vendredi 30 septembre 2022

 Lettre septembre 2022 - 127eme -

Bonjour, Bonsoir


  « Pour la première fois de son histoire, 
l’enjeu de l’humanité va être de se survivre à elle-même. » 
Sébastien Bohler  


   Pourra-t-on parler plus tard d'une génération Covid ? Bien sûr, car la pandémie laisse des traces, elle crée une cicatrice générationnelle. Comme pour Mai 68, il y aura un avant et un après Covid. Cette tranche d'âge - les 18/25 ans - sera sans doute plus autonome, plus sérieuse, les inégalités seront plus fortes. Et quand elle sera aux commandes, elle prendra peut-être des décisions plus brutales. Parce qu'elle aura grandi avec le sentiment qu'on a été sans pitié avec elle. Attention à ne pas fabriquer une société divisée, avec des jeunes qui détestent les personnes âgées parce qu'ils ont le sentiment de payer pour les protéger. Les jeunes que j'entend se disent aussi que non seulement les anciens baby-boomers les obligent à vivre sous cloche mais qu'ils leur laissent une planète dézinguée et une crise économique. A bon entendeur...

   Quel serait le principe du revenu minimum prôné par certains observateurs ? "Quelque 7 milliards d'euros suffiraient pour assurer à l'ensemble des plus modestes d'atteindre le minimum de 900€ par mois pour vivre. Cela revient à assurer une hausse du niveau de vie d'environ 150€ mensuels en moyenne aux allocataires du RSA ou de l'ASS. Charge aux experts de trouver les modalités d'application de ce dispositif. Ce RMU, soumis à des conditions de ressources, ne serait pas un revenu en soi, mais alloué en complément des salaires des personnes les plus pauvres pour atteindre un revenu minimum de 900€. Personne ne serait laissé sur le bord de la route et le taux de pauvreté deviendrait théoriquement nul. La pauvreté serait donc "éradiquée", dixit la Fondation  Abbé-Pierre. 
   On peut rêver...

   Il y a quarante ans, John Main déclarait que "nous vivons au bord d'un désastre écologique", créé par les êtres humains. " ... Si nous ne nous reconnectons pas à la sagesse de la conscience unifiée, en considérant toute la famille humaine comme interdépendante et coordonnée, des souffrances extrêmes s'ensuivront, affectant les riches comme les pauvres. La Covid nous en a donné un avant-goût.... Dans une crise vient l'opportunité. Dans une nuit sombre vient l'aube. La pratique contemplative ne peut pas nous protéger dans une bulle. Elle fait éclater toutes les bulles ! Elle nous propulse dans un esprit toujours plus inclusif : l'unité d'un esprit et d'un cœur qui ne cesse de s'étendre. Grâce à l'unité, l'amour chasse la peur. En nous reliant, l'amour met fin à l'isolement.
 
   Si la méditation crée effectivement une communauté, alors c'est le moment pour les contemplatifs de le prouver et de le déclarer ouvertement. Comme les flocons de neige, nous sommes tous uniques. Nous devons nous engager à sortir de la bulle de nos peurs et de nos désirs égoïstes qui nous emprisonnent dans l'habitude d'une conscience divisée nous faisant voir double. La méditation est l'acceptation inconditionnelle de la totalité de la réalité, y compris ce que nous qualifions de bon ou de mauvais. Apprendre à renoncer à l'habitude du jugement de la conscience divisée prépare la voie à l'art du discernement et à la vision de la bonté au cœur de toute chose. Voir d'un seul coup d'œil la bonté essentielle de notre être malgré tous nos défauts et nos défaillances. Lorsque l'œil du corps et l'œil de l'esprit sont unifiés s'ouvre le troisième œil... l'œil du cœur. " nous avertit Laurence Freeman dans sa Lettre de février dernier.

   Le Dalaï-Lama ajoute que "notre sourire est un signe important pour communiquer la chaleur de notre coeur". Alors, arrêtons de faire la gueule ! Peu importe qui je rencontre, croise, regarde : je souris. Les gens adorent cela. Même les chiens réagissent à un visage souriant... Nous devons nous transformer nous-mêmes avant de pouvoir améliorer le monde. L'optimisme est une énergie verte !

   Éloge de la sobriété. Depuis le début de l'année, dans tous les médias, nous pouvons lire qu'il nous faut absolument limiter l'usage de nos voitures et éviter de prendre l'avion, pour limiter les dégâts à venir du réchauffement climatique. Constat depuis juin : un certain nombre d'amis, de relations proches, branchés "pleine conscience" bio écolo & C° ont pris l'avion pour satisfaire leur désir d'évasion et/ou utilisent leur voiture pour tout et n'importe quoi. Je sais, je sais que tant que la catastrophe n'est pas à la porte de notre maison, l'être humain continue comme avant. C'est la politique de l'autruche. Où est le principe vertueux de la sobriété ? Engie, EDF et Total Energies nous demandent de réduire immédiatement notre gaz et notre électricité.

   Comme d'habitude, il nous faut une crise pour mesurer la fragilité de nos modes de vie. Trop de trop. Surtout trop d'égoïsmes, camarades ! En cause : notre insatiable besoin de consommer à tous crins. On consume à petit feu la conscience universelle. Sauf que le temps est compté, il faut trancher ! La sobriété, notre sobriété est l'une des manières les plus élégantes pour réconcilier l'économie avec la nature, la politique avec la culture. On peut être sobre en tout ! On ne vit pas plus mal, sinon beaucoup mieux en se contentant de moins. Alors pourquoi s'en priver ? Peut-on encore réformer le capitalisme ? La réponse est non, car la notion de limite contredit son essence ! Il est intrinsèquement incompatible avec la survie de l'humanité. Il suffit de voir comment les multinationales prédatrices regardent le dégel de l'Arctique comme un accès à de nouvelles ressources, avec le concours financier des grandes banques mondiales. 
   On va s'en sortir ou quoi ? Extinction Rebellion ! On se dit qu'il faudrait un miracle... mais Dieu sait que les miracles ne sont pas légion en ce moment !

   Depuis un peu plus de deux années, nous vivons tous, plus ou moins intensément, des temps de solitude. Il faudrait plutôt parler d'isolement pour certaines personnes. L'isolement, lui, est un temps qu'on ne passe pas, même avec soi-même. Du temps purement perdu. Dans la contemplation d'un paysage, que je pratique chaque jour, seul ou accompagné, dans le silence de la méditation, la solitude nous relie au monde ou à nous-même. L'isolement s'égrène au fil d'heures perdues. Mais qu'est-ce que le temps ? 
   "Ce quelque chose que l'on ne donne que si on le prend, mais que l'on ne prend que si l'on accepte de le perdre", comme le souligne si bien dans ses ouvrages Martin Steffens. Pour l'écouter en profondeur, je dois renoncer d'abord à toute forme d'efficacité. Je dois traverser avec lui ses silences. Et accepter que, si rien n'en sort, ce n'est pas grave. Silence fécondant...patience...ouïe fine...profondeur d'où jaillit...la Présence imprononçable. Chut....

" Ce que je crains, ce n'est pas la solitude,
 mais la multitude."
Nietzsche

Des livres et vous
"Chair vive" Grisélidis Réal (connue pour son engagement militant et son récit Le noir est une couleur, elle est aussi une poète majeure. Quelle beauté dans son écriture ! Sa poésie vibre de vie, vous attrape par les tripes et vous remplit de courage...)
"Sous d'autres formes nous reviendrons" Christophe Claro (écrivain hors normes, plein d'inventivité, Claro lévite dans une autre dimension...)
"Propos sur la racine des légumes" Hong Zicheng (maximes à méditer un maximum !)
"Les façons d'être" François de Cornière (réchauffant et vivant)
"L'Orchidée et le Pissenlit" Thomas Boyce, pédiatre (études sur l'hypersensibilité, l'hyper-émotivité, les "zèbres"...)

Sites
espace-seniors.be (une fois de plus, les Belges détonnent. Avec humour et impertinence, cette asso combat l'âgisme, les tabous sur la vieillesse et ceux sur la fin de vie. Super !)

Musiques
"Sage Motel" Monophonics (grande finesse musicale avec des cuivres comme il faut et des claviers atmosphériques)
"Big Time" Angel Olsen (vibrante voix de soie et de fiel, climat doux et fort. Aussi sobre que luxuriant. Bouleversant...)
"Lucio Silla" Insula Orchestra, dir. Laurence Equilbey (enregistrement d'une soirée exceptionnelle, opéra de Mozart composé à 16 ans !)
"A light for attracting attention" The Smile (sublimes mélodies, voix assumée = somptueux album pour cultiver un peu de beauté...)
"Winged Hands. The eight great suites & overtures" Francesco Corti (polyphonie souple et vive, élégance, jeu fluide, délicatesse dans l'ornementation d'Haendel)


" Il faudrait essayer d'être heureux, 
ne serait-ce que pour donner l'exemple."
Jacques Prévert

    
   L'homme cède - trop souvent - à sa morbide volonté de puissance. Partout en en tous lieux : couples, associations, entreprises, groupes divers. L'homme ivre du pouvoir de ses muscles et de son cerveau cherche à imposer les lois de ses seuls désirs sans frein, au mépris des lois fondamentales de la Vie. Cela ne fait que le mener à sa propre destruction. Et à la nôtre...
   Pour que la bonté soit réelle, il nous faut vaincre en nous tout calcul, tout préjugé, toute répugnance, toute peur. Perso, j'en suis encore loin ! Comme moi, vous connaissez le fond de la nature humaine : sa propension à l'égoïsme (même spirituel...), à l'orgueil (même spirituel...), à l'envie, à la domination dévastatrice, sa capacité à la méchanceté, à la trahison, à la perversion, à la cruauté sans limites.
   Celui qui opte pour la bonté se doit d'affronter le mal. En lui. Un des effets les plus concrets de la grâce est une nouvelle purification de nos puissances d'aimer. Y'a encore du pain sur la planche, mes amis !

   Comment exister le moins douloureusement possible et enjoliver l'austère allure du réel ? Je vous le demande. Pourquoi ? Parce que je constate trop souvent que même entre gens "branchés", le négatif, à un moment ou un autre de la discussion, des échanges, domine. Le mal prend le dessus, les mauvaises nouvelles, la crainte, la peur, nos névroses personnelles,.... Pourquoi ? Dîtes-moi svp.... Qu'est-ce que je peux faire pour le mieux ? Mantra aux pouvoirs exceptionnels. A méditer...

   Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence ?
   Le mois dernier je vous ai proposé de "marcher ensemble" quelques jours, quelques semaines, en France, en 2023. Idée de pèlerinages : lecheminsauvage.com. Cela fait maintenant une bonne dizaine d'années que nous communiquons, vous et moi, par courriel ou téléphone. L'heure est venue de "marcher ensemble" ! Oui, à 64 ans, libre et disponible, je caresse le désir de me balader, randonner, avec l'un ou l'une d'entre vous, pour un pèlerinage cool-tranquille, à notre rythme, quelque part en France (entres autres). Donc merci de me proposer une "aventure pédestre" par chez vous, sur un sentier à découvrir ou redécouvrir. Une, deux ou trois semaines, à définir ensemble. J'attend tranquillement vos propositions. Merci

   A la mi-août, en plein séjour de vacances personnelles, mon médecin est brusquement décédé. Il avait 62 ans, en pleine forme, pleine conscience, pleine vie. C'est dingue la vie : le lundi vous êtes rayonnant de vitalité, le mardi vous décédez. Moralité : vivons chaque jour comme si c'était le dernier ! Et puis traversons notre vie en emm...... le moins de gens possibles.
   Belle suite d'été à chacun.e,
   Jacques

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