dimanche 15 août 2021

 Lettre août - 114eme -

Bonsoir, bonjour


"Je suis tout ce que j'ai rencontré."
Edgar Morin (100 ans !)



   Oui, relisons les ouvrages d'Edgar Morin de temps en temps, comme une piqûre de rappel sympathique. Au sein de notre groupe de parole local, nous avons depuis neuf ans notre "Edgar Morin bigouden" et c'est à chaque fois un vrai bonheur de l'écouter. Jean-Marie n'a "que" 91 ans ! (lire en pj nos invitations de rentrée).
   Edgar Morin ne prône pas une révolution violente, il invite à cheminer autrement, à ce que chacun vive poétiquement plus que survivre prosaïquement. "Bien vivre", se sentir en plénitude avec soi-même et avec autrui, épanouir notre Je dans le Nous. Ce qui est l'aspiration humaine fondamentale. Le souci de l'épanouissement personnel est dans l'idée anarchiste d'une société libertaire. L'épanouissement du nous, dans l'idée communiste d'une société fraternelle. L'épanouissement de la société, dans l'idée sociaiste d'une société meilleure.

   En les réunissant avec l'idée écologiste de l'épanouissement de la relation entre l'homme et la nature, au lieu de vouloir imposer l'une d'entre elles, on peut, nous dit Edgar Morin, cheminer vers le bien vivre, et conduire les réformes aptes à revivifier notre humanisme pour un monde meilleur. 
   On peut rêver, nom d'un pangolin !

   Humeurs déconfinées : " Premier jour sans masque en extérieur, la jolie brune à la chevelure ondulée que je salue chaque jour devant ma boulangerie est en fait un joli brun moustachu." "Maintenant que débute le déconfinement, je vais demander à mes kilos superflus de sortir également, dans le calme, et de ne plus jamais revenir, même avec une attestation." "Les conférences de presse de Jean Castex me manquent. Elles étaient ma boussole. Je veux savoir où j'en suis dans ma vie !" "Je suis en ville. Sans le masque. Ça fait vingt fois que je vérifie si je n'ai pas oublié de mettre un pantalon tellement j'ai l'impression d'être nue..." Humeurs relevées dans mon quotidien.

   On a constaté durant tout ce temps de crise sanitaire que ceux qui résistent ont eu la chance de revivre en famille, d'en avoir reçu l'aide et l'empathie des proches et des soignants. On a redécouvert que la famille constitue le noyau central de l'existence humaine, que les enfants y puisent leur énergie pour l'avenir et que les grands-parents sont une ressource et le refuge d'un monde qui se disperse.

   On a appris aussi à prendre nos distances avec la logique capitaliste classique où l'homme n'est qu'un moyen de production. On découvre maintenant que la qualité de vie au travail est la condition d'une rentabilité pérenne avec la reconnaissance de l'humain comme la seule richesse à développer.

   La ressource humaine avec son esprit de solidarité réconcilie l'homme avec la matière car chaque personne est unique. Alors il est temps de retrouver pour chacun d'entre nous la confiance en soi, en les autres et en un monde plus fraternel. Car le développement personnel évoqué dans les sciences humaines est celui des compétences certes, mais il doit surtout être celui de la sensibilité aux autres et de l'empathie nécessaire au sein de l'entreprise.

   Ce progrès humain peut pour cela bénéficier d'une communication désormais possible avec toutes les parties du monde. On retrouve ainsi une vérité fondamentale de notre écoute et de notre sensibilité : nous ne pouvons plus ignorer les risques de notre développement économique égoïste pour l'environnement et la santé. Nous découvrons au contraire - et c'est là le ressort de la sortie de crise - que c'est la vulnérabilité de chacun qui est la source de la vraie richesse humaine.
   Face au Covid, l'avenir est un nuage. Il nous faut abdiquer toute maîtrise quant à notre avenir. Juste nous abandonner au moment présent. Nous allons tous mûrir.

"Derrière les gens et les visages
Derrière les mots, derrière les phrases,
Il existe un autre langage,
D'autres lumières,
D'autres images.
Lorsque tout le vernis s'en va,
Il y a vous, il y a moi."
Louis Chedid


   Confidence d'un ado : "L'amour, c'est quoi ? Mon père qui passe la tondeuse et qui épargne le seul coquelicot du jardin en tournant tout autour car ma mère lui a dit qu'elle l'aimait bien." A méditer....
   Sur le jeunisme : "Tu sais que tu es encore jeune quand personne ne te rappelle qu'il faut t'hydrater pendant la canicule !"

   Concernant les dernières élections françaises. Comment réussir à mobiliser des personnes qui se sont beaucoup éloignées de la vie collective aujourd'hui ? "Le ou la politique sous-estime la dimension festive, joyeuse, énergisante de la démocratie. Celle-ci doit s'inventer des rituels presque addictifs pour devenir un sport ou une gymnastique du quotidien. Le jour où nous aurons accès à un "festival des vieilles charrues citoyennes", on aura changé d'état d'esprit.

   La démocratie est aujourd'hui phénoménalement ennuyeuse dans la manière dont elle se manifeste. Désennuyons-la ! C'est à l'ensemble de l'expérience démocratique qu'il faut s'attaquer." Extrait de l'excellent bouquin La démocratie autrement, l'art de gouverner avec le citoyen, de Frank Escoubès (l'un des artisans du Grand Débat) et Gilles Propriol. 
   Et vous, comment faites- vous de la politique ? Comment êtes-vous citoyen ?....

   Nous vivons dans une société pleine de contradictions. Pourquoi revendiquer tant de "libertés" et, parallèlement, exiger tant d'assistance de l'Etat ? Pourquoi dénigrer à ce point les politiques et, en même temps, refuser d'aller voter ? Je vais sur mes 64 ans et je n'aime pas cette société qui s'avère voyeuriste, délatrice et complotiste. Je n'aime pas ces chaînes d'info en continu qui renforcent l'hystérisation. Je le dis sans regret, la vie avant Internet était plus sereine... Moins savoir est parfois plus simple que trop savoir.

   Pour conclure, et pour répondre à un ancien Président qui appelait à "travailler plus pour gagner plus", j'oppose la nécessité de travailler moins. Pour préserver nos conditions de vie sur Terre. Pour retrouver un sens à la vie. Pour espérer un supplément de bonheur, libéré d'injonctions consuméristes.
   Ça va mieux en le disant, nom d'un pangolin !


"Dernier mot d'un pédagogue à son élève : 
ne m'écoute pas, ne t'écoute pas, entends-toi !" 
Daniel PonsLe Fou et le Créateur



Lectures fécondes

"A l'écoute du silence" Maurice Zundel
"Qu'est-ce qu'une vie accomplie ?" François Galichet
"Change ton monde" Cédric Herrou (paysan rebelle, ami des migrants, qui a fait le buzz l'année dernière. Un mec super... comme vous !?)
"Le Chemin des estives" Charles Wright (pauvreté itinérante dans le Massif Central, bercée par Rimbaud et Charles de Foucauld)
"Dans l'espérance d'une parole" sous la direction de Jean Lavoué (Sulivan, une parole qui ne s'oublie pas)
"Réparons le monde. Humains, animaux, nature" Corinne Pelluchon (enfin responsables ?)
"Réussir son potager du paresseux, un anti-guide pour jardiniers libres" Didier Helmstetter (travailler moins pour récolter plus)
"Ma transition écologique. Comment je me suis radicalisé." Hervé Gardette, journaliste-producteur France-Culture (fait réfléchir et sourire, rire aussi. Parfois jubilatoire, toujours fin, et surtout pas déprimant.)

Sites
primairepopulaire.fr (leur "comité de soutien" me parle bien... pour 2022)
https://enquetedesens.lepodcast.fr (outils pour réfléchir sur le sens de sa vie)
www.festival-philosophia.com (03 au 05 septembre, trente rv top niveau)

Musiques ("Sans la musique, la vie serait une erreur." Friedrich NIETZSCHE)
"Shapes of The Fall" Piers Faccini (forme de transe pour la terre. Musique intelligente et lumineuse)
"Hors temps" trio d'Edward Perraud (beauté surprenante qui incite à la méditation. Jazz interprété par des musiciens hors-pair)
"Kôrôlén" Toumanie Diabaté / London Symphony Orchestra (Afrique et symphonique : invitation à la méditation)
"Two Roses" Avishai Cohen (la sensualité s'invite à chaque mesure dans cet album !)
"Cloudland" Lars Danielsson Liberetto (un monde où tout ne serait que douceur et harmonie)


"Je vis du désir que j'ai de vivre."
Cervantès


   Qu'est-ce que la vie ? Le destin ? Une suite d'événements où l'humain navigue, balloté entre espoir, choix, empathie, rêve et colère.... A vot' bon coeur !

   La veille qu'il démarre son périple pédestre Bretagne-Provence, notre association EPHATA Quimper a reçu Axel Kahn pour une conférence à guichets fermés. Le populaire chercheur et essayiste, grande voix de la réflexion éthique, médecin généticien et randonneur a rejoint le Paradis Blanc le 06 juillet à 76 ans. "La vie a une fin. Ne jamais commencer à vivre en dispense. Une vie riche et belle connaît une issue qui en fait partie, comme la ponctuation finale d'une belle histoire. La joie de tout instant de beauté est décuplée par l'hypothèse que l'on pourrait n'en plus connaître de pareil." Et si la véritable urgence était tout simplement de ne pas oublier cette parole de sagesse ? Il nous invitait à une forme de "sainteté laïque". Il a rendu accessible à tous une pensée profonde et humaniste, traduite en mots simples, faciles à partager. Lui dont le père, philosophe, s'était suicidé. Relisons son dernier livre sorti en mars Et le Bien dans tout ça ?

   La méditation est pure ouverture (ephata) du cœur, infusion d'énergie par l'amour infini de la Vie. La pensée taoïste nous le rappelle : le négatif poussé à l'extrême appelle le positif. A méditer ! "Tu es Cela" nous disent les écrits sacrés de l'hindouisme. "Cela", c'est-à-dire être, conscience et béatitude amoureuse. Ok ?....
   La vie est une chorégraphie divine : la danse cosmique et divine emprunte les pas de l'Amour. Souffle qui rythme toute respiration dans l'aire cosmique. Le fil d'Ariane semble être le fil de soie de l'Amour, qui rattache chaque être à tous les autres dans le grand tout cosmique.

   Autrement dit, croire que nous pouvons seul, égoïstement, nous sortir de la pandémie actuelle, est pure illusion. Nous sommes liés les uns aux autres, mondialement. Le virus nous le rappelle en pleine poire ! Cela s'appelle la fraternité. Seul, tu rames. Ensemble, nous allons nous en sortir. Sortons de nos égoïsmes, nom d'un pangolin !

   Je profite de l'occasion pour vous présenter mes excuses. En effet, j'ai transféré parfois trop rapidement certains courriels anti- ceci ou cela, alors que ces derniers étaient signés par des membres de l'Action Française ou autres fachos pas rigolos ! Veuillez m'excuser.
   Par contre, je vous invite à la lecture réjouissante du hors-série de la revue Christus :  Vivre en plénitude. Heurs et malheurs de la vie intérieure. Exemples de quelques articles proposés sur 200 pages : Tout commence aujourd'hui, La marque du vivant en nous, De l'idole à l'icône, Je ne parviens pas à me reposer, La tentation du découragement, La haine qui nous habite, Sauver la peur, Sortir de la désolation spirituelle, Combattre le découragement, L'espérance ou l'ouverture de l'avenir, Maîtrise de soi et abandon, etc.

   La liberté chérie que revendiquent certains à grands cris va avec la responsabilité, camarades ! Il faut arrêter de nous regarder le nombril, de réagir en fonction de notre petit moi-moi égocentrique. C'est à chacun de nous d'agir dans le monde singulier où nous vivons, à travers les événements traversés, dans les choix que nous avons à faire et que personne d'autre ne peut faire à notre place. A nous de faire notre part, en mettant en œuvre, personnellement et collectivement, notre intelligence, nos intuitions, notre réflexion, notre volonté. Nous sommes radicalement seuls avec nous-mêmes et les uns avec les autres pour réfléchir et prendre des décisions. Autrement dit : liberté-responsabilité, courage-intégrité, paroles-actes, existence personnelle-sociale.
Apprécions-nous les uns les autres urgemment, car sinon nous filons droit vers la haine....

Bel été à chacun.e,
Bises fraternelles,
Jacques

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