui nous permettent de résister au système en nous y " désadaptant " ! Horizontaliser le bien-être. Sortir de la binarité. Respecter les cultures des autres. Se désadapter. Exiger la lenteur. Bouter la croissance hors de nos corps. Prendre sa place. Revendiquer le plaisir. Cultiver la vulnérabilité. Défendre une approche systémique. Retisser nos liens avec le monde. Revendiquer une spiritualité engagée. 
   Alors... c'est quand le changement ? En 2024 ?!

   Et vous, quelles notes vous trottent dans la tête ?
   Où souffle le vent de la " plénitude" ?
   Qu'attendons-nous pour être heureux ? Sourire mobilise 15 muscles, mais faire la gueule en sollicite 40. Reposez-vous : souriez !
   " Je voudrais des bras autour de mes épaules, des baisers, un rire, juste pour m'endormir. " Danièle Laufer. Et vous ?...
   " Meilleurs Voeux 2024 " à vous qui me lisez,
   Jacques

PS : petit cadeau de Nouvel An = https://m.youtube.com/watch?v=WOFyM0jQTPU