samedi 19 août 2023

 Newlaitue août - 138eme -

Bonjour, Bonsoir

" Savez-vous qu'il y a énormément de gens qui sont malades de leur santé,  c'est-à-dire de leur certitude démesurée d'être des gens normaux ? "
Dostoïevski


   A la fin de chacun de ses concerts, elle remerciait avec sa gentillesse légendaire tous les musiciens, techniciens et petites mains. Et, fait rare, elle remerciait également son Ange ! Car, disait-elle, nous en avons tous un. D'où sa belle âme.... Adieu Jane B.. Tu es venue nous dire que tu t'en vas.... Je t'aime, moi non plus !

   On ne va pas se disputer, si ? On a beau s'aimer, on se déchire... Pourquoi ? Et comment en sortir ? La dispute, révélatrice de nos vulnérabilités ? Comment vous faîtes, vous ?...

   La vieillesse est redoutable, elle vient souvent éroder nos enthousiasmes, gripper nos capacités à l'espoir, enrayer notre optimisme et notre aptitude à nous projeter dans l'avenir. Il nous faudrait pourtant nous efforcer de " ne pas rétrécir au lavage de la vie " estime l'écrivain Jean-Pierre Guéno. Certains restent doux et désespérés. D'autres deviennent agressifs (comme ma mère, 96 ans !). Plus envie de se battre. Et pour qui, pour quoi ? " Il nous faut arriver à grandir jusqu'au bout. A ne pas nous rapetisser, à ne pas nous voûter. Ne jamais perdre notre capacité d'émerveillement. Il faut croire en la promesse de l'aube et, quelle que soit la pesanteur des jours et de l'adversité, elle est toujours tempérée, relativisée par le regard silencieux des étoiles." Sans commentaire.

   Ne pas s'inquiéter... ne pas s'irriter... ne pas se plaindre... ne pas se presser. On peut les reprendre tous les matins, avant le petit-déjeuner. Ça limite les aigreurs de début de journée, quand on aperçoit son emploi du temps et qu'on enrage de le voir confisqué d'avance par tant de tâches imbéciles !
   " Celui qui marche sans savoir où il va, c'est celui-là qui est dans la vérité - joli thème. Et de louer cette belle liberté, mystique, érotique ou autre, joyeusement débarrassée des contraintes disciplinaires et des prétentions doctrinaires, des rigidités de la morale ou de ces exercices spirituels cadrés comme des logiciels ! " Maurice Bellet

   Un autre qui décoiffe. " Aucun être humain ne peut vivre sans joie. Elle naît spontanément d'une croissance de la vie. Partout où il y a joie, il y a création. L'homme est un être de désir, assoiffé de vie et de bonheur, de beauté et d'amour. Il veut vivre et connaître la joie de vivre. " Le désir est le fond du cœur " (Augustin). Être de désir, il vise la plénitude de  la vie. L'homme est ce mouvement. Ce tourment et ce torrent. L'homme est comparable à un fleuve... face à l'immensité de l'océan. Il devient l'océan. Alors, soulevé par les hautes vagues, il danse avec le soleil. L'homme est fait pour la joie divine d'exister."  Eloi Leclerc in Le Maître du désir
    Dans l'idéal, tout à fait d'accord avec lui. Mais avouez quand même qu'il y a ici-bas peu d'êtres humains qui incarnent chaque jour cette beauté, ce bonheur, cet amour, ce désir, cette croissance de la vie, cette joie de vivre, cette plénitude, ce mouvement, cette danse. Moi le premier !

   " Notre monde a plus que jamais besoin de personnes pacifiées et pacifiantes. Nous avons à combattre quatre maladies spirituelles contemporaines : le narcissisme, l'hédonisme, le consumérisme et l'acédie, cette perte de saveur spirituelle qui menace tout être humain. Comment y parvenir ? En prenant des moments d'intériorité, dans le silence, afin de se rendre présent à Celui (Celle !) qui est Présence. Et aussi en redécouvrant notre âme, lien qui donne unité à notre vie." Jean-Guilhem Xerri
   Et vous, comment nourrissez-vous votre âme ?...

   Le double vitrage, comme Internet, doit atteindre toutes les chaumières. Isolation et connexion arrivent de pair. " Isolez-vous, braves gens ! " vantent les propagandes. Plus l'homme se connecte et plus il s'isole. Plus nous avons chaud, plus nous sommes seuls.
   Ce que pensait Bernanos de l'optimisme ?... " une fausse espérance pour les lâches et les imbéciles." L'optimisme serait un suppositoire de paillettes administré aux constipés du bien-être. Dès que tu n'es pas tout feu tout flamme, t'as toujours un docteur du bonheur ou un ami pour t'offrir un petit suppo de pensée positive.
   " Bienveillance et résilience pour ne pas finir tout rance ! ". Avec ça, tu as obligation pour ne pas déprimer ton entourage, de parler comme un smiley et de péter des étoiles filantes. Quand t'es au fond du trou, ton étoile, tu ne la vois pas, t'essaies juste déjà de te souvenir qu'elle existe. Le monde présent est un chien qui ronge l'homme jusqu'à sa moelle. A tant adorer ce qui est mais ne compte pas, on finit par ne plus rien savoir de ce qui compte mais ne se voit pas. Mais comment retrouver le goût des choses invisibles ? Est-ce cela l'enfer des hommes : voir l'amour sans pouvoir y communier ? On se réfugie toujours dans les bras de ceux que l'on chérit. " Edouard Cortès

   Parmi les écrivains-conférenciers que notre association EPHATA a accueilli, nous n'avons pas oublié la simplicité et la chaleur d'André Comte-Sponville. Certains le disent pessimiste. Non, heureux car désillusionné. Marqué par plusieurs deuils, il pratique une philosophie à l'ancienne, attentive aux maux et aux mots. Musicale et accessible à tous. Extraits d'un entretien du 07 juin dernier : 
   " ... La philosophie, c'est de penser sa vie et de vivre sa pensée. En ce sens, elle est une école de sagesse. Elle sert à vivre mieux, c'est à dire plus librement, plus lucidement, plus heureusement. Pascal fût mon grand maître d'incroyance. Il ne croît en rien... sauf en Dieu : une fois supprimé Dieu, reste l'incroyance à l'état pur. Il est lucide et décapant, vous désillusionne en tout, vous aidant à vous déprendre de toutes vos croyances. L'erreur de Pascal est d'avoir associé le désespoir avec le malheur. J'y vois au contraire la source possible du bonheur, de ce que j'ai nommé le " gai désespoir " ou le " bonheur désespérément "... 
   ... Je suis tombé sur une phrase du Sâmakhya-Sutra citant le Mahâbhârata, livre immémorial de la sagesse hindoue : " Seul le désespéré est heureux, car l'espoir est la plus grande souffrance et le désespoir, la plus grande béatitude." Cela m'a réjoui. Ce n'est pas parce que l'on ne croît plus en rien que la vie n'a pas d'intérêt, au contraire. Alain le notait déjà. Etre heureux nécessite d'avoir abandonné tout espoir, c'est-à-dire d'être lucide sur la mort et notre propre finitude. L'idée que la vie, toujours décevante, n'est jamais ce que l'on aurait voulu qu'elle soit...

   ... Le tragique, c'est donc la vie telle qu'elle est, sans justification, sans consolation, la vie à prendre ou à laisser. C'est le goût même du réel, qui ne nous obéit jamais. Le tragique, ainsi, c'est tout ce qui résiste à la réconciliation, aux bons sentiments, à l'optimisme béat. Mais je me refuse à attiser le rejet, le ressentiment, la haine. Il nous faut apporter de la nuance, de la modération. C'est Montaigne qui m'a aidé à devenir ce que je suis : un modéré, de gauche. L'écriture reste le grand plaisir de ma vie. Je préfère la rigueur de la pensée, portée par la musicalité d'une écriture." (Télérama 07/06/2023)

   On fête cette année les 400 ans d'un "effrayant génie" - selon le célèbre mot de Chateaubriand. Car s'approcher de Blaise Pascal, c'est se confronter à un double vertige. Celui du prodige, d'abord, d'un esprit qui a révolutionné les mathématiques et la physique, bouleversé la philosophie et la théologie, et légué à la langue française l'une de ses plus grandes œuvres - les Pensées. Celui du mystère, ensuite. Comment expliquer qu'une telle fécondité ait pu venir d'un être ayant vécu seulement trente-neuf ans, dans un corps d'une faiblesse extrême, qui lui a valu des maux continus, aux origines jamais vraiment élucidées ? 
   Un esprit extraordinaire... comme le sont souvent les personnes qui vivent peu de temps ici-bas. Elles vont à l'essentiel. Tel est leur karma. Leur charisme. Leur mission. Leur destin. Court, rapide, unique, direct, sans fioritures. Et l'on parle d'elles encore 400 ans plus tard. D'autres, plus rares, font encore parler d'eux 2000 ans après leur naissance. Comme mon gourou préféré, un hippy nommé JC. Le genre de mec qui nous a dit "Aimez-vous les uns les autres". Vachement utile depuis la pandémie, où la majorité de nos concitoyens sont devenus "à cran" à la moindre contrariété. Agressifs à la moindre bricole. Réactifs négatifs au quart de tour. Suivez mon regard...


" Nous sommes plongés dans un monde merveilleux
où les miracles sont permanents, mais nous les ignorons.
Une fleur, un fruit, un enfant devrait nous plonger dans le ravissement."
Norbert Sillamy


Enlivrez - vous
"Notes intimes" Marie Noël (quand poésie et mystique se rencontrent)
"Un temps pour changer" François (le Pape ! Immense profondeur, grande hauteur de vue sur les évènements actuels...)
"L'océan est mon frère" "Mexico City Blues" "Poèmes dispersés" Jack Kerouac (sans oublier le mythique Sur la route !)
"Faire l'amour de manière divine" Barry Long (tout est dans le titre et... le livre !)
"Par-delà nature et culture" Philippe Descola (incarne une rupture dans la pensée occidentale, centrée sur l'idée que l'homme serait distinct du reste du vivant. Une révolution pour les sciences...)

Sites
https://www.youtube.com/watch?v=B_kJ7D-rNoo&authuser=0 (les vertus de la méditation, sur Arte)
www.semaines-musicales.com (à Quimper en Août)
levillagedefrancois.com (vivre-ensemble et écologie intégrale : 10 villages dans 10 ans en France)

Musiques
"All of this is chance" Lisa O'Neill (authentique et habitée, l'Irlandaise ensorcelle avec ses chansons grandioses)
"Le cri du Caire" Abdullah Miniawy, Peter Corser, Karsten Hochapfel, Erik Truffaz (font résonner l'espoir d'un monde meilleur)
"Bach" Thibault Cauvin (magnifique récital baroque teinté d'intimité et de sérénité)
"I Can Only Be Me" Eva Cassidy (foudroyée à 33 ans en 1996, à nouveau, l'oiseau de nuit prend son envol... Écouter aussi Songbird et Nightbird)
"The Vivian Line" Ron Sexsmith (mélodiste hors pair, sophistication limpide, vitalité contagieuse = du grand art !)


" Va prendre tes leçons dans la nature,
c'est là qu'est notre futur."
Léonard de Vinci


   " Le Yoga a-t-il perdu la tête ? 
   Esprit du Yoga es-tu toujours là ? 
   Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme ? "
   Voilà les titres d'un dossier d'un hebdomadaire fin juillet concernant le business lucratif développé par le Yoga ces dernières années. Le nombre de pratiquants est passé de trois millions en 2010 à 10,7 millions en 2020. Quel marché mes amis ! " En vingt ans, le Yoga s'est imposé comme l'une des poules aux œufs d'or du capitalisme ", affirme Camille Teste, ex-journaliste devenue prof de yoga, dans Politiser le bien-être. Le Yoga ne sait plus quoi inventer pour attirer le chaland. 
   " Il faut se différencier pour promouvoir sa méthode ", confirme Zineb Fahsi, autrice du Yoga, nouvel esprit du capitalisme. Et ça mes amis ça génère du stress, et pas que positif ! Internet n'y est pas pour rien dans cette inflation de l'ego. Des promesses instagrammables sont désormais portées par des gourous 2.0 qui promeuvent leur art de vivre sur les réseaux sociaux. Le meilleur côtoie donc le pire. On vend du rêve aux adeptes en jouant sur un sentiment de culpabilité, typique du développement personnel. Face aux injonctions qui empoisonnent la discipline, d'aucuns cherchent l'antidote. Comme l'association Gras Politique, à destination des personnes rondes. 

   Certains professionnels recommandent d'être vigilant sur la formation des enseignants, aujourd'hui mal encadrée. Ainsi, après 3 ou 6 mois de "formation", certains s'intitulent prof de yoga direct ! Je rigole jaune.... L'Ecole française de yoga propose huit cent heures sur quatre ans. Là, je respire mieux ! Dans le Yoga, c'est comme dans la boulangerie : il y a de l'industriel et du pain bio !  On ne peut que constater le grand écart qui sépare les versions contemporaines des principes fondateurs, comme les valeurs de coopération, de bienveillance. " Quand on se penche sur les textes anciens, on voit bien que le yoga n'est pas une voie d'optimisation de soi, même pas d'introspection. Il vise plutôt à se libérer de l'existence, à transcender son petit moi pour se relier à une forme d'absolu.", insiste Zineb Fahsi
   Et vous, vous en dîtes quoi ? Perso, j'ai donné des cours durant 22 ans. Je me suis formé 10 ans avant de transmettre. A bon entendeur...

   " Apprendre à méditer, c'est apprendre à désapprendre. La méditation est le chemin pour redécouvrir le sens inné du merveilleux qu'a l'enfant. Quand nous méditons, nous allons au-delà du désir, au-delà de nos possessions, au-delà de notre propre importance, au-delà de toutes les sources de culpabilité et de complexité. Il nous suffit d'écouter le message avec la simplicité d'un enfant. Ce dont l'humanité a besoin, ce n'est pas de posséder, mais de remercier ; ce n'est pas de désirer, mais d'apprécier ; ce n'est pas sa propre importance, mais l'amour.

   Pour atteindre cette sagesse, nous avons besoin d'apprendre à être silencieux, humbles, et la façon de l'apprendre, c'est d'être attentifs à la présence dans nos cœurs. Apprendre est une discipline et nous devons être généreux de notre temps, de notre énergie, de notre attention. Il ne suffit pas de parler ou de lire à propos de la spiritualité. Il ne suffit pas d'étudier ou d'avoir un directeur spirituel. Nous devons entrer personnellement dans l'expérience, avec une simplicité d'enfant. L'essence de la méditation, c'est de cesser de nous regarder et de regarder en avant, au-delà de nous, à l'intérieur du mystère, pour entrer dans son amour, dans l'union avec Lui. " John Main (a quitté son corps à 53 ans en 1982) dans Le chant du silence, l'art de méditer.

   Je suis un douteur confiant... Il faut croire en la promesse de l'aube....
   C'est sympa, être amoureux !
   Beau mois d'août à chacune, chacun... ( même si vous avez une météo irlandaise, comme nous en Bretagne depuis 1 mois. La pluie est une bénédiction. La Bretagne est une terre bénie ! ).
  Jacques

mercredi 2 août 2023

Lettre juillet - 137eme -

Bonjour, Bonsoir

 

" Votre attitude de gratitude va déterminer votre altitude."

Claude Houde

    Un petit cadeau d'été : " Il n'est pas émerveillement possible sans silence. Il est indispensable. Parce que l'émerveillement authentique grandit sur l'humus du vide et de l'ouverture. Là où tout est plein de bruit, il ne peut ni germer, ni pousser aucun émerveillement. Comment notre cœur peut-il être la conque marine qui fait entendre le bruit de la mer, s'il est entièrement rempli de notre tapage ? L'émerveillement est le fruit de parents pauvres : sensibilité d'enfant et sérieuse relativisation de soi-même." Perles écrites en 2004 par le Cardinal Godfried Daneels, archevêque de Malines-Bruxelles. Tout est dit en quelques phrases. A vot' bon coeur...

    Autre réalité. Les jeunes paient le revers de la liberté : l'insécurité. Leur présent est instable, leur avenir menaçant. Vingt pour cent des jeunes de 18 à 24 ans ont ainsi déclaré avoir vécu un épisode dépressif caractérisé en 2021. Un sur cinq, et le Covid n'est pas le seul coupable. Nous, parents, grands-parents, avons une responsabilité : entendre les sujets d'angoisse légitime qui tenaillent les jeunes, oui, mais leur permettre aussi de vivre la joie, l'émerveillement, la poésie, l'art, l'élévation. Garder le monde, mais parce qu'il le vaut bien. 

   On sauve les oiseaux que l'on aime écouter ! (Erwan Le Morhedec)

    Question ô combien cruciale quant au réchauffement climatique : les Français sont-ils réellement prêts à manger moins de viande ? Moi, oui ! Et vous ? Face aux crises écologiques et, singulièrement, au dérèglement climatique, nous vivrons ce que nous changerons !

   La dissolution du collectif les Soulèvements de la Terre ? Une nouvelle preuve de la criminalisation des défenseurs de la planète, dénonce l'anthropologue et penseur majeur de l'écologie Philippe Descola dans l'écrit collectif que je suggère ci-dessous. " Parler d'écoterrorisme est surtout une façon pour le pouvoir et les grandes firmes de détourner l'attention." A méditer cet été... (article complet dans Télérama du 28/06).

   Possible aussi de revoir sur Arte "Au nom du maintien de l'ordre", signé Paul Moreira, qui filme Laurent Bigot, 52 ans, haut fonctionnaire ex-sous-préfet devenu Gilet jaune puis vidéaste amateur, qui documente les violences policières depuis cinq ans. Sans commentaire.

    " Le principal problème, dans la vie spirituelle, est l'occupation de l'espace : s'il y a déjà du monde, plus personne ne peut entrer. Si notre cœur est plein, si notre vie ou notre agenda sont pleins, il n'y a plus de place pour l'Autre, le Très-Bas, le Tout-Autre,.... On ne peut rien verser dans un vase déjà plein d'eau. Allégez-vous !

   Il est tellement plus facile d'exister aux yeux des autres par ce que l'on fait, que d'oser croire que l'on existe par ce que l'on est. Qu'as-tu à prouver en travaillant toujours plus, même bénévolement ? Ce qui a du prix, c'est toi et non ton travail.

   On aime se comprendre soi-même, approfondir la connaissance de soi, poursuivre parfois très loin et très longtemps des parcours de développement personnel. Le détachement s'applique ici, bien sûr, comme partout. Se connaître, c'est utile, c'est bien, mais cela peut devenir une fin en soi. A quoi cela sert-il de se connaître si cela ne rend pas capable d'aimer ? Cherche-t-on la liberté, ou la normalité ?

   Si on te demande pourquoi tu aimes quelqu'un, ton conjoint, ton ami, il est probable que tu en viendras vite à ne rien savoir dire. Ce n'est pas pour telle ou telle qualité, encore moins parce qu'il t'apporte un soutien concret. Tu l'aimes parce qu'il est ce qu'il est en ta présence et que tu peux être ce que tu es en sa présence. Sans autre pourquoi. " Jean-Marie Gueullette dans Petit traité de la liberté intérieure

    Pourquoi être accompagné (par un psy ou un spi) ? Pour éliminer en soi nos égoïsmes, briser nos attachements, ôter nos infantilismes. Vous êtes prêts ? Nous avons tout le temps que nous voulons dans le monde : il ne tient qu'à nous de nous l'accorder. Qu'est-ce qui nous en empêche ? 

" Demandez d'être satisfait, qu'importe ce que la vie vous apportera." Vishnu

   Cette Lumière "qui vient d'en haut et qui éclaire tout homme", comme dit saint Jean dans son Prologue, le monde ne cesse de l'étouffer et de la masquer. Si nous étions un peu moins sérieux... La Réalité ultime se laisse trouver par ceux qui la cherchent... Ne nous crispons pas. L'Absolu n'est rien d'autre que notre Moi profond.

   Ce n'est pas tellement à l'honneur d'un guide spirituel que ses disciples demeurent assis à ses pieds à perpétuité ! 

   " On entend parler, parfois, d'individus devenus disciples des disciples des disciples de quelqu'un qui a fait personnellement l'expérience de Dieu. On ne peut absolument pas transmettre un baiser par personne interposée. Dès qu'une récompense est offerte ou recherchée, l'amour devient mercenaire. La foi est la recherche courageuse de la vérité. Si on la met en doute, elle en est fortifiée. Il est tellement plus facile de croire aux dieux qu'on s'est forgés quand on peut persuader les autres de leur existence. A quoi me sert-il de chercher Dieu en des endroits sacrés si je l'ai perdu dans mon cœur ? " Anthony De Mello

                                                                                " Changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde."

Descartes


 Des livres et vous

"Les mots ne peuvent dire ce que j'ai vu - L'expérience d'un business angel" Jean-Marc Potdevin (le retournement de l'ex-président de Yahoo Europe sur les chemins de Compostelle : décapant !)

"On ne dissout pas un soulèvement. 40 voix pour les Soulèvements de la terre" collectif d'écrivains, chercheurs, auteurs, scientifiques ( petit manuel de la lutte écologique radicale)

"Ce qui manque à un clochard" Nicolas Diat (l'histoire vraie d'un clochard céleste de Bourges)

"Comme une clarté furtive. Naître, mourir" Catherine Chalier (philosophe spécialiste de la pensée d'Emmanuel Lévinas, interroge les relations entre fini et infini)

"Petits mystiques" Olivier Bonnewijn (un recueil de pépites)

 Sites

https://fr.shopping.rakuten.com/ (supers livres d'occasion)

https://www.abbaye-st-jacut.com/programmation/detail/2eme-festival-de-l-ecologie-2023

www.terrestres.org (une super revue "libre")

www.lecheminsauvage.com (je le fais avec vous quand vous voulez !)

https://www.spot-de-vie.com/ (en pays bigoud')

 Musiques

"Le ciel est partout" BlauBird (Laure Slabiak, venue du lyrique, sort un album pop-folk intimiste et envoûtant. Majestueux !)

"Time on Earth" Pete Astor (nous sommes en présence d'un chef-d'oeuvre d'élégance anglaise)

"Where There's Life, There's a Dream" Meaning of Tales (duo français guitare-voix aérienne = style inimitable)

"(Trois)" Acid Arab (mariage musiques électroniques et orientales = une musique de transe... pour faire la fête)

"Huldufolk" Skald (son détonnant, mélodieux et épique, pour une transe Viking !)

                                                                             " La seule vraie chose précieuse de la vie est l'intuition.

Le mental intuitif est un don sacré, le mental rationnel est un serviteur fidèle.

Nous avons créé une société qui honore le serviteur et qui a oublié le don. "

Einstein

   Peut - on vivre debout ? Titre de l'une des plus belles chansons de Brel. J'ai toujours pensé qu'entre les politiciens réalistes et les poètes, ces derniers - les "voyants" d'Arthur Rimbaud - étaient plus proches de l'essentiel. La poésie reflète l'esprit d'un peuple mieux que les cabinets ministériels ou les conseillers techniques. Après avoir participé à toutes les marches contre la loi Retraite, les citoyens comme moi se posent la question : serait-il devenu impossible de vivre debout ?

 Ce que dit une main

Seule

Une autre main peut l'entendre,

Fût-elle loin des corps

Et des gestes quotidiens.

Seules

Les mains savent aussi

Ce qu'il en coûte de vivre

Avec l'absence

Et le désir.

Yves Namur, La Nuit amère

    On dit toujours rendre un hommage. Quand pourra-t-on dire rendre un "femmage" ? Quoi, on peut rêver, non !? Je constate que le mot "victime" n'existe qu'au féminin. Alors que "vainqueur" est toujours masculin... Une super nana de 73 ans que j'apprécie par son parcours atypique, c'est Laure Adler, journaliste très engagée, qui se donne à l'antenne comme dans la vie, à fond. Comme Marguerite Duras, et l'écrivain Erri De Luca, chaque jour, elle lit un fragment de l'Ancien Testament pour y trouver de la philosophie, une réflexion sur la finitude humaine, une grande beauté de la langue... Elle a décidé de mettre son temps libre de retraite au service de la vieillesse, qui est l'enjeu politique de demain, selon ses dires. " Plus on travaillera vieux et malheureux, plus la société sera minée de l'intérieur." Certains hommes politiques n'ont pas l'air de l'avoir compris. Suivez mon regard....

    D'autres petits cadeaux d'été : " Quand on sait ce que nous sommes, il serait ridicule, vraiment, de n'avoir pas dans notre amour un peu d'humour, car nous sommes d'assez comiques personnages, mais mal disposés à rire de notre propre bouffonnerie." de la délicieuse Madeleine Delbrêl.

   " Je refuse de montrer le côté noir de la vie, je n'aime pas la laideur cela me fait physiquement mal... Mais la petite mélancolie, l'attendrissement ce sont des valeurs mineures mais ce sont celles qui m'émeuvent le plus." Robert Doisneau   

    Télérama interroge le paléontologue et biologiste Marin Bruno David : " Quelle est la priorité selon vous ? ". Réponse : " Je ne vais pas me faire des copains, mais c'est clair : changer de modèle agricole. Cessons de déverser de la chimie dans les sols. On dit que ce modèle nourrit la planète, mais on a 30% de gaspillage alimentaire ! ". Question : " Le ministre de la Transition écologique prépare la France à une hausse moyenne de 4 degrés d'ici 2100. Peut-on s'adapter à un monde invivable ? Lui : " On n'a pas le choix, soit on s'adapte, soit on meurt. Mais s'adapter ne veut pas dire s'acclimater. Il nous faudra trouver les moyens de survivre avec un emballement du système climatique qui nous mène, non pas vers un monde à plus 4°, mais probablement au-delà de 6 ou 7°. Nous fonçons droit dans le mur, comme un énorme bateau qui avance inexorablement. Nous pouvons freiner notre trajectoire, si l'on agit dans les dix ans qui viennent."  A bon entendeur, bel été !

    La famille : berceau de l'Etre... ou/et tombeau ? A vous de le dire...

   Le Yoga a-t-il perdu la tête ? Esprit du Yoga es-tu toujours là ? Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme ? A vous de le dire...

    Trois remparts contre l'intellectualisme désincarné : l'art, la dérision et l'amour. Tous trois prônés par Bruno Latour, trop tôt dcd. Relisons-le.

   Cultivons la liberté intérieure en gardant la poésie de la vie, les bonheurs minuscules...

   Bises bretonnes,

   Jacques


Lettre juin - 136eme -

Bonjour, Bonsoir

                                                                                   " Se pourrait-il qu'un jour la beauté nous rassemble

et nous emporte si haut qu'elle nous métamorphose ? "

Emily Loizeau

   Est-ce que je dois sauver la planète ou réussir ma vie ? 

   Simple et bouleversante question qui tourmente la jeune génération. 

   Il me semble que les deux peuvent aller de pair. Non ?...

    Effets secondaires pour les personnes qui vivent, comme moi, sans réseaux sociaux : je lis beaucoup plus et avec plaisir. Je médite aussi, je rencontre plus facilement de nouvelles personnes et j'utilise même parfois une carte en papier pour m'orienter ! Mon rapport au temps et à l'espace n'est pas du tout le même que les gens "branchés". Et pour l'instant, je n'ai aucune envie de me connecter. Et pour vous, c'est comment ?

    Faîtes l'amour, pas la guerre. Voilà un mantra que je répète à qui veut bien l'entendre depuis des années. Une récente étude va en ce sens. Que nous dit-elle ? Que les hommes avec une forte libido ont moins de risque de mourir prématurément. Étude publiée dans la revue PLOS One et menée auprès de 21 000 personnes de plus de 40 ans (8558 hommes et 12 411 femmes exactement), sur une période de sept ans. Les chercheurs ont constaté que le risque de mortalité était plus élevé pour les hommes qui présentaient un intérêt moindre pour le sexe. Faîtes l'amour... pas la guerre, gast !

    L'anthologie des œuvres poétiques d'Yves Bonnefoy viennent de sortir, invitation à l'aventure intérieure = bonheur ! " Comprendre que ce qui vaut, c'est une vie aussi dégagée que possible des faux-semblants et des leurres d'une civilisation qui s'est exilée du fondamental, qui a perdu le contact avec les formes simples et pleines de l'existence." Sans commentaire.

   Un autre, qui décoiffe à sa manière tranchante : " La suprématie blanche est le système politique qui, sans jamais être nommé, a fait du monde moderne ce qu'il est aujourd'hui." dixit le philosophe Charles W. Mills dans son essai court, limpide, puissant Le Contrat racial, considéré comme un texte fondateur.

   Enfin, qu'ont en commun Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour et Emmanuel Macron ? Chacun se revendique de la pensée du philosophe marxiste italien Gramsci, théoricien au début du xxème siècle du concept d'hégémonie culturelle. Plongez dans L'Oeuvre-vie d'Antonio Gramsci qui vient de sortir, pour comprendre ce que nous vivons en France en ce moment. Sans commentaire.

    Pour un soulèvement écologique. " Les premières victimes de par le monde du dérèglement climatique sont les femmes. Le patrimoine financier de 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de la moitié de la population française (Oxfam et Greenpeace France). Il suffit que 3,5% d'une population se soulève pour renverser un ordre établi (étude américaine, Télérama 19/04/23 page 7). Chacun doit faire comme il peut, là où il est. Que peux-tu imaginer à partir de ce que tu es ? On est partout, on est une fourmilière. A nous d'être créatifs, et joyeux ! Comme disait Emma Goldman : " Si je ne peux pas danser, ce n'est pas ma révolution." L'écoanxiété n'est pas une maladie, c'est une réponse saine à un monde malade. " Signé Camille Etienne, 25 ans, activiste positive qui n'a qu'une ambition : convaincre.

    " C'est quoi une vie d'homme ? C'est le combat de l'ombre et de la lumière. C'est une lutte entre l'espoir et le désespoir, entre la lucidité et la ferveur. Je suis du côté de l'espérance, mais d'une espérance conquise, lucide, hors de toute naïveté." Aimé Césaire

   Petite réflexion sur le monde du travail tel que je l'ai vécu, vu, entendu. L'atmosphère du "monde du travail " d'une manière générale : chacun défend silencieusement son pré carré et pisse autour de son territoire.... Lorsque j'étais confronté à une situation difficile, je me disais que trois solutions s'offraient à moi. Soit je peux changer les choses et je le fais, soit je ne peux pas les changer et dans ce cas il y a deux possibilités : accepter complètement la situation et cesser d'en souffrir, ou bien partir. J'ai souvent choisi cette dernière.

   Aux coachs de tous poils, une question à vous poser avant d'aller au boulot : tu fais du conseil en sauvagerie ou du conseil en humanité ?...

  " Discerner, c'est choisir ce qui nous met en joie. Sans la sagesse du discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des tendances du moment." Henri Aubert

    Le bassiste des SmithsAndy Rourke, nous a quittés à 59 ans d'un cancer du pancréas. Ceux qui le connaissaient garderont de lui le souvenir d'une âme gentille et magnifique, d'un musicien extrêmement doué. Question : pourquoi les âmes sensibles et magnifiques meurent trop souvent jeunes ?... Je partage volontiers une réponse possible à ceux qui me la demanderont. Votre avis est le bienvenu.

   Humeurs en liberté lues dans mon quotidien : " Ce que j'adore avec les êtres humains, c'est qu'ils veulent, pour beaucoup, être uniques, mais dès qu'une personne sort du lot, ils sont les premiers à lui sauter dessus en la trouvant bizarre." ; " Je ne comprends toujours pas comment les ministres arrivent à avoir le temps d'écrire sans arrêt des romans alors que moi j'ai toujours cinq machines de linge en retard. "

   Si vous ne l'avez déjà fait, lisez le super article de Nathalie Sarthou-Lajus " Impulsion fraternelle contre pulsion identitaire", sur les émotions négatives, les affects, dans la vie démocratique face à une culture de la rencontre, dans le n° de mai de la revue Etudes. Top juste !

  

" Tout comme les lunes et les soleils,

aussi sûre que les marées,

tel un espoir qui se réveille,

toujours, je m'élèverai."

Maya Angelou

 Livres et vous

"Philosophes Taoïstes. Anthologie" Lao Zi / Zhuang Zi / Lie Zi (fascinante et subtile pensée taoïste, à la croisée de la sagesse et de la rêverie)

"Pour un soulèvement écologique" Camille Etienne (à 25 ans elle possède une lucidité incontournable...)

"Vieille fille" Marie Kock (plaidoyer pour le célibat choisi, chemin d'émancipation, d'indépendance. Précédent récit : Yoga, une histoire-monde)

"Méditer comme une montagne. Exercice spirituels d'attention à la Terre et à ceux qui l'habitent" Jean-Philippe Pierron (" Pour affronter les crises écologiques, il faut prendre soin de notre sensibilité. ")

"Dorothy Day. La révolution du cœur" E. Geffroy, B. de Guillebon, F. de Rivaz (le parcours d'une chrétienne anarchiste... comme moi !)

 Site

www.deshistoiresenmusique.com (créateur de spectacles, d'objets et d'enregistrements sonores)

 Musiques

"Gabi Hartmann" Gabi Hartmann (une étoile est née...)

"Drifting" Mette Henriette (son univers est en suspension, cet album une respiration)

"If I Could Only Remember My Name" David Crosby (son chef-d'oeuvre solo, lui qui vient de nous quitter à 81 ans)

"Sings Greg Brown" Seth Avett (blues décontracté, romantisme noir, et un diamant My new book !)

"Mozart.The complete piano concertos" Murray Perahia (tout ce qu'il faut pour les longues marches, l'île déserte et les moments de rêverie)

 

" L'homme, c'est la joie du OUI dans la tristesse du fini."

Paul Ricoeur

    Je suis un adepte de la "philosophie des montagnes", qui est à la philosophie académique ce que le beaufort est à "la vache qui rit" bien rangée dans ses boîtes ! Le véritable intérêt d'entreprendre un développement personnel, d'aller vers soi, c'est que cela nous donne accès à l'autre ! Il nous faut être distinct pour pouvoir nous relier aux autres. Sans cela, il n'y a pas d'autre.... Mais dans ce passage par soi pour aller vers l'autre, le risque est toujours de s'arrêter en route.

    J'ai vécu un immense soulagement le jour où j'ai compris qu'au milieu de cet océan de choses sur lesquelles je n'avais pas prise, moi seul décidais de ce qui était bon pour moi. Au risque de me tromper bien sûr. Mais mon "salut" ne reposait plus sur ma compétence à trouver des bonnes raisons à mon mal-être. Il reposait sur ma capacité à l'écoute intérieure. Ne plus me confronter au réel comme une mouche sur des parois en verre, mais m'arrêter, faire silence et entendre ce qui finit toujours par émaner de l'intérieur.

   Pour peu que l'on ait appris à faire silence, peu à peu cet autre intérieur vient à la surface et on finit par l'entendre nous parler au quotidien... Beaucoup d'entre nous sont des enfants nomades, écrasés sous des fatras imaginaires. Il nous faut déposer ce fardeau pour qu'advienne enfin la légèreté. C'est ce que j'essaie de faire depuis quarante ans.

      Deux choses apprises le long de ma route. La première, c'est que jamais nous ne pourrons modifier quoi que ce soit à notre passé. Aussi ce qui importe vraiment, c'est ce que nous vivons là, maintenant ! C'est une véritable bénédiction de comprendre qu'à chaque instant, une autre vie peut démarrer. (Et ça nous fait économiser pas mal d'argent laissé en pseudo thérapies diverses, trop souvent du grand n'importe quoi....). 

   La deuxième, c'est que cette vie passée constitue un formidable héritage : tout, les erreurs comme les moments de grâce, les petits îlots de bonheur comme la souffrance et cette terrible solitude apparente. Tout celà, dont l'origine tient aussi bien à notre destin propre qu'à notre condition humaine, tout celà est le matériau qu'il nous faut transmuter en lumière, en humanité éclairée. Je suis sur le chemin...

   La vie est une perpétuelle attente au tournant ! Toutes les secondes, on a une petite voix intérieure qui impose de relever les défis de chaque situation. On est sommé de faire face, quoi qu'il arrive. Qu'on tombe amoureux, qu'on se sépare, qu'on regrette une parole, qu'on en rumine une autre. La confrontation avec soi-même crée une pression souterraine permanente. Comment tient-on le coup, avec cette tension intime de tous les instants ? Je vous le demande...

    De l'Ecclésiaste et du Tao Te King. Le mois dernier dans notre groupe Bible et Poésie nous avons partagé quelques chapitres du livre de sagesse L'Ecclésiaste (Qohélet), écrit trois siècles avant JC. Ce grand sage a tout compris : tout est évanescent, impermanent, pratiquons le détachement. Un vrai bouddhiste ! Qui fait penser à Maître Eckhart... et au Tao. J'ai retenu et vous partage quelques perles : chapitre 3,12 " J'ai compris qu'il n'y a rien de bon pour les humains, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant leur vie." Philosophie pas du tout "raccord" avec la récente loi sur la retraite ! Chapitre 11,09 : " Suis les sentiers de ton cœur et les désirs de tes yeux ! ", on est en plein tantra yoga... ; 11,10 : " Éloigne de ton cœur le chagrin, écarte de ta chair la souffrance car l'adolescence et le printemps de la vie ne sont que vanité." Qui peut croire encore que le christianisme est tristounet ?... Dieu est humour, joie, détente, carpe diem, keep cool man !

   Pour aller plus loin, lisez Qohélet ou les sept clés du bonheur de Bertrand Pinçon.

    Clin d'œil complice à Jean-Louis Murat, qui vient de s'éteindre le 25 mai, à 71 ans, dans son Auvergne natale. Il rejoint Bobin, parti au même âge il y a peu. " Voix singulière, vibrante, languide, pétrie d'incertitudes et de fragilité, l'une des personnalités les plus secrètes, solitaires et émouvantes de la chanson française en vingt-quatre albums. Marcheur quotidien, amoureux de la nature et des montagnes, il émanait de lui un imaginaire foisonnant, étrange, sensible, sensuel, à l'écriture ciselée et laconique." (Télérama 31/05/23). Encore une belle personne qui s'envole trop tôt... pour tant d'humains qui restent cloués au sol avec leur haine de l'autre !

    Bel été à chacun.e d'entre vous,

   Bises bretonnes,

   Jacques



Lettre mai - 135eme -

Bonjour, Bonsoir

                                                                                                                          " Les temps sont mauvais ? 

Soyons bons et les temps seront bons,

car nous sommes le temps. "

saint Augustin

    Je suis optimiste. Je crois que les gens qui ont envie que nous vivions en bonne entente les uns avec les autres sont plus créatifs que les gens qui veulent reproduire l'esclavage. Il ne faut pas être naïf non plus ! Il faut un mouvement planétaire. Déjà à l'œuvre. Cela prendra du temps pour parvenir à cette harmonie. Il faudra se réconcilier avec la planète, repenser notre modèle de consommation, de production et même de reproduction. C'est aussi de poser la question de la maîtrise de la natalité mondiale. Ce qui est en train de détruire l'eau, l'air, les forêts et la biodiversité, c'est notre nombre. A travers ses raz de marée, ses incendies, ses virus, la planète exprime sa souffrance. Il nous faut réfléchir ensemble à comment vivre mieux. 

   En finir avec le "chacun pour sa gueule" ! Il nous faut une pensée globale de redistribution et de réharmonisation des rapports sociaux, nom d'un pangolin ! Et cela doit se faire dans la douceur. Car je ne crois plus aux révolutions violentes. Dès lors que l'on parle de violence, de menaces, on est dans l'erreur. Il faut convaincre avec des arguments logiques, trouver de nouvelles règles. Ne plus avoir peur... de l'autre... différent de nous. " Le plus court chemin de soi à soi passe par les autres. " Paul Ricoeur. Bon courage !

    Le grand délire de la jalousie. " Le jaloux croit témoigner, par ses larmes et ses cris, de la grandeur de son amour. Il ne fait qu'exprimer cette préférence archaïque que chacun a pour soi-même. Dans la jalousie, il n'y a pas trois personnes, il n'y en a même pas deux, il n'y en a soudain plus qu'une en proie au bourdonnement de sa folie : je t'aime donc tu me dois tout. Le discours de la jalousie est intarissable. Il se nourrit de lui-même et n'appelle aucune réponse, d'ailleurs il n'en supporte aucune. J'ai connu ce sentiment quinze jours.

   Pendant ces quinze jours, je piétinais dans la mauvaise éternité des plaintes : j'avais l'impression que tu épousais le monde entier - sauf moi. C'est le petit enfant en moi qui trépignait et faisait valoir sa douleur comme monnaie d'échange. Le discours de la plainte est inaudible. Aucune trace d'amour là-dedans. Juste un bruit, un ressassement bruyant : moi, moi, moi. Et encore moi. Au bout des quinze jours, un voile s'est déchiré en une seconde. Je pourrais presque parler de révélation. Tout d'un coup ça m'était égal que tu épouses le monde entier. Ce jour-là j'ai perdu une chose et j'en ai gagné une autre. Je sais très bien ce que j'ai perdu. Ce que j'ai gagné, je ne sais comment le nommer. Je sais seulement que c'est inépuisable. " Christian Bobin (La plus que vive, pages 32-33).

    Nous sommes tous médiocres, vous et moi compris. Pourquoi on vit aussi mal alors qu'on est soi-disant l'espèce la plus intelligente ? Pourquoi on n'arrive pas à s'organiser sans se foutre sur la gueule ? Ce qui cloche dans nos relations humaines, c'est la verticalité. J'ai toujours eu du mal à comprendre la hiérarchie, les rapports de domination. On n'a pas besoin de se vouvoyer pour se respecter. Si tout le monde se tutoyait, il y aurait déjà moins de problèmes. Il faut avoir la lucidité de se dire que, individuellement, nos capacités sont limitées. La seule solution qu'on a pour agir, c'est de se mettre en commun. 

    On cherche en permanence la verticalité, avec des dominants et des dominés. C'est une fiction sur laquelle on vit, mais qui n'est absolument pas appuyée par la science. Le mythe de la méritocratie, de la performance nous dit :  si tu es à ta place, tu es à ta juste place. Si tu veux en bouger, pour te hisser verticalement, il va falloir que tu travailles, que tu le mérites. Sauf qu'il y en a qui sont nés directement en bas. Donc il n'y a pas de "quand on veut on peut ". Il y a beaucoup de perdants dans cette fiction. Les femmes par exemple.

    Exemples pour faire autrement ? La convention citoyenne pour le climat d'où sont ressortis des propositions béton ;  le tissu associatif qui regorge d'experts dans tous les domaines ; les connaissances des bénévoles pas assez sollicités. On est une société de sportifs de haut niveau. Tout le monde est censé être performant, avoir un corps préparé pour être le meilleur. Dramatique ! Pas beaucoup de répit dans cette vie-là pour les gens.

   Lisez Petit éloge de la médiocrité de Guillaume Meurice, pour aller plus loin, horizontalement !

    Un peu d'humour dans ce monde de brutes. Lu dans mon quotidien : " Un jour, j'ai frôlé la perfection mais elle ne m'a pas reconnue." " A part Je t'aimeTu me manques, et Je ne peux pas vivre sans toi, quelles autres blagues connaissez-vous ? " ; " Le 16 mars 2020, trois ans déjà que je sais faire du pain. " ; " Comme vous, je ne dors pas. J'écris une nouvelle Constitution sur un PowerPoint. Ne me remerciez pas. Je le fais pour la France car le moment est grave."

 

" Les grands évènements souvent sont 

clandestins, inaperçus, invisibles."

Nietzsche

 Livres : je lis donc je suis !

"Basculons ! dans un monde vi(v)able" Tanguy Descamps / Maxime Ollivier

"Le sacrement de la désobéissance civile" Peter Morin / Dorothy Day

"Traité sur les larmes" Anne Lécu (c'est bon de pleurer...)

"La longue solitude" Dorothy Day/Francine Robert/Myriam Ardoin (un bonheur total la vie de cette grande dame Dorothy...)

"Les baisers" Manuel Vilas (attraper le virus de l'amour en plein confinement ? Un superbe roman)

 Sites

https://www.jeancome.fr/ (rencontres inspirantes d'un homme inspirant : Jean-Côme...)

reporterre.net (un média à soutenir)

www.deambulationsmystiques.com

 Musiques

"And In The Darkness, Hearts Aglow" Natalie Mering (timbre envoûtant, émouvant, profond et acrobatique = somptueux)

"Folksongs & Ballads" Tia Blake and her folk group (interprétés avec grâce en 1971 par une étoile filante de 19 ans !)

"HOME.S" Esbjörn Svensson (pianiste grandiose, déploie sérénité, vitalité enamourée, majestueuse limpidité qui surplombent tous les abîmes)

"I lie to you" Micah P. Hinson (chante l'amour, la perte et le regret avec une étrange ferveur, une voix déchirante)

"Come on & get it" Judith Owen (du désir, du plaisir et de la séduction, reprises hédonistes, tout en joie et élégance)

                                                                                                           " L'écoanxiété n'est pas une maladie,

c'est une réponse saine à un monde malade."

Camille Etienne, "Pour un soulèvement écologique"

    En dehors de JC qui reste mon gourou préféré, d'autres inspirent ma vie. Dont l'artiste poète libertaire Jacques Higelin, qui nous a offert un formidable élan de vie, un appel à la liberté, à la rébellion qui nous manque aujourd'hui. Nous avons besoin de le réécouter, de le regarder pour, comme il disait, " ne jamais laisser mourir le rire dans nos cœurs ".

   Un autre optimiste face à la sinistrose franco-française : Philippe Croizon, l'homme des grands défis. Le mec, amputé des quatre membres à l'âge de 26 ans, a choisi de vivre à fond. Ses mantras préférés : " Le je - J.E. n'existe pas, on avance ensemble, on réussit ensemble ", " Prenez-vous en main, osez, n'attendez pas : faîtes ! Et allez vers les gens ", " L'amour, c'est l'énergie absolue ! ". Il décoiffe sérieux. La suite dans son cinquième livre "Tout est possible ?". A nous de jouer...

    La vraie science, c'est de s'émerveiller de ne rien savoir et d'écouter toujours le tressaillement de la vie, de s'en nourrir. Je préfère courir le risque de l'ignorance pour préserver ma capacité d'émerveillement, plutôt que d'accumuler des connaissances pour satisfaire mon besoin de sécurité et de tranquillité intellectuelle...

   Que faisons-nous des jours heureux ? L'homme contemporain est-il encore capable de joies simples ou sommes-nous devenus d'éternels insatisfaits ? Chaque être humain porte en lui un désir de spiritualité, qui est étouffé par la puissance du train-train quotidien. Alors que nous avons accès à tout, nous passons à côté du "tout".... Confort matériel gagné, confort de l'âme perdu !

   Qui veut rester vivant doit se transformer sans cesse. On peut manger bio, se réclamer de Pierre Rabhi et en même temps exploiter son prochain, ou détester ceux qui ne font pas comme nous. Cherchez l'erreur....

    Pour nous quitter, quelques phrases de Khalil Gibran, qui me parlent particulièrement en ce printemps fleurissant : “ En automne, je récoltai toutes mes peines et les enterrai dans mon jardin. Lorsque avril fleurit et que la terre et le printemps célébrèrent leurs noces, mon jardin fut jonché de fleurs splendides et exceptionnelles. Quel bonheur ! ”, extrait de Le Sable et l'Écume.

    Est-il encore possible de donner de l’affection dans notre société du soupçon ? 

    Penser avec discernement par soi-même donne de la liberté.

   Les bonnes personnes existent-elles encore ?

   Avez-vous encore le temps de regarder les oiseaux ?

   Bises de Mai, et une pensée pour Jacques Gaillot, parti pour l'éternité le 12 avril. Je n'oublierai jamais sa conférence à Quimper : plus de 1000 personnes ! Un homme rare.

   " En mai, ne fais pas ce qu'il te plaît, mais plais-toi à ce que tu fais." (lu quelque part).

   Que le silence nous garde !

   Jacques