mardi 12 décembre 2023

 Newslaitue décembre 2023 - 142eme -

Bonsoir, Bonjour

" Soyez pareil à un petit enfant,
mais pas infantile."
Râmdâs

    Je pratique le yoga depuis l'âge de vingt ans. Je l'ai enseigné durant vingt-deux années. En intégrant l'univers du bien-être, j'ai découvert une culture qui n'était pas du tout raccord avec ma façon de voir le monde. Dans le milieu du bien-être, il est d'usage de promettre aux gens de grandes choses : une meilleure vie, un équilibre psychologique, corporel et spirituel, bref, le bonheur. Cette logique de perfectionnement en continu, qui implique de consommer toujours plus, est une aubaine pour le capitalisme. Par ailleurs, ces pratiques individuelles, souvent présentées comme des solutions aux problèmes collectifs, nourrissent une logique des petits gestes, idéale pour ne surtout rien changer ! Enfin, il ne m'a pas fallu longtemps pour réaliser que ces pratiques, outils et espaces de bien-être, étaient en fait surtout structurés pour convenir à des personnes jeunes, riches, blanches, minces et valides ! 

   " Aujourd'hui encore, je suis frappée de voir à quel point, dans ce milieu où l'on adore se revendiquer "apolitique", ces sujets sont impensés. Sauf que dans les faits, ce n'est pas du tout ce qui se passe : on ne s'extrait pas des problèmes du monde, ils nous traversent à chaque instant. Ainsi, dans le bien-être comme ailleurs, les normes dominantes, qui créent et entretiennent les inégalités, tendent à se renforcer. L'idéologie individualiste et néolibérale, qui affaiblit toujours plus le collectif et isole toujours plus les individus, tend à s'intensifier.

   Comme le reste de la société, le monde du bien-être est un espace traversé par une multitude d'enjeux très politiques, auxquels nous participons dès lors que nous fréquentons ces espaces. Que l'on se considère apolitique ou non ! Ne pourrions-nous pas plutôt, dans une optique progressiste, subvertir le bien-être pour faire en sorte que ses pratiques et ses espaces se mettent davantage au service d'un projet collectif visant la justice et l'émancipation pour toustes ? " nous éclaire Camille Teste dans son ouvrage décapant Politiser le bien-être. Ce livre percutant et juste est ce que j'ai lu de plus pertinent sur la question jusqu'à ce jour. A lire par tous.tes ceux et celles qui se disent en "pleine conscience".
   Et vous, que pensez-vous de cet impératif moral, très actuel, au "bien - être" à tout prix (et à tous les prix !) ?

   " Le capitalisme, c'était la promesse d'un monde meilleur. En réalité, c'est le triomphe, et on le voit tous les jours, du parti de l'égoïsme." disait l'autre jour sur France-Inter Matthieu Pigasse, homme d'affaires et ancien banquier d'affaires. Dans le même registre, la Docteure en sciences de l'environnement, conseillère en transition économique et environnementale auprès de l'Union Européenne, et coprésidente du Club de RomeSandrine Dixson- Declève, écrit une page entière dans La Croix du 09 octobre dernier : " Le capitalisme est de plus en plus destructeur pour nos sociétés. Nos contemporains ne se réduisent pas à un "Homo oeconomicus" se bornant à produire et à consommer." Son dernier rapport Earth for all, terre pour tous propose cinq changements de caps radicaux. Alors, on fait quoi ?!... Extinction ? Ou rébellion ?!

" Je rêve d'une joie qui me féconde/
et je te germe dans la nuit profonde/
où les étoiles sont autant d'aubes qui nous rajeunissent "
Alice Renard, 21 ans, " La Colère et l'Envie "

    Question pour des champions. Mais d'où vient cette " électricité" qui est dans l'air dans nos relations humaines depuis la pandémie ? C'est incroyable depuis notre passage au " tout numérique" comment les individus - nous compris - sont devenus " à cran " pour un oui pour un non. Il n'y a pas un sujet qui peut être abordé sereinement, tranquillement, sans que nous sortions nos théories, croyances, avis, points de vue, et ce trop souvent de manière " agressive ". L'on pourrait disserter sur la question durant des heures, des pages entières. 
   J'ose juste ici une hypothèse, un avis, un ressenti : c'est parce que nous ne nous touchons plus ! Plus assez de tendresse humaine. Se prendre dans les bras, s'enlacer, s'embrasser. Gratuitement. Chaque jour, chaque matin. En couple, en famille, avec les amis, les proches, les gens dans la peine, le besoin, le désir. Juste nous toucher. Tout simplement. Humainement. Alors d'ores et déjà je fais un vœu de nouvelle année : " Touchons - nous les uns les autres !", et le monde s'en portera mieux. 

   Crise du logement en France : " Il y a un peu plus de 3 millions de logements vacants dans le pays " titre mon quotidien. Et pourtant, il y a des logements vacants dans le parc immobilier des diocèses français. Ainsi que dans quantité de monastères, abbayes. Autre titre : " Plus de 60% des 1721 logements de fonction des collèges et lycées bretons étaient " inoccupés en 2019 ". Cherchez l'erreur. De qui se moque-t-on ? Extinction... rébellion !

   La Fondation Abbé-Pierre estime à 330 000 le nombre de personnes sans domicile en France, soit 30 000 de plus en un an !? Au total, 4,15 millions de personnes seraient mal-logées dans notre pays, selon la Fondation. Dans la Sarthe (Ouest-France 24 octobre)Denis Lefranc, avec le soutien de l'Etat, porte le projet de construire des paligloos par et pour des personnes en précarité. Avec un coût d'environ 20 000€, une personne au RSA peut devenir propriétaire en huit ans. Le projet n'a pas abouti : impossibilité de trouver un terrain privé viabilisé !? Et blocage des bailleurs sociaux sur les normes du bâti !? Des freins culturels, alors que les pays scandinaves, eux, se sont approprié ces constructions alternatives. L'association Habitats Légers, en Bretagne, propose la même chose sur la France entière : certaines communes se réveillent. On vit dans un pays de frileux ou quoi ?!... Il y a des fois où je deviendrais bien révolutionnaire, gast !

   " UE : le racisme contre les noirs augmente " titre encore mon quotidien. Le rapport " Etre noir dans l'Union européenne " publié fin octobre montre une augmentation du racisme en Europe, y compris en France. Le contraire chez nous m'aurait étonné. Allez, braves gens, continuez votre pétanque, Yi-Gong, votre Taï-Chi, votre méditation, votre yoga, votre coaching : nous vivons une belle époque, le "niveau monte" et qu'est-ce qu'on est bien "entre nous" ! 
   Ce rapport me désole, et ne me surprend pas. Quel pays mes amis : la France est un paradis où ses habitants deviennent de plus en plus "bizarres"...  alors que c'est bien la richesse qui rend nos existences compliquées. A méditer, nom d'un pangolin ! 

   La "pleine conscience", la lucidité, la clairvoyance, impliquent pour chacun.e d'entre nous de voir que les partis extrémistes profitent beaucoup plus que les acteurs politiques modérés de l'utilisation des plateformes numériques telles que Facebook ou YouTube et y déclenchent des "épidémies de rage et de ressentiment". Les algorithmes sont conçus pour retenir le plus longtemps possible l'attention des usagers. Pour ce faire, les émotions négatives - indignation, peur, perception d'un préjudice, victimisation, insulte, polémique... - sont les plus efficaces ! 
   La technologie du Web permet de cibler individuellement en temps réel les usagers en fonction de leurs craintes ou de leurs attentes. Les profiteurs du chaos n'ont pas besoin de travailler à la cohérence de leurs discours : il leur suffit d'additionner tous les votes de colère et de les capter le jour du scrutin ! Situation réplicable partout, y compris en France. Vous avez dit "pleine conscience" ?!

" Plus je vieillis, plus je trouve que je ne peux vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent
 et qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. "
Albert Camus

Des livres et vous
"Impostures mystiques" Joachim Bouflet, spécialiste des phénomènes de piété populaire.
"La Colère et l'Envie" Alice Renard (révélation à 21 ans ! Jeune prodige à la plume incandescente. Sa fulgurance enchante autant qu'elle bouleverse.)
"Politiser le bien-être" Camille Teste (comment les pratiques de bien-être pourraient être de puissants outils d'émancipation et de changement politique...)
"Un si grand désir de silence" Anne Le Maître
"Son odeur après la pluie" Cédric Sapin-Dufour (célébration de la Nature, beauté d'une rencontre, élargissement du monde : premier récit, succès inattendu.)

Sites
Musiques
"Forever Means" Angel Olsen (on balance entre abandon total, éblouissement, dont l'absolu moment de grâce Forever Means...)
"The Great White Sea Eagle" James Yorkston (disque solaire... écouter aussi le magnifique The Wide, Wide River)
"Carvings" Juni Habel (jeune Norvégienne, ces chansons sont les joyaux de ce trésor d'intimité)
"Toil and Trouble" Angelo de Augustine (musique douce et enveloppante, mélange de délicatesse et d'extravagance)
"The Chopin Project" Camille Thomas (violoncelliste belge top niveau + Jane Birkin + musique de chambre + quatuor à cordes, 3 cd 220 min. = un bijou !)

"L’homme est fou. Il adore un Dieu invisible et détruit une nature visible, inconscient que la Nature qu’il détruit est le Dieu qu’il vénère. » 
                                                         Hubert Reeves

   " Ne faîtes jamais d'économie de beauté " dit Shantidas " car la laideur comme la tristesse et l'ennui sont le signe d'une dégradation de l'homme : une maladie spirituelle ". " La réalité doit redevenir à nos yeux ce qu'elle est : belle et sacrée, œuvre, signe et don de la Vie, digne de notre respect et de notre peine. Une invitation à la tenue, à la beauté des chants, de la danse, beauté des attitudes, des repas, des outils... Invitation à l'intériorité, au respect, à l'émerveillement et à la gratitude. " La société nous compartimente dans nos conditions, elle que nous croyons libérale. La nature, au contraire, nous accompagne et nous délivre, elle que nous croyons tyrannique. L'une s'annonce avec des lois idéales et elle nous matérialise. L'autre se tâte de la main et elle nous spiritualise." nous dit Pierre Mourand.

   Plus haut, je nous ai parlé de la tendresse du toucher. Du courage de la tendresse osée alors que l'on s'évite par peur de... quoi au juste ? Témoigner jusqu'au bout de la puissance de la douceur, au cœur de nos contradictions, de nos incompréhensions. " Une "théologie tendre " signifie pour moi qu'elle se met au service de tout ce que notre humanité peut abandonner d'elle-même, nos faiblesses, nos défauts, nos erreurs. Qu'elle se donne comme seule réponse à nos déchirures. " nous dit Frédéric Boyer

   La tendresse comme une intensité de notre relation à autrui qui témoigne aussi de notre propre vulnérabilité. " Il y a une grâce de la tendresse qui donne gratuitement une attention, un soin que nous n'espérions pas ou plus. ". La tendresse comme un espace protecteur de compréhension et de réparation. Un espace de liberté où se réfugier sans avoir à apporter de justification. 
   " Le don d'un lieu humain où prendre repos. " nous dit encore FB. La tendresse aussi comme un rempart à nos propres désirs de domination et de pouvoir. Une théologie " tendre " s'interdit de " marcher dans les jardins de la grâce avec une brutalité effrayante " pour reprendre la magnifique expression de Robert Scholtus dans son dernier livre émouvant Car rien n'est jamais achevé

   La poésie, que je découvre depuis peu, travaille à bouleverser nos plans. Elle empêche toujours que l'existence soit une machinerie réglée. Elle excite nos sens et notre pensée dans des directions imprévisibles. Bientôt elle sera notre dernière liberté.... " Elle est cette hésitation entre le cri et le chant que nous portons au cœur et à la bouche depuis le premier matin " (Emmanuel Godo)

   Novalis disait que " la poésie est la religion originaire de l'humanité ". Il y a dans la poésie une forme obstinée de désobéissance aux lois par lesquelles les puissants entendent régenter la vie des âmes. Une forme d'insurrection des consciences, pour résister à toutes les oppressions ! Dans ce monde qui nous fragmente et nous disperse pour mieux nous désorienter, elle nous permet de nous redécouvrir... humains. Simplement humains.

    Doit - on s'accommoder de la pression ?
   Quand on a rien ou peu à perdre, jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour défendre nos intérêts ?
   Dons des milliardaires, générosité ou opérations de communication ?

Sous la caresse des vagues d’un océan de feu

La Nuit s’étire dans les bras du ciel.

 

Le soleil comme un fruit posé entre ses lèvres

Luit et fond sur sa langue amoureuse.

 

Gourmande et vaste, elle embrasse le monde

Elle ondule, la Nuit, dans son lit de sel.

 

Elle ondule et s’endort, dans une mer d’amour

Emportant dans ses rêves un petit cœur de braise.

Charlotte Schwartz 


   Parenthèse contemplative : quand les nuages se taisent... Maranatha !
   Belles fêtes de fin d'année : de la lumière, de la joie, de la légèreté, nom d'un pangolin !
   Le mantra hippie reste plus que jamais d'actualité : " Faîtes l'amour... pas la guerre ! "
   Jacques

NB : petit cadeau de fin d'année, réalisé par notre ami Jacques (l'autre !). 
         Il a tenu à m'inclure lors de son passage en BZH l'été dernier : https://youtu.be/sCL10yvHDwU?si=ZuFO2GtHqJ0ilb8G)_

samedi 4 novembre 2023

 Newslaitue novembre - 141eme -

Bonjour, Bonsoir

" Si vous détruisez la nature,
la nature vous détruira. "
Wangari Maathai
(icône féministe, première Africaine à recevoir le prix Nobel de la paix en 2004. 
Fondatrice du premier parti vert au Kenya en 1977, 
élue au Parlement puis ministre de l'Environnement.)


   Sommes-nous des moutons ?... C'est bien de clamer que l'on défend la liberté de penser. Mais ce n'est pas suffisant. Par essence, elle pose question, pose des questions. Elle se méfie des consensus (mous) et des idéologies. Elle fait un pas de côté. Elle est incorrecte. Il n'est pas difficile d'avoir l'esprit libre face à un adversaire ou à un "camp" particulier. Il est bien plus compliqué d'être libre à l'égard des siens, des proches, des amis, des gens de son camp ou de sa tribu. Hurler avec les loups est un réflexe pavlovien ! La vraie liberté, ce n'est pas du tout cela. L'Histoire regorge d'individus qui se sont faits injurier, mépriser, exclure du cercle des gens "fréquentables", scandalisant leur propre camp. Ils n'obéissaient pourtant qu'à la simple exigence de vérité. L'émerveillante banalité du quotidien...

  "  Aujourd'hui, le même devoir de liberté nous incombe. Il s'agit de se libérer des prudences tribales, de refuser la douce injonction des amis, de s'écarter quand il le faut des quiétudes de la "famille". L'opinion qu'on partage trop étroitement avec les siens est une tiédeur rassurante, une tanière où l'on se sent à l'abri. C'est aussi, parfois, un aveuglement plus ou moins volontaire. Par fidélité à la tribu, on s'empêche de penser librement. C'est ainsi qu'écrivent les moutons professionnels qui sont foule dans les médias ou en politique.

   D' autres, heureusement, sont plus têtus. Ils n'acceptent pas de suivre le troupeau. Ceux que les pressions du groupe et de l'air du temps ne parviennent pas à mettre au garde-à-vous. La liberté d'expressions n'est jamais "tendance". Là est sa grandeur. C'est plutôt un sport de combat. Un sport solitaire. Résister, garder ses distances = esprit libre. Etre un "refusant", c'est renoncer une fois pour toutes au confort intellectuel, à la logique de meute. C'est garder son quant-à-soi et penser par soi-même. Nous avons besoin de ces paroles libres. Elles seules parviennent à réveiller les âmes "habituées", en brisant net avec l'ennui répétitif du commentaire moutonnier. " nous dit Jean-Claude Guillebaud dans La Vie du 03 août dernier.
   Et vous, vous êtes plutôt mouton ou berger ?... Visionnaires, levez - vous !

   Ma mère, 96 ans, se morfond au sein d'un EHPAD depuis quelques années. Elle sombre petit à petit. Moralement, psychiquement, mais pas physiquement. Elle s'étiole, se dissolve dans la confusion des temps, des espaces et des personnes. Elle prie, elle Lui demande de la libérer. Aucune réponse, aucun signe du Très-Bas ! Quitter la terre, vaste programme qui nous pend tous au nez.... Que devient le corps d'une mère ? Pouvons-nous perdre celui qui nous a porté et pris soin de nous ? 
   " Une mère ne disparaît pas mais est hissée ailleurs dans un amour parfait. Une assomption qui peut-être vaut mieux qu'un prolongement. Toute fin est inénarrable mais penser que la mort d'une mère apporte un "éboulement de trésors" (Paul Claudel) est une consolation." nous console Frédéric Boyer.
   Quand on a que l'amour...

   Prendre soin de soi. Vous connaissez ce leitmotiv. Pour prendre soin des autres aussi. Sinon cela ne sert à rien, si ce n'est de se regarder le nombril (ou dans le miroir). En cette rentrée active, je me fais plaisir en rejoignant une chorale, "fun et inclusive", au répertoire pop et variété internationale, avec un soupçon de musique urbaine. Nous sommes 55 : super tonique les amis ! Je m'offre aussi un atelier poésie tous les deux mois avec l'un de nos écrivains locaux. Et je fais bouger mon corps au sein d'un cours de danse contemporaine. Et tous les jours je marche dans le bois à côté de chez moi, au bord du halage ou de l'océan. 
   Côté bénévolat, je m'éclate à faire des crêpes pour le Téléthon local, promène les chiens de la SPA du coin (plus je connais les hommes, plus j'aime les chiens !), soutiens des personnes âgées isolées par des visites, téléphone ou voiturage. Et je me fais plaisir en allant aux concerts de jazz, blues, musiques du monde, qui ont lieu autour de chez moi. Elle est pas belle la vie de retraité, nom d'un pangolin !

   De moins en moins en phase avec mon époque, serais-je devenu un vieux con (je n'ai que 65 ans) ?! Ce qui m'interroge, c'est que la démocratie est en mauvaise santé. On vit dans un empire du bien, avec des curés de la pensée en tenants de l'ordre moral. Petit à petit, ils restreignent les libertés individuelles, nous disent ce que l'on peut ou pas dire. Je vois la liberté d'expression s'amenuiser. L'accès aux médias n'est plus le même qu'avant car il existe un lissage de la pensée. Il n'y a que sur scène que l'on peut dire ce qu'on veut. Alors, on vieillit et on se refroidit ?!... Je crois que j'ai toujours aimé les êtres humains. Aujourd'hui je réalise à quel point chacun d'entre eux peut être unique et précieux. Là où je percevais le monde et les gens comme immuables, je les vois désormais sous une menace perpétuelle, au bord d'une catastrophe imminente. Plutôt que de me contenter d'observer, j'éprouve maintenant un besoin de soulager, d'aider les autres. La vie ne tient qu'à un fil.
   " La musique est l'un des derniers refuges pour une expérience spirituelle aujourd'hui - d'où son importance. La planète irait peut-être mieux si tout le monde se mettait à la céramique... Si chacun peut être frappé par le malheur, on est tous aussi capables d'accéder à la beauté du monde et de l'humanité." nous dit le chanteur Nick Cave dans Foi, espérance et carnage, livre événement traduit en français.

   La pensée d'Emmanuel Mounier, dcd à 45 ans, vous en avez entendu parler ? Fondateur de la revue Esprit, initiateur du personnalisme, ami de Ricoeur. Tous les témoignages s'accordent à louer ses qualités humaines de simplicité, de modestie, et son " incroyable capacité d'accueil" Mounier écoutait, en vous regardant calmement de ses grands yeux bleus." Il fera de la générosité le principal ressort de la vie de la personne définie comme être de don, de présence et d'engagement. Et cela dans " une vision combative de la dignité humaine ". Chez lui, le dire et le faire allaient d'un même pas. Il " a passé sa vie à ouvrir sur l'espérance des fenêtres à un monde asphyxié " et à en dénoncer " le désordre établi ".
   " L'originalité de son regard sur la société venait de ce qu'il portait loin et profond, en s'efforçant d'identifier les racines des dysfonctionnements, certes économiques, sociales et politiques, mais plus fondamentalement spirituelles. Préoccupons-nous, disait-il, de la mécanique sociétale mais aussi et surtout du carburant qui en conditionne l'horizon. A l'heure du changement de logiciel civilisationnel, de la conversion des modes de vie, de la révision de nos grilles de valeurs, cette pensée conserve une évidente actualité." nous avertit Jacques Le Goff. A méditer camarades !

" C'est parce qu'il ne savait pas où il allait
qu'il était dans la bonne direction."
Grégoire de Nysse
    
Enlivrez - vous
"Dieu sur terre" Thomas Fersen (le chanteur publie un savoureux premier roman grâce à des vers dévergondés !)
"Histoire naturelle du silence" Jérôme Sueur (silence, écoutez... poésie et pédagogie.)
"Petit traité de la joie. Consentir à la vie" Martin Steffens
"Vivre nu" Margaux Cassan (analyse l'évolution de cette pratique, qui l'a aidée à se construire et s'accepter. Le naturisme est un mouvement politique...)
"L'art et la manière" Barbara Carlotti (recueil de nouvelles érotiques qui sont surtout de remarquables portraits de femmes libres.)

Sites
phileod.fr (en souvenir de notre ami Philippe...)

Musiques
"Red moon in Venus" Kali Uchis (en l'écoutant, vous vous sentirez somptueux, chacune de ses chansons est un songe euphorisant)
"Massages for piano" Arnaud Roulin (pianiste et kiné, le toucher fonde ici un éblouissement, un lyrisme solaire...)
"Mariposa" Barcella (un poète véritable d'aujourd'hui...)
"Symphonic Blues Project, de Thierry Maillard et William Russo" Orchestre Victor Hugo/Jean-François Verdier-Awek Blues (le soleil de cette musique se lève à l'ouest)
"En vacances sur Terre" Romain Lateltin (ballades délicates poétiques savoureuses...)

" Le bonheur, c'est tellement plus léger à porter
qu'une existence raisonnable et convenable. "
Alice Parizeau

   Humeurs en liberté, glanées dans mon quotidien : 
   " Les mots gentils. Je les imagine dodus. Tout gonflés de douceur. Emplis du bonheur de faire plaisir. Certains les trouvent niaiseux et préfèrent les garder enfouis en eux. Mais je ne crois pas que ce soit leur place. Ils sont faits pour être offerts. Sans condition, ni embarras." ; 
   " Aujourd'hui, j'ai reçu ma dernière facture d'électricité, et honnêtement maintenant je pense qu'ils facturent : - la lumière du jour - la lumière de l'espoir - la lumière divine - la lumière perpétuelle - Et la lumière au bout du tunnel.... " .

   " N'évangélisez pas par la parole, mais par l'être ! " nous disait Mère Thérésa. A mille lieux de nos intellos de tous poils spirituels, qui théologisent ou philosophent à longueur d'amphis ou de pages remplies, mais s'avèrent incapables de planter un clou (ou un choux !) ou de changer la couche de leur BB. A méditer...
   Être en "pleine conscience", c'est, je crois, consentir à être décalé afin d'être, comme disait Charles Péguy, " habité " plutôt que d'être " habitué " ! A méditer aussi.
   On met du contrôle et de l'assurance partout dans notre vie (enfin, certains, pas tous !). On se protège, on prend des précautions, on rigidifie et tout cela a quelque chose de mortifère, n'est-ce pas ? Et puis, un jour, au coin d'une rue, un geste, un regard, un mot et tout bascule : c'est très vivant de tomber amoureux ! C'est un élan de vie, de création, de mouvement. Avec en plus une dimension sexuelle et érotique qui donne encore plus d'intensité. Cet état amoureux vient nous révéler notre valeur et ce dont on est capable. Je crois que l'on garde une trace indélébile positive des gens dont on a été amoureux. Au bout d'un moment, même après un échec amoureux, on s'aperçoit qu'à un endroit, cette relation a laissé un cadeau.
 
   Doit-on encore faire des enfants ? Fin novembre 2022, nous dépassions les huit milliards d'êtres humains sur Terre. Une information qui, face au dérèglement climatique, a renforcé les inquiétudes. Certains se demandent même s'il faudrait arrêter de faire des enfants. Est-ce vraiment la solution ? Geste écologique ultime ? Solution magique ? Ou être parent autrement ? Lâcher-prise dans notre rapport à l'avenir et au vivant ? Positive attitude ? Ne pas céder à l'éco-anxiété, peur irrationnelle ? Sortir de la culpabilité de faire des enfants ? Je vous le demande. D'excellents livres et articles sont disponibles sur la question.
   Perso, à 18 ans, il n'était déjà pas question pour moi d'avoir des enfants dans ce "monde pourri" !?... Quinze ans plus tard, j'étais père de quatre enfants ! Aucun regret, que du bonheur. Quatre petits "maîtres spirituels" à la maison : le top ! Pas assez de place ici pour vous dire tout ce que cela m'a apporté de richesse, d'ouverture, d'énergie créatrice, de liens, d'humanité, etc etc.

   Vous l'avez compris depuis bien longtemps, dans mes newslaitues, j'aime dédramatiser, au maximum, la folie du monde, des hommes (et des femmes). Chercher la poésie. Et la déconnade est une vraie manière de respirer, envers et contre nos fragilités et nos peurs. Le rire est aussi une manière de se faire des amis, de faire partie d'une équipe. A bon entendeur...
    Il dit quoi de toi, ton métier ?
   Peut-on désirer sans souffrir ?
   Comment peut - on se vouloir du bien et se faire du mal ?
   Comment devient - on ce que nous sommes ?
   Pourquoi le mal frappe les gens bien ?
   Je vous le demande.

   Et si pour être heureux, on se contentait d'être simplement moyen ? Le juste milieu, parce qu'il connaît le danger de l'excès et la vertu de la limite, est le sommet de la sagesse. Nous ne sommes que de passage (pas... sage !), appelés à apporter humblement notre pierre à des chantiers qui nous précèdent et nous survivent. A méditer encore.
   Notre cœur tressaille - t - il encore en 2023 ? Ou s'est - il endurci (depuis la pandémie) ?
   Pensées vibrantes d'automne coloré,
   Talitha Koum ! (éveille-toi !)
   Jacques