jeudi 11 septembre 2025

 Newslaitue septembre 2025 - 162eme -

Bonsoir, Bonjour

" Nous devons préserver notre fragilité parce qu'elle
nous rapproche des autres,
alors que la force nous éloigne. "
Jean-Claude Carrière

   La question des fractures, celle du lien entre les générations m'habite beaucoup. Vivre dans une bulle où, petit à petit, les algorithmes nous enferment, nous poussent à avoir des avis de plus en plus tranchés, c'est l'un des risques majeurs des réseaux sociaux. Moi, je rêve de faire exploser ces bulles !

   " Pour le commun des mortels, il n'y a pas de quoi s'émerveiller devant des activités aussi prosaïques que celles de tirer de l'eau d'un puits ou de fendre du bois. Après l'illumination, rien ne change vraiment ; toute chose demeure la même : seul notre cœur déborde désormais d'émerveillement. L'arbre est encore un arbre ; les gens sont exactement ce qu'ils étaient auparavant ; et vous aussi ; et la vie se continue sans changement. Vous pouvez être d'humeur aussi changeante ou aussi égale qu'auparavant, vous trouvez aussi sage ou aussi fou qu'auparavant. A une importante différence près : maintenant vous percevez toutes ces choses d'un œil différent. Vous en êtes plus détaché. Et votre cœur déborde d'émerveillement.

   Voilà l'essence de la contemplation : le sens de l'émerveillement. La contemplation diffère de l'extase en ce que l'extase mène au retrait. Le contemplatif qui a reçu l'illumination continue de fendre du bois et de tirer de l'eau du puits. La contemplation diffère de la perception de la beauté en ce que la perception de la beauté (une peinture ou un coucher de soleil) engendre un plaisir esthétique, tandis que la contemplation engendre l'émerveillement - quel que soit l'objet qu'elle observe, coucher de soleil ou pierre. C'est la prérogative de l'enfant, qui se trouve si souvent en état d'émerveillement. Aussi se sent-il naturellement à l'aise dans le royaume des Cieux. ". C'est signé Anthony De Mello. Sans commentaire.

Se défaire de ce qui pèse
les poids invisibles soudés à nos pieds
éclats de mémoire coupants
tessons inutiles
voix acides aux mots rouillés

avancer sans peur comme un enfant
qui joue et invente des mondes

assise à la table devant la fenêtre
une tasse de café un stylo
un cahier veiné de bleu
et la vie qui s'invite
Gaëlle Josse

   Je ne suis pas le centre du monde... Pensée à la fois difficile et douce pour mon ego... Le OUI qu'on dit à notre vie peut s'entendre comme un MERCI... Soit je reste dans ma blessure narcissique, ne pouvant tirer de son propre fonds la substance de son être ; soit, consentant à être une créature, je me tourne avec reconnaissance vers la Vie, le Vivant... Le bonheur fait peur ! Une vie qui ne sait remercier s'abîmera bientôt dans la morosité...

   N'avez-vous jamais éprouvé un immense étonnement, du fait que vous êtes là, avec vos bras, vos jambes et votre cerveau, sur une petite planète, dans un univers démesuré ?... Sans explication aucune, vous vous trouvez venu au monde, être sensible, capable d'intelligence, d'initiative, d'ardeur à vivre. Instrument perfectionné certes mais sans mode d'emploi !
   La vérité sur notre situation reste à conquérir. Est-il possible de construire une explication plausible sinon certaine ? En compensation à la misère humaine, un désir évident jaillit : chacun souhaite sécurité, paix , amour. La grande intuition de Freud est sans doute que tout humain a besoin d'être aimé. Comment, alors, ne songerait-il pas à un protecteur céleste ?...

" Recette pour ne pas être triste : 
il faut, en toute chose, accepter la vie. "
Edwige Feuillère


Enlivrez-vous
"Protocole chaos" José Rodrigues dos Santos (décrit avec minutie comment la Russie influence le monde avec les plateformes sociales. De la "pleine conscience" camarades !!!)
"Par-delà nature et culture" Philippe Descola (incontournable anthropologue, cité comme une référence par tout un courant de penseurs du vivant. "D'autres façons de vivre sont possibles."
"Le Chant du monde" Jean Giono (important et merveilleux...)
"Il est grand temps de rallumer les étoiles" Virginie Grimaldi (mon roman de cet été 2025 !)
"Une nuit au cap de la Chèvre" François Cheng (face à l'océan finistérien, FC nous offre son lumineux testament)

Musiques
" La musique guérit, dynamise et encourage les esprits. " 
"The Warmth You Deserve" Yann Tambour/Boubacar Cissokho (disque superbe où kora africaine et guitare classique se marient à la perfection)
"Inner Flight Music" Tobias Wiklund (quelques musiciens, un orchestre = le cornettiste est en osmose. Un excitant trip spirituel !)
"Al Alba" Matthieu et Camille Saglio (violoncelle et voix rare de contre-ténor = grande puissance émotionnelle, voyage intérieur influences orientales africaines...)
"Deuxième vague" Combes (reprend à son compte le lyrisme et la puissance des mots tels que Léo Ferré, Bernard Lavilliers, Jean-Louis Murat. Un artiste à part entière.)
"Earthstar Mountain" Hannah Cohen (imprégné de quiétude, douce voix, mélodies hors du temps, douceur constante = du soleil permanent !)


" Le discours poétique est le seul capable
de résister à la violence du monde. "
Jean-Michel Othoniel


   L'avenir de l'humanité dépend de notre réponse à l'appel de l'Amour (avec un A majuscule), qui se fait de plus en plus pressant en ces temps " qui sont les derniers " ! Précisons qu'il ne s'agit pas de fin du monde, mais de la fin d'un temps : celui de l'ignorance, de l'apostasie sous toutes ses formes, du matérialisme dévorant. " Aimons-nous tels que nous sommes et même si nous ne partageons pas les mêmes croyances, demeurons unis dans l'amour " nous dit le Dalaï-Lama.

   Le propre de la pensée conceptuelle est de diviser, de séparer, d'opposer à coups d'arguments et parfois de considérations adventices - intérêts, pouvoir, influence, etc -, fortement présentes chez des êtres humains insuffisamment "guéris", apaisés. Comme vous et moi !?... Les êtres "pneumatiques", ceux qui vivent dans et par l'Esprit, ne cherchent pas d'intérêt personnel, de vues partisanes, ils œuvrent uniquement pour le bien de tous, dans la lumière de l'Esprit, qui  " souffle où il veut " ! 

   Étant morts à eux-mêmes, ils sont pauvres de cœur, simples, dépossédés de toute volonté propre, dociles aux motions de l'Esprit. Dès lors, vivants dans l'Un, ils ne connaissent pas la division. Tout est réunifié pour eux. Ce sont les vrais Saints, ceux que le "monde" refuse, parce qu'ils ne suivent pas sa logique ni ses illusions dangereuses.
   Entre nous, si vous en connaissez des êtres humains comme ça, dîtes-le moi !... Perso, en 67 ans de vie terrestre, j'en ai côtoyé de près 2 ou 3, peut-être 4, voire 5 !

de la fleur ne rien posséder
ni le parfum ni
le satin froissé d'un pétale

de l'aimé ne rien posséder
que le souvenir des caresses
pour une vie à venir

du monde ne rien posséder
que notre nudité au premier jour et
au dernier

entre les deux
la joie les larmes
et le souvenir d'un peu de
douceur
Gaëlle Josse

   Qu'est-ce qui vous fait peur et qu'est-ce qui vous rassure dans la vie ?
   Pourquoi être heureux quand tu pourrais être normal ? !
   Ceux qui se sentent étrangers sur Terre en sont les vrais habitants : à méditer....
   Le monde est dur, soyons doux !
   Bises de fin d'été, 
   Jacques

 Newslaitue juillet-août - 161eme -

Bonjour, Bonsoir

" Aligner ce que je ressens
et ce dont j'ai l'air. "
Albin de la Simone

   Je ne sais pas vous, mais moi Marcel Proust me remonte le moral en me rappelant que l'essentiel, c'est ce qui m'est singulier et qui n'appartient qu'à moi. " Les vrais livres doivent être les enfants non du grand jour et de la causerie, mais de l'obscurité et du silence. " disait-il, le bougre !

   Un autre qui me fait kiffer depuis longtemps - et que nous avons reçu à Quimper en appréciant sa simplicité - c'est le spécialiste du bonheur, tout en prônant une "sagesse tragique", chère à son maître Marcel Conche, sagesse selon laquelle l'aspiration au bonheur n'empêche pas d'être sensible aux maux du monde. " Le tragique fait d'autant plus partie de notre vie que les médias nous informent au quotidien des horreurs du monde. La lucidité interdit une forme de bonheur constant fondé sur l'oubli du pire. Mais ce n'est pas une raison pour renoncer à tout bonheur. On peut être heureux sans en avoir honte, y compris quand on sait ce qui se passe à Gaza ou en Ukraine. " nous confie André Comte-Sponville.

   " Il me semble que nous grandissons avec nos failles, nos gouffres, nos blessures, et que les animaux viennent, sans faire de bruit, prendre dans nos vies ces places qui de toute façon seraient demeurées vacantes (...). Leur présence adoucit les angles aigus des destinées, transforme le vide en plein, et nous aide à refabriquer de l'équilibre quand il n'y en a plus. " écrit Hélène Gestern dans son émouvant récit Toi, où elle retrace dix années de compagnonnage et d'intimité partagée avec Mimi, chatte au pelage argenté apparue un beau jour sur le muret de sa terrasse - et ainsi entrée pour toujours dans sa vie.
   Et vous, vous faites comment avec les animaux ?...

" Ne précipite rien, trouve ta forme, l'ombre /
glisse sous tes ailes /
l'épaule des collines se hausse. "
Cécile A. Holdban

   " S'ils ne sont plus chantants et dansants et galants, les Français deviennent des fous furieux ", écrivait le prince de Ligne, peu avant la Révolution. Je ne sais pas si nous sommes devenus fous, mais nous sommes de plus en plus tristes. Nous ne parlons plus que de fin de vie et de retraites ! Nous ne savons plus regarder au-delà de nos frontières et nous ne pensons pas assez à l'avenir. Peut-être sommes-nous trop égoïstes ?

   Nous étions 68 millions de Français. Nous sommes devenus 68 millions de juges. On instruit à charge sur les plateaux de télévision. On réduit l'innocence à rien. Purger sa peine ne suffit plus. Vous restez coupable toute votre vie. 
   Nous sommes des êtres de rêves, d'imagination, de mots et d'utopie. Nous aimons les abstractions. Bref, les Français ne sont pas si raisonnables que ça. Et j'en fais partie. Quel sorte d'homme voulons-nous être ? Comment sortir du "marécage" de nos passions négatives ? Des pistes, des perspectives existent dont il faudrait amplifier la portée. Face au rouleau compresseur de la tristesse, la joie et l'enthousiasme risquent de n'être que des bulles éphémères si on ne les nourrit pas régulièrement. 

   Contre la lâcheté et l'indifférence, ayons le courage de la vie à plusieurs, le collectif étant non seulement ce qui rend les épreuves de l'existence bien plus supportables, mais aussi ce qui crée de nouvelles allures de vie ! Même minuscules, les micro-actions, les micro-célébrations partagées de la vie ordinaire ont l'immense pouvoir social de créer de la joie. Et selon l'énoncé de Spinoza" la joie est le passage de l'homme d'une moindre à une plus grande perfection "...
   A méditer camarades méditants militants méritants !

" Il y a chez les animaux une façon d'être à nos côtés intense et discrète, 
pleine et légère,qui n'existe pas chez les humains (...).
Ils remplissent en silence le temps, l'espace. "
Hélène Gestern

Des livres et vous
"Seuls demeurent" René Char (admirable recueil de poésie, l'un des objets les plus émouvants à avoir été engendrés par la sensibilité humaine)
"Réinventer l'amour" Mona Chollet (autrice de Résister à la culpabilisation, Beauté fataleSorcières : la puissance invaincue des femmes)
"Vers une psychanalyse émancipée. Renouer avec la subversion" Laurie Laufer (elle questionne l'ordre établi et les assignations : un savant travail de déconstruction !)
"Notre vagabonde liberté. À cheval sur les traces de Montaigne" Gaspard Koenig (raconte sa transformation intérieure...)
"Abysses" Claire Nouvian (la super nana qui a créé Bloom-ONG scientifique, prix Goldman - considéré "prix Nobel pour l'environnement" - en 2018...)

Musiques
"Humain" Christophe Mali (du groupe Tryo. Deuxième album solo, de splendides chansons. Un côté Souchon, de la tendresse, un côté caressant... Poésie et sincérité.)
"Earthstar Mountain" Hannah Cohen (beauté quasi féerique... un enchantement...)
"All Living Things" Park Jiha (touche au cœur en mêlant improvisation et tradition, rêverie liquide et réminiscences mélancoliques... un émerveillement sans cesse renouvelé !)
"Au bord" Yoanna (accordéon et percussions. Des images comme autant de promesses... voix lumineuse... Yoanna va son chemin...)
"Hypersuites" Marina Barnova (pianiste ukrainienne qui vit à Berlin. Don pour utiliser des morceaux très classiques pour en faire quelque chose de très contemporain, nous emmener ailleurs... charnel... génial !)

" Quand j'ai une pointe dans le coeur /
Je la retourne /
J'écris "
L'un des 13 520 textes reçus pour le grand prix Poésie RATP

   Parfois, je m'interroge : je dois être malade pour que tout me bouleverse aussi profondément. J'ai parfois le sentiment de ne pas être un vrai être humain, mais plutôt un oiseau ou quelque autre animal qui aurait très vaguement pris forme humaine. Comme vous peut-être ?!... C'est le rv du poème et de l'oiseau... faire durer l'écho... faire ou pas " chanter le réel ".

   L'émerveillement, c'est peut-être ce qui continue de nous brancher aux oiseaux, et par eux au monde vivant. Nous, si débranchés, désaffiliés, désaffectés ! Il y a un instant où tout est clair, c'est l'oiseau qui nous l'offre.... L'émerveillement accroche sur le visage un sourire, vissé comme un soleil, il nous convoque : on admire, on est ébloui. Les "merveilles de la nature", ou l'émerveille de la Nature... Sensibilité émerveillée... Philia : une amitié pour le vivant en général.

   Mouvement, jeu, joie, légèreté, volatilité : les enfants sont comme les oiseaux ! Alors... redevenons comme de petits enfants... le royaume des cieux etc etc... A méditer.
   Des livres "émerveillants" : Eloge des oiseaux (magnifique, audacieux, inspiré, aérien)Une pluie d'oiseaux (380 pages de beauté)Habiter en oiseauL'élargissement du poèmeJeux d'oiseaux dans un ciel videLe Sens de la merveilleCe que les oiseaux ont à nous dire, etc.

" Trois baies /
une brindille /
l'inventaire pourrait cesser là /
s'il n'y avait ce petit or /
que chacun espère secrètement forger /
dans la banalité du jour. "
Cécile A. Holdban

   Pour l'info qui broie du noir, il y a le choix. Pour l'info qui donne espoir, il y a...
   Opposer à la peur de l'avenir le plaisir d'être en vie : sagesse ancestrale !
   Qu'est-ce qui distingue la folie de la normalité dans un monde disloqué ?
   Bises, hugs estivaux : soyons zen, nom d'un pangolin !
   Jacques